Claude Farrère
Frédéric-Charles Bargone nait à Lyon le 27 avril 1876.
Attiré par la Marine, il entre à l'Ecole navale en 1894
Aspirant le 5 octobre 1897; port TOULON.
Au 1er janvier 1899 sur le "VAUBAN", Division d'Extrême-Orient rentrant en FRANCE (Cdt Hippolyte BOUTET)
puis il passe sur le "DESCARTES", prend part à l'occupation de KWANG-FOU-TCHÉOU, puis navigue dans le Pacifique.
Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1899.
Publicité pour des vins |
Au 1er janvier 1900, port TOULON.
Au 1er janvier 1901, il est sur le "MASSÉNA", Escadre du Nord (Cdt Marie De FAUQUE de JONQUIÈRES).
En 1902, il est sur la "COURONNE", École de canonnage et en sort breveté.
Au 1er janvier 1903, sur le contre-torpilleur "VAUTOUR" à CONSTANTINOPLE et sert sous les ordres de Pierre LOTI (Louis VIAUD).
En ces temps lointain, les militaires ne pouvaient pas publier sous leur nom, imaginez quand le texte fait scandale...
Bargone devient donc Farrère en littérature.
Il commence à publier des écrits, "Les civilisés" obtient le prix Goncourt 1906. Ce roman publié après Fumées d'opium fait scandale. Il s’inspire de son expérience et de ses voyages.
Partie de cartes Claude Farrère est à droite |
Ce roman, paru en 1905, a aussitôt été couronné par le prix Goncourt.
Dans une Saigon décrite comme la ville de la débauche, Farrère met en scène des personnages dépravés et cyniques : Fierce, l’officier de marine, Torral, l’ingénieur et Mévil, le médecin. Des " civilisés " parce qu’ils se " jugent au dessus des lois communes et des contingences morales ".
Ce portrait guère flatteur de la colonie a assuré le succès du livre, en même temps que la colère des coloniaux, furieux de se voir ainsi caricaturés ! En fait, Farrère dévoilait, en l’exagérant sans doute, l’écart entre l’image projetée par l’idéologie officielle et la réalité d’une certaine société coloniale
En 1905 il est sur le "SAINT-LOUIS", Escadre de Méditerranée.
Lieutenant de vaisseau le 1er octobre 1906.
En 1907, sur le "BRENNUS"; en 1908 sur le "CASSINI" prenant part aux opérations sur le côtes marocaines.
Le 25 avril 1910, il est à PARIS, affecté à la 1ère Section de l'État-Major général -Renseignements et travaux historiques-(futur S.H.M.).
"Hélène écarta sa bouche de Raymond pour balbutier trois mots qu’on ne compris pas. Torral et Fierce, par contenance, regardèrent une minute dehors, puis Fierce se pencha pour prendre du feu à la cigarette de Torral, tous deux indifférents. Hélène, dont on voyait les bras au cou de son amant, s’agitait de mouvements lents et rythmés, et poussait de grands soupirs et des plaintes... Une voiture venant à leur rencontre les croisa dans le temps d’un éclair. D’autres survinrent. La route tournait à gauche, et se prolongeait en allée de parc, joliment encadrée de pelouse et de bosquet. C’était l’Inspection, - les Acacias de Saigon, où la mode est de se promener la nuit comme le jour. - Des lanternes luisaient nombreuses, créant un demi jour équivoque et intermittent. Les Victorias marchaient au pas, sur deux files ; et l’on distinguait les visages des gens ; mais on n’échangeait pas de saluts, par discrétion.
En 1912, Adjoint à la Sécurité sur le croiseur cuirassé "ERNEST-RENAN" en Méditerranée.
Il quitte le service actif en 1914 pour entrer à la Compagnie Générale Transatlantique comme Inspecteur d'armement.
Rappelé en août, il sert sur l' "AMIRAL-AUBE" puis se fait détacher en 1917 dans l'Armée de Terre et commande une batterie d'assaut.
En août 1918, il est Capitaine de corvette.
Il quitte définitivement la Marine en octobre 1919.
Auteur d'une œuvre très importante, il collabora avec Paul CHACK à la série des "Combats et batailles sur mer" en 1925.
Il publie en 1924, une "Histoire de la marine française".
"...Tout Saigon était là. Et c’était un prodigieux pêle-mêle honnêtes gens , et de gens qui ne l’étaient pas, - ceux ci plus nombreux : car les colonies française sont proprement un champ d’épandage pour tout ce que la métropole crache et expulse d’excréments et de pourritures. - Il y avait là une infinité d’hommes équivoques, que le code pénal, toile d’araignée trop lâche, n’avait pas su retenir dans ses mailles : des banqueroutiers, des aventuriers, des maitre-chanteurs, des maris habiles, et quelques espions ; - il y avait une foule de femmes mieux que faciles, qui toutes savaient se débaucher copieusement, par cent moyens dont le plus vertueux est l’adultère.- Dans ce cloaque, les rares probités, les rares pudeurs faisaient tache. - Et quoique cette honte fut connue, étalée ; affichée, on l’acceptait ; on l’accueillait. Les mains propres, sans dégout, servaient les mains sales. - Loin de l’Europe, l’Européen, roi de toute la terre, aime à s’affirmer au dessus des lois et des morales, et à les violer orgeuillisesement. La vie secrète de Paris ou de Londres est peut être plus répugnante que la vie de Saigon : mais elle est secrète ; c’est une vie à volets clos. Les tares coloniales n’ont pas peur du soleil. Et pourquoi condamner leur franchise ? Quand les maisons sont en verres, on fait l’économies d’illusion et d’hypocrisie."
Sources
Sources :http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_farrere.htm