Torpillage du Croiseur auxiliaire Provence II
photo (c) JM Bergougniou |
Le monument aux morts de Tinténiac est en cours de déménagement. Il sera déplacé de 20 mètres pour l'aménagement d'un rond-point. Il a été inauguré en 1922.
La base est en granite de Lanhélin, des carrières de Jules Hignard, la statue du poilu est réalisée en fonte de fer bronzé à partir d'un travail du sculpteur Camus de Toulouse.
la fonte esr réalisée par les établissement Jacomet de Villedieu dans le Vaucluse.
photo (c) JM Bergougniou |
L'U-35 est l'un des premiers à être équipé par deux moteurs Diesel, en remplacement des moteurs à huile lourde qui équipaient précédemment les sous-marins, lui permettant la navigation en surface. Ainsi, il peut parcourir un peu plus de 8 500 milles à 16 nœuds.
En plongée, deux moteurs électriques lui permettent d'atteindre cinq nœuds sur une distance de 150 kilomètres.
Mesurant 64 mètres de long, il est équipé de 4 tubes lance-torpilles ; deux à l'avant et deux à l'arrière. Il peut transporter 6 torpilles. Il possède un canon de 105 millimètres sur son pont.
Quatre commandants gouvernèrent à sa destinée :
- du 3 novembre 1914 au 12 novembre 1915, Waldemar Kophamel
- du 13 novembre 1915 au 16 mars 1918 Lothar von Arnauld de la Perière
- du 17 mars 1918 au 13 août 1918 Ernst von Voigt
- du 14 octobre 1918 au 11 novembre 1918 Heino von Heimburg
Jusqu'au 1er août 1915, il fit partie de la flotte allemande en mer du Nord. Le 23 août, en provenance d'Heligoland, il arriva au port de Cattaro enMéditerranée. En tout, le U-35 effectua 17 patrouilles durant lesquelles il coula 224 bateaux, ce qui est un record absolu qui ne fut jamais atteint depuis.
République Française,
Au nom du peuple Français Le Tribunal Civil de Première Instance de l'arrondissement de Cherbourg a dans son audience publique du vingt-trois Août mil neuf cent dix-sept, rendu le jugement dont suit la teneur .
Au nom du peuple Français Le Tribunal Civil de Première Instance de l'arrondissement de Cherbourg a dans son audience publique du vingt-trois Août mil neuf cent dix-sept, rendu le jugement dont suit la teneur .
Le Tribunal ouï Monsieur Blaizot Juge en son rapport, le ministère Public Entendu et après en avoir délibéré conformément à la loi.
Vu la requête présentée par Monsieur le procureur de la république, les faits y exposés et les pièces à l'appui. Attendu que le vingt-six février mil neuf cent seize le croiseur auxiliaire Provence II allant de Toulon à Salonique a été torpillé par latitude trente-six degrés N et longitude vingt-un degrés quinze Est (greenwich) qu'il a coulé en quelques minutes et qu'une partie seulement de l'équipage et des troupes embarquées comme passagers a pu se réfugier sur les canots ainsi que sur les radeaux ou il furent recueillis le lendemain par les bâtiments de la division des patrouilles.
Attendu que les circonstances de la catastrophe, l'éloignement de la côte et que le fait que les patrouilleurs ont croisé sur les lieux du sinistre longtemps après, ne laissent aucun doute sur la réalité de la mort des disparus, dont il y a lieu de constater judiciairement le décès. Attendu que par jugement en date du vingt sept Février mil neuf cent dix-sept, le Tribunal de ce siège a constaté le décès de cent trente-neuf marins victimes de ce naufrage, que depuis lors le département de la guerre a communiqué au Ministre de la Marine une première liste de militaires disparus au nombre de sept cent soixante-onze en demandant qu'elle fut dés maintenant soumise au Tribunal compétent, une seconde liste devant faire l'objet d'un autre envoi lorsque tous les renseignements d'état civil auront pu être réunis :
Attendu d'autre part qu'il résulte de constatations récemment faites, que la liste dressée à Cherbourg le sept septembre mil neuf cent seize qui a servi de base au jugement du vingt-sept février et qui indiquait comme marin passager manquant Monsieur le capitaine de Vaisseau Reveille a omis de mentionner un second officier de vaisseau également passager et disparu,
Monsieur le lieutenant de Vaisseau Capin. Par ces motifs Déclare constants par suite de leur disparition en mer le vingt-six février mil neuf cent seize dans le naufrage de la Provence II: le décès des sept cent soixante-douze personnes dont les noms suivent et dont la disparition a été déclarée conformément à l'article quatre vingt-huit du code civil par Monsieur le Ministre de la Marine, le vingt quatre avril mil neuf cent dix sept...
