Atout chance: un nouveau voilier pour l'Ecole des mousses
« Les vagues de l’espoir »
Le CIN de Brest accueille un OVNI 495
Le Centre d’Instruction Naval (CIN) de Brest rassemble sur son site, des écoles militaires de la marine nationale telles que l’Ecole de maistrance (école des officiers mariniers), l’Ecole des mousses (école des apprentis-marins) ainsi que le lycée naval. Ce sont près de 1200 jeunes qui sont formés chaque année dans ces établissements.
Le CIN de Brest représente, pour eux, plus qu’une simple école militaire. Il est une école de vie à part entière, qui les marquera encore bien après leur passage. Le travail d’encadrement et d’éducation y est assidu afin de former des citoyens, des hommes et des femmes responsables, et pour la plupart d’entre eux des militaires.
Le CIN est une école tournée vers la mer, il forme avant tout de jeunes marins. La mer, par ses valeurs de cohésion, du goût de l’effort, de dépassement de soi, peut permettre de soulager les difficultés laissées à terre. La mer éducative et pédagogique vient alors en renfort de toutes les démarches entreprises au quotidien, porteuse d’espace et de liberté, d’un nouveau départ.
De cette idée est né un projet, baptisé « Les vagues de l’espoir », qui a vocation à être soutenu par des mécènes publics (Europe, Etat, région) ou privés, et par la marine nationale. C’est également dans ce cadre et dans cet esprit que s’est organisée la première édition de l’Armada de l’espoir en novembre 2010.
C’est une démarche à laquelle a été sensible Madame Léone-Noëlle Meyer, mécène du Centre d’instruction naval de Brest. Par sa grande générosité elle a permis au CIN de disposer d’un voilier destiné à la formation de ses élèves mais également, d’adolescents de la communauté maritime régionale : élèves des lycées maritimes, jeunes soutenus et suivis par des associations. Madame Meyer a compris que l’embarquement éducatif était un outil précieux pour les jeunes en difficulté. Il est avant tout un pilier de l’apprentissage maritime de nos élèves mousses et maistranciers.
Ce voilier, un OVNI 495, baptisé « Atout Chance » par Madame Meyer, a été construit aux chantiers Alubat à Château d’Olonne. Embarquant une dizaine de jeunes, trente semaines par an, il servira d’outil pédagogique au service de la formation maritime, et permettra des immersions éducatives plus complètes que celles actuellement proposées.
photo Le Télégramme |
Le CIN accueillera prochainement « Atout Chance ». La réception officielle du voilier est prévue le mercredi 30 mars, en présence du directeur du personnel militaire de la marine, le vice amiral d’escadre Olivier Lajous.
C’est dans cet environnement favorable que se prépare la seconde édition de « l’Armada de l’espoir ». Près de 300 jeunes embarqueront plusieurs jours à bord de vieux gréements. En partenariat avec les villes de Brest et de Concarneau, l’Armada de l’espoir poursuivra sa mission, qui est de rendre accessible la mer aux jeunes issus de milieux défavorisés, de les confronter à la réalité d’un métier dur mais passionnant. La première édition de cette manifestation a été un franc succès que le CIN de Brest a à cœur de réitérer, en y associant de nouveaux partenaires.
Mécénat. Un voilier pour les mousses
«Moi aussi, un jour, j'ai eu la chance de ma vie», a expliqué aux mousses Léone Noëlle Meyer, héritière du groupe des Galeries Lafayette. Sans en dire davantage, la petite dame les a regardés droit dans les yeux en leur souhaitant bon vent sur le voilier qu'elle a mis à la disposition de l'École des mousses à Brest.La vie de Léone Noëlle Meyer est un roman. Comment la petite orpheline d'une modeste famille juive émigrée à Paris a-t-elle pu se retrouver à la tête d'un des plus grands groupes commerciaux français? Elle a 3 ans lorsque sa mère, son frère et sa grand-mère sont déportés en 1942, à Auschwitz. Elle ne les reverra plus. Miraculeusement, la petite Léone échappe à la rafle du Vel d'Hiv, est cachée jusqu'en 1944 avant d'être placée dans un orphelinat. En 1946, elle est adoptée, tout à fait par hasard, par l'épouse du président des Galeries Lafayette, groupe dont elle prendra les rênes un demi-siècle plus tard, aux côtés de 40.000 employés (Nouvelles Galeries, BHV, Monoprix, Cofinoga...).
