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24 mars 2021

Pierre Savorgnan de Brazza Aviso colonial Décès école navale 1905

Pierre Savorgnan de Brazza


carte postale premier jour 

Pierre Savorgnan de Brazza
Brazzaville 25 janvier 1952

En relisant Pierre Loti, j'ai réalisé qu'il avait connu à l'école navale Pierre Savorgnan de Brazza.


 Loti était de la promotion 1867 et Brazza de la promotion 1868 à titre étranger. C'est cette découverte qui m'a poussé à en savoir plus sur ce marin né italien, explorateur du Congo et décédé à Dakar (orthographié alors Dakkar avec 2K).  

Les derniers jours de Brazza et son inhumation 1905



A bord de la Ville de Maceio L'agonie de M. de Brazza. Les travaux de la mission et les résultats de l'enquête

Bordeaux, 23 septembre. Le paquebot « Ville-de-Maceio », de la Compagnie des Chargeurs Réunis, est arrivé à Pauillac vendredi soir à dix heures, avec une centaine de passagers. La manœuvre d'accostage a eu lieu aussitôt. Le service de santé ne fonctionnant pas, les passagers ont dû rester à bord pendant la nuit, ni pouvant communiquer qu'à distance avec leurs parents venus pour les attendre. Par dessus les bastingages, un journaliste a pu causer avec quelques passagers et a obtenu les renseignements suivants sur la mission que dirigeait M. de Brazza. Tous les membres de la mission, sous U conduite de M. Hoarau-Desruisseaux, inspecteur des colonies, sont à bord de la «Ville-de-Maceio», sauf le capitaine Mangin qui, avec Mme de Brazza, resta près de Brazza, au moment où celui-ci fut débarqué à Dakkar.


Ville de Maceio à Pauillac
Il résulte de ce qu'il a pu apprendre que M. de Brazza, qui souffrait déjà à son départ de France, et dont la maladie est allée constamment en empirant, a cependant avec une énergie extraordinaire, continué à s'occuper des travaux de la mission, dissimulant à tous le mal qui devait finalement le terrasser.

Verso de la carte postale premier jour
Pierre Savorgnan de Brazza
Brazzaville 25 janvier 1952

De Brazzaville à Mahdi, il dut être transporté couché. A Libreville, son état s 'était encore aggravé. A Konakry, le médecin de la mission eut avec ceux de la colonie une consultation dans le but de savoir s'il n'y avait pas lieu dc débarquer le malade. Mais le temps était épouvantable et l'état de M. de Brazza permettait d'espérer qu'il pourrait supporter le reste du voyage.

Il resta donc à bord. Mais à Dakkar il était tellement faible, qu'on reconnut la nécessité de le mettre à terre.

Menu servi à bord du
Ville de Maceio
12 juillet 1902
Le petit vapeur du gouverneur, venu avec celui-ci dans la soirée, accosta à tribord la « Ville-de-Maceio », et M. de Brazza fut descendu sur une civière. A ce moment il avait presque perdu connaissance et, sauf Mme de Brazza qui conservait encore de l'espoir, tous les membres de la mission avaient la certitude qu'ils ne reverraient plus celui qui avait acquis le Congo à la France et qui, malgré son état de santé, n'avait pas hésité à retourner dans la colonie pour y préparer les réformes d'où devait dérouler une ère de prospérité.

Voici les renseignements recueillis en ce qui concerne les travaux de la mission. Pendant que le chef de la mission séjournait à Brazzaville, les autres membres se dirigeaient de divers côtés pour procéder à des enquêtes dont les résultats furent ensuite centralisés à Brazzaville, entre les mains de M. de Brazza. Et ce travail ,auquel collaborèrent les principaux membres de la mission, va être soumis au ministre tel que l'avait conçu M. de Brazza.

D'ailleurs, parmi les nombreux passagers, les opinions sont très partagées. Les uns estiment que l'enquête de la mission a été conduite d'une manière plus ou moins critiquable, et que conséquemment les conclusions ne reflèteront que d'une manière assez imparfaite la situation. D'autres, au contraire, pensent que des faits graves ont été découverts, et que certaines réformes dans le personnel de l'administration et dans la conduite générale des affaires s'imposent.


D'une manière générale, on considère que le Congo a été négligé, qu'il doit être l'objet de l'attention du ministre et que des sacrifices s'imposent pour son organisation et sa mise en valeur.

Toujours est-il, d'après les renseignements puisés à bonne source, que les vues de M. de Brazza sur la situation sont partagées par les membres de la mission.

Plusieurs de ceux-ci fureur assez séimu6£ment éprouvé» par le. cli«Ht. Mais au.jeurditm tors sont dans uu état de maté t^ùsfaisant





(Service spécial de I'Ouest-Eclair). Les obsèques de M. de Brazza
 
A Sainte-Clothilde. Le cortège funèbre. Au cimetière du Père-Lachaise. Le discours de MM. Clémentel, Deschanel et Le Myre de Vilers
Paris, 3 octobre,. Ce matin ont été célébrées avec la plus grande solennité les obsèques nationales de M. de Brazza. La basilique Sainte-Clotilde avait été décorée pour la circonstance de tentures de deuil piquées çà et-là de faisceaux de drapeaux tricolores ou d'écussons aux armes du défunt. be place en place brûlaient des candélabres et des torchères.

Derrière le catafalque des places avaient été réservées aux membres de la famille, Mme Vve de Brazza, MM. Antoine et Charles de Brazza, fils du défunt, ses frères, son beau-frère, M. de Chambrun, etc.

