24 octobre 2022

Le sous-marin SAPHIR HMS Satyr prêté à la France en 1951

Le sous-marin SAPHIR HMS Satyr


Le HMS Satyr (numéro de coque P214) était un sous-marin de la troisième série d'unités de la classe S, construit pour la Royal Navy pendant la Seconde Guerre mondiale par le chantier naval Scotts de Greenock.



Le chantier naval de Cartsburn a été entièrement consacré à la construction navale pendant la Seconde Guerre mondiale, construisant trois croiseurs, vingt destroyers et douze sous-marins. En mai 1941, le siège social a été détruit par un bombardement, perdant tous les précieux dossiers du navire et de l'ingénierie. Le moteur et la chaudière ont subi un coup direct et ont été hors service pendant six mois.



Le HMS Satyr a passé la majeure partie de sa carrière en temps de guerre dans la mer du Nord, où il a coulé le navire marchand norvégien Nordnorge et le sous-marin allemand U-987. Il a également torpillé l'épave du navire marchand allemand Emsland qui s'était échoué au large de Stadlandet, en Norvège, après avoir été lourdement endommagé par des torpilleurs britanniques le 20 janvier 1944. 

Le 11 février 1944, l’épave a été de nouveau touchée par des torpilles aériennes. Le HMS Satyr a aussi attaqué sans succès les navires marchands allemands Bochum et Emma Sauber, et un convoi allemand au large d'Egersund, en Norvège.

En 1944-1945, le HMS Satyr a été désarmé, rationalisé et doté de batteries plus puissantes pour servir de sous-marin cible à grande vitesse.



Le HMS Satyr a été prêté à la marine française entre février 1952 et août 1961, et rebaptisé par celle-ci Saphir (P64). Après sa restitution par la France et après 20 ans de service, le HMS Satyr a été démantelé en avril 1962 à Charlestown, Fife en Écosse.
















Le sous-marin SAPHIR


RESTITUTION DU sous-marin "SAPHIR” à la Royal Navy Dernier des quatre sous- marins que la Royal Navy avait prêtés à la Marine française (Sibylle disparu en septembre 1952, Sirène et Sultane), le sous-marin Saphir a été rendu à la Marine royale britannique le 1 1 août, au cours d'une cérémonie officielle à laquelle assistaient le Contre-Amiral AYLEN, super-intendant du Royal Dockard, représentant le Flag Officer Scotland, le Consul général de France à Edimbourg et Madame RENNER, plusieurs officiers supérieurs de la base ainsi que le Contre-Amiral MARCHAL, attaché naval près l'Ambassade de France à Londres.



Sources

BnF Gallica

Cols bleus du 03-08-1951, 21-12-1951, 26-08-1961

23 octobre 2022

EVASAN Kerguelen juillet 1976 témoignage

 EVASAN Kerguelen juillet 1976

Il y a quelques temps, j'ai reçu ce message concernant une évacuation sanitaire par le Doudart de Lagrée qui s'est déroulée du 22 juillet au 6 août 1976. Je vous le livre.
A priori, je pensais qu'il n'y avait pas de plis de Kerguelen à ces dates... sauf que voici une enveloppe du 29-07-1976! Merci René...




"Bonjour Monsieur ,

Je viens de parcourir la rubrique sur les « EVASAN » à Kerguelen et les séjours du Doudart de Lagrée dans ces îles .

J’ai été particulièrement intéressé , car j’ai moi-même participé à une EVASAN à Kerguelen , en 1976 , avec ce navire .

J’étais alors interne en chirurgie à l’Hôpital Félix Guyon à St Denis de la Réunion .

Centre hospitalier Félix Guyon - Saint-Denis Réunion


J’ai été missionné pour partir et prendre en charge un patient à Port-aux- Français à Kerguelen .
Il s’agissait d’un patient présentant un syndrome abdominal inquiétant , avec suspicion de péritonite ou pancréatite .

 J’ai donc embarqué , accompagné d’un anesthésiste , le 22 Juillet 1976, à bord du Doudart de Lagrée , à Port des Galets , pour les Kerguelen , avec tout le matériel nécessaire en vue d’une intervention chirurgicale .
Les contacts radio étaient quotidiens avec les médecins de Port-aux-Français, voire même biquotidiens au début .

