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14 mars 2014

De Lomé à l'île Longue Août 1914 Atakpamé Kamina guerre 14 18 TOGO Empire Allemagne France Angleterre

1914 la guerre au Togola réddition allemande de Kamina  

Cet article évoque beaucoup de souvenirs pour moi. Ayant habité Atakpamé dans la région des plateaux au Togo, j'empruntais souvent la piste de Kamina pour aller jusqu'au Mono. Kamina se trouve au sud d'Atakpamé et les bâtiments et l'emplacement de la station radio étaient encore visibles avec la base de ces énormes piliers.

L'empire allemand possède depuis 1884 avec le Togo la colonie modèle. La guerre va s'y inviter rapidement…

Le gouverneur du Togo, Hans Georg von Doering, envoie des télégrammes à ses homologues du Dahomey, de la Gold Coast et de l’AOF pour leur proposer la neutralisation du Togo.
Ceux-ci refusent, et les troupes de l’Entente envahissent le Togo. Les troupes allemandes, prises en étau, se concentrent autour de Kamina pour y défendre la station de radio qui permet les communications avec l’extérieur. 
Elles préfèrent faire sauter le poste plutôt que de le laisser aux Alliés. Le Togo tout entier se rend.


En un temps où le Bénin s'appelait Dahomey, où la France et l'empire germanien ne songeaient qu'à en découdre à la suite d'une défaite non digérée, la puissance des nations européennes passait par la conquête coloniale.

Le Togo allemand pris en tenaille par le Gold Coast britannique (aujourd'hui le Ghana) et le Dahomey français n'avait que peu d'espoir de survivre à un conflit.
La colonie modèle allait rendre les armes avant la fin du mois août 1914.

Le Commandant Maroix pour la France, Howard pour la Grand-Bretagne Georges allaient en moins de vingt jours venir à bout de la colonie allemande.



Ayant habité Atakpamé, Kamina était une promenade. Les socles des pylônes étaient encore debout, les pièces métalliques, des roues dentées, des éléments divers étaient encore visibles dans la brousse ou les plantations.

Les cadres de l'administration impériale intègrent les 5 compagnies noires et les civils forment une compagnie européenne.


Le 6 août au soir, les Anglais venus du Gold Coast envoie un ultimatum au Gouverneur allemand par intérim pour rendre Lomé. Le Gouverneur Herzog Adolf Friedrich Zu Mecklenburg est en congé en Europe, l'intérim est assuré par Hans-Georg von Doering qui accepte l'ultimatum et rend la ville qui finalement n'intéresse pas les Allemands soucieux de ne pas endommager les bâtiments coloniaux tout juste construits. 





mais il existe une autre raison plus stratégiques: les Allemands ont mis en place début juillet un émetteur à Kamina (village proche d'Atakpamé,  à 160km au nord de Lomé) qui permet d'échanger avec Berlin sans relais mais aussi avec les navires corsaires de l'Atlantique sud. 



La ville de Nauen est située au Nord de la région de Havelland Fläming à environ 18 Km à l'est de Berlin et à 25 Km de Potsdam.

Nauen est connue pour les installations de télégraphie de grandes puissance construites par la société Téléfunken dès le début du 20e siècle .