A 10 heures précises la levée du corps fut faite devant le catafalque; puis la messe commença, pendant laquelle la maîtrise de Sainte-Clotilde exécuta plusieurs morceaux. M. Delpouget, de l'Opéra, chanta l'«0 Vulnera». Le président de la République s'était fait représenter par le général Dubois et le commandant Reibell, de sa maison militaire. Tous les ministres étaient présents à l'exception de M. Gauthier, absent de Paris. Reconnu dans la nombreuse assistance: MM. Paul Loubet, Beau, gouverneur général de l'Indo-Chine, les généraux Brugère, Dessirier, Voyron, les amiraux Fournier et Bienaimé, MM. Radolin, Doumer, Fallières, Revoil, Gerville-Réache, les ambassadeurs des puissances, un grand nombre de sénateurs et de députés, etc.

A 11 heures la cérémonie était terminée et la sortie s'effectuait aux sons de la marche funèbre de Chopin. Le cercueil, sur lequel avait été déposé un drapeau tricolore, fut placé dans un magnifique char trainé par quatre chevaux carapaçonnés. Un officier d'infanterie de marine suivait portant sur un coussin les nombreuses décoraticns de l'explorateur.

Les cordons étaient tenus par MM. Etienne, Deschanel, Le Myre de Vilers, ancien député de Cochinchine, Roume, gouverneur de l'Afrique occidentale, l'amiral Mallarmé, et le général Frey, commandant la première division des troupes coloniales.

De nombreux chars portaient les couronnes. Les honneurs étaient rendus par les troupes de la garnison de Paris, placées sous le commandement des généraux Percin et Ménétrez. Ces troupes comprenaient les 46, 8g, 31 et 67es d'infanterie, les ai et 23 es coloniaux, deux escadrons du ter et deux du 2e cuirassiers, l'artillerie de la division de cavalerie.

A 11 heures un quart le cortège funèbre quittait l'église, précédé des est Irons de cuirassiers, pour se rendre au Pt Lachaise. Une foule considérable se pressait sur le parcours, car c'était l'heure du déjeuner. Des camelots distribuaient un hymne de circonstance Gloire à Brazza Il était environ midi et demi quand la tête du cortège arriva au Père Lachaise. Lorsque le corps fut des. cendu dans le caveau de la famille, M. Clémentel, ministre des colonies, prononça un discours dont voici la péroraison:

«Entre Brazza et Stanley, une magnifique émulation d'énergie s'institua. Ces deux hommes personifient tonte la puissance de leur race. L'Anglo-saxon, froid, méthodique, pourvu de tout, proportionnant l'action aux moyens, donne au monde une superbe leçon d'audace résolue et de calculs pratiques.

« Le Latin, enfiévré illuminé, manquant de tout, supplée à tout par l'ardeur, et il laisse à la postérité un immortel exemple d'héroisme et de généreux enthousiasme. Il dépensa sans computer comme il s'était dépensé lui même. Mais si ses budgets furent laborieux, il sacrifia toujours le présent à l'avenir, créant des ressources alors qu'il eût pu prendre du repos.

La mort l'a terrassé au moment où il venait de consolider notre crédit moral et de raffermir notre autorité par sa seule présence au milieu de nos sujets. Nul, plus que lui, n'é-. tait digne d'incarner à leurs yeux la France civilisatrice et tutélaire. Puisse son exemple défendre contre toute embûche l'œuvre pour laquelle il a vécu, pour laquelle il est mort. Puisse son grand souvenir veiller à jamais sur les destinées de cette terre qu'il donna à la civilisation en la donnant à la France

M. Deschanel a défini en ces termes le lève du grand explorateur:

Eveiller sous ses pieds les forces endormies de la nature et de l'humanité; assainir les eaux, les bois, vaincre le péril silencieux et mortel des forêts impénétrables; frapper la terre vierge et cn faire sortir, à coups de volonté et d'enthousiasme, les moissons, les comptoirs, les villes, théâtres de la civilisation future, tirer de la brousse, des marais fiévreux, de la sauvagerie, la santé, la vie, le droit; des ténèbres, la lumière; de !a violence, l'équité; de la barbarie, la conscience; créer un monde enfin et faire de son rêve de jeunesse une réalité immortelle, telle fut l'œuvre de Brazza. La vie de ce héros, c'était dans l'antiquité la vie des dieux.
«Cher Brazza, tu as donné ton âme généreuse et superbe à la plus adorable patrie qui ait paru sous ce ciel; tu as reculé ses frontières en étendant la puissance de son génie; tu as été un grand ouvrier d'idéal et de justice » M. Le Myre de Vilers a dit ensuite que Brazza supportait impatiemment les douceurs de la retraite. Aussi accepta-t il l'offre qui lui fut faite d'aller étudier sur place les réformes à apporter dans l'administration du Congo.
Malheureusement, ses forces trahirent son courage et il s'éteignit doucement entre les bras de sa vaillante femme qui eut la suprême consolation de recevoir les dernières volontés de son mari expirant et de lui fermer les yeux.

«Cette mort est un deuil pour les explorateurs, les coloniaux, eL particulièrement pour la Société de Géographie, qui, en 1879, accorda à Brazza sa grande médaille d'or. Tous nous remercions le gouvernement d'avoir donné à ses funérailles un caractère national»

Avant les discours les troupes avaient défilé devant le cercueil, puis les délégation présentes, après avoir salué une dernière fois la dépouille mortelle de l'explorateur, se retirèrent auprès avoir salué les membres de la famille.


Sources
Ecole navale
BNF Gallica
L'Ouest-Eclair

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