En effet , l’état du patient s’était aggravé les deux premiers jours .

Puis , sous l’effet du traitement de réanimation prescrite , son état s’est amélioré à partir du 3ème jour , et ainsi régulièrement jusqu’à notre arrivée.

Port-aux-Français Kerguelen - le port photo JM- Bergougniou

Port-aux-Français Kerguelen - photo JM- Bergougniou

Nous sommes arrivés à Port-aux-Français le 29 Juillet 1976 et avons débarqué à 10h30.

L’examen du patient a confirmé qu’il n’y avait pas lieu d’intervenir chirurgicalement.


D’un commun accord , il a donc été décidé de transférer le patient à bord le jour même , pour poursuite du traitement de réanimation sous surveillance , et de ré-appareiller l’après-midi même .

L’état de la mer a été très défavorable sur le trajet retour . Mais l’état de notre patient n’a cessé de s’améliorer, et , donc, aucune intervention n’a été nécessaire .

La Réunion - le port - photo JM- Bergougniou

Nous sommes arrivés à la Réunion (Port des Galets ) le 6 Août 1976 au matin .

Le patient a été hospitalisé à l’Hôpital Félix Guyon pour bilan , poursuite du traitement et surveillance . Les suites ont été simples .
Je reste à votre disposition pour tout renseignement complémentaire .
Bien cordialement .
A. L ."


Cols Bleus 7-8-1976  

1976/08/07 (N1435)-1976/08/14.


22 octobre 2022

Avisos A69 : des bateaux résistants

 les Avisos A69 

des bateaux résistants

J'ai découvert les avisos de type A69 alors que je résidais au Togo. Les escales y étaient fréquentes.


Depuis 1976, ces bâtiments d’apparence modeste sont employés partout où l’engagement extérieur de la France le nécessite. Leur nom de baptême, qui reprend sans distinction de grades, le nom de marins et résistants morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ajoute encore à la sympathie qu’inspirent ces petites unités. 


Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou

Armés par un équipage de 90 marins, bien que très marins, ces bâtiments ont la réputation d'être parmi les plus pénibles par mauvais temps. Leur fardage  important les rend particulièrement sensibles au tangage et au roulis dès que la mer est formée.

Leur armement, conséquent pour un bâtiment de ce tonnage, leur permet de gérer un spectre important de missions. Pendant la guerre froide, ils étaient essentiellement utilisés pour patrouiller sur le plateau continental de l'océan Atlantique à la recherche des sous-marins soviétique. 

En raison des faibles performances du sonar de coque, dès qu'un écho apparaissait, le renfort d'une frégate ASM était nécessaire pour le prendre en chasse à l'aide de son sonar remorqué à immersion variable.


Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou
 Bien armés pour leur tonnage de 1 100 tonnes, ils n’emportent cependant pas d’hélicoptère, et leur vitesse limitée ne leur permet pas non plus de suivre les évolutions du groupe aéronaval.

 Comme les escorteurs côtiers, bien plus modestes, qu’ils remplacent, les avisos d’Estienne d’Orves sont très vite déployés dans des stations lointaines où leur d’endurance et leur faible coût d’emploi sont appréciés.

 Dans les années 1970 et 1980, on trouve ainsi ces petits bâtiments dans l’océan Indien, le golfe de Guinée, où l’océan Pacifique… bien au-delà du rayon de deux cent nautiques depuis la métropole dans lesquels ils devaient être initialement cantonnés. 

Aviso LV Le Hénaff photo JM Bergougniou
Et bien éloignées également du rôle premier de gardiens anti-sous-marins des points sensibles du littoral qui leur étaient dévolus. 

Les avisos A69 contribuent ainsi à la surveillance de la Zone économique exclusive française (ZEE), à la coopération ou à la défense des intérêts français en zone Corymbe (Golfe de Guinée), comme aux actuelles opérations de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien. 