Pas marin pour un sou
Les bateaux et la Marine lui étaient complètement étrangers. Léone Noëlle Meyer ne se souvient pas d'avoir eu un seul marin, ni même un militaire dans sa famille. C'est en lisant un article de presse sur le redémarrage de l'École des mousses, à Brest, qu'elle apprend que l'institution cherche à financer un voilier afin d'aguerrir et de fidéliser ses élèves. En priorité ceux que le système scolaire et le milieu familial n'ont pas favorisés, ces mousses à qui l'on tend la main pour un avenir meilleur. Sensible au concept, Noëlle Meyer joint immédiatement le Centre d'instruction naval (CIN) de Brest et passe une journée entière auprès des apprentis marins. «J'ai assisté à des cours, j'ai même suivi un entraînement au feu sur un bateau. J'ai essayé de sentir ce qu'il se passait dans cette école. Et ça m'a plu. J'ai vu que certains jeunes n'étaient manifestement pas issus des milieux les plus favorisés, qu'ils avaient une véritable chance à saisir». Convaincue, elle se retrouve, en fin de journée, dans le bureau du capitaine de vaisseau Bernard Riou. «Bon, de quoi exactement avez-vous besoin?». «D'un voilier!». «Oui mais de quelle taille?». «De quinze mètres pour embarquer une dizaine de mousses». «C'est bon, vous pouvez le commander!».
Carton accompagnant les enveloppes remises aux invités |
Grosse fortune, grand coeur
«Après un tel entretien, vous vous pincez pour vous assurer que vous n'avez pas rêvé», commente, un an après, le commandant du CIN. La capitaine d'industrie (aujourd'hui détentrice d'une partie de Publicis) a débloqué les fonds. La commande et les aménagements spécifiques du voilier pour embarquer douze personnes n'ont pas traîné. Celle qui, malgré sa fortune colossale, n'a jamais quitté la France et a continué d'y payer ses impôts (151millions d'euros réglés en 2006 après la vente de ses parts!) a enchaîné les actions humanitaires et de mécénat. Du temps où elle exerçait comme médecin pédiatre, elle multipliait déjà les opérations humanitaires dans les pays en crise, Colombie, Salvador, Cambodge, Mozambique, Birmanie... Et a participé à diverses campagnes de vaccination en Amérique du Sud et en Asie. «J'ai été marquée par la guerre civile au Cambodge», explique-t-elle sur le pont du voilier. «Cette violence insoutenable a été bien trop forte pour moi.Je me suis mise à aider les gens différemment». Mais à 70 ans passés, Léone Noëlle Meyer n'a rien perdu de sa ténacité. «Prenez votre destin en main! Faites le meilleur usage qu'il soit de ce bateau baptisé "Atout Chance". Et dites-vous que les plus belles chances ne se représentent pas deux fois dans une vie!», adressait-elle aux jeunes mousses prêts à larguer les amarres à bord de cet Ovni 495, un bijou mis à disposition pendant cinq ans, pour un budget total de 500.000€.
- Stéphane Jézéquel
Une info marine nationale
"Mercredi 30 mars, au port du Château à Brest, l'Ecole des mousses réceptionnera officiellement le voilier mis à disposition par Léone Noëlle Meyer (1) impliquée dans des projets à vocations sociale, humanitaire et culturelle.
Ce voilier de 15 mètres représente un outil important au service de l'éducation et de la formation des jeunes mousses. Il naviguera 30 semaines par an avec à son bord 8 à 10 élèves par semaine. Il rejoindra l'Armada de l'espoir en octobre 2011.
Cette réception, qui inaugure des actions importantes de soutien et de mécénat, se déroulera en présence d'autorités de la marine, de la municipalité et du monde maritime local avec lesquels l'Ecole des mousses a tissé depuis deux ans des liens importants".
(1) ancienne propriétaire des Galeries Lafayette et mécène des Vagues de l'espoir.
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2011/03/25/atout-chance-un-nouveau-voilier-pour-l-ecole-des-mousses.html
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