09 mars 2025

PIERRE DAC Les Français parlent aux Français humoriste résistant Radio Londres

 PIERRE DAC 


Création et gravure Elsa Catelin -
Timbre : d'ap. photo © AGIP / Bridgeman Images -
Contour feuille : d'ap. photos archives Jacques Pessis
« Vaut-il mieux passer à la postérité ou passer hériter à la poste ? » 


Avant de nous quitter le 9 février 1975, d’un manque de savoir-vivre, Pierre Dac s’est posé la question. La Poste lui apporte la réponse à travers un timbre-hommage au « roi des loufoques » et au résistant devenu, à Londres, l’un des « Français qui parlaient aux Français ». 



Né le 15 août 1893 à Châlons-en-Champagne, André Isaac commence par poursuivre des études qu’il ne parvient pas à rattraper. Mobilisé en 1914, il passe quatre ans sur le front où il est blessé à deux reprises. En octobre 1922, il fait ses débuts de chansonnier et invente une forme d’absurde dont vont s’inspirer Pierre Desproges, Coluche, le Gorafi et beaucoup d’autres. 

En 1935, il devient le pionnier des émissions d’humour avec La Société des Loufoques et La Course au Trésor. 

Le 13 mai 1938, il crée L’Os à moelle, un hebdomadaire dont les ventes atteignent 400 000 exemplaires. Il y publie les premières « petites annonces ». 

En 1940, décidé à rallier la France Libre, il passe dix-huit mois dans les prisons espagnoles avant de rejoindre Radio Londres, où il multiplie les chansons et les éditoriaux contre l’occupant. 

Pierre DAC à gauche correspondant de guerre

« Bagatelle sur un tombeau », où il répond à Philippe Henriot, est étudié dans les écoles. En 1947, il invente le « Schmilblick », puis rencontre Francis Blanche. 


Ils signent et interprètent Le Sâr Rabindranath Duval et Signé Furax, le feuilleton le plus écouté de l’histoire de la radio. À partir de 1966, Bons baisers de partout, avec Louis Rognoni, est également un succès. Enfin, en 1972, il publie ses Pensées. Elles ont traversé les générations, démontrant ainsi que « rien de ce qui est fini n’est jamais complètement achevé tant que tout ce qui est commencé n’est pas totalement terminé ».

 © La Poste – Jacques Pessis -Tous droits réservés

Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand

croix de guerre,
légion d’honneur,
médaille de la Résistance


 « Mes chers Compatriotes,

C’est pour moi une extraordinaire sensation que de pouvoir, ce soir, vous parler librement devant ce micro, alors qu’il y a environ deux mois j’étais encore à méditer, entre les quatre murs d’une cellule […], ce qui démontre d’une manière péremptoire, absolue et définitive, que la prison mène à tout à condition d’en sortir.

Ainsi que vous pourrez vous en rendre compte, il n’entre nullement dans mes intentions d’adopter ici le ton solennel ou larmoyant […]. Car je crois en la vertu du sourire.

[…] D’aucuns – dans le camp collaborationniste, s’entend – ne vont pas manquer de s’écrier : « Un loufoque à la radio de Londres, cette fois, c’est complet ! » Et de ricaner, et de faire de fines plaisanteries en se mettant de grands coups d’eau de Vichy derrière la croix gammée, histoire de souligner le grotesque de l’événement.

[…] Sur ce, mes chers Compatriotes et amis, laissez-moi vous donner, en guise de conclusion, ce slogan : […] « La Révolution Nationale a commencé avec un bâton et sept étoiles : elle finira avec une trique et trente-six chandelles ! »

De son vrai nom André Isaac, Pierre Dac, juif, alsacien et résistant de la première heure, fut, à partir de 1943, un des piliers de Radio Londres, où il intervint quotidiennement jusqu’au débarquement des alliés en Normandie. Avec son esprit burlesque, son humour subtil et ses mots cinglants, il mena une impitoyable guerre des mots contre Radio Paris, et particulièrement contre un des plus virulents ténors de la collaboration, Philippe Henriot, que les Allemands appelaient le « Goebbels français ».

https://www.youtube.com/watch?v=TvsTWIOJf4o




En août 1944, après avoir quitté Londres pour Paris, où il a retrouvé son épouse, Pierre Dac a repris sa vie d’humoriste. Dans son livre Un Français libre à Londres en guerre (éd. France-Empire, 1972), il écrit : « Je remis la tenue civile et repris mes activités professionnelles qui étaient de même ­nature que celles d’avant-guerre, c’est-à-dire théâtralement, cabarètement, radiophoniquement, clubement, activement, effectivement et réciproquement. » Il est mort à Paris le 9 février 1975.


Merci à Elsa Catelin


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