Trouvé sur internet cette lettre d'un des rescapés Alexandre Gautier
Trouvé sur internet cette lettre d'un des rescapés Alexandre Gautier
Ile de Mitylène, le 6 mars 1916
Mon cher Frère
Tu as du apprendre le torpillage du croiseur auxiliaire La Provence. J’étais avec 2 200 camarades comme passager a bord de ce beau bateau de 3 000 tonnes, 191 m de long pour un premier voyage.
J’avais bien choisi le hasard à voulu que je n’y reste pas c’est bien le hasard car beaucoup de malheureux qui savaient nager ont péri, et moi qui étais blessé ne sachant pas nager du tout je me suis sauvé.
Au moment du torpillage (le Samedi 26 Février - 3 h du soir ) j’étais couché dans mon hamac, nous marchions à petite allure 12 nœuds alors qu’on aurait pu marcher 20 nœuds ce qui nous aurait sauvé car le navire a été atteint tout à fait à l’arrière. Je lisais tranquillement tout à coup une explosion sourde le bateau tresaille. Je n’ai pas mis longtemps à me sortir de la cale et grimper sur le pont. Je vais sur le pont avant ; tout le monde était déjà sur pied. Je cours à l’emplacement des ceintures de sauvetage ; il n’y en avais plus a ce moment les officiers passaient parmi nous et disaient que ce n’était qu’un coup de canon, l’espoir nous venais le bateau marchait toujours.
Mon cher Frère
Tu as du apprendre le torpillage du croiseur auxiliaire La Provence. J’étais avec 2 200 camarades comme passager a bord de ce beau bateau de 3 000 tonnes, 191 m de long pour un premier voyage.
J’avais bien choisi le hasard à voulu que je n’y reste pas c’est bien le hasard car beaucoup de malheureux qui savaient nager ont péri, et moi qui étais blessé ne sachant pas nager du tout je me suis sauvé.
Au moment du torpillage (le Samedi 26 Février - 3 h du soir ) j’étais couché dans mon hamac, nous marchions à petite allure 12 nœuds alors qu’on aurait pu marcher 20 nœuds ce qui nous aurait sauvé car le navire a été atteint tout à fait à l’arrière. Je lisais tranquillement tout à coup une explosion sourde le bateau tresaille. Je n’ai pas mis longtemps à me sortir de la cale et grimper sur le pont. Je vais sur le pont avant ; tout le monde était déjà sur pied. Je cours à l’emplacement des ceintures de sauvetage ; il n’y en avais plus a ce moment les officiers passaient parmi nous et disaient que ce n’était qu’un coup de canon, l’espoir nous venais le bateau marchait toujours.
Je me penche hors du bastingage et je vois l’arrière qui s’enfonçais peu à peu. Un nègre qui était à côté de moi quitte sa ceinture de sauvetage et s’en va disant « c’est rien, c’est rien ». Je t’assure que je n’ai pas mis dix seconde a bondir dessus et à monter sur le pont supérieur de l’avant, dans ma précipitation à la mettre je la casse je l’ai réparée, tant bien que mal et j’ai attendu ; sur le pont avant supérieur c’est à dire à l’extrémité du bateau nous étions 200 massés la j’étais assez calme, je cherchais un moyen de sauter dans un des canots qu’on mettait à la mer hélas ces canots qui pouvaient contenir 80 personnes étaient charger du triple ; te décrire les scènes d’ horreur qui se sont passées est impossible. les canots a l’eau chaviraient les autres canots qui arrivaient écrasaient la plupart des malheureux qui étaient à l’eau et puis le bateau s’enfonçait toujours avec plus de rapidité.
