20 mai 2015

Tomber de Charybde en Scylla T-23 HMS Charybdis torpilleur Alsacien


Tomber de Charybde en Scylla Histoire de l'Alsacien et du HMS Charybdis

Au titre des dommages de guerre, la Marine nationale récupère en 1946 un certain nombre de navires qui serviront à reconstituer la flotte détruite durant la guerre. 




Elle récupérera notamment un torpedoboote le T-23 construit à Elbling aujourd'hui Elblag dans le nord de la Pologne. Le T-23 deviendra le torpilleur  Alsacien D 604.
Il coulera le HMS Charybdis sur les côtes nord de la Bretagne dans la nuit du 22 au 23 octobre 1943.




Le HMS Charybdis est le nom anglais pour Charybde de l'expression Charybde et Scylla.
Cette expression est employée depuis le XIVe siècle, mais elle remonte à l'Antiquité.

Jean de la Fontaine l'a utilisée dans "la vieille et les deux servantes" () où il conte l'histoire de deux servantes qui, étant dérangées dès le chant du coq par leur patronne, crurent bon d'égorger l'animal. Hélas, une fois l'animal passé de vie à trépas, la vieille, craignant de laisser passer l'heure du réveil, n'arrêtait plus de les déranger.



A l'origine Charybde et Scylla auraient été deux dangers du détroit de Messine, entre l'Italie et la Sicile, le premier étant un tourbillon, le second un écueil.
Les marins qui cherchaient à éviter le premier allaient périr en s'écrasant sur le second.



Le T-23 qui deviendra l'Alsacien dans la marine nationale en 1946


Présents dans la Mythologie, Scylla était présenté comme une créature monstrueuse à plusieurs têtes () et Charybde comme un monstre qui, trois fois par jour, aspirait dans d’énormes tourbillons les eaux du détroit avec les bateaux qui y naviguaient, puis les recrachait ().
Dans l'Odyssée, Ulysse, qui vient à peine d'échapper aux chants des sirènes, doit tenter de se glisser entre ces deux grands dangers. Mais il y perdra 6 compagnons dévorés vivants par Scylla.











Lorsque l'on visite le cimetière de Dinard, rue du Douet-Fourche, on n'imagine vraiment pas les multiples histoires qu'il peut renfermer. C'est en se promenant le long des allées que l'on découvre toutes ses richesses. 


Sa date de création
Ce cimetière est né en 1881. Il a été agrandi en 1927. Il se divise en trois : la partie centrale (la plus ancienne) et les côtés. Au total, il renferme 5 106 concessions.

D'anciens maires
Plusieurs anciens maires de Dinard sont inhumés au coeur de ce lieu. Tous, à leur façon, ont modelé la ville au fil des années passées.Louis Lhotelier, maire de 1876 à 1900, est ainsi aux origines de la construction des halles. Il favorisa, également, des travaux à vocation hygiéniste comme des projets d'assainissement.Paul Crolard, maire de 1908 à 1919 (date à laquelle il démissionne pour raisons de santé), puis de 1927 à 1930, est l'initiateur de la célèbre promenade du Clair de lune et du musée de la mer.



HMS Charybdis

Angleterre et Belgique

Comme en écho au jumelage avec Newquay (Cornouailles anglaise), le cimetière de Dinard possède aussi un carré anglais. Cet endroit rend hommage aux morts de la catastrophe du HMS Charybdis. Durant la Seconde Guerre mondiale, ce croiseur anglais avait pour mission d'intercepter le forceur de blocus allemand Münsterland, un cargo de 6 500 tonnes, aux soutes remplies de manganèse, caoutchouc, tungstène et autres métaux précieux. Le bateau anglais fut torpillé en Manche, durant la nuit du 22 au 23 octobre 1943, par l'escorte du Münsterland. Ce qui provoqua la mort de 462 hommes. Certains corps ont été rejetés par la mer sur les côtes bretonnes. La plupart des tombes des marins du HMS Charybdis sont anonymes. 

Étonnamment, la Belgique est également présente dans ce cimetière de Dinard. Ces sépultures rendent hommage à l'aide apportée par les soldats belges, lors de la Première Guerre mondiale.