"La première installation expérimentale construite vers 1906, était équipée d'une antenne type parapluie supportée par un mat de 100 m de hauteur. Cette installation fût démontée vers 1911 et remplacée par une antenne plus grande, supportée par 2 mats de 250 m de hauteur. La puissance de l'émetteur fût augmentée de façon à permettre des liaisons avec Kamina au Togo (5200 Km) alors colonie allemande."
Plusieurs systèmes d'émissions furent testés à Nauen en particulier des émetteurs à arc chantant et des alternateurs haute fréquence dérivés de la machine d'Alexanderson.
L'émetteur à arc assurait des liaisons vers l'Afrique et l'émetteur à alternateur HF était plutôt tourné vers l'Est et les Etats-Unis.
"La déclaration de guerre de 1914 entraîna, bien sûr, une accélération des essais et développements sur le site de Nauen. Les liaisons téléphoniques par cable ayant été interrompues dès la déclaration de guerre, l'Allemagne avait un besoin stratégique et vital de disposer d'une possibilité de liaison "sans fil" avec ses alliés ..... et d'assurer le contact avec sa marine militaire : Suite au blocus maritime de la France et de l'Angleterre, l'amiral Alfred von Tirpitz le créateur de la Kriegsmarine, avait proclamé la guerre sous-marine contre les navires de commerce ennemis et il était impératif pour l'état-major allemand de pouvoir correspondre avec ses moyens de guerre de surface et ses U-Boot (U-Boot Krieg).
On sait que les ondes très longues sont justement très pénétrantes dans l'eau et permettaient d'envoyer des messages aux sous-marins en mer. La station de Nauen permettait cette possibilité avec un émetteur puissant de longueur d'onde de 3 à 5 Km"

En ces temps ancestraux, La longueur d'onde est égale à la longueur de l'antennes soit la distance entre les deux pylônes qui supportent les-dites  antennes soit plus de 1000 mètres. Cette situation nuira à la défense du poste en étirant les lignes.






Les Allemands répondant à l'ultimatum évacuent Lomé par le train en direction du Nord dans la journée du 7 avant la fin de l'ultimatum

A Kamina, des tranchées sont creusées dans le périmètre de l'émetteur, les troupes s'entrainent. 

Les Allemands attendaient les Français au niveau de Sagada au sud-est de Kamina le long de la frontière du Dahomey mais en vain. 

Les Allemands descendent alors vers Tsévié. Après le déraillement de leur train, ils continuent à pied mais se trouve pris à revers par les troupes anglaises qui les ont contourné à Agbélouvé.




Des renforts allemands quittent Kamina vers Notsé et Kra.

Le gouverneur Van Doering et deux compagnies arrivent à Kra par le train en provenance de Kamina.

Le 22 août, français et allemands sont à portée de fusils aux environs de Kra. Les combats s'engagent, violents. A la mitrailleuse allemande répond le canon anglais.


Les Allemands donnent l'ordre d'évacué est donné alors que les pertes sont très inférieures aux pertes franco-brittaniques. Deux hommes sont tués et un blessé parmi le personnel allemand ainsi que dix noirs tués ou blessés. Côté alliés franco-brittanique on compte 23 tués dont deux officiers (un Ecossais et un Français) et 55 blessés.



Groupe mis en place par Telefunken

Les Français du Commandant Maroix longent la frontière du Dahomey et passent la frontière au nord-est de Kamina et prennent à revers les Allemands restés à Kamina sans défense. 


Au retour des troupes allemandes de Kra, les neuf antennes sont à terre et la centrale électrique est en feu, sabotées dans la nuit du 24 au 25 août.

Face  à la puissance alliée, les Allemands capitulent. Ils seront 150 à se rendre. Ils seront regroupé à Atakpamé puis deux jours plus tard convoyé sur Lomé.

Après négociation entre Français et Anglais et partage du Togoland, il est convenu que Kamina étant dans le secteur attribué aux Français, les prisonniers seraient prisonniers des Français. Les Allemands espéraient le contraire.  Le gouverneur et les prisonniers ainsi que les familles seront conduits à Porto-Novo



Carte stéréoscopique, Van Doering arrive au Dahomey à Porto Novo


Considérations allemandes



"Les vainqueurs examinent leur prise. Je passe en revue le terrain de la station avec le Major Gosling, expert en radio pour la colonie anglaise. Les tours élancées de la station jonchent le sol comme des baleines de parapluie tordues. On trébuche partout sur les câbles d’acier et de bronze des antennes que nous apercevions avec fierté et plaisir il y a encore quelques jours. Trois extincteurs tordus s’offrent à notre vue dans la chaufferie - le résultat de trois charges d’explosifs. 



