Du sexe des anges Usage de l’article devant les noms
Répertoire des navires de guerre français
C'est un travail d'érudition patiente et de longue haleine : c'est un minutieux inventaire alphabétique des navires de guerre français présents et passés.L'ouvrage parait en 1932. Il est commandé par le Ministère de la Marine dans le but particulier de pouvoir choisir en connaissance de cause les noms à donner aux futurs bâtiments de guerre français.
L’on disait jadis : « le vaisseau la Bretagne, la canonnière le Cerbère »... cas exceptionnels d’ailleurs puisqu’en règle générale vaisseaux, bricks... recevaient des noms masculins, ceux de l’autre sexe étant l’apanage des frégates, corvettes,...
Peintre, imagier, graveur, navigateur, explorateur, cet artiste autodidacte, né à Cherbourg où il passera toute sa vie, est issu d’une vieille famille de marchands de nouveautés dont l’enseigne Au Pèlerin (puis Le Conte-Dubégny) était fort connue. Brillant élève au lycée de sa ville, Pierre Le Conte se sent attiré très jeune par la mer. À treize ans, il commence à naviguer sur un cotre à bord duquel il prend ses premiers croquis de navires.
Après avoir renoncé à l'École navale pour raisons de santé, Pierre Le Conte intègre l'infanterie en 1915. Il est blessé moins d'un mois avant l'armistice de 1918, et reste invalide à 30 %
Colbert fut donc mal inspiré lorsqu’il prétendit appeler des flûtes : le Bien-Chargé, le Bien-Arrivé, le Paresseux,... et l’usage eut tôt fait de mettre au féminin ces qualificatifs : la Bienvenue, la Paresseuse, la Bien-Chargée... Pour une raison analogue, des frégates qui, sous la Révolution et le Consulat, reçurent les noms des héros morts en combattant : le Tartu, le Muiron, devinrent vite dans le langage maritime courant la Tartu, la Muiron, tant était alors enracinée l’habitude d’attribuer aux frégates des dénominations féminines.
De nos jours, à l’exception des canonnières, les groupes de navires de guerre ont des noms génériques masculins. D’où il résulte qu’une fraction importante des cuirassés, torpilleurs, sous-marins... naviguent sous des vocables féminins. On a pris l’habitude de dire et d’écrire le France, le Sirène, le Gironde, sous prétexte qu’étaient sous-entendus « cuirassé », « sous-marin » ou « transport ».
Ces formes, choquantes pour l’oreille, ont été lancées et propagées par les journalistes de la fin du siècle dernier, au nom de la logique. Que penseraient leurs collègues d’aujourd’hui si nous proposions, pour des raisons analogues, de dire le France de l’Ouest, le Petite Gironde, ou la Correspondant, puisqu’aussi bien l’on sous-entend, ici « journal », là « revue ». Le simple fait que les manchettes et titres de ces publications portent imprimé l’article accordé suffit à justifier cette différence de traitement.
Et ceci indique la marche à suivre. Que l’on revienne donc à la vieille coutume française, qui voulait que l’article soit sculpté devant le nom sur l’écusson même de chaque unité appartenant à la Marine militaire ! C’est précisément ce qui vient d’être fait, à propos de quelques noms d’anciens vaisseaux attribués à des bâtiments modernes, tels: La Paume, La Sibylle, La Flore, Le Mars, Le Fantasque,...; un contre-torpilleur a même été baptisé Le Chevalier-Paul, avec l’article. Si l’on généralise ce qui n’est aujourd’hui qu’une exception, l’usage choquant de l’article non accordé disparaîtra de lui-même.
https://envelopmer.blogspot.com/2013/03/cherbourg-et-pierre-le-conte-peintre-de.html
Répertoire des navires de guerre français /Pierre Le Conte (1894-1946).
Date d'édition : 1932
Date d'édition : 1932
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