Alors l’explosion des machines
qui a tué encore quelque centaines d’hommes. le bateau était tout debout, tu vois la position que j’occupais cramponé à l’avant. Je me suis laissé engloutir avec le bateau, le remous de l’eau m’a envoyé au moins a 10m au fond. Aussitôt j’ai remonté a la surface, je commençais a respirer maintenu par ma ceinture, mais aussitôt je reçois un coup sur la tête et aller encore un voyage au fond. Je me croyais bien perdu heureusement que je suis remonté encore sans m’évanouir, et le hasard a voulu que je me trouve à portée d’un radeau, la j’ai pu respirer j’ai regardé l’endroit ou dix minutes avant flottait un des plus beaux bateaux de notre marine, ce n’était plus que des débris de planches, des bottes de foin, des casseroles etc… etc… la mer avais repris son calme les survivants a la nage se bataient vers les radeaux et les barques. j’avais avec moi 22 compagnons.
Jusque la nous étions a peu près sauf mais si la mer devenais mauvaise nous étions perdus ; car tu sais 23 sur ce machin en bois ! et puis a 350 km du port … (je continue sur l’autre feuille) le plus proche ; si le marin de la T.S.F. n’avait pu envoyer le signal de détresse, nous étions condamnés à mourir de soif de faim ou de froid, car la pluspart d’entre nous étaient complétement nu. J’avais juste ma chemise et mon caleçon ; mais ce brave marin avais fait son devoir, (il est mort d’ailleurs a son poste) et le matin un contre torpilleur Français, venais nous receuillir. Quel cri de joie nous avons poussé en l’apercevant ; tu sais toute la nuit balayé par les vagues nous en avions assez .
qui a tué encore quelque centaines d’hommes. le bateau était tout debout, tu vois la position que j’occupais cramponé à l’avant. Je me suis laissé engloutir avec le bateau, le remous de l’eau m’a envoyé au moins a 10m au fond. Aussitôt j’ai remonté a la surface, je commençais a respirer maintenu par ma ceinture, mais aussitôt je reçois un coup sur la tête et aller encore un voyage au fond. Je me croyais bien perdu heureusement que je suis remonté encore sans m’évanouir, et le hasard a voulu que je me trouve à portée d’un radeau, la j’ai pu respirer j’ai regardé l’endroit ou dix minutes avant flottait un des plus beaux bateaux de notre marine, ce n’était plus que des débris de planches, des bottes de foin, des casseroles etc… etc… la mer avais repris son calme les survivants a la nage se bataient vers les radeaux et les barques. j’avais avec moi 22 compagnons.
Jusque la nous étions a peu près sauf mais si la mer devenais mauvaise nous étions perdus ; car tu sais 23 sur ce machin en bois ! et puis a 350 km du port … (je continue sur l’autre feuille) le plus proche ; si le marin de la T.S.F. n’avait pu envoyer le signal de détresse, nous étions condamnés à mourir de soif de faim ou de froid, car la pluspart d’entre nous étaient complétement nu. J’avais juste ma chemise et mon caleçon ; mais ce brave marin avais fait son devoir, (il est mort d’ailleurs a son poste) et le matin un contre torpilleur Français, venais nous receuillir. Quel cri de joie nous avons poussé en l’apercevant ; tu sais toute la nuit balayé par les vagues nous en avions assez .
Nous sommes en ce moment a l’Ile de Mitylène (Grèce) pour nous reposer pendant quelque temps après on nous enverra à Salonique. J’avais pu sauver quelque billets dans une ceinture de flanelle qu’Alice m’avait faite C’est heureux car j’ai pu acheter ici quelques objets indispensable, et tu sais les Grecs nous font payer le prix. Tu seras bien aimable de me faire réponse aussitôt donne moi des nouvelles de Alice car peut être aurai je ta lettre avant la sienne, raconte moi ce qu’on a dit en France de l’accident, tout ce tu sauras en un mot de l’A… (? mot illisible) aussi – car ici on est complètement séparé de France pas de communiqués rien.
Je t’embrasse cordialement, Ton beau Frere, GAUTIER
Alexandre Gautier 3° colonial. 2° CieIle de Mitylène - Secteur 506
Sources
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