07 janvier 2013

Contre-torpilleur LION Pierre Le Comte Dunkerque 1929

Lancement du Contre-Torpilleur LION




Le Lion est le troisième contre-torpilleur de la classe Guépard



Le Lion est mis sur cale aux chantiers navals des Ateliers et Chantiers de France (ACF) le 27 juillet 1927 et lancé le 5 août 1929. Comme de coutume, les ACF lancent un navire quasiment achevé ce qui explique que le navire prend armement pour essais le 1er juillet 1929.


Comme de coutume, les ACF lancent un navire quasiment achevé ce qui explique que le navire prend armement pour essais le 1er juillet 1929. Il est 
lancé le 5 août 1929. 


Le 1er septembre 1940, une partie de la flotte est placée en gardiennage d'armistice. Le Lion fait partie des navires placés en gardiennage d'armistice avec 45 hommes sous statut civil, le Lion débarquant ses munitions, les culasses des canons, les télémètres et la vidange des soutes.

Le Lion est mis en disponibilité armée et en complément le 13 septembre 1940. Il est désarmé entre le 15 septembre et le 21 octobre 1940. Il est placé dans le groupe de gardiennage le 28 octobre 1940

Le Lion dépend du Major Général du port de Toulon, le groupe de gardiennage étant divisé en trois sous-groupes, le 1er sous-groupe étant composé des contre-torpilleurs Mogador Tigre Panthère et Lynx, le 2ème sous-groupe étant composé des contre-torpilleurs Kersaint et Gerfaut et le 3ème sous-groupe composé des contre-torpilleurs Aigle Vauban Lion et Verdun.

Les sous-groupes des bâtiments en gardiennage sont réorganisés et le 1er janvier 1942, le Lion fait partie du 1er sous-groupe en compagnie des contre-torpilleurs Tigre Lynx Panthère Mogador alors que le Vauban fait partie du 2ème sous-groupe en compagnie du Vautour et de L'Aigle.

Quand les forces allemandes pénètrent dans le camp retranché de Toulon, le Lion est échoué dans le Bassin n°2 du Missiessy entre le N°1 occupé par le Jean de Vienne et le N°3 occupé par le La Galissonnière.



Le contre-torpilleur n'est que très légèrement saboté, uniquement au niveau de l'artillerie, rien n'est fait pour la coque et pour l'appareillage propulsif.

Le Lion est sorti du bassin le 9 février 1943 et saisi par les italiens le 21 février, arborant le pavillon italien le même jour. Rebaptisé FR21, il reçoit trois pièces de 138mm du Valmy et un affût double de 20mm, installé sur l'avant du rouf milieu.


Le Lion est sorti du bassin le 9 février 1943 et saisi par les italiens le 21 février, arborant le pavillon italien le même jour. Rebaptisé FR21, il reçoit trois pièces de 138mm du Valmy et un affût double de 20mm, installé sur l'avant du rouf milieu.




Le FR21 ex-Lion

Le FR21 effectue un essai le 8 avril, les travaux sur l'artillerie se terminant le 14 avril. Il devait former une 21ème escadrille de contre-torpilleurs ( Cacciatorpedinieri dans la langue de Dante) qui à Tarente aurait du comprendre également le FR22 (ex-Panthère) et FR-23 (ex-Tigre).

Sabordé par les italiens dans le port de La Spezia le 9 septembre 1943, il est renfloué par les allemands en 1944 puis recoulé par un bombardement aérien allié en 1944. L'épave à probablement été relevé et démantelée après guerre.




http://forummarine.forumactif.com/t5588-france-contre-torpilleurs-classe-guepard


06 janvier 2013

Vie des sections Ile de France


Galette, fèves, rois et marcophilie

(L'histoire ne nous dit pas si celui qui a eu la fève a été chargé du compte-rendu de la réunion)



De gauche à droite :
Auguste Baulard, Jacques Marchou ( le sommelier ), Joseph Emile Serna, Joël Moreau,   un membre de l’APHIVIL, Jean Morin, Françoise, Alain Facchinetti, Michel Bargas
Vous disent : A votre Santé et l’année prochaine venez nous retrouver, nous vous accueillerons à bras ouvert.






