Le transport de l'Armée Serbe de Corfou à Salonique
Cachet serbe cyrillique |
le roi Pierre et le princeAlexandre |
" l'unique moyen de salut de l'armée est de la transporter par mer dans une région où elle puisse se réorganiser en sécurité_si on ne rend pas possible le départ d'ici au moyen de bâtiments de transports et si on ne fait pas venir dans un délai de deux à trois jours de quoi manger, il me serait très douloureux de constater que la catastrophe terrible et imméritée de nos troupes qui se trouvent au Nord de l'Albanie est imminente...."
La Mission Militaire Française.
TRESOR ET POSTES *504* |
b) apprécier dans quelle mesure la réorganisation pouvait être immédiatement entreprise, en déterminer les conditions et rechercher où et comment elle pouvait être menée à bien.
c) proposer en conséquence le plus tôt possible toutes mesures utiles....
(Ordre de mission du Ministère de la Guerre du 13/12/15).
Le temps presse - Le Gouvernement Français décide alors de transporter les autorités serbes à Aix en Provence, les civils en Corse, l'armée en Tunisie.
On peut recevoir les Serbes à partir du 15 Janvier. Le 17 "Le VERDON" débarque quelques isolés. Le 18 le premier transport amène 1200 soldats. Dès lors les arrivées sont régulières et dans les premiers jours de février on évacue plus de 15.000 hommes par jour. Le 18 février 1916 le transport de l'armée Serbe est terminé, 136.000 hommes ont été évacués - (Rapport de l'amiral de Gueydon au Ministre du 19-2-16).
La remise sur pied de cette armée faite d'hommes malades ou défaillants ne connaît pas d'arrêts.
On fait venir du bois pour chauffer les bivouacs. On bâtit des fours à pain. On distille de l'eau sur le
La Marine fait l'admiration de tous par ses facultés d'improvisation.
A coté de la remise sur pied des troupes la réorganisation proprement militaire est poussée parallèlement ». Quelques extraits de la correspondance échangée entre Corfou, l'Armée Navale et Paris marquent les étapes de l'oeuvre entreprise.
Le 2 Février le Général de Mondésir télégraphie au Ministère de la Guerre: " à Corfou malgré de grandes difficultés la situation s'améliore grâce à l'entente parfaite entre la mission et la marine.".
Le 24 Mars, le C.A. De Gueydon dans un rapport au Ministre rend compte: " la réorganisation de l'armée Serbe est merveilleuse. Certains régiments sont splendides.".
Ainsi de débris malades et épuisés la France avait fait, en deux mois, une armée solide et consciente do sa valeur. Sans doute à ce qu'on a nommé "La Résurrection de l'Armée Serbe" beaucoup avaient collaboré - Les bâtiments italiens avaient assuré le ravitaillement de la cote albanaise et le transport d'Albanie à Corfou. La British Adriatic Mission avait mis en état les routes et les ponts le long de la cote et aidé au glissement de l'Armée de St. Jean de Lédua jusqu'à Valona.
Liaisons.
Nous avons vu réaliser la liaison entre les divers échelons de commandement.
Les liaisons entre les éléments mobiles du dispositif de protection demandent des soins spéciaux. Le 13 Avril le chef de la division des patrouilles écrivait au Commandant Violette: "pour que le transport serbe puisse être protégé dans de bonnes conditions il faut une entente et une coordination des efforts absolue entre Corfou, Argostoli et Milo. La liaison par T.S.F. est capitale. Tant que je n'aurai pas à Argostoli un bâtiment muni d'un poste puissant je devrai passer par l'intermédiaire du "WALDECK" pour correspondre avec vous.
Vous devrez donc faire veiller par la "FOUDRE" avec une attention particulière les signaux de Corfou. Je ferai signaler à l'avance par Corfou à Milo les noms et vitesses des bâtiments partant et les heures prévues où ces départs ont lieu. Par ailleurs les bâtiments d'escorte me signaleront par échelons les heures où ils prennent ou sont sur le point de quitter l'escorte. Je compte faire établir à cet effet un code simple."Ce code avec les indicatifs d'appels proposés pour les chalutiers, les horaires etc.... est envoyé pour approbation au C.E.C. le 14 Avril.
L' organisation du réseau est la suivante:
Mais immédiatement la liaison avec L'"HELENE" se montre précaire et l'on fait venir l'"ERNEST-RENAN" à Argostoli le 15 avril. Puis d'autres raisons ayant motivé la présence de la "FOUDRE" à Argostoli, on fait venir le "GAULOIS" à Milo le 20 Avril et la "FOUDRE" à Argostoli le 22 Avril.Cette organisation subsistera jusqu'à la fin de l'opération.
Le secret de l'opération.
A Corfou les mesures prises sont draconiennes : "tout envoi de télégramme de Corfou est interdit. Les personnes qui désireraient cependant télégraphier pour des motifs pressants doivent exposer leurs raisons à la Mission française qui accorde ou refuse le droit de télégraphier et en tout cas rédige elle même le télégramme." (Note du Commandant Vandier au C.E.M. de l'Armée Navale.)
Les précautions intérieures ne sont pas moins strictes. Il y a un chiffre spécial pour l'affaire serbe. Les instructions aux subordonnés sont données au dernier moment; c'est ainsi que le Commandant Violette réunit les Commandants de ses chalutiers à 23 heures au reçu du télégramme d'exécution du chef de division.
Les Ministres ennemis à Athènes semblent croire au passage par Patras et Corinthe, des instructions sont données pour essayer de propager et d'affermir le bruit.
Il est certain que les Austro-Allemands connaissent les préparatifs du transport, puis la date approximative de celui-ci, mais il n'est pas prouvé qu'ils aient eu des renseignements précis sur la solution adoptée. Le Commandant Sokol de la marine Austro-Hongroise prétend même que des informations sures firent défaut à son amirauté.
Le transport de l'armée serbe de Corfou à Salonique en 1916 / L. V. Fauve
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