Une partie de l'équipage les artilleurs

Le HMS Charybdis fut construit au chantier naval Cammell Laird à Birkenhead, au titre du programme de 1938. Il fut mis sur cale le 9 novembre 1938 et lancé le 17 septembre 1940. C'est le cinquième cuirassé d'escadre de la Royal Navy à porter ce nom, à partir de 1909. Il fut mis en service le 9 mars 1942.

Il s'agissait d'un croiseur anti-aérien de la classe Dido qui jaugeait près de 5800 t. à vide. Long de 167 inches, il était monté en 4 tourelles doubles de 8 pom-pom sur deux affûts quadruples, comprenait 8 canons de 20 mm sur l'affût simple et 2 batteries de 3 tubes lance-torpilles. La sécurité aérienne du navire et le contrôle des tirs étaient assurés par deux radars. L'équipage comprenait environ 600 hommes.

Son achèvement fut réduit à quatre canons de 4.5 pouces couplés tout comme son sister-ship, le HMS Scylla, au lieu des cinq de 5.25 pouces prévus.

Déployé dans la Home Fleed par les approches NW, puis en avril 1942, transféré à la Force H, à Gibraltar, avant de rejoindre la Force W et Malte. En novembre 1942, il sert à appuyer les opérations de débarquement en Afrique du Nord (Opération TORCH). En mars 1943, il rejoint la Plymouth Command et patrouille dans le Golfe de Gascogne.
Un seul des musiciens du Charybdis survivra au torpillage

Le 22 octobre 1943, le Charybdis quitte Plymouth avec force 8, est chargé d'intercepter un cargo allemand, le Münsterland. Ce dernier transporte une cargaison hautement stratégique d'alliages spéciaux et l'équipement de plus de vingt divisions pour deux ans. L'équipage comptait 530 hommes.

Journal de Guernesey l'île est occupée par les allemand

Au cours de la nuit du 22 au 23 octobre 1943, deux navires de la Royal navy (le Charybdis et le Limbourne) sont torpillés par la Marine allemande au large de Perros-Guirec (Côtes-d'Armor). Les Anglais tentaient, alors, d'intercepter le cargo Münsterland, en provenance du Japon, chargé de matériaux nécessaires à l'industrie militaire allemande.
T-23 le torpilleur allemand ayant coulé le Charybdis

Sur le pont du Charybdis

En l'espace de dix minutes, les torpilles allemandes percutent les deux bateaux britanniques. Côté anglais, aucune riposte. À bord du Charybdis, c'est le chaos : les explosions, les flammes, la panique. Le navire sombre : 436 des 569 marins embarqués sont tués par la déflagration, la noyade ou le froid des eaux gelées de la Manche. L'équipage du Limbourne s'en sort mieux.

Enterrement des marins dont les dépouilles ont été récupérées sur les côtes de Guernesey 
À l'ombre de l'Union Jack
En ce jour d'automne, la Royal navy essuie une cinglante défaite. Elle est amputée de 504 hommes, dont 30 officiers. Une fois de plus, le Münsterland s'en tire. Il trouve une base de repli au port de Lézardrieux (Côtes-d'Armor). Trois mois plus tard, le cargo sera, finalement, coulé alors qu'il tentait de forcer le blocus du Pas-de-Calais.
En novembre 1943, les corps de cent marins du Charybdis sont repêchés sur le littoral dinardais. Ils sont, aussitôt, inhumés par la Wehrmacht au cimetière de Dinard.



Le site de l'épave du Charybdis est interdit de plongée depuis octobre 2008, par la préfecture des Affaires maritimes, à la demande de la couronne britannique pour éviter les pillages. Le site est classé "tombe de guerre". En effet, l'arrêté préfectoral n° 2008/117 "portant création de zones interdites à la plongée sous-marine en scaphandre autonome" précise "qu'il est nécessaire d'assurer la préservation et le respect des épaves des navires de guerre britanniques HMS Limbourne et HMS Charybdis coulés durant la seconde guerre mondiale" et "que l'attrait potentiel de ces sites, conjugué à leur profondeur, présente des risques particuliers importants en cas de pratique de la plongée sous-marine en scaphandre autonome". Une vidéo sous-marine avec le R.O.V. a été tournée par l'association Archisub qui a découvert l'épave.