Nous connaissions François 1er, nous nous avons Françoise 1ère

Avec un de ses valets, Jacques Marchou dit Jacquot la capsule

Mais sorti la réunion ils redeviennent de simples citoyens et contribuables



La tradition veut qu’elle soit l’occasion de « tirer les rois » à l’Épiphanie : une fève est cachée dans la galette et la personne qui obtient cette fève devient le roi de la journée et a le droit de porter une couronne de fantaisie. Dans le circuit commercial, dans la seconde moitié du XXe siècle, les boulangers fournissent avec la galette une couronne en papier doré à usage unique. Plus traditionnellement chaque famille réalise et conserve une ou plusieurs couronnes artisanales. Il est dit que le bénéficiaire de la fève doit offrir la prochaine galette, cependant, aucune source fiable ne permet d'affirmer ou d'infirmer formellement cette tradition. C’est le plus jeune des convives, caché sous la table, qui décide de la distribution des parts.




Les gâteaux à fève n’étaient pas réservés exclusivement au jour des Rois. On en faisait lorsqu’on voulait donner aux repas une gaieté bruyante. Un poète du XIIIe siècle, racontant une partie de plaisir qu’il avait faite chez un seigneur qui leur donnait une généreuse hospitalité, parle d’un gâteau à fève pétri par la châtelaine : « Si nous fit un gastel à fève ». Les femmes récemment accouchées offraient, à leurs relevailles, un gâteau de cette espèce.


La fève du samedi soir

À la fin du XVIIIe siècle, des fèves en porcelaine apparurent, représentant l’enfant Jésus en porcelaine. Sous la Révolution, on remplaça l’enfant Jésus par un bonnet phrygien. Les graines de fève furent systématiquement remplacées en 1870 par des figurines en porcelaine ou – plus récemment – en plastique. De nos jours, si on trouve toujours de vraies fèves, il existe une multitude de fèves fantaisie qui font le bonheur de collectionneurs : la collection de ces petits objets se nomme la favophilie.

04 janvier 2013

Voeux du RHM TENACE

Merci à JEF pour ses voeux

Le RHM sortant de maintenance chez Socarenam Saint Malo à couple du Malin

Coursive 

Passerelle 


photos JM bergougniou


Voeux de la section Ile de France

VOEUX 2013


Bonjour à tous,
Tout mes Meilleurs Vœux pour cette nouvelle année 2013.
Bonheur, Réussite et la plus grande des richesse la Santé.

    
 De gauche à droite : 
le père Noël (Jacques Marchou) Joël Moreau votre serviteur, Alain Facchinetti (le spécialiste), Jean Morin (le trésorier), Françoise Esnol notre mascotte  féminine, Michel Bargas (bienvenu au cercle) et Joseph Emile Sarna notre petit nouveau

SIRPA Semaine du 20 décembre au 3 janvier 2013


Lettre d'information de la Marine 


Semaine du 20 décembre 2012 au 3 janvier 2013




 Opération Atalante (lutte contre la piraterie) Un navire du programme alimentaire mondial (PAM) sous bonne garde
Du 18 au 24 décembre, la frégate Surcouf a escorté le MV Rockway Bell, un vraquier de 25 000 tonnes et sa cargaison de sorgo en route vers le Kenya.

 

 La Marine nationale prend l’alerte NRF en 2013Au 1er janvier 2013, la Marine nationale a pris l’alerte de la composante maritime de la NATO Response Force(NRF), pour une durée d’un an. Depuis la création de la NRF, force de réaction rapide de l’Otan, en 2002, c’est la troisième fois que la Marine assume cette posture d’alerte au profit de l’Alliance.

 L’hélicoptère Dauphin de service public remplacé par un hélicoptère EC-225
La Marine nationale a décidé de remplacer l’hélicoptère Dauphin de service public basé à Cherbourg (flottille 35F) par un hélicoptère EC-225 de la flottille 32F.

 Un premier hélicoptère Caïman au nouveau standard livré à la Marine nationale
Le 21 décembre, la Marine a réceptionné son 8e Caïman. Il s’agit du premier hélicoptère livré à un nouveau standard qui introduit un système d’autoprotection (leurres IR et EM), ouvre la voie à la future capacité de tir torpille MU90 attendue dans l’année 2013 et améliore les systèmes du standard précédent.
 Exercice Talante aux Antilles
Le 17 décembre, le détachement Terre Antilles – 33eRIMa avec l’appui du BATRALDumont d’Urville a effectué un exercice amphibie baptisé Talante, du nom de la forêt domaniale située au sud des Trois-Ilets.




 La ministre Marie-Arlette Carlotti à la rencontre des marins-pompiers de Marseille
Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion a rendu visite aux acteurs des services d’urgence et de secours de Marseille mobilisés au cours de la soirée de réveillon de Noël.

