14 juin 2021

Torpilleur d'escadre Somali 1929 accident de tir

Torpilleur d'escadre Somali






UN GRAVE ACCIDENT DE TIR S'EST PRODUIT A BORD DU TORPILLEUR « SOMALI »

L'éclatement de la culasse d'un canon de 120 a tué deux matelots et blessé un quartier-maître


LORIENT, 15 mars. (De notre rédaction lorientaise.) Les équipages de la belle deuxième flottille de l'Atlantique, constituée par deux escadrilles de torpilleurs, que les ports de la Manche et lu littoral de Brest à La Rochelle, connaissent bien, sont en deuil. Au cours des écoles à feu en baie de Quiberon, au moment où le Somali, commandé par le capitaine de corvette Barbier, tirait son dernier obus d'une pièce de 120. la culasse du canon sautait et venait semer la mort parmi l'équipage. Deux jeunes matelots étaient déchiquetés par l'engin que la déflagration de gaz avait projeté avec une force inouïe.


L'un des marins fut recueilli sur l'eau rouge de son sang; il avait la poitrine à moitié déchiquetée Pierre Leblanc, matelot de 2- classe sans spécialité, né le 26 mai 1909 à SaintJames (Manche), et dont la mère, Mme veuve Leblanc, est domiciliée à Fougères (Ille-et-Vilaine), 81, rue Pinterie.

L'autre, frappé également en plein cœur par la poignée de la culasse, était venu s'effondrer sur le pont, le crâne entièrement ouvert et vide de la matière cervicale c'était le matelot de première classe canonnier Olivier Moreau ,né le 10 septembre 1907 à Pleudihen (Côtes-du-Nord), et dont le père et la mère, qui n'avaient que lui comme enfant, habitent Cain, en Pleudihen. Le visage était noirci par la poudre et transpercé de petits éclats.

Le dernier et fatal obus

Depuis quelques jours, la deuxième flottille composée des torpilleurs Sakalave, Hova, Somali, Lestin, Touareg, Marocain, Annamite, Sénégalais, Tonkinois, dont plusieurs sont, on le sait, d'origine japonaise, effectuaient leurs écoles à feu, soit des tirs réels sur les ilôts Mindu, rochers silhouettes situés au large, et aux environs des iles de Houat et Hoëdic.

A part le Touareg et le Marocain, ces destroyers croisaient dans ces parages. Il était 16 heures, jeudi soir, :e Somali, qui appartient à la deuxième escadrille, commandant de Bernard de Teyssier, procédait à ses derniers tirs à une distance de 3.000 ou 4.000 mètres, avec la pièce de 120 placée en avant et qui était servie par Moreau, Leblanc, le quartier-maitre mécanicien Vincent, Quinquenel. ce dernier ami d'enfance et « pays » de Moreau. Le quartier-maitre Leprêtre remplissait les fonctions de chef cle pièce et de pointeur.

On venait de projeter six obus sous la direction de l'enseigne de vaisseau Touraille, qui surveillait le tir de la passerelle, et le dernier obus venait d'être introduit dans le canon qu'on fermait, quand soudain, avant que cette opération fut achevée, une gerbe de flammes jaillit comme un éclair et c'est alors que se produisit la catastrophe.

Tandis que le projectile allait tomber à 150 mètres peut-être en avant du torpilleur sur tribord, point de direction des tirs, la culasse, d'un poids de 30 à 40 kilos environ, était arrachée violemment de ses charnières par la poussée formidable de la charge de poudre contenue dans la douille-gargousse.

L'émoi à bord


On devine l'émotion qui s'ensuivit. pourtant nul ne perdit son*sang-froid. Quelques membres de l'équipage avaient vu la chute à la mer du matelot Le Blanc et l'on s'apprêtait à le rechercher, mais du Hova le commandant avait aperçu également l'accident et déjà une baleinière se dirigeait sur les lieux; on put recueillir à temps le malheureux qui flottait encore entre deux eaux. Il fut remonté à bord et transporté dans la chambre de veille, au côté de son infortuné camarade dont on avait recueilli les restes. Cependant que le bâtiment stoppait et hissait son pavillon en berne, les autres torpilleurs arrivaient à toute vapeur et descendaient leurs couleurs à mi-mât, s'associant au deuil de l'équipage du Somali, qui bientôt reçut la visite du capitaine de vaisseau Bougrain, commandant la 2e flottille. Ce dernier, après s'être incline devant les victimes, donnait au commandant du torpilleur l'ordre de rallier Lorient. ce qui fut exécuté aussitôt et vers 10 heures du soir, le Somali mouillait sur rade et débarquait le quartier-maitre mécanicien Vincent André, qui fut admis à l'hôpital maritime. Comme nous le disions plus haut, son état n'est nullement grave.. Dans la journée de vendredi, il a été passé à la radiographie, afin que les médecins puissent fixer l'emplacement de l'éclat qu'il a reçu dans la poitrine.


L'émouvante veillée funèbre Ce fut toute la nuit, une émouvante veillée funèbre; le commandant, les officiers, les sous-officiers ne quittèrent pas les corps de leurs camarades que l'on avait recouverts du pavillon tricolore du bord. Une scène poignante se déroula ce matin alors que les couleurs s'élevaient en berne. on débarqua les deux victimes du devoir. Tout l'équipage, béret à la main. était aligné le long du navire, dans un garde-à-vous respectueux. Plus d'un avait les yeux voilés de larmes c'est que les deux victimes laissaient d'unanimes regrets à bord du Somali, où elles étaient embarquées depuis plus d'un an. C'étaient, nous ont dit les uns et les autres, de braves garçons. Sur le croiseur Condé, le long duquel le Somali s'était amarré, même attitude recueillie. Sur le pont, se tenait le lieutenant de vaisseau Guignard, qui était venu saluer les deux matelots au nom du contre-amiral Audouard, commandant la marine et commandant d'armes.

Quelles sont les causes du déculassement ?

Une enquête officielle déterminera peut-être les causes de la catastrophe, obus défectueux, ou accident de culasse ? Il semble que cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable. Il est possible, en effet, que le ressort du percuteur, après le sixième coup de canon se soit cassé sans qu'on s'en soit aperçu Le percuteur, faisant saillie sera venu, avant la fermeture complète de la culasse, heurter la capsule de la douille, provoquant ainsi l'allumage, la déflagration et le déculasscment de la pièce qui est d'origine japonaise comme le navire. On va examiner avec soins les projectiles de de cette pièce de 120 pour se rendre compte s'ils n'ont pas quelque défaut. Le commandant de la Marine a adressé le communiqué officiel suivant

Au cours d'une école à feu en baie de Quiberon, de la deuxième flottille de torpilleurs, deux hommes du Somali ont été tués. Ce sont le matelot canonnier Moreau Olivier, de Pleudihen et le matelot sans spécialité Le Blanc Pierre, de Fougères. Aussitôt après l'accident, le Somali a fait route sur Lorient où il a pris un coffre en rade; rentré dans l'arsenal vendredi matin, il a débarqué les deux corps qui ont été transportés à l'Hôpital Maritime. Les honneurs réglementaires ont été rendus; les familles ont été prévenues par les soins de l'autorité maritime.

Sources
BnF Gallica 
Ouest-Eclair

http://www.passioncompassion1418.com/Canons/AfficheCanonGET.php?IdCanonAffiche=164

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