BREST 96 13-20 juillet 1996
Cette grande manifestation maritime est née initialement grâce à l'organisation de rassemblements de bateaux et de fêtes populaires à quai dès les années 1980, appelée Pors Beac'h en 1980, 1982 (23, 24 et 25 juillet) et 1984 (9 au 12 août) au fond de la rade de Brest. L'organisation est alors assurée par l'Association Groupe Finistérien de Croisière et l'aide des fondateurs du Chasse-Marée
Brest fête les 100 ans du Belem et le lancement du Notre Dame de Rumengol restauré et classé aux monuments historiques.A l'office du tourisme de Brest, on croule sous les coups de téléphone de gens espérant trouver un hébergement de dernière minute et on les renvoie dans les hôtels extérieurs ou chez l'habitant: 4.000 Brestois ont proposé une chambre!
La SNCF s'apprête à faire converger sur Brest ses trains spéciaux (50 francs seulement l'aller-retour dans la journée au départ de toutes les gares de Bretagne, et 20% de réduction au départ des autres gares de France). A Brest, toutes les vitrines de la ville - et pas seulement celles de la célèbre rue de Siam - proposent aux visiteurs livres et objets marins, tee-shirts et Opinel aux couleurs de Brest 96...
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Sur les 7 kilomètres de quai des cinq ports de la ville, c'est la fébrilité, et partout résonnent les coups de marteaux: ici on monte les tréteaux des sept scènes, là les tentes d'apparat des exposants et des sponsors; la cale d'où sera lancé, dimanche, le «Notre-Dame de Rumenghol» ressemble encore à un jeu de mécano géant inachevé. Mercredi, les dockers et l'artiste ont achevé l'installation, sur les façades mortes des quatre coins du port, des quarante fresques sur papier, réalistes et poétiques, peintes par Paul Bloas qui depuis des mois a croqué, sur les quais, dockers, marins et ouvriers de la criée.
La Marine nationale, co-organisatrice du rassemblement avec la ville, se prépare à ouvrir au public la préfecture maritime (le mythique «château») et les beaux et mystérieux quais de la Penfeld où les curieux pourront visiter sous-marins, frégates, avisos et voiliers-écoles. Jeudi, les bateaux en tout genre arrivaient et ce mouvement s'est accéléré le soir. Certains d'entre eux (Australiens, Américains) naviguent depuis de longs jours... vingt-huit nationalités sont représentées (la Grande-Bretagne par 720 voiliers!). 35 des 2.500 bateaux ont plus de cent ans et le trois-mâts français Belem (58 mètres) fête son centenaire cette année. 30 voiliers ont plus de 35 mètres, le plus grand étant l'Ukrainien «Khersones» avec ses 105 mètres.
Chaque jour de 10 heures à 20 heures, se succéderont dans la rade régates et parades mais aussi hélitreuillages, démonstrations de sauvetage par des chiens de Terre-Neuve, chargements de gabares, etc. A quai, les animations seront permanentes: construction navale avec charpentiers, cordiers, poulieurs, etc.; expositions liées à la mer; des dizaines d'animations et d'ateliers pour les enfants; des jeux traditionnels celtiques... Un chapiteau de 3.000 mètres carrés accueillera le salon «Patrimoine des côtes et fleuves de France» où l'on connaîtra le lauréat du deuxième concours. L'association Cinémaritime présentera dans une salle, et le soir sur un écran géant face à la mer, cent heures de films maritimes. Sur un bassin géant, circuleront 300 maquettes de bateaux prestigieux.
Pors-Beac'h, premier rassemblement de vieux gréements LOGONNA-DAOULAS (29). Ce joli coin s'appelle Pors-Beac'h. Prononcez « Pors-ber » et surtout pas « Pors-bitch », à l'anglaise. Car vous êtes sur le site historique du renouveau de la culture maritime bretonne. C'est ici, pas très loin de Brest, qu'eut lieu en juillet 1980 le premier rassemblement de vieux gréements.