Les habitants de Guernesey défilant devant les cercueils des marins du Charybdis. Le foule nombreuse manifeste ainsi sa loyauté à la couronne.




Charles de Gaulle , le Retour à Toulon

Fin de Mission pour le groupe aéronaval Arromanches Chammal Varuna








Le porte-avions Charles de Gaulle a retrouvé mardi son port d'attache de Toulon après plus de cent jours en mer, notamment dans le Golfe Persique où il a participé aux frappes contre l'Etat islamique et offert une visibilité commerciale aux Rafale.

"On a fait le job dans une zone où les cartes bougent en permanence avec un Yémen qui s'effondre et un Iran très présent dans le Golfe", témoigne le capitaine de vaisseau Pierre Vandier, commandant du porte-avions qui avait quitté la France le 13 janvier avec pour destination finale l'océan Indien.

Dans l'espace restreint du golfe arabo-persique où s’entrecroisent des routes maritimes vitales pour l’économie mondiale, le déploiement du Charles de Gaulle, au sein du groupe aéronaval français, n'est pas passé inaperçu.

Au-delà de la dimension stratégique d'un tel déploiement, sa présence a permis de promouvoir en conditions réelles le Rafale, l'avion de combat de Dassault dont les ventes se multiplient depuis le début de l'année.

"Notre mission n'est pas de vendre des avions mais on met en œuvre des équipements qui ont fait leurs preuves, ce n'est pas neutre", souligne le contre-amiral Eric Chaperon, commandant du groupe aéronaval. "C’est aussi une des raisons pour lesquelles ils plaisent".



"La marine indienne s'intéresse à nos aéronefs, on nous a posé tout un tas de questions sur le Rafale et ses capacités dans le ciel irakien", ajoute-t-il.

Selon l'état-major français, les douze avions de combat Rafale et neuf Super Etendard modernisés embarqués à bord du Charles de Gaulle ont réalisé entre 10 à 15 "sorties de combat" par jour en appui des forces de sécurité irakiennes engagées au sol.

Après avoir conclu un accord en février avec l'Egypte sur la vente de 24 Rafale, la France a signé début mai avec le Qatar un contrat portant sur un nombre identique d'appareils. Un troisième contrat avec l'Inde, portant sur 36 avions, doit encore être finalisé.

Face à cette série de succès,
Dassault Aviation a annoncé lundi vouloir doubler sa production annuelle de Rafale en deux à trois ans une fois que le contrat avec l'Inde sera signé.

L'industriel français produit actuellement 11 Rafale par an.

(Jean-François Rosnoblet, édité par Marine Pennetier)
© 2015 Reuters - Tous droits de reproduction réservés par Reuters.




Le 23 février 2015, le groupe aéronaval du Charles-de-Gaulle arrive dans le Golfe persique. Commandé par le contre-amiral Éric Chaperon, il est composé du porte-avions, d'un sous-marin nucléaire d'attaque, de la frégate de défense anti-aérienne Chevalier Paul et d'une frégate britannique anti sous-marine (HMS Kent), ainsi que du pétrolier ravitailleur Meuse, soit quelque 2 700 marins embarqués. Le Charles-de-Gaulle part le 13 janvier de Toulon pour une mission d'environ cinq mois et il doit être engagé durant huit semaines dans le Golfe, il emporte avec lui 12 Rafale, 9 Super-Étendard, 1 E-2 Hawkeye et 4 hélicoptères. L'opération est dirigée par les Américains qui ont eux aussi engagé dans la zone un de leurs porte-avions, l'USS Carl Vinson.