Les armatures de la chaudière pendent en l’air comme si elles étaient inutiles. Les colonnes de commande des turbines dans la salle des machines ressemblent à deux bras tendus de blessés graves couchés à terre et demandant grâce. Nous sommes affligés à la vue des tableaux de commande et des instruments de mesure détruits. Là, sur le sol, gisent les appareils de transmission télégraphique brulés, les interrupteurs, les lampes tordues, les câbles déchirés, et là deux transformateurs entièrement brulés sourient tristement. Le pupitre de commande, notre fierté, le cerveau de la station, le « Sabbibox », comme les Noirs la nommait, provoque chez mon accompagnateur un mouvement de tête réprobateur et un soupir : « that’s pity, pity ».

A remarquer le décalage des images entre l'oeil droit et l'oeil gauche qui donnera l'effet de relief

Kamina et le sort des prisonniers du Togo, par Carl W. H. Doetsch





Le train se met en marche ; les Anglais avaient prévu suffisamment de cheminots venant de la Côte de l’Or. Nous nous arrêtons l’après-midi devant le premier pont dynamité. On essaie d’organiser de quoi manger le mieux possible, et on passe la nuit dans les wagons. Une marche brève sur la voie ferrée s’ensuit le lendemain matin. Nous passons encore un fleuve dont le pont a sauté et nous montons dans un train qui attendait là pour nous acheminer à Lomé, car entre- temps les Anglais avaient réparé les ponts qui avaient été détruits. Nous arrivons vers midi sur la jetée de Lomé. Elle est encore complètement intacte ; nos grues pivotent et nous sommes embarqués sur des navires de débarquement.


Grâce aux coups de rame énergiques des pagayeurs noirs Ewe nous nous retrouvons rapidement devant le bateau à vapeur « Obuasi », de la ligne « Elder-Dempster » de Liverpool. Nous serons partagés en groupes : les dames, les officiers et personnalités en 1re classe, les sous-officiers et soldats en 2e classe.

Le capitaine est énergique, il sait ce qu’il veut. Il ne veut pas que les tirailleurs nigériens fassent la surveillance à bord. Il a déjà souvent transporté des prisonniers de guerre ; pendant la guerre des Boers, pendant que les Russes se battaient avec les Japonais, et plus tard, pendant que les Américains liquidaient les Espagnols. Maintenant c’est notre tour et qui sera le prochain ?

Nous sommes tout le temps ancrés devant Lomé, pratiquement coupés du reste du monde. Nous avons entendu dire que, quelque part en France, notre avance semble avoir été stoppée. La vie à bord est aussi monotone que la nourriture : côtelettes de mouton, harengs saurs, porridge et vice-versa. Le capitaine discute de politique de temps en temps avec nous. Il ne doute pas le moins du monde que nous allons perdre la guerre « car » dit-il : « We don’t wait to fight, but by jingo, if we do, we’ve got the men, we’ve got the ships, we’ve got the money too ! »...





Nous sommes satisfaits d’être sous l’autorité anglaise pour des raisons que la plus part d’entre nous devinent instinctivement. Cela allait changer le jour où le commandant de la base de Lomé est apparu avec un capitaine français. Suite à un appel on nous remet entre les « mains » des Français. Car entre-temps à Londres, la France et l’Angleterre avait conclu un accord colonial sur la colonie du Togo vaincue, et dont il découlait que Kamina serait administrée à l’avenir par la France. Nous tombions également sous cet accord. Nos dames peuvent retourner dans leur patrie si elles le souhaitent, cependant sans que les Anglais ne garantissent leur arrivée en Allemagne. Elles décident donc de suivre leurs maris au Dahomey, là où les Français veulent nous amener.

Le 28 septembre nous partons pour Cotonou la capitale du Dahomey français. A notre arrivée la plage et la jetée fourmillent de Français, gagnants et gagnantes, aux toilettes légères et ombrelles de couleur. Ils attendent leur plaisir des yeux.