 Les marins engagés en Afghanistan reçus à l’Elysée
Le 21 décembre, le chef de l’État a reçu à l'Élysée une représentation des militaires de retour d’Afghanistan. Cette rencontre clôturait une semaine d'hommage du gouvernement aux soldats déployés en Afghanistan depuis 2001 et dont le retrait s'achève en cette fin d'année 2012.


 La rédaction du magazine Cols Bleus vous propose pour le dernier numéro de l'année un hors-série de 24 pages d'images et une vidéo de la Marine en action. 
Retrouvez sur la page Facebook de la Marine nationale toute l'actualité de ces derniers jours en images ainsi que les fonds d'écran, vidéos et photos envoyées par nos marins en mer pour les fêtes de fin d'année.
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Remorqueur Hippopotame UC35 Sous-marin allemand histoire conte de Noël Hippopautame

HISTOIRE ET BONNES HISTOIRES L'Hippopautame et l'UC35


NDLR : Dans nos carrés, certains de nos camarades se distinguent par le talent particulier qui consiste à enjoliver des événements bien réels qui méritent de figurer dans l'histoire de notre marine pour la plus grande joie des conteurs et de ceux qui les écoutent. Tel est le cas de l'aventure - bien connue - du commandant Le Roux, officier des équipages de la Flotte au cours du premier conflit mondial.

Il nous a paru intéressant de mettre en regard une version qu'on peut considérer comme officielle, celle publiée dans la célèbre revue hebdomadaire L'Illustration" dans son numéro du 1er juin 1918, et celle (parmi d'autres) qui nous a été communiquée par le capitaine de vaisseau George (EN 68)


Rhinocéros et UC-56

Remorqueur contre sous-marin

LE VICTORIEUX COMBAT DE L’HIPPOPOTAME " CONTRE L' UC35

VERSION OFFICIELLE

Nous avons annoncé, dans le précédent numéro, la destruction, par le remorqueur « Hippopautame », d'un sous-marin allemand. Voici quelques détails complémentaires sur cet exploit accompli avec un bel entrain

Le remorqueur « Hippopautame », commandé par le premier maître timonier Le Roux, remorquait trois voiliers entre l’Angleterre et Brest, lorsqu'il fut attaqué par le sous-marin U C-35 qui le canonna à grande distance.

Larguant les remorques pour évoluer plus facilement et se rapprocher de l'ennemi, il riposta et son premier projectile atteignit l'avant du sous-marin : coup heureux entre tous dénotant une rare sûreté de coup d'oeil de la part du premier maître Le Roux, qui avait apprécié la distance sans télémètre.

De plus en plus précis, le tir continua, les coups au but se succédèrent, emportant les périscopes, démolissant le kiosque, défonçant le pont, arrachant les canons de leurs affûts, rasant le sous-marin comme un ponton.

Un dernier coup à la flottaison fit apiquer l'Allemand qui sombra bientôt entraînant dans ses remous la plus grande partie de son équipage.

On ne put recueillir que cinq hommes, au nombre desquels se trouvaient le commandant du sous-marin et un marin espagnol qu'il avait capturé quelques jours auparavant.

Ainsi finit l'U C-35, cité souvent dans les communiqués de l'ennemi, qui le considérait comme un champion de la guerre de course sous-marine et qu'il donnait en exemple à tous ses congénères pour stimuler leur zèle.

Après ce rapide et victorieux combat, l'hippopautame
rentra à Brest, sans aucune avarie. Les prisonniers furent internés et on hospitalisa le marin espagnol.
Quelques jours après, le brave remorqueur était de nouveau paré à reprendre la mer.
Avant qu'il appareillât, le vice-amiral Lacaze, commandant en chef, préfet du 2ème arrondissement maritime, vint à bord ; il remit des Croix de guerre à son valeureux équipage et fit donner lecture des citations.

Les premiers maîtres Le Roux et Caron et le quartier-maître Tanguy sont cités à l'ordre de l'armée avec les motifs suivants

"Premier maître timonier Le Roux,

commandant le remorquer « Hippopautame » - Commandant de remorqueur modèle, d'une magnifique ardeur et bravoure , a su communiquer à son équipage l'esprit qui l'anime.

Attaqué, pendant qu'il remorquait deux voiliers, par un sous-marin plus puissamment armé que l' Hippopautame, n'a pas hésité à filer ses remorques pour courir sus à l'ennemi et l'a coulé au canon. après un court et brillant combat."

