Gdansk, les chantiers Lénine
et Lech Walesa
Entrée du Chantier naval Lénine |
Pourquoi parler de la Pologne aujourd'hui allez-vous me demander?
D'abord parce que les évènements des années 80 vont changer l'Europe et ses mentalités, faire tomber le bloc de l'est et ouvrir des frontières jusqu'alors fermées.
Parce que la Pologne, amie de la France depuis de nombreuse années a été l'élément déclencheur de la seconde guerre mondiale suite à son agression par le croiseur allemand Schleswig-Holstein à Gdansk.
Parce que la Pologne, amie de la France depuis de nombreuse années a été l'élément déclencheur de la seconde guerre mondiale suite à son agression par le croiseur allemand Schleswig-Holstein à Gdansk.
C'est de cette partie du fleuve que le croiseur Schleswig-Holstein ouvrit le feu sur la garnison de Westerplatte |
Parce qu'aujourd'hui les chantiers de Gdansk construisent pour notre marine nationale des éléments de coque. Et puis parce que c'était l'occasion d'y gagner une amitié qui dure depuis 30 ans!
Le 13 décembre 1981, en Pologne, le président Wojciech Jaruzelski proclame l'état d'urgence. Au centre de cet événement se trouve la montée du mouvement syndical ouvrier et la conjoncture particulière dans laquelle se trouve le pays.
Le général Jaruzelski : caricature réalisé à partir d'un pliage. Document ronéoté et diffusé sous le manteau collection JMB |
L'état d'urgence de 1981 a été l'aboutissement d'une tempête qui faisait rage depuis déjà plusieurs années en Pologne.
Suite à la Seconde Guerre mondiale, le pays est « libéré » par l'Armée rouge et doit rapidement s'aligner sur le modèle soviétique. Le Parti communiste polonais est devenu le parti fort du pays. Au cours des années 60 et 70, la population est soumise à de nombreuses limitations, tant politiques que matérielles. Plusieurs révoltes sont réprimées, mais en 1980, les grèves deviennent plus violentes .
Pliez ces charmants petits cochons et vous obtiendrez le portrait du Général Jaruzelki collection JMB |
entrée des chantiers © photo JM Bergougniou |
Un pays en crise
Au début des années 1970, le gouvernement de Pologne veut redresser l'économie en mettant en place un projet de développement financé par d'énormes emprunts. Plusieurs investissements sont réalisés afin de fabriquer en usine des produits qui rembourseraient ces prêts. Mais voilà que la crise pétrolière de 1974 vient mettre fin à ces aspirations et laisse le pays avec d'énormes dettes. À la fin de l'année 1981, la situation enPologne est telle que le pays se retrouve au 2e rang des pays les plus endettés du monde par rapport au nombre d'habitants.
En août 1980, les travailleurs polonais défient l'empire de l'URSS en faisant des grèves massives et en procédant à la création du syndicat OcenSolidarnosc, ou Solidarité, qui compte 10 millions de membres à sa création.
« Lorsque ce syndicat, à la tête duquel se trouvait Lech Walesa, revendiqua l'organisation d'élections libres et le contrôle de l'approvisionnement, l'armée prit le pouvoir. Le 13 décembre 1981, le général Wojciech Jaruzelski instaura l'«état de guerre». » Des grèves surviennent un peu partout au pays donc, et Solidarnosc se veut le porte étendard de cette révolte.
Les croix devant l'entrée du chantier qui rappellent les répressions sanglantes de l'ère communiste photo © JM Bergougniou |
« Lorsque ce syndicat, à la tête duquel se trouvait Lech Walesa, revendiqua l'organisation d'élections libres et le contrôle de l'approvisionnement, l'armée prit le pouvoir. Le 13 décembre 1981, le général Wojciech Jaruzelski instaura l'«état de guerre». » Des grèves surviennent un peu partout au pays donc, et Solidarnosc se veut le porte étendard de cette révolte.
