17 juin 2023

Pierre Loti Rosporden Mon frère Yves

 Pierre Loti Rosporden Mon frère Yves


Dans "Mon Frère Yves" Pierre Loti évoque un personnage réel qui
 s'appelle Pierre Le Cor. 
Ils se rencontraient à Rosporden et Pierre Le Cor y recevait l'écrivain.

Pierre Le Cor - Okané-San - Pierre Loti

Kermadec, c'est son nom de famille; 2091, son numéro dans l'armée de mer, et P, la lettre initiale de Paimpol, son port d'inscription. En ouvrant, on trouve, à la première page, les indications suivantes « Kermadec (Yves-Marie), fils d'Yves-Marie et de Jeanne Danveoch. Né le 28 août 1851, à Saint-Pol-de-Léon (Finistère). Taille, lm,80. Cheveux châtains, sourcils châtains, yeux châtains, nez moyen, menton ordinaire, front ordinaire, visage ovale. » Marques particulières tatoué au sein gauche d'une ancre et, au poignet droit, d'un bracelet avec un poisson. » Ces tatouages étaient encore de mode, il y a une dizaine pour les vrais marins. Exécutés à bord de la Flore par la main d'un ami désœuvré, ils sont devenus un objet de mortification pour Yves, qui s'est plus d'une fois martyrisé dans l'espoir de les faire disparaître. – L'idée qu'il est est marqué d'une manière indélébile et qu'on le reconnaitra toujours et partout à ces petits dessins bleus lui est absolument insupportable.
En tournant la page, on trouve une série de feuillets imprimés relatant, dans un style net et précis, les manquements auxquels les matelots sont sujets, avec, en regard, le tarif des peines encourues, – depuis les désordres légers qui se paient par quelques nuits à la barre do fer jusqu'aux «grandes rébellions qu'on punit par la mort.


Malheureusement cette lecture quotidienne n'a jamais suffi à inspirer les terreurs salutaires qu'il faudrait, ni aux marins en général, ni à mon pauvre Yves en particulier.
Viennent ensuite plusieurs pages manuscrites portant des noms de navire, avec des cachets bleus, des chiffres et des dates. Les fourriers, gens de goût, ont orné cette partie d'élégants parafes. C'est là que sont marquées ses campagnes et détaillés les salaires qu'il a reçus.

Premières années, où il gagnait par mois quinze francs, dont il gardait dix pour sa mère; années passées la poitrine au vent, à vivre demi-nu en haut de ces grandes tiges oscillantes qui sont des mâts de navire, à errer sans souci de rien au monde sur le désert changeant de la mer; années plus troublées où l'amour naissait, prenait forme dans l'âme vierge et inculte, puis se traduisait en ivresses brutales ou en rêves naïvement purs au hasard des lieux où le vent le poussait, au hasard des femmes jetées entre ses bras; éveils terribles du cœur et des sens, grandes révoltes, et puis retour à la vie ascétique du large, à la séquestration sur le couvent flottant; il y a tout cela sous-entendu derrière ces chiffres, ces noms et ces dates qui s'accumulent, année par année, sur un pauvre livret de marin. Tout un étrange grand poème d'aventures et de misères tient là entre les feuillets jaunis.

"Mon Frère Yves", c'est le récit d'une amitié passionnée entre un officier de marine et un matelot breton.
Le roman mêle faits réels et imagination, et le lieu imaginaire évoqué sous le nom de Toulven est le bourg de Rosporden.

Près de l'église on trouve la tombe de Pierre Le Cor  matelot ami de l'écrivain renommé Yves Kermadec dans le roman.

Pourquoi le lien entre Loti et Rosporden est peu connu? Peut-être un début d'explication : « Loti est un grand écrivain, membre de l'Académie française, très célèbre à son époque. C'est aussi un personnage extravagant, qui aime se maquiller et se déguiser, et qui aime les hommes autant que les femmes. »


Cette amitié passionnée entre un officier raffiné et un rude matelot ressemblait trop à un amour homosexuel pour ne pas scandaliser les habitants de Rosporden.

 Mais les temps ont changé, et l'on peut à présent dépasser cette question de moeurs, comme on le fait pour Rimbaud, Verlaine ou Proust, pour ne considérer que l'oeuvre littéraire, qui est admirable.

Quand Pierre Le Cor se marie à Rosporden, en 1879, et décide de construire une maison, Loti s'investit dans la construction, imagine des plans, envoie de l'argent pour aider aux travaux. Si bien que Pierre Le Cor lui réserve une chambre au premier étage. Cette chambre existe toujours. 

Enfin c'est signé, parafé. On boit du cidre, en se serrant la main à la ronde. Et voilà Yves propriétaire en Toulven. Ils ont l'air si heureux, Marie et lui, que je ne regrette pas ma peine, pour sûr.
Les deux bonnes vieilles font leur révérence définitive, et tous les autres même petit Pierre, qui n'a pas voulu se coucher, viennent, par la belle nuit qu'il fait, me reconduire, au clair de lune, jusqu'à l'auberge...
C'est à l'entrée de Toulven, sur la route qui mène à Rosporden, un point élevé, devant une petite place de village qui est égayée ce matin par une population de poules tapageuses et d'enfants roses. D'un côté on verra Toulven et l'église, de l'autre les grands bois.

 

Une plaque est apposée sur la maison  « Maison de mon frère Yves, héros du roman de Pierre Loti. L'écrivain y avait sa chambre. » On y voit Pierre Loti portant le costume breton, celui d'Elliant. C'était son préféré.

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