Amiral Godfroy - de l'Antarctique à Alexandrie
En lisant de la documentation pour écrire l'article sur l'acheminement du courrier vers Alexandrie, j'ai découvert que l'amiral Godfroy alors enseigne de vaisseau avait participé avec Charcot à l'expédition de 1908 sur le Pourquoi Pas?
Il embarque sur différents bâtiments avant de participer à la seconde expédition Charcot, visant à explorer la côte de l'Antarctique en 1908
L'état-major définitivement constitué se composa de trois officiers de marine, d'un géologue, de deux naturalistes, d'un physicien et de moi-même. Les différents travaux faisant partie de notre programme furent répartis entre ces messieurs de la façon suivante : M. Bongrain, enseigne de vaisseau. Second de l'expédition. (Observations astronomiques, hydrographie, sismographie, gravitation terrestre.) J. Rouch, enseigne de vaisseau. (Météorologie, électricité atmosphérique, océanographie physique.) R. Godfroy, enseigne de vaisseau. (Étude des marées, chimie de l'air.) E. Gourdon, docteur ès sciences. (Géologie et glaciologie.) J. Liouville, docteur en médecine. (Médecin en second de l'expédition, zoologie.)
L'Ouest-Eclair 17 juillet 1908 |
L. Gain, licencié ès sciences. (Zoologie et botanique.) A. Senouque. (Magnétisme, actinométrie, photographie scientifique.) J.-B. Charcot, chef de l'expédition, commandant du Pourquoi-Pas? (Bactériologie. )
En dehors des travaux dont ils étaient chargés, les officiers de marine assuraient avec moi la navigation et le service du bord.
L'expédition CHARCOT
L'expédition du docteur Charcot, actuellement à Cherbourg, appareillera dans quelques jours à destination des régions du pôle Sud.
Quel est le but de cette entreprise ? Quel on est l'intérêt ? C'est ce que M. Chartes Rabot explique dans le « Temps au moment où ces vingt huit jeunes Français s'en vont joyeusement affronter les périls d'une lointaine navigation dans la seule pensée d'élargir le domaine scientifique de l'humanité.
Dans ces conditions, tous les pays de haute culture scientifique regardent comme un devoir d'entreprendre l'exploration de ce mystérieux continent blanc. Il y a sept ans, une première campagne a été accomplie dans l'Antarctique par l'Angleterre, l'Allemagne, l'Ecosse, la Suède et la France, qui, grâce à l'initiative de Charcot, pût être associée à cette grande entreprise. A peine de retour, tous ces explorateurs n'ont eu qu'une pensée repartir le plus tôt possible pour continuer leur héroïque combat contre les banquises pour le progrès de la science. Les Anglais ont été prêts les premiers une expédition britannique, avant-garde de deux autres .Hissions, est déjà à l'œuvre à lfc terre Victoria, tandis que Charcot va se diriger, lui, vers les terres situées au delà du cap Horn.
Le Pourquoi-pas? au Havre |
L'Ouest-Eclair 24 août 1908 |
Les Annales 18-12-1910 |
Ecoutez cette petite histoire que Gourdon m'a rapportée avec une simplicité qui m'a fait désespérer de lui voir jamais trouver dramatique une aventure.
— Charcot avait décidé d'aller reconnaître l'île Berthelot. Les glaces ne laissant qu'un étroit chenal, ïl avait fallu renoncer à y engager le Pourquoi-Pas ? Et c'est avec la vedette que l'explorateur, accompagné de Gourdon et de l'enseigne Godfroy, avait décidé de gagner la terre. La reconnaissance, au surplus, ne devait durer que quelques heures. Par mesure de prudence, toutefois, les trois hommes emportèrent des provisions pour un repas, et l'on partit sans encombre. La petite équipe, à l'île Berthelot, amarra la vedette dans une crique propice, puis commença son exploration.
Gourdon ramassait un tas de petits cailloux dont il se promettait avec joie d'étudier la nature. Charcot et Godfroy relevaient le cours d'eau et prenaient des tracés. Quelques heures plus tard, le chef de l'expédition, satisfait de sa reconnaissance, donnait le signal du retour à la vedette.
Au sein de l'affreuse solitude, les trois hommes étaient perdus. Alors, comme il faisait faim, et que l'estomac vide , par ces froids-là, on raisonne mal, ils commencèrent par manger, oh! avec modération, en faisant exactement deux parts de la maigre ration. Cela fait, sans vouloir même se communiquer leur inquiétude, ils se couchèrent dans leur sac de peaux de bêtes, A ce moment, un pingouin passa. Un pingouin, c'était peut-être plusieurs jours de nourriture. Mais la fatigue, la foi aussi en leur bonne étoile, firent qu'ils le dédaignèrent. Le lendemain, ils n'avaient plus rien à manger et tous les pingouins avaient déserté l'île. Il fallait pourtant partir en exploration, Gourdon est gourmand, et c'est à cela que ces trois hommes durent leur salut : de ses vastes poches, il sortit au moins une boîte de chocolat. C'était de quoi tromper leur faim, pendant quelques heures. On se partagea les tablettes et chacun partit à la recherche de la voie libératrice. Au soir, ils étaient de retour, mourant de faim, mais: rapportant tous les trois cette même constatation : une montagne haute de plus de deux mille mètres entièrement glacée-, coupant l'île.
Le retour étant impossible, ils attendirent. Le quatrième jour, Bongrain, pressentant un malheur, au risque de briser son navire, lançait le Pourquoi-Pas? à leur recherche, et sauvait Charcot, Gourdon et Godfroy. Gourdon n'avait même plus la moindre tablette de chocolat.
Pourquoi-Pas? dans l'Antarctique docteur Jean Charcot