Mais notre capitaine anglais signale à terre qu’il ne débarquerait les prisonniers que le lendemain matin. « A 5 heures du matin les Françaises ne sont pas encore sorties du lit » dit-il amusé. Nous sommes reconnaissants qu’il nous épargne ce calvaire et aussi qu’il nous laisse passer la dernière nuit civilisée dans un lit - la dernière avant plus de cinq années d’internement qui allaient suivre. Nous nous trouvions devant les portes secrètes d’un pays qui allait nous héberger assez longtemps et qui possèdera, pour l’avenir, la triste réputation que là de pauvres prisonniers de guerre sans défense sont tourmentés, maltraités et humiliés de telle façon que cela restera unique dans les annales de l’histoire. La France commençait – la civilisation était derrière nous !





Nous sommes cantonnés dans des huttes faites de palmiers, on nous apporte dans la journée à manger à la « mode indigène ». A partir de maintenant plus rien ne pouvait nous étonner. La France commençait là vraiment.

Chacun reçoit une natte de Nègre,- notre future lit tant que nous serions au Dahomey- une assiette, une cuillère ; d’autres reçoivent une gamelle, comme équipements pour la marche à la frontière extrême nord de la colonie du Dahomey, à la lisière du Sahara, à plus de 800 km de la côte !

Le major français Maroix nous fait savoir que nous allions être transportés à Gaya - un petit poste militaire, tout près du Niger, situé dans le territoire militaire du Niger. Au Dahomey, il y a 260 km de voie ferrée jusqu’à Savé ; de là jusqu’à Gaya nous devrons marcher. Les prisonniers mariés avec les femmes pouvaient rester sur la côte....





La grande part des prisonniers sera rapatriée vers la France après un transit par Casablanca. Ils sont dirigés vers la France. Certains sont internés à Uzès, d'autres à l'Ile longue. 

"D’après ce que nous avions entendu dire, le traitement à l’Ile-Longue était bon et l’on y avait la possibilité de faire du sport et des jeux. Certes, l’hébergement dans les baraques était plus mauvais que dans un bâtiment en pierres, cependant il nous importait au plus haut point d’échapper à l’énervante monotonie de la caserne et à la cour d’Uzès, largement insuffisante pour la grande quantité de prisonniers."

Les deux camps fusionneront et les prisonniers gagneront l'Ile longue

Ils attendront leur libération qui interviendra en 1919 dans le camp de l'Ile longue.



Dès août 1917 nous étions sous la responsabilité du ministre de l’intérieur, c’est à dire, le préfet de Quimper, ou le sous-préfet de Brest (département du Finistère), en Bretagne. (Ndlr : l’auteur se trompe. Le passage au Ministère de l’Intérieur s’est fait le 16 août 1916)Le camp de l’Ile-Longue a eu un directeur civil, les sous-officiers étaient remplacés par de soi-disant « surveillants » et seulement pour la garde du camp des soldats français restaient en place.




Chaque aménagement dans le camp qui était, d’une façon ou d’une autre, un avantage pour notre bien-être physique ou moral, et même s’il s’agissait seulement de notre consommation journalière d’eau - une affaire de peu d’importance dans la vie privée française - devait être obtenu dans un combat lent et tenace contre l’administration française qui ne s’intéressait pas le moins du monde à notre fraîcheur mentale ou corporelle, comme je pourrais le démontrer par des douzaines d’exemples. Occasionnellement, nous avons même mis en application le moyen de combat de masse le plus moderne, la grève. C’était le cas pour l’obtention de la ration de pain quotidienne de 400 gr dont nous étions privés depuis plusieurs mois par décision administrative, la sous-préfecture « parcimonieuse » l’ayant modifiée en 350 g.

sources :


http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_18-19/24344.pdf


http://www.ilelongue14-18.eu/?Kamina-et-le-sort-des-prisonniers


http://dspt.perso.sfr.fr/Nauen.htm


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