Le 23 février 2015, le Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval sont officiellement engagés dans l'opération Chammal. Le matin du 25 février, deux Rafale Marine décollent du porte-avions et détruisent un camp d'entraînement de l'EI près de la ville d'Al-Qa'im. Le 27 février, des chasseurs français réalisent une frappe d'opportunité sur deux bâtiments abritant des combattants de l'EI près de la ville d'Al-Baghdadi, une seconde frappe a lieu dans cette même région le 2 mars. Le 27 également, les chasseurs ciblent un groupe de combattants qui avaient pris position dans une palmeraie dans la région d'Al-Assad, et visent des miradors dans la région de Bashiqa, entre Mossoul et Erbil. Le 4 mars, ils interviennent dans la région d'Ain al-Assad et neutralisent un groupe d'insurgés engagés dans un combat avec les forces irakiennes



CHAMMAL

Débuté le 23 février dernier, l’engagement du GAN dans l’opération Chammal s’achève après huit semaines de contribution aux opérations aériennes de la coalition, aux côté des avions et des pilotes de l’armée de l’Air française qui poursuivent leur mission d’appui aux forces de sécurité irakiennes.

En quittant le golfe arabo-persique, le GAN poursuit sa mission Arromanches 2015. Comme le souligne le contre-amiral Chaperon : « Notre départ de la zone n’est pas une fin mais bien le début d’une nouvelle phase. »

Le GAN se dirige désormais vers Goa, en Inde, afin de conduire avec le groupe aéronaval indien l'édition 2015 de l’exercice Varuna. Pour cette nouvelle phase de la mission Arromanches 2015, le porte-avions Charles de Gaulle, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul et le pétrolier-ravitailleur Meuse ont été rejoints par la frégate anti sous-marine Jean de Vienne qui est venue relayer le HMS Kent.



- 8 semaines d’opérations intensives -

Pendant huit semaines, en parfaite complémentarité avec les avions de l’armée de l’Air française, le groupe aérien embarqué (GAé) a réalisé quotidiennement 10 à 15 sorties de combat depuis le porte-avions Charles de Gaulle, afin de participer à l’appui des forces de sécurité irakiennes engagées au sol contre les terroristes de Daech. Les 12 Rafale , les 9 Super Etendard Modernisé et le Hawkeye du (GAé) ont participé à des missions d’appui aérien, de reconnaissance et de contrôle du trafic aérien au-dessus de la zone de conflit. Dans cette mission de contrôle, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul a également tenu une place essentielle.



Au cours de cette période, le groupe aéronaval et ses 2 600 marins ont parcouru15 000 nautiques. « En apportant un volet aéromaritime à cette lutte et en mettant en avant le pavillon français dans une zone stratégique, nous avons une fois de plus répondu aux besoins militaires de notre pays, et au-delà à ceux d’une coalition internationale » souligne le contre-amiral Chaperon, commandant la Task Force 473.

- Un haut niveau d’interopérabilité -

La présence du GAN dans le golfe arabo-persique aura également été l’occasion de confirmer le haut niveau d’interopérabilité entre la Marine nationale et les marines américaines et britanniques, dans un contexte hautement opérationnel et dans un espace restreint où la navigation commerciale est très dense et les plateformes pétrolières nombreuses. Le GAN a ainsi été engagé au sein de la Task Force aéronavale conduite par le porte-avions américain Carl Vinson et une frégate britannique, le HMS Kent, a assuré aux côtés de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul et de plusieurs escorteurs américains, la sécurité du groupe.



Du 28 avril au 2 mai 2015, le groupe aéronaval composé du porte-avions Charles de Gaulle, de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, de la frégate anti sous-marine Jean de Vienne et du pétrolier ravitailleur Meuse, a conduit la 14e édition de l’exercice Varuna au large de la côte ouest de l’Inde avec le groupe aéronaval indien, constitué autour du porte-avions Viraat. C’était la 5ème fois que la Task Force 473 participait à cet exercice depuis 2001, la dernière datant de 2011, lors de la mission Agapanthe.

VARUNA

Après une phase de préparation de l’exercice, à quai à Mormugao, dans l’Etat indien de Goa, les deux groupes aéronavals comptant au total dix bâtiments de combat se sont ainsi retrouvés au large pour s’entraîner dans les différents domaines de lutte aéromaritime, afin d’améliorer leur interopérabilité. Les Rafale Marine et Super Etendards Modernisés français avec, et parfois contre, les Sea Harrier indiens se sont entrainés à l’attaque de cibles maritimes et au combat aérien tandis que les frégates d’escorte des deux pays s’exerçaient aux ravitaillements à la mer ou au tir. De nombreux exercices de lutte contre la menace sous-marine, qui tend à devenir la menace prioritaire en eaux libres en océan Indien, ont également été menés, mettant notamment en scène les avions de patrouille indiens Poséidon P-8I et le sous-marin de type Shishumar.