Cette dichotomie entre emplois théoriques et réels pose d’ailleurs la question de l’adaptation d’une classe de bâtiment à sa mission, et, de façon plus générale, celle de l’équilibre global de la flotte. De fait, à la fin des années 1980, alors que l’hypothèse d’une conflagration directe entre l’Est et l’Ouest s’amenuisait, la nécessité s’est faite davantage sentir de faire respecter la souveraineté de la France dans les 12 000 000 de km² de ZEE que lui avait accordé, en 1982, le traité de Montego Bay. 

Tubes lance-torpilles  Aviso LV Le Hénaff
photo JM Bergougniou
Cette réflexion aboutit au lancement d’une classe spécifique de bâtiments, les frégates de surveillance Floréal, qui renforcent les patrouilleurs déjà existants. Signe de l’évolution des priorités, les Floréal emportent un hélicoptère dédié à la surveillance et aux liaisons, mais renoncent à toute capacité anti-sous-marine. Spécifiquement adaptées aux patrouilles hauturières et aux opérations de basse intensité, les Floréal auraient remplacée très favorablement dans ce rôle les avisos A69, unité pour unité. 

Mais la longue série des d’Estienne d’Orves achevait à peine de sortir des chantiers (le dernier, le Commandant Bouan fut lancé en 1984), et leur espérance de vie était encore importante. Les avisos poursuivirent donc leur riche carrière jusqu’à nos jours. 

Reclassés patrouilleurs de haute mer et débarrassés de leur armement de torpilles et de missiles, neuf d’entre eux sont encore en service. Le Lieutenant de vaisseau Le Hénaff, le Lieutenant de vaisseau Lavallée et le Commandant Birot ont ainsi participé à l’opération Harmattan menée en 2011 au large de la Libye. 










Sources :

Patrick Maurand et Jean Moulin, Les avisos A69 

Marines éditions, 2011, 220 pages

21 octobre 2022

Saint-Chamond -Compagnie des forges et aciéries de la Marine et d'Homécourt une usine en guerre canon guerre

Saint-Chamond  

Vive le son du canon




Le canon de 305 modèle 1893 désigne un canon construit à la fin du XIXe siècle pour la Marine. Il constitue l'armement principal de deux cuirassés d'escadre, les Masséna et Bouvet, qui sont les derniers de la Marine française à porter des tourelles simples de canons de 305 .
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Dès sa création le 14 novembre 1854, la compagnie produit des éléments pour le chemin de fer, tels des roues et des axes, et des éléments pour l'industrie lourde et la marine entre autres.

Les établissements métallurgiques de Saint-Chamond sont l'un des premiers établissements sidérurgique de France qui purent, au point de vue des fournitures de matériel d'artillerie, de blindages, de cuirassement, etc., lutter avec avantage contre les usines analogues allemandes et anglaises. 

Les usines de la Cie de Saint-Chamond (Saint-Chamond, Assailly, le Boucau) occupaient ensemble, avant la guerre,7 150 ouvriers; il y en avait, à la signature de l'armistice, 24 ooo, dont environ 5 000 femmes. 43 ingénieurs dirigeaient la production qui allait, partie à l'armée et à la marine, partie à l'industrie privée ; actuellement, 70 ingénieurs dirigent une production exclusivement réservée à la guerre. 

Lecture pour tous 01-10-1918


Le service intérieur des usines était desservi en 1914 par 12 locomotives, 127 wagons et 50 kilomètres de voie ferrée, directement reliée au réseau P. L. M. Actuellement ce service comprend 18 locomotives, 208 wagons, 61 kilomètres de voie ferrée et, ce qui n'existait pas avant la guerre, une centaine de camions automobiles.


Avant la guerre, les terrains occupés par les usines représentaient une superficie de 660 000 mètres carrés, avec 230 000 mètres carrés de superficie bâtie. Actuellement ces terrains représentent une superficie de 2 060 000 mètres carrés, avec 317 000 mètres carrés de superficie bâtie. On voit, par là, dans quel cadre immense, sans cesse sillonné de trains et de camions portant du matériel brut ou usiné, évolue et travaille saris arrêt un peuple d'ouvriers.



