Dur dur d'être gaulliste
Bonjour la compagnie,
Aujourd’hui ceux qui arborent le prestigieux « Perchoir » sont l’objet de l’admiration de tous, d’abord parce qu’ils ne sont plus très nombreux aujourd’hui, ensuite leur appartenance à la geste gaulliste saute immédiatement aux yeux.
Il n’en a pas toujours été ainsi, au lendemain de la guerre, vers 1946, les émules de la guerre en pantoufles leur vouaient une haine farouche. Certains laudateurs du Général vont l’apprendre à leurs dépens.
Jean Louis Rondy a 18 ans, il est fils de médecin et à l’été 1944 en trichant sur son âge, il s’est engagé dans la 2ème DB de passage à Paris. Il a dans ses rangs reconquis l’Alsace et Strasbourg, ce qui ne fut pas une mince affaire. Il a franchi le Rhin poussant jusqu’au Berghof et assista le 19 mai 1945 à la remise de la Grand Croix de la légion d’honneur au général Leclerc par le général de Gaulle.
Démobilisé, il décide de préparer le concours de l’école de santé navale de Bordeaux. Il est admis et en 1948 s’y présente en tenue de sous-officier, « Perchoir » sur la poitrine.
Et ça commence mal. L’officier qui le reçoit annonce la couleur : « les Français à droite, les gaullistes à gauche ». Il passe ensuite l’inspection et arrache à Jean Louis son insigne à Croix de Lorraine. « On ne porte pas ça dans la Marine ! ». Sans se démonter notre ami se baisse, ramasse son insigne et l’épingle à nouveau. Au tour de l’administration de lui chercher des poux dans la tonsure.
Il est incorporé en tant que matelot de 2ème classe, son passé ne comptait pas. A quelques temps de là il apprend qu’il va recevoir la Croix de Guerre pour son admirable conduite lors de la bataille de Grussenheim. La cérémonie a lieu et il redemande à être intégré dans son grade d’origine. Mais l’école fait toujours la sourde oreille.
Le prestigieux général de Lattre de Tassigny en mai 1949 vient visiter l’école et passe les élèves en revue. Jean Louis Roudy et un de ses camarade gaulliste logé à la même enseigne font un pas en avant, sortent des rangs et interpellent le futur Maréchal : « Je demande le rapport du général De Lattre de Tassigny ».
Stupéfaction puisque cela consiste à demander une entrevue sans passer par la voix hiérarchique.
Une heure après les deux amis sont convoqués au bureau du médecin général : « J’étais sergent au sein de la 2ème DB puis à la 1ère DFL mais je suis considéré ici comme un matelot sans spécialité » son ami enchaîne « J’étais médecin auxiliaire à la 9ème DIC mais je suis considéré ici comme un matelot sans spécialité ». Le général les coupe, il a compris.
« Vous pouvez sortir ! »
Quinze jours plus tard ils seront réintégrés dans leur grade avec le rappel de solde qui va avec.
Ainsi va la vie
A la semaine prochaine
Donec