L’exercice s’est finalement conclu le 2 mai 2015 par une visite d’autorités françaises et indiennes suivi d’un débriefing des commandants des deux forces sur les porte-avions Charles de Gaulle et Viraat. A cette occasion, le chef de l’exécutif de l’État de Goa, l’ambassadeur de France en Inde, l’amiral commandant en chef de la flotte de l’ouest indienne ainsi que le contre-amiral Antoine Beaussant, commandant la zone maritime de l’océan Indien, ont été accueillis en mer. Au total, 17 exercices maritimes et 120 sorties aériennes ont été réalisés pendant cette période.

Cet exercice marque les progrès importants réalisés dans la coopération maritime franco-indienne. La mise en place de systèmes bilatéraux de communication protégée a permis aux deux forces d’atteindre un niveau de coordination inégalé jusqu’à présent, permettant d’accroître la réactivité globale et la coordination des unités pendant la phase tactique.
Symbole fort du partenariat stratégique signé avec l’Inde en 1998, cet exercice a également permis de renforcer la connaissance mutuelle et d’établir des liens étroits d’amitié avec une marine indienne en plein développement. Ce sont ces liens et cette interopérabilité qui permettent aux deux marines d’être d’ores et déjà capables d’opérer ensemble au service de la sécurité maritime en océan Indien.


19 mai 2015

BPC russes : La France au pied du mur

Le Vladivostok et le Sevastopol à Saint-Nazaire 
 un article de Mer et Marine sur les BPC 

Le Vladivistok (© Yves-Laurent Couëdel)

Le Vladivistok (© Yves-Laurent Couëdel)
© MER ET MARINE - KEVIN IZORCE

Avec la mi-mai sont arrivées à échéance toutes les possibilités contractuelles, pour la France, de repousser la livraison à la Russie du bâtiment de projection et de commandement Vladivostok. Le transfert est gelé depuis le mois de novembre, François Hollande l’ayant conditionné à la mise en œuvre en Ukraine d’un cessez-le-feu effectif et d’une solution politique durable.
Ce prérequis n’étant pas à l’ordre du jour, Paris se retrouve maintenant au pied du mur. Et doit au plus vite trouver un accord amiable avec Moscou, faute de quoi les Russes pourront porter l’affaire devant les tribunaux et exiger, en plus d’un remboursement, les lourdes pénalités prévues par le contrat, ainsi que de conséquents dommages et intérêts.
Le Vladivistok (© Yves-Laurent Couëdel)

Le Vladivistok (© Yves-Laurent Couëdel)
Moscou veut plus que les sommes proposées par Paris
Comme l’a révélé en fin de semaine dernière la presse russe, la France propose à la Russie de lui rembourser les sommes déjà versées pour le Vladivostok, mais aussi son sistership, le Sevastopol, en achèvement à Saint-Nazaire pour une livraison théorique prévue en octobre. Selon le quotidien Kommersant, les Français proposent de rendre 784.6 millions d’euros aux Russes. Sauf que ceux-ci ne sont pas d’accord, estimant apparemment qu’en plus des sommes liées directement à ce contrat, le programme a engagé différents frais, comme l’adaptation d’infrastructures portuaires pour l’accueil des BPC ou encore la mobilisation, pendant six mois l’an dernier à Saint-Nazaire, du bâtiment école Smolniy. Ce dernier a servi de caserne flottante pour la majeure partie des 400 marins russes (les équipages du Vladivostok et du Sevastopol) venus se former en France. En tout, Moscou réclame 1.163 milliard d’euros, soit quasiment l’équivalent du coût du programme, évalué en 2011, au moment de la signature du contrat, à 1.2 milliard d’euros.