Mais l'augmentation progressive de la superficie des usines, la création constante d'ateliers nouveaux, la perpétuelle progression du personnel ouvrier supposent, pour une production constamment accrue, une augmentation correspondante des machines productrices. En effet, et pourtant SaintChamond pouvait se flatter d'être l'une des rares usines françaises qui possédaient, avant la guerre, le formidable outillage nécessaire à la fabrication des canons lourds : là notamment on pouvait voir un marteau-pilon de cent tonnes, des presses à forger de 6 000 tonnes, des grues géantes, des fosses de trempe pour canons de la plus grande longueur connue, des tours Martin de 30 tonnes.




LA VIE D'UNE USINE DE GUERRE.

Ce qu'il y a de remarquable dans la vie d'une usine de guerre comme Saint-Chamond, c'est l'étonnante souplesse avec laquelle un formidable organisme comme celui-là, en transformation et en perfectionnement perpétuels, s'est adapté à tous les besoins de la défense nationale, suivant ou faisant naître, selon les cas, les incessantes modifications de la plus prodigieuse des guerres.


Avant août 1914 l'usine, nous l'avons dit, travaillait à la fois pour l'industrie privée et pour l'armée et la marine. Ses aciers à outils de précision avaient une réputation mondiale. Des gouvernements étrangers, conquis par cinquante ans de renommée universelle, lui commandaient les canons dont avaient besoin leurs armées, les plaques de blindage et les tourelles de leurs croiseurs et de leurs cuirassés.
Pour l'armée et la marine nationales, cependant, Saint-Chamond réservait le meilleur de sa fabrication. Les canons de 305 et de 340 sortaient de ses ateliers et les tourelles à 4 canons qui armaient nos super dreadnoughts étaient du modèle Saint-Chamond. Obéissant à des méthodes sûres et éprouvées, Saint-Chamond fabriquait un matériel irréprochable qui donnait toujours aux essais un rendement égal ou supérieur aux prévisions. Ses gros obus de rupture pour canons de marine brisaient les blindages les plus fameux, employés dans les marines étrangères ; ses blindages, en aciers spéciaux, résistaient aux obus tirés par les canons des navires de nos ennemis éventuels.


Sans arrêt, les fours Martin fondent l'acier nécessaire aux canons, aux pièces de rechange, aux organismes délicats des fusils, des mitrailleuses, des moteurs de camions automobiles.



Sans arrêt, des machines débitent en lingots qui deviendront des obus de tous calibres, les blocs incandescents qui s'allongent dans les mâchoires d'acier des innombrables laminoirs. La course à la mer, la ruée allemande sur l'Yser, les combats du printemps de 1915 exigent une dépense d'obus qui bouscule toutes les prévisions du temps de paix. Il faut produire, et produire vite. La progression de la production suit bientôt une extraordinaire marche ascendante. C'est par millions qu'il faut compter les obus de 75 fournis à nos armées par Saint-Chamond. Dans sa Pyrotechnie, la fabrication des fusées d'obus prend une impulsion formidable. De 3 000 par jour au début, la production passe en quelques mois à 50 000. Elle atteindra même 150000 quotidiennement, à certaines semaines de 1917 et de 1918.


Mais on prépare notre première grande offensive de septembre 1915, en Champagne, puis celle de la Somme en 1916. La production, rien que pour les obus de 75 et pour les douilles d'obus, passe, dans l'année, du simple au triple. Celle des fusées au sextuple.



Outre les établissements métallurgiques de Saint-Chamond et le champ de tir de Langonand, cette société possédait en outre les « forges et aciéries de l'Adour », les « laminoirs et aciéries d'Assailly », les mines et usines de la « société Vézin et Aulnoye », les « forges de Rive-de-Gier », les « hauts fourneaux de Givors », des houillères dans le bassin de la Loire et des mines de fer à Anderny-Chevillon (Meurthe-et-Moselle) et à Saint-Léon (Sardaigne).



A Saint-Chamond, qui possédait l'outillage perfectionné nécessaire à la fabrication des plaques de blindage pour croiseurs et cuirassés, et des tôles d'acier pour torpilleurs et sous-marins, échut l'honneur de fabriquer les géants de la famille. Le tank Saint-Chamond est un puissant char d'assaut armé du canon de 75 réglementaire et de trois mitrailleuses.

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...