Cartophilie la Goélette Etoile à Saint-Malo 1956
Saint-Malo a été reconstruite selon son plan original. Des concessions ont cependant été faites à la circulation automobile moderne et à la salubrité publique. La reconstruction s'est faite sous l'impulsion de son maire et ancien ministre d'État Guy La Chambre, de ses habitants, du ministère de la Reconstruction et grâce à des dons venus du Québec, sur une période de douze ans (1948-1960). Le projet a été confié aux architectes Louis Arretche, Jean Monge et Raymond Cornon. Les premiers plans de la reconstruction de Saint-Malo intra-muros sont dus au grand prix de Rome Marc Brillaud de Laujardière.
La question était alors de savoir s'il fallait redonner à la cité intra-muros ses fonctions du passé, à savoir un centre administratif, hospitalier, scolaire et commercial. Il s’avéra difficile de restituer les anciennes rues avec des contraintes urbanistiques modernes. En décembre 1944, Marc Brillaud proposa donc un plan qui modifiait totalement le tissu urbain et prévoyait plusieurs grandes percées, en particulier celles qui devaient joindre les portes de la Cité à la cathédrale. Dans son projet, les bâtiments administratifs étaient regroupés autour de la cathédrale ; par ailleurs, il modifia les rues qu’il élargit jusqu’à 8 m et évacua l’hôpital hors de l’intra-muros. Il fournit une première esquisse pour les façades des immeubles, limitant leur hauteur à trois étages plus un comble habitable sous les toits. Les façades étaient d’un style très sobre, évitant le pastiche des styles historisants. L’ensemble de ce dispositif fut validé en 1946 et approuvé par le ministère.
Louis Arretche reprit les esquisses de Marc Brillaud en précisant : « la réussite de la reconstruction dépend avant tout du profil et de l’aspect des quatre façades maritimes et portuaires de la cité » de Saint-Malo, rare ville française qui peut se découvrir d’un même regard et sur tous les côtés. « Restituer prioritairement les quatre grandes façades de la ville afin de lui donner sa silhouette antérieure et de déterminer le gabarit du vaisseau ». Arretche va conserver les profils de la cathédrale et du château, suivant la volonté de Raymond Cornon. Ce sont ces bâtiments qui fixent les lignes maîtresses du volume d’ensemble. À l’intérieur, la reconstruction des immeubles va être marquée par une beaucoup plus grande liberté. La mairie est dans le château, l’Hôtel-Dieu et la prison hors des murs, ce qui libère une grande surface au sol. Arretche élargit les rues, remembre les commerces et prévoit une hauteur supérieure à trois étages allant jusqu'à 5 ou 6 niveaux. Il prend le parti architectural de l’îlot fermé, formé par un pâté de maisons entourant une cour intérieure. Les façades des immeubles sont construites sans éléments somptuaires en jouant uniquement sur le décrochement avec, exceptionnellement, des terrasses pour protéger les commerces. La pente des toitures sera à 50 et 60° ; le choix des matériaux imposés sera du granit et de l’ardoise, sans oublier le béton brut de décoffrage.