Le bâtiment école russe Smolniy à Saint-Nazaire l'an dernier (© MER ET MARINE - V.GROIZELEAU)

Obtenir l’accord du Kremlin pour la revente
Dans ce bras de fer, les Russes sont clairement en position de force, du fait qu’ils peuvent jouer sur une défaillance française dans l’exécution du contrat. Ainsi, au cas où un accord satisfaisant ne serait pas trouvé, ils pourraient se retourner vers une cour d’arbitrage.  En outre, l’accord des Russes est contractuellement obligatoire pour permettre à la France de revendre les BPC à un autre pays. Or, pour le moment, le Kremlin dit niet. C’est sur l’ensemble de ces facteurs que l’affaire va se jouer, avec comme impératif, pour l’Elysée, de limiter au maximum la casse.
Le Sébastopol (© Yves-Laurent Couëdel)

Les BPC (© Yves-Laurent Couëdel)

Les BPC russes (© Yves-Laurent Couëdel)

La France y perdra probablement des plumes
Dans tous les cas, on voit mal comment la France pourrait ne pas perdre de plumes dans cette affaire. L’annulation du contrat coûtera-t-elle 100, 200, 300 millions d’euros ? Moins, plus ? Impossible à dire pour le moment. Tout dépendra dans un premier temps des modalités financières de l’accord final qui sera conclu avec la Russie. Et ensuite de la concrétisation d’une revente des deux BPC, impérative pour éviter que le coût du programme russe ne soit assumé par l’Etat. Car le gel de la livraison est une décision politique indépendante de la volonté des industriels français, avec DCNS comme maître d’œuvre et STX France comme sous-traitants. Ces derniers se retourneront donc vers les pouvoirs publics pour payer la note, sachant de toute façon que le contrat est couvert à plus de 90% par la Coface, l’agence française de crédit à l’exportation.

Le Vladivistok (© MICHEL FLOCH)
La revente, une opération potentiellement complexe
Qui pour reprendre les BPC ? Là encore, il y a plusieurs options. S’il s’agit d’une marine utilisant des standards OTAN, il faudra entreprendre de très lourds travaux sur les bâtiments, qui sont aux normes russes, y compris pour les réseaux électriques. Une facture d’une centaine de millions d’euros par bateau est avancée dans les coursives, mais cette estimation est à prendre avec précaution car non vérifiée.
Cela dit, la piste d’un client occidental n’est pas la plus plausible.  Seul le Canada, éventuellement, pourrait avoir un intérêt à acquérir les ex-BPC russes, qui sont équipés pour opérer dans des eaux polaires. Mais Ottawa ne s’est pas, jusqu’ici, montré très fébrile sur le sujet. Quant au Portugal, également évoqué dans la presse, cette hypothèse est normalement à exclure puisque le pays, s’il souhaite se doter d’une unité de projection, n’a pas les moyens de s’offrir un bâtiment neuf. Les Portugais se sont en revanche positionnés pour racheter le transport de chaland de débarquement français Siroco, qui sera retiré prématurément du service cette année et a été mis en vente au prix de 80 millions d’euros (soit environ 7 fois moins qu’un BPC neuf).