Ouvrier des chantiers Lénine de Gdansk en grève |
À l'époque de la Pologne communiste, aucun syndicat indépendant des organismes du pouvoir n'est autorisé. Soucieuse des besoins des ouvriers des chantiers navals de Gdańsk, Anna Walentynowicz crée la première association indépendante ce qui lui vaut d'être licenciée le 7 août 1980, perdant son droit à la retraite à cinq mois de celle-ci.
Dans les années 1980, ce syndicat réussit à rassembler un large mouvement social contre le régime communiste en place, impliquant entre autres l'Église catholique romaine. Il élabore un programme en 21 points. Le syndicat est soutenu par un groupe d'intellectuels dissidents (en polonais Komitet Obrony Robotników, KOR) et était basé sur les règles de la non-violence. PourMoscou, Solidarnosc est considéré comme un organisme dangereux bénéficiant du soutien de l'OTAN. Si les communistes polonais ne réussissaient pas à faire face à cette menace, les Russes s'en mêleraient.La décision de la direction entraîne une grève qui éclate le 14 août 1980 et donne naissance au syndicat NSZZ Solidarność dont elle est co-fondatrice avec Lech Wałęsa.
La survie de Solidarność est un événement sans précédent, non seulement en Pologne, mais dans tous les pays du Pacte de Varsovie. Cela signifie une cassure dans la ligne dure du Parti qui avait auparavant provoqué un bain de sang pour réprimer un autre mouvement de protestation : des douzaines de personnes tuées et plus d'un millier de blessés à Gdynia en décembre 1970.
Le 31 août 1980, à l'issue de 14 jours de grève au chantier naval Lénine de Gdansk, le vice-Premier ministre Mieczyslaw Jagielski cosigne avec Lech Walesa, devant l'assemblée générale des délégués des entreprises en grève dans la région, un accord qui ouvre la voie à la constitution des syndicats indépendants. Le comité de grève interentreprises se transforme en direction provisoire du nouveau syndicat.
Avec la proclamation de l'état d'urgence, plusieurs dirigeants du mouvement sont arrêtés ou mis sous surveillance, comme ce fut le cas pour le dirigeant de Solidarnosc, Lech Walesa.
Même si le mouvement a été dissous par le Conseil d'État sous la gouverne de Jaruzelski, les militants continuent de lutter clandestinement. L'état d'urgence s'est prolongé jusqu'au 21 juillet 1983. La classe ouvrière continuera de manifester son mécontentement même si le pays est dirigée par Wojciech Jaruzelski jusqu'en 1989.
Tract de solidarité sur le camp de prisonniers de Bialoleka : SOLIDARNOSC Bialoleka Camp 1982 collection JMB |
Deux hommes, deux destins
Les deux principaux personnages de la crise de 1981 sont premièrement le général Jaruzelski et, en second, le syndicaliste Lech Walesa. Suite à la prise du pouvoir en Pologne par l'Armée rouge, Wojciech Jaruzelski s'enrôle dans l'armée polonaise sous contrôle soviétique. Il monte graduellement les échelons de l'armée et même de la politique avant d'être finalement nommé Premier ministre de Pologne le 10 février 1981. Il demeure à ce poste jusqu'en 1985.
De 1989 à 1990, il exerce également les fonctions de président de la République de Pologne. Wojciech Jaruzelski fut le dirigeant qui fit la transition suite à l'effondrement du bloc de l'Est. Lors de la transition entre la République Populaire dePologne et de la 3e République, Jaruzelski eut un court mandat en tant que président. Son nom reste néanmoins associé aux événements de 1981. Le 31 mars 2006, « le général Jaruzelski a été inculpé de « crime communiste » et encourt jusqu'à 8 années de prison pour avoir instauré la loi martiale en 1981. »
Tract photocopié et diffusé clandestinement "En attendant la chute du corbeau" collection JMB |
De 1989 à 1990, il exerce également les fonctions de président de la République de Pologne. Wojciech Jaruzelski fut le dirigeant qui fit la transition suite à l'effondrement du bloc de l'Est. Lors de la transition entre la République Populaire dePologne et de la 3e République, Jaruzelski eut un court mandat en tant que président. Son nom reste néanmoins associé aux événements de 1981. Le 31 mars 2006, « le général Jaruzelski a été inculpé de « crime communiste » et encourt jusqu'à 8 années de prison pour avoir instauré la loi martiale en 1981. »
Lettre pour le 1er mai 1985 t imbre vignette Solidarnosc collection JMB |
Suite aux élections de décembre 1990, Lech Walesa, le fondateur du mouvement Solidarnosc, fut pour sa part élu président de la Républiquede Pologne, succédant à son rival du temps de la grève. Lech Walesa fut président de 1990 à 1995.