"Premier maître de manoeuvre Caron, chef de quart à bord de l'Hippopautame - Par sa vaillance, sa manoeuvre habile et son sang-froid. a permis à l' Hippopautame, son immédiate et foudroyante riposte."

"Quartier-maitre fusilier Tanguy, chef de la pièce de 75 à l'avant de l'Hippopautame - Â toujours fait preuve de qualités militaires hors ligne, son coup d'oeil et son sang-froid parfaits sous le feu ont assuré la destruction du sous-marin ennemi."

En remettant les Croix de guerre à ces braves marins, l'amiral Lacaze a prononcé une brève allocution,
Mes amis. a-t-il dit, je n ai pas voulu vous laisser repartir sans vous féliciter du bel et glorieux exploit que cous avez accompli sous les ordres d'un chef modèle.

Les croix que je vous remets sont les plus belles qu'on puisse décerner. et vous avez le droit d'en être fiers.

Tout l'équipage de l’Hippopautame s'est montré en cette circonstance, par sa magnifique attitude et sa belle ardeur, digne des plus belles traditions de la marine française.

Je voudrais vous embrasser tous : je vous embrasse dans la personne de votre commandant, le brave Le Roux. Au revoir et bonne chance I’hippopautame.

Le vaillant petit remorqueur a repris son rude métier de protecteur du trafic maritime. de ce trafic dont la sécurité devient chaque jour plus grande. grâce à l'inlassable dévouement de nos patrouilleurs qui rivalisent de courage et d'endurance dans l accomplissement de cette niche aventureuse.

R. L.

VERSION EXACTE du Cdt LE ROUX

Les trois voaliers du commandant Le Roux
Officier des Equipages de Manoeuvre (en retraite)

C'était en 1916, alors que je commandais un remorqueur de 600 qu'avait un nom d'zoizeau, le Hippopautame qu'i s'appelait.

Toujours bien briqué, l'était joli comme à Brest.

Mon histoire commence au retour d'une 72 heures, où j'avais envoyé avec moi au pardon du Folgoét madame LEROUX, mon aîné quartier-maître fourrier et son femme qu'était en attente.

En montant la coupée, Job me tend un message.

Là, je dois dire un mot de Job, qu'était à bord comme qui dirait mon Second, et qui tient sa place dans la suite comme vous verrez par vous mêm'.

C'était un bled à moi dévoué et tout, mais qu'avait pas beaucoup fréquenté l'école et qui par surplus se laissait un peu aller sur le boire.

Mêm' qu'un soir l'était rentré de terre bourré à zéro et s'était affalé d'un bloc par le panneau de la cale avant.

Près de deux mois à l'hosto, l'était demeuré avec une jamb’ plus courte que les deux zottes, mais toujours solide au poste et hardi au travail.

Le message était ainsi titulé :
"Commandant Hippopautame convoqué lundi dize heures à la Peu.Meu., 3ème bureau".
A l'heure dite, capelé dans mon uniforme de sortie, j'me présente au capitaine qui rentre de suite dans le vif du sujet :
"Voilà Le Roux, y a une mission importante pour vous. Demain vous appareillerez pour l'Angleterre chercher trois voaliers et les escorter jusqu'à Brest pour les protéger des sous-marins. Bonne chance".


De retour à bord, j'ordonne à Job :
"Prépare tout pour l'appareillage et manque pas de faire le plein de pinard".

Ça, j'avais ajouté pour rigoler vu que ç'aurait pas été dans son tempérament de l'oublier.
"Où c'est-y qu'on va ?" qu'i demande.

"T'occupes, c'est secret". Dam', je voulais pas qu'il risque d'aller trop causer dans un débit du Plateau où y en a qu'ont les oreilles longues et la langue rapide à marcher.

Au matin du jour après, sitôt le Mângain laissé par babeau et pris le Four, en avant et en route en gros cap au noroît.

Jusqu'à Portemouth rien à signaler, mais sitôt accosté après une fine manoeuffe, c'est là que le cirque a commencé.

Avec Job évidemment qu'était mon remplaçant réglementaire si je tombais faib'e et le timonier, un parisien qu'avait de l'instruction, on se rend dans un H.M.S. baraque où y avait à attendre un officier anglais avec de drôles de galons sur les manches et un tour de bitte par dessus, Routing qu'i s'appelait je me souviens, et les trois commandants des trois voaliers.