Le Sébastopol (© Yves-Laurent Couëdel)
Moins de contraintes avec des marines hors OTAN
Plus simple et évidente serait donc la cession des Vladivostok et Sevastopol à une marine étrangère n’utilisant pas les standards OTAN et, mieux encore, un client disposant déjà de matériel russe. L’Inde est l’un des meilleurs candidats en la matière. Le pays a en effet lancé un appel d’offres pour acquérir deux à quatre bâtiments de projection (à réaliser localement) et la France y a répondu avec son design de BPC. La Chine, qui a aussi été évoquée, peut constituer une option mais, dans ce cas, mieux vaut s’attendre à voir les chantiers chinois réaliser rapidement des copies plus ou moins proches et les proposer à l’export. Quant à l’Egypte, autre candidat potentiel dont le nom circule dans les journaux, cette solution serait assez étonnante. Le Caire a, en effet, eu du mal à boucler financièrement sa commande portant sur 24 Rafale et une frégate du type FREMM. On voit donc difficilement comment les Egyptiens pourraient se payer en plus des BPC. Leur candidature au rachat du Siroco parait plus logique.
Un achat groupé ou séparé qui peut prendre du temps
La vente groupée des deux BPC n’est, ceci dit, pas impérative. Ils peuvent être cédés à deux marines différentes, notamment si l’une d’elles souhaite disposer au plus vite d’une unité opérationnelle et réaliser ensuite, en transfert de technologie, des sisterships.
Même s’il est dans l’intérêt de la France de revendre au plus vite les bateaux, afin qu’ils pèsent le moins possible sur les finances publiques, l’opération pourrait prendre un certain temps. Il faut en effet trouver un repreneur et s’accorder avec, sachant que les clients potentiels voudront avoir la certitude que le rachat des BPC ne posera pas de problème diplomatique avec Moscou. Une situation aussi délicate peut, par ailleurs, constituer une aubaine pour mieux négocier et obtenir le meilleur prix.
Vont-ils rester à Saint-Nazaire ?
En attendant, il conviendra de voir, dès lors qu’un accord sera conclu avec les Russes, si les BPC ne seront pas transférés à Brest et mis sous cocon au cas où une reprise se ferait attendre. Cela permettrait de limiter les frais. Maintien en condition opérationnelle, gardiennage, sécurité à bord, infrastructures portuaires… Les coûts sont actuellement évalués à au moins 1.5 million d’euros par mois pour le Vladivostok, qui doit rester prêt à être livré et immobilise un quai du port de Saint-Nazaire depuis bientôt sept mois.

Le Vladivistok et le Sevastopol (© MER ET MARINE)

Le démantèlement, option ultime
Il y a évidemment l’hypothèse qu’aucun repreneur ne se manifeste. Dans ce cas, après une attente plus ou moins longue, il pourrait être décidé de démanteler les BPC. C’est une solution ultime, mais elle n’est pas à écarter. Et elle sera clairement à l’ordre du jour si, d’aventure, la Russie refusait à la France le droit de réexporter les bâtiments. Car, si l’on peut imaginer une pirouette consistant à revendre deux des trois BPC français à l’export et intégrer dans la Marine nationale les ex-bâtiments russes, cette théorie semble aussi complexe que coûteuse.

Le BPC français Tonnerre (© EMA)
La marine française n’en veut pas
Quant à l’éventuel transfert des Vladivostok et Sevastopol à la flotte française, en plus de ses propres BPC, ce scenario est à priori à exclure. D’abord, parce que les marins n’en veulent pas, sachant pertinemment qu’il faudrait un lourd chantier d’adaptation et que le coût de cette reprise pourrait, dans un environnement budgétaire particulièrement contraint, impacter des programmes prioritaires. Certes, la Marine nationale, qui dispose déjà de trois BPC (Mistral, Tonnerre et Dixmude), devait initialement en avoir un quatrième, qui a fait les frais des restrictions budgétaires. Mais à l’état-major, on estime que le format actuel de la composante de projection est bon, du fait notamment de la grande disponibilité des bâtiments. 
Merci à Yves Laurent pour ses photos.

15 mai 2015

Humour dans le carré par Donec

Peau de bouc et Cie 


Bonjour à tous,

Cette semaine nous faisons un petit détour par la « bidelerie » où officie le bidel ou capitaine d’armes.




Il est bien entendu que les capitaines d’armes d’aujourd’hui n’ont plus rien avoir avec ceux que connurent Paul Chack, Pierre Loti ou Claude Farrère. Ils se sont humanisés ce que ne manquent pas de regretter les vrais amoureux de la Marine en bois. (du temps où la tôle ne faisait pas le bordage).




A cette heureuse époque, ils disposaient d’un terrible instrument de travail : la peau de bouc. Taillée dans une peau de mouton tendue sur un cadre, elle permettait de lister chaque jour les contrevenants dont les noms étaient inscrits au crayon. Au matin la peau était grattée et une nouvelle journée commençait.

