13 février 2015

Saint-Pierre et Miquelon France Libre et le sous-marin SURCOUF 1941 2014

Saint-Pierre et Miquelon 
et le ralliement à la France libre
24 décembre 1941

le sous-marin Surcouf au bas du timbre 
"Je voulais venir en décembre. J’aurais pu venir au mois d’août, la proposition m’avait été faite, mais je préférais venir en hiver. J’espérais la neige… Elle a été un peu présente à Miquelon, mais je l’ai cherchée vainement, comme partout d’ailleurs, dans l’Hexagone. Mais même sans neige, l’archipel est très beau ! Je voulais venir en décembre parce que le 24 décembre (pour beaucoup, le 24 décembre, c’est Noël) est ici une cérémonie de libération, une cérémonie patriotique. Je sais que vous y êtes très attachés."

"Ici, c’est la France. C’est la France qui est – comme le disait le général de GAULLE – aux avant-postes de l’Amérique du Nord. C’est la France depuis 478 ans. Jacques CARTIER en a pris possession en 1536. Vous connaissez ces dates, parce qu’elles fondent votre histoire, votre relation avec la France. S’installèrent ici – vous en êtes les héritiers – pendant des siècles, des générations et des générations de Normands, de Basques, de Bretons…, dont les familles sont encore ici présentes. Et puis, d’autres vous ont rejoints, venant d’ailleurs et quelquefois même de l’Outre-mer. Parce qu’il y a un lien entre les Outre-mer."  François Hollande



"Nous sommes Français, nous sommes donc des Français libres. C’est la leçon que vous nous avez rappelée lors de la Seconde Guerre mondiale. Votre archipel, éloigné de plus de 4.000 kms de Paris, a été délivré du régime de Vichy en décembre 1941. Il a été l’un des premiers territoires redonnés à la République par vous et l’amiral MUSELIER. Il avait fait cette expédition et réussi cette opération. Puis, il avait immédiatement demandé que la population de Saint-Pierre-et-Miquelon puisse voter pour savoir si elle se ralliait au général de GAULLE. Elle le fit. Alain SAVARY en fut ensuite l’administrateur, au nom de la France libre, puis le député pendant des années. Son nom est resté gravé dans les mémoires."


"La mer, c’est ici votre histoire, votre présent et votre avenir, c’est ce qui fait que vous êtes rassemblés, parce que c’est toujours par rapport à la mer que des générations et des générations se sont engagées à vivre ici, non sans mal, non sans épreuves. Il faut donc que la sécurité en mer soit assurée. L’action de surveillance de nos eaux sera renforcée. Les moyens de lutte contre la pollution marine seront accrus avec une augmentation de 30% du nombre de jours en mer du navire Fulmar. Voilà ce que j’étais aussi venu vous assurer."






Après la signature de l’armistice franco-allemand le 22 juin 1940, la population de Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel français de l'Atlantique Nord proche de Terre-Neuve, manifeste très rapidement son hostilité au gouvernement de Vichy. Les îles dépendent alors du gouverneur des Antilles, l'amiral Robert, qui reste fidèle au maréchal Pétain. Une active opposition gaulliste se développe autour des anciens combattants de Saint-Pierre qui demandent le ralliement à la France Libre. Ils tentent en vain d'organiser un plébiscite tout en lançant de nombreux appels au général de Gaulle mais celui-ci est aux prises avec les problèmes du ralliement des territoires africains. De jeunes marins-pêcheurs quittent les îles pour rejoindre les Français libres et continuer la lutte.


Le général de Gaulle décide de passer à l'action. Le 24 novembre, l'amiral Muselier, commandant des Forces navales françaises libres, s'embarque pour, officiellement, aller inspecter la division de corvettes françaises basées sous contrôle opérationnel britannique à Terre-Neuve.

EV Savary, CF Birot, amiral Muselier


La nouvelle de l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais et l'entrée en 
guerre des États-Unis incitent les Français libres à agir sans attendre.

Dès son arrivée à Saint-Jean de Terre-Neuve, l'amiral demande au 
général de Gaulle d'obtenir l'accord des Anglais pour procéder au ralliement de l'archipel tandis que lui-même se charge, à Ottawa, d'obtenir celui des Canadiens et des Américains. Ces derniers, ayant promis au gouvernement du maréchal Pétain de maintenir le statu quo dans les territoires français de l'hémisphère occidental, sont favorables à une intervention canadienne destinée à prendre le contrôle de la station radio de Saint-Pierre dont ils craignent qu'elle puisse servir aux sous-marins allemands qui manoeuvrent dans l'Atlantique.




Le 23 décembre 1941, les trois corvettes Mimosa, Alysse, Aconit, et le sous-marin
Surcouf appareillent pour, officiellement, effectuer des exercices entre les côtes de Terre-Neuve et de Saint-Pierre-et-Miquelon.


Dans la nuit, les Français libres débarquent à Saint-Pierre. L'administrateur s'attendant à l'arrivée de bâtiments de Vichy, la surveillance est quelque peu relâchée. L'effet de surprise est complet. Les vingt-cinq hommes qui composent le groupe de débarquement s'emparent des  lieux stratégiques. Pas un coup de feu n'est tiré. En moins d'une demi-heure, tout est joué.




Le jour de Noël, l'amiral Muselier nomme son aide de camp, l'enseigne de vaisseau Savary, administrateur provisoire du territoire et annonce aux Alliés qu'il vient de prendre possession de Saint-Pierre-et-Miquelon au nom du général de Gaulle. La réaction du gouvernement américain est immédiate. Le secrétaire d'État Cordell Hull dénonce dans un communiqué cinglant l'intervention des "soi-disant Français libres" qui va à l'encontre des accords passés entre les États-Unis et le gouvernement de Vichy. 


Pour donner une légitimité à la décision du général de Gaulle et convaincre ainsi l'opinion publique américaine, un vote est organisé le jour même. Les habitants de Saint-Pierre se prononcent comme suit : pour la France Libre, 650 voix ; pour la collaboration avec les puissances de l'Axe, 11 voix ; bulletins blancs ou nuls, 140. Pour l'ensemble de l'archipel, les résultats sont respectivement de 783 "pour", 14 "contre" et 215 nuls. Ce plébiscite confirme la volonté des habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon de rejoindre les rangs des gaullistes.


sources :

Palais de l'Elysée

Collection Mémoire et Citoyenneté Le ralliement de Saint-Pierre et Miquelon à la France libre

Pour en savoir plus :

Crémieux-Brilhac Jean-Louis, La France Libre – De l'appel du 18 juin 
à la Libération, 1996.

Guyot-Janin Olivier, Saint-Pierre-et-Miquelon, 1986


Merci à Patrick Le Pestipon pour les documents philatéliques 

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