À l'élection de 1990, qu'il remporte avec 74,2% des voix mais connait un mandat avec une popularité plus faible, puisqu'aux élections de 1995, il perd son poste au profit d'Aleksander Kwaśniewski, un ex-communiste.
Les électeurs lui reprochent son conservatisme moral ainsi que la trop grande place de l'église catholique dans la vie politique. Walesa récidive en 2000 où il se fait littéralement écraser alors qu'il n'obtient que 0,8% des voix. Le récipiendaire du prix Nobel de la paix de 1983 se retire alors progressivement de la politique.
Tract clandestin Les résultats des élections sont faux (falsifiés) Boycott collection JMB |
Les électeurs lui reprochent son conservatisme moral ainsi que la trop grande place de l'église catholique dans la vie politique. Walesa récidive en 2000 où il se fait littéralement écraser alors qu'il n'obtient que 0,8% des voix. Le récipiendaire du prix Nobel de la paix de 1983 se retire alors progressivement de la politique.
L'Etat de siège
Cet accord est le point culminant d'une vague de grèves démarrée en juillet à la suite de l'augmentation des prix des produits alimentaires. Une rupture se produit alors dans le consensus de fait entre la bureaucratie polonaise et les travailleurs.
Des grèves avec occupation se dotent, au fur et à mesure, de structures d'auto-organisation de plus en plus larges. Les négociations menées avec le pouvoir sont publiques, enregistrées par les délégués d'entreprises et permettent aux travailleurs d'affiner les mandats de leurs délégués, d'en changer si nécessaire.
Des grèves avec occupation se dotent, au fur et à mesure, de structures d'auto-organisation de plus en plus larges. Les négociations menées avec le pouvoir sont publiques, enregistrées par les délégués d'entreprises et permettent aux travailleurs d'affiner les mandats de leurs délégués, d'en changer si nécessaire.
Dans cette situation le général Jaruzelski a convoqué Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego (WRON, le conseil militaire du salut national) et le conseil d’Etat a proclamé l’état d’urgence le 13 décembre1981.
Quelques milliers de personnes ont été emprisonnées, « Solidarnosc » et d’autres organisations sociopolitiques ont été dissolues.
Une interdiction de circuler pendant la nuit, de publier la presse, de circuler librement dans le pays et d’autres mesures ont été imposés à tout le pays.
Rendez-nous le Père Popielusko |
Timbres vignettes Solidarnosc Père Popielusko |
Quelques milliers de personnes ont été emprisonnées, « Solidarnosc » et d’autres organisations sociopolitiques ont été dissolues.
Une interdiction de circuler pendant la nuit, de publier la presse, de circuler librement dans le pays et d’autres mesures ont été imposés à tout le pays.
Anna Walentynowicz |
L’état d’urgence a duré jusqu’au 21 juillet 1983. Même si les dirigeants polonais ont abouti à détruire « Solidarnosc », la majorité de la société polonaise a manifesté la résistance passive contre le gouvernement, ce qui a entraîné une stagnation économique dans les années 1982-1989.
Les états occidentaux et l’église catholique ont damné la proclamation de l’état d’urgence. Les sanctions dirigées contre la Pologne ont aggravé sa situation économique.
A suivre la poste clandestine de Solidarnosc
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