A la semaine prochaine

Donec

14 mai 2015

Nouvelles des iles Eparse TAAF

EUROPA et JUAN DE NOVA Iles Eparses  TAAF 2015



En l'absence de présence étrangère permanente, l'empire colonial français rattache l'île ainsi que celle d'Europa et de Bassas da India par la loi du 6 août 1896 avant d'être officiellement sous souveraineté française par la mise en place du pavillon à la suite de l'acte du 31 décembre 1897


Tout d'abord un pli de Juan de Nova avec le Decauville en date du 1er janvier 2015



Une seconde concession est ensuite accordée le 10 mars 1952 pour une durée de 15 ans à la société SOFIM (Société française des îles Malgaches), présidée par Hector Patureau, frère de Maurice Patureau (Compagnon de la Libération). Elle sera reconduite pour 25 ans le 15 juin 1960 après l'indépendance de Madagascar. L'exploitation du phosphate prend alors de l'importance et de nombreux bâtiments sont construits dont une maison appelé Résidence, deux pavillons Coin de France et l'Assistant Administrateur, des hangars de stockage du phosphate et du guano, une usine de concassage, des entrepôts, des ateliers, un lavoir, les logements des ouvriers, une installation électrique fournissant l'électricité et l'eau courante. Une prison est aussi construite tandis que le cimetière est implanté au milieu des filaos. Enfin des wagonnets sur rail Decauville assurent le transport des marchandises jusqu'au wharf d'embarquement.

La société Decauville, créée en 1875, a été un constructeur de matériel ferroviaire et de manutention, de cycles et d'automobiles.
Paul Decauville (1846-1922), initialement fils de l'agriculteur Armand Decauville spécialisé dans la production de betteraves et la distillerie, inventa un type de voie de Chemin de fer de faible écartement (40 à 60 centimètres) qui prit le nom de « Decauville », en raison d'un stock de 9 000 tonnes de betteraves attendant dans des champs détrempés et d'accès très difficile.
Maquette dessin Elsa Catelin 


La voie est formée d'éléments entièrement métalliques rails et traverses qui peuvent se démonter et être transportés facilement. Cette invention a trouvé des applications dans de nombreux domaines : exploitations minières et industrielles, desserte d'ouvrages militaires, etc. Les wagonnets étaient d'abord poussés à la main ou tractés par des chevaux. Par la suite, des voitures de formes diverses et des petiteslocomotives firent de Decauville un véritable système de chemin de fer. L'apparition des voies étroites Decauville, mais également d'autres fabricants, constituèrent une évolution majeure en permettant de déplacer aisément de lourdes charges à une époque où la brouette et le tombereau dominaient.

et une série de plis en date du 4-3-2015





et une série en provenance de Europa en date du 2015-10-3
Le montage de la date commence par l'année 2015




RHM Malabar Mission Grand Nord 2015

RHM Malabar Mission Grand Nord

Un article du journal Ouest-France du 8 mai nous apprend que le RHM Malabar se prépare à partir vers le grand Nord. Par ailleurs dans un article précédent nous apprenions que le SNA partait lui aussi en mission Grand Nord. Mais il n'y a certainement aucune relation entre ces deux informations.






Merci à Bernard Hily pour les infos et les photos


Photos Bernard Hily

SNA Perle Bleu Mission Atlantique Nord

SNA Perle Bleu 
Mission Atlantique Nord



La reporter du «Monde» Nathalie Guibert est la première femme à avoir vécu dans un sous-marin nucléaire d’attaque en mission, la «Perle». A partir de 2017, la marine féminisera ce dernier bastion masculin des armées françaises

"C’était un défi sans doute. Aucune femme n’avait passé un mois dans un sous-marin nucléaire d’attaque avant que la marine nationale ne m’en donne l’autorisation, au printemps 2014. Encore moins une journaliste, secret-défense oblige. «Mais pourquoi faites-vous cela?»



"Dans les moments importants de la vie, il faut toujours parler à son médecin de famille. Le mien est un excellent professionnel, qui exerce à Belleville depuis quarante ans. Dans ce quartier populaire de l’est de Paris, il pose son diagnostic sur toute la diversité du monde. Il en a vu d’autres, comme l’on dit. Mais, cette fois, le docteur S. est resté interloqué. Sa question est la bonne. Ce reportage était un défi inédit de journaliste spécialisée dans les questions de défense. Un défi personnel, aussi... "

Nathalie Guibert



Une femme à bord d’un sous-marin nucléaire

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...