Bizerte Aviation maritime perte dirigeable Mai 1916
Il est toujours interessant de lire le courrier au dos des cartes postales. Le 16 mai 1916, Henri écrit à Victor sur une carte postale de Bizerte représentant l'Amirauté.
Rien de neuf écrit-il "à part la perte corps et biens d'un dirigeable qui nous était destiné et qui s'est perdu en cours de route (explosion)".
Il s'agit du Dirigeable T.
"La perte du dirigeable français T
Le dirigeable français T, de construction récente, cédé par le ministère de la Guerre au ministère de la Marine, a péri corps et bien, en Méditerranée, dans les circonstances suivantes :
Parti de Paris le 11 mai 1916, le T avait gagné sans encombre par la Bourgogne, l'Ardèche, la Drôme, le Vaucluse, le port d'attache de Fréjus où il fit escale. Le lendemain 12 mai, il repartait au-dessus de la Méditerranée pour gagner Bizerte.
Le même jour, comme il arrivait vers midi à la hauteur de l'île Asinari, au nord de la Sardaigne, il fut aperçu en flammes, des ports d'Asinari et de Porto-Torres, descendant rapidement vers la mer sur laquelle il s'abattit environnée de feu. Avant la chute et l'incendie, le ballon avait pu faire des signaux de détresses, et les postes de télégraphie sans fil du littoral avaient lancé des appels. Deux bâtiments italiens, un transport français et de nombreuses embarcations se dirigèrent vers le théâtre de la catastrophe.
Le dirigeable T était monté par six personnes. Quatre corps seulement furent retrouvés et ramenés à Saint-Mandrier, près Toulon où, eurent lieu les obsèques. Ce sont ceux du capitaine du génie, R. Caussin, un de nos plus anciens et de nos meilleurs pilotes de dirigeables, du lieutenant de réserve Adrian-Jean Leclerc, de l'adjudant-mécanicien Abel-Edmond Renia, âgé de 30 ans, du matelot de 2e classe Marius-Louis Prouteau, électricien de télégraphie sans fil, âgé de 21 ans.
Les corps des deux autres victimes ne purent être retrouvés. L'une d'elles est le lieutenant de vaisseau Barthélemy de Saizieu qui commandait l'aéronef. Né le 20 janvier 1878, il était entré dans la marine en 1895.
Saluons la mémoire de ces braves glorieusement tombés au champ d'honneur. La France perd en eux de vaillants et dévoués serviteurs."
Source : Aérophile du 1er au 15 juin 1916.
Le CM-T, ou Chalais-Meudon -(T pour Tunisie ou LeTourneur, le capitaine concepteur) était un dirigeable de 5 600 m3 de 83 m de long et 11 m de diamètre, propulsé par 2 moteurs Salmson de 225 hp pour une vitesse maxi de 107 km/h.
Equipage de 5 hommes, 2 mitrailleuses, un appareil de TSF.
Construit en 1915, premier vol le 28 janvier 1916 à Saint-Cyr.
En février 1916, le ministère de la Guerre décide de le céder à la Marine pour armer le centre de Bizerte Sidi Ahmed qui devait être créé.
Le capitaine René Caussin qui le commande, étudie la voie ferrée et le bateau pour le transporter ou la voie aérienne, jugée plus sûre pour éviter les démontages.
Le CM-T quitte Saint-Cyr le 11 mai 1916 et rejoint Saint-Raphaël en dix heures à la moyenne de 83 km/h.
Il repart le lendemain 12 et disparaît en flammes.
Le LV Antoine Barthelemy de Saizieu était destiné à prendre le commandement du centre à son arrivée. Il avait commencé à être formé au pilotage.