Après les salutations, le British nous a amenés devant un mur où qu'était peinte une grande carte marquée "Channel", mais que j'ai tout de suite reconnue pour la Manche.

Là, i' s'met à causer, causer, en promenant une baguette de points en points marqués de lettres majuscules.

J'ai compris à vue que c'était les routes où qu'il voulait qu'on passe pour éviter les supposés sous-marins qu'étaient pointés avec des petits cabillots touches.

Le timonier qui écoutait avec des airs supérieurs traduisait, par ci par là, d'un n' t, de longues phrases, ce qui m'a fait douter de son savoir à interprétait si bien qu'il disait.

Enfin, après avoir montré Brest au bout de sa gaffe, l'officier British demande si on a bien compris.

Job, l'air éveillé d'une vieille au sortir de l'eau, me dit en faisant passer sa chique d'un bord à Pote, et en breton :
"j'ai rien beillesé, et toi ?"

Je lui réponds en breton :
"Te casse pas la tête, mon pays, on passera ou on passera pas où ce distingué veut. A la mer, on se dé..."

et je me retourne vers les trois commandants des trois voaliers pour leur donner en français mes instructions détaillées
"Appareillage à midi. Cap sur Ouessant vent permettant et rester en groupe".

Dans l'après-midi, le convoa était ainsi formé : quand y faisait du calme, le remorqueur devant avait du vent dans la cale, les voaliers derrière ; quand y avait bonne brise, les voaliers me regagnaient et j'étais à la traîne derrière. Ce qui fait que l'un dans l'aut'e on naviguait comme prévu de conserve.

Après la soupe et avant de regagner ma banette je marque, comme c'est réglementaire, mes ordres pour la nuit sur le journal de bord :

"Conserver bon cap et bonne vitesse. Faire de temps en temps des zigs et des zags pour tromper le sous-marin. Bien veiller le sous-marin et me prévenir en cas d'imprévu".

A minuit, je monte pour la relèfe de quart, et Job me dit
'Tout va bien, on a vu passer le sous-marin par babord.
- Gast alors, pourquoi que tu m'as pas prévenu ?

- Dam, qu'i me dit l'air offusqué, le sous-marin c'était prévu et t'avais marqué de te réveiller seulement en cas d'imprévu".

J'avais un pare-à-virer qui me brùlait la main, mais je n'ai pas voulu brusquer Job et pour l'avenir j'ai complété mes ordres en ajoutant
"Me réveiller en cas de quoi que ce soit".

J'étais à peine recouché qu'une gueulante sort du portevoix de ma chambre .
"commandant, il est là de retour".

J'enfile mes bottes (à la mer je couchais tout habillé sauf mes bottes) et je monte.
"Où c'est qu'il est ?"

Je cherche, je cherche, mais d'un bord comme de lote, pas plus de sous-marin que d'beurre.

Alors j'ajoute à mes ordres pour que ce soit bien clair une fois pour toutes
"OBSERVATION IMPORTANTE : quoi que ce soit c'est tout
mais c'est pas rien"
et je souligne.

Après le jus du matin et un coup de lambic pour décrasser, je monte sur le pont et cherche à repérer mes yaks et trouve plus que deux, mém' en comptant à nouveau...

Alors je pense, faut faire de suite un P.V., sinon çui-ci on va me l'apostiller sur mon sac. Et après réflexion en moi-mém' je note sur le journal :
"P.V. de perte : un voalier a disparu sans raison valab’e et malgré bonne surveillance. II n'y a pas lieu à imputation".

Dans la journée on continue à faire route à bonne allure sans péripéties avec les deux de reliquat et à la nuit, je note sur le journal de bord
"Mêmes consignes que la veille, sauf escorter deux voaliers au lieu de trois".
Je dormais que sur un oeil, comme il se doit quand on a de la responsabilité, que j'entends, "y en a un qui s'est envoyé en l'air". Je monte en chaussons sur la passerelle, sans mettre mes bottes pour faire vite, et je vois un grand feu sur l'eau à une bonne distance par le travers.
"Çà, dit Job d'un air rusé, du coup c'est pas rien ?

Arme le canon, que je réponds, j'ai idée que le sousmarin doit pas être loin et qu'on va causer avec.

A droite toute, je dis à l'homme de barre, gouverne sur l'incendie.
Je siffle la machine et gueule (à cause du bruit)
"Pousser la chauffe."

