les Avisos A69
des bateaux résistants
J'ai découvert les avisos de type A69 alors que je résidais au Togo. Les escales y étaient fréquentes.
Depuis 1976, ces bâtiments d’apparence modeste sont employés partout où l’engagement extérieur de la France le nécessite. Leur nom de baptême, qui reprend sans distinction de grades, le nom de marins et résistants morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ajoute encore à la sympathie qu’inspirent ces petites unités.
Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou |
Armés par un équipage de 90 marins, bien que très marins, ces bâtiments ont la réputation d'être parmi les plus pénibles par mauvais temps. Leur fardage important les rend particulièrement sensibles au tangage et au roulis dès que la mer est formée.
Leur armement, conséquent pour un bâtiment de ce tonnage, leur permet de gérer un spectre important de missions. Pendant la guerre froide, ils étaient essentiellement utilisés pour patrouiller sur le plateau continental de l'océan Atlantique à la recherche des sous-marins soviétique.
En raison des faibles performances du sonar de coque, dès qu'un écho apparaissait, le renfort d'une frégate ASM était nécessaire pour le prendre en chasse à l'aide de son sonar remorqué à immersion variable.
Bien armés pour leur tonnage de 1 100 tonnes, ils n’emportent cependant pas d’hélicoptère, et leur vitesse limitée ne leur permet pas non plus de suivre les évolutions du groupe aéronaval.
Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou |
Comme les escorteurs côtiers, bien plus modestes, qu’ils remplacent, les avisos d’Estienne d’Orves sont très vite déployés dans des stations lointaines où leur d’endurance et leur faible coût d’emploi sont appréciés.
Dans les années 1970 et 1980, on trouve ainsi ces petits bâtiments dans l’océan Indien, le golfe de Guinée, où l’océan Pacifique… bien au-delà du rayon de deux cent nautiques depuis la métropole dans lesquels ils devaient être initialement cantonnés.
Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou |
Et bien éloignées également du rôle premier de gardiens anti-sous-marins des points sensibles du littoral qui leur étaient dévolus.
Les avisos A69 contribuent ainsi à la surveillance de la Zone économique exclusive française (ZEE), à la coopération ou à la défense des intérêts français en zone Corymbe (Golfe de Guinée), comme aux actuelles opérations de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien.
Cette dichotomie entre emplois théoriques et réels pose d’ailleurs la question de l’adaptation d’une classe de bâtiment à sa mission, et, de façon plus générale, celle de l’équilibre global de la flotte. De fait, à la fin des années 1980, alors que l’hypothèse d’une conflagration directe entre l’Est et l’Ouest s’amenuisait, la nécessité s’est faite davantage sentir de faire respecter la souveraineté de la France dans les 12 000 000 de km² de ZEE que lui avait accordé, en 1982, le traité de Montego Bay.
Tubes lance-torpilles Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou |
Cette réflexion aboutit au lancement d’une classe spécifique de bâtiments, les frégates de surveillance Floréal, qui renforcent les patrouilleurs déjà existants. Signe de l’évolution des priorités, les Floréal emportent un hélicoptère dédié à la surveillance et aux liaisons, mais renoncent à toute capacité anti-sous-marine. Spécifiquement adaptées aux patrouilles hauturières et aux opérations de basse intensité, les Floréal auraient remplacée très favorablement dans ce rôle les avisos A69, unité pour unité.
Mais la longue série des d’Estienne d’Orves achevait à peine de sortir des chantiers (le dernier, le Commandant Bouan fut lancé en 1984), et leur espérance de vie était encore importante. Les avisos poursuivirent donc leur riche carrière jusqu’à nos jours.
Reclassés patrouilleurs de haute mer et débarrassés de leur armement de torpilles et de missiles, neuf d’entre eux sont encore en service. Le Lieutenant de vaisseau Le Hénaff, le Lieutenant de vaisseau Lavallée et le Commandant Birot ont ainsi participé à l’opération Harmattan menée en 2011 au large de la Libye.
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