La fête nationale du 14 juillet
C'est l'occasion d'un défilé militaire sur les Champs-Élysées en présence du président de la République et de tous les corps constitués ainsi que d'un feu d'artifice et de bals populaires dans toutes les villes (en certains lieux le 13 au soir, en d'autres le 14).
Une difficile gestation
Tout commence le 14 juillet 1789 avec la prise de la prise de la Bastille, une manifestation qui a mal tourné. Des émeutiers parisiens, surexcités par l'hypothétique menace d'une attaque des troupes royales, vont chercher de la poudre et des munitions à la Bastille. Le gouverneur de la vieille forteresse, au lieu de résister comme il en a pleinement la possibilité, accepte de se rendre. Mal lui en prend. Ses hommes sont massacrés. Lui-même, blessé à l'épaule, traîné dans les rues, est achevé à coup de baïonnettes et sa tête plantée au bout d'une pique.
Malgré son caractère odieux, cette émeute prend aussitôt dans l'esprit des Parisiens figure de victoire sur le despotisme. Un entrepreneur se hâte de détruire la Bastille sans en référer à quiconque et les pierres deviennent objet de collection et de culte...
Un an plus tard, les Français choisissent le premier anniversaire de ce jour pour célébrer le triomphe pacifique de la Révolution par une grande fête sur le Champ de Mars. Y participent dans l'enthousiasme 260.000 Parisiens ainsi que le roi, la reine et des délégués de tous les départements. Cette Fête de la Fédération consacre le succès éphémère de la monarchie constitutionnelle et l'union de tous les Français.
La célébration du 14 juillet est ensuite délaissée au profit de multiples commémorations révolutionnaires, par exemple l'anniversaire du 1er Vendémiaire An I de la République (22 septembre 1792). Sous l'Empire, on lui préfère la Saint Napoléon (15 août) ! Elle est enfin complètement abandonnée sous la Restauration monarchique, de 1815 à 1848.
Le triomphe de la République
Sous la IIIe République, cependant, une nouvelle Chambre à majorité républicaine et non plus monarchiste est enfin élue en 1877. Le régime cherche dans la Révolution française une légitimité morale.
Il remet en vigueur les symboles de la Grande Révolution de 1789, en particulier la Marseillaise, hissée au rang d'hymne national, le Panthéon, nécropole des gloires républicaines, enfin la Fête nationale.
En 1878, le Président du Conseil Armand Dufaure organise une première célébration le 30 juin. Elle est immortalisée par le peintre Claude Monet (tableau ci-contre).
Enfin, le 6 juillet 1880, sur proposition de Benjamin Raspail, la Chambre des députés vote une loi ainsi libellée : «Article unique. - La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle».
Par prudence, le législateur ne fait pasplus référence à la prise sanglante de la Bastille qu'à la fête joyeuse de la Fédération, l'année suivante, apothéose de la monarchie constitutionnelle.
Henri Martin, le rapporteur de la loi au Sénat, ne se prive pas toutefois d'évoquer la journée du 14 juillet 1790, qui «a donné à la France conscience d’elle-même».
Cette journée commémorative est préférée au 5 mai (1789, états généraux) comme au 20 juin (1789, serment du jeu de paume).
La première fête nationale donne lieu à une grande revue militaire sur l'hippodrome de Longchamp, devant pas moins de 300.000 spectateurs, parmi lesquels le président de la République Jules Grévy.
La revue se déroule les années suivantes sur les Champs-Élysées, afin de manifester avec éclat la volonté de revanche sur la défaite de 1870-1871. Le comble de la ferveur patriotique est atteint le 14 juillet 1919, avec le défilé de la Victoire...
Fabienne Manière
Le 14 juillet est fête nationale et jour chômé en France, conformément à une tradition républicaine qui remonte à un peu plus d'un siècle, très précisément à juillet 1880.
C'est l'occasion d'un défilé militaire sur les Champs-Élysées en présence du président de la République et de tous les corps constitués ainsi que d'un feu d'artifice et de bals populaires dans toutes les villes (en certains lieux le 13 au soir, en d'autres le 14).
Une difficile gestation
Tout commence le 14 juillet 1789 avec la prise de la prise de la Bastille, une manifestation qui a mal tourné. Des émeutiers parisiens, surexcités par l'hypothétique menace d'une attaque des troupes royales, vont chercher de la poudre et des munitions à la Bastille. Le gouverneur de la vieille forteresse, au lieu de résister comme il en a pleinement la possibilité, accepte de se rendre. Mal lui en prend. Ses hommes sont massacrés. Lui-même, blessé à l'épaule, traîné dans les rues, est achevé à coup de baïonnettes et sa tête plantée au bout d'une pique.
Malgré son caractère odieux, cette émeute prend aussitôt dans l'esprit des Parisiens figure de victoire sur le despotisme. Un entrepreneur se hâte de détruire la Bastille sans en référer à quiconque et les pierres deviennent objet de collection et de culte...
Un an plus tard, les Français choisissent le premier anniversaire de ce jour pour célébrer le triomphe pacifique de la Révolution par une grande fête sur le Champ de Mars. Y participent dans l'enthousiasme 260.000 Parisiens ainsi que le roi, la reine et des délégués de tous les départements. Cette Fête de la Fédération consacre le succès éphémère de la monarchie constitutionnelle et l'union de tous les Français.
La célébration du 14 juillet est ensuite délaissée au profit de multiples commémorations révolutionnaires, par exemple l'anniversaire du 1er Vendémiaire An I de la République (22 septembre 1792). Sous l'Empire, on lui préfère la Saint Napoléon (15 août) ! Elle est enfin complètement abandonnée sous la Restauration monarchique, de 1815 à 1848.
Le triomphe de la République
Sous la IIIe République, cependant, une nouvelle Chambre à majorité républicaine et non plus monarchiste est enfin élue en 1877. Le régime cherche dans la Révolution française une légitimité morale.
Il remet en vigueur les symboles de la Grande Révolution de 1789, en particulier la Marseillaise, hissée au rang d'hymne national, le Panthéon, nécropole des gloires républicaines, enfin la Fête nationale.
En 1878, le Président du Conseil Armand Dufaure organise une première célébration le 30 juin. Elle est immortalisée par le peintre Claude Monet (tableau ci-contre).
Enfin, le 6 juillet 1880, sur proposition de Benjamin Raspail, la Chambre des députés vote une loi ainsi libellée : «Article unique. - La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle».
Par prudence, le législateur ne fait pasplus référence à la prise sanglante de la Bastille qu'à la fête joyeuse de la Fédération, l'année suivante, apothéose de la monarchie constitutionnelle.
Henri Martin, le rapporteur de la loi au Sénat, ne se prive pas toutefois d'évoquer la journée du 14 juillet 1790, qui «a donné à la France conscience d’elle-même».
Cette journée commémorative est préférée au 5 mai (1789, états généraux) comme au 20 juin (1789, serment du jeu de paume).
La première fête nationale donne lieu à une grande revue militaire sur l'hippodrome de Longchamp, devant pas moins de 300.000 spectateurs, parmi lesquels le président de la République Jules Grévy.
La revue se déroule les années suivantes sur les Champs-Élysées, afin de manifester avec éclat la volonté de revanche sur la défaite de 1870-1871. Le comble de la ferveur patriotique est atteint le 14 juillet 1919, avec le défilé de la Victoire...
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