Enfin, "Tout le monde à son poste et à ouvrir l'oeil ; la doub'e à celui qui voit quelque chose".
Celui qui l'a gagnée la doub'e et bien gagnée, c'est Zef, un marin-pécheur dans le civil, pas très militaire mais doué pour la vue,
malgré qu'à l'observer de face son oeil droit regardait à gauche et le gauche à droite.
"Patron, qu'il a crié, vot'béluga, il émerche deux quarts babord".

Je pointe mes jumelles louches et c'était vrai, je perçois une ombre noire qui se détachait à peine du voalier en flamme.
"Là, que je dis au canon, envoyez-lui une ration pour lui apprendre à viffre.
- Mais, dit Job, c'est qu'y a pas d'obus, sont tous en soute.

- Dégourdi, fais vite pour en chercher un."

Job fut long à remonter et i'm dit pour s'excuser
"On trouvait pas la clé, c'est Fanch qui l'avait donnée à Loïc, le magasinier qu'il l'avait planquée dans son pantalon-du dimanche".

Pendant ces retardements, le sous-marin se rapprochait
avec un air de mine de rien du dernier voalier et je gouvernais
cap dessus pour lui couper la route.
"Qu'est-ce que t'attends, Job pour tirer ?

- Vous avez pas dit de charger, commandant.

- Charge donc en vitesse.

- A poste, qu'i m'dit


- Tu tires oui ou ...

- Vous avez pas dit feu, commandant.
- Feu, nom de Dié."

Boum, le coup part et je pointe mes jumelles louches dans la direction ad hoc ; mais d'abord, je vois rien, rapport à la fumée, ensuite je perçois une cherbe à droite du sous-marin et un pei derrière.

"Vise deux doigts plus à gauche et une idée plus près.

- Mais, dit Job, c'est que la munition est épuisée, vous avez dit de chercher un obus et on a monté qu'un.

- Teso guinaouec, je lui dis - que c'est une injure pas traduisible en société - va chercher cor'un aut'e.

RUBRIQUE ADMINISTRATIVE

Enfin deuxième boum, et même après la fumée, je vois plus rien là où le sous-marin était avant., De deux choses l'une je me dis en moi mêm', ou c'est qu'il 'a plongé ou c'est qu'on a fait but, et je continue la route avant demi.


En se rapprochant, on a distingué des points noirs sur l'eau qu'on aurait dit des petites bêtes qui surnageaient. Arrivée à toucher, on s'est bien rendu compte que c'était des tètes d'allemands, tout rasés qu'ils étaient.

Avec des boutts, la gaffe et une chatte, on a repêché douze, juste ce qu'il fallait, m'a dit Job, pour qu'ils ne nous foutent pas tous à la patouille car douze qu'on est à bord, ç'aurait pas été prudent qu'on embarque davantage.

La douzaine de chiens mouillés on leur a donné, par fraternité des gens de mer, du vin chaud et rassemblé à coucher dans le poste avant..

Avec le seul voalier rescapé, qu'avait repêché l'équipage de lote qu'avait brûlé, on est rentré en grande rade et aussitôt amarré en Penfeld, j'ai été rend'compte

"Un seul voalier qu'on a ramené avec deux équipaches, un qu'a été torpillé, un ote qu'i s'est pointé disparu et on a coulé un sous-marin".

Le chef d'état-major n'était pas content rapport à la perte, et il a marmoné
"Coulé un sous-marin, coulé un sous-marin, tous les mêmes, c'est vite dit ; avez-vous vu la tache d'huile ?"

Çà, on pouvait pas dire honnêtement, j'avais pas la souvenance d'une tache d'huile et je suis rentré à bord me concerter avec Job et lui dire que si on n'avait pas vu de tache d'huile, on n'avait pas coulé de sous-marin.

Tout rouch' qu'il est devenu et avalé sa chique.
"d'l'huile y en avait pas, mais les douze rationnaires qui sont en bas et qui foutent la cambuse à cul, c'est-y pas des preuves ça ?"

Alors, une idée à lui, on leur a capelé des effets de l'habillement et rassemblés en douce devant le Peu-Meu.

Tellement bien alignés qu'ils étaient qu'on a bien vu qu'c'était pas des marins français et acceptés comme pièces à conviction.

L'Amiral, un grand sec, pas causant à l'ordinaire, était bien content et m'a dit :
"Le Roux, vot'histoire, c'est toute une Odyssée et je vais vous proposer pour la croix de guerre".

Il m'a invité à son déjeuner avec la Préfete et tout. C'était bien honnête, mêm' qu'y avait du vin rouch' à discrétion.

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...