Sur les 7 kilomètres de quai des cinq ports de la ville, c'est la fébrilité, et partout résonnent les coups de marteaux: ici on monte les tréteaux des sept scènes, là les tentes d'apparat des exposants et des sponsors; la cale d'où sera lancé, dimanche, le «Notre-Dame de Rumenghol» ressemble encore à un jeu de mécano géant inachevé. Mercredi, les dockers et l'artiste ont achevé l'installation, sur les façades mortes des quatre coins du port, des quarante fresques sur papier, réalistes et poétiques, peintes par Paul Bloas qui depuis des mois a croqué, sur les quais, dockers, marins et ouvriers de la criée.
La Marine nationale, co-organisatrice du rassemblement avec la ville, se prépare à ouvrir au public la préfecture maritime (le mythique «château») et les beaux et mystérieux quais de la Penfeld où les curieux pourront visiter sous-marins, frégates, avisos et voiliers-écoles. Jeudi, les bateaux en tout genre arrivaient et ce mouvement s'est accéléré le soir. Certains d'entre eux (Australiens, Américains) naviguent depuis de longs jours... vingt-huit nationalités sont représentées (la Grande-Bretagne par 720 voiliers!). 35 des 2.500 bateaux ont plus de cent ans et le trois-mâts français Belem (58 mètres) fête son centenaire cette année. 30 voiliers ont plus de 35 mètres, le plus grand étant l'Ukrainien «Khersones» avec ses 105 mètres.
Chaque jour de 10 heures à 20 heures, se succéderont dans la rade régates et parades mais aussi hélitreuillages, démonstrations de sauvetage par des chiens de Terre-Neuve, chargements de gabares, etc. A quai, les animations seront permanentes: construction navale avec charpentiers, cordiers, poulieurs, etc.; expositions liées à la mer; des dizaines d'animations et d'ateliers pour les enfants; des jeux traditionnels celtiques... Un chapiteau de 3.000 mètres carrés accueillera le salon «Patrimoine des côtes et fleuves de France» où l'on connaîtra le lauréat du deuxième concours. L'association Cinémaritime présentera dans une salle, et le soir sur un écran géant face à la mer, cent heures de films maritimes. Sur un bassin géant, circuleront 300 maquettes de bateaux prestigieux.
Les musiques des grandes régions maritimes du monde - et donc la musique celtique - seront au rendez-vous avec 250 groupes et 2.200 musiciens, dont les 1.001 sonneurs qui, dimanche à 17 h 30, accompagneront Alan Stivell pour ce qui sera un des temps forts de cette fête des amoureux des embruns marins. Enfin, tous les soirs, les 7 kilomètres de quai seront illuminés par une mise en lumière et par un feu d'artifice. Les festivités se poursuivront tard chaque nuit dans les bars et les guinguettes installés dans le port. Le mercredi 17, des coups de canon annonceront le départ de la régate de 35 miles nautiques qui mènera la flotte à Douarnenez. A bord, tout est paré, que la fête commence!
FRANÇOISE LANCELOTBelle ambiance. Mais personne, à l'époque, ne pouvait imaginer que Pors-Beac'h allait donner naissance aux plus gigantesques fêtes jamais organisées en Bretagne. Le renouveau de la culture bretonne, ne le cherchez pas à Douarnenez, Saint-Malo ou Brest. Quand dans les années 70 se lève le vent nouveau, il ne vient pas de la mer. Il vient de la terre. De l'Argoat, de Stivell, des festou-noz de Poullaouën ou de Spézet et d'un patrimoine breton fait de pierre, de landes et de kan-ha-diskan.
Ce n'est que plus tard, dans le sillage de quelques passionnés, que la culture maritime renaîtra, à son tour, dans le berceau de Pors-Beac'h. Bernard Cadoret le précurseur Jakez Kerhoas, fils du fondateur des classes de mer, est tombé dedans quand il était petit. Et il n'en est toujours pas ressorti. De Pors-Beac'h 80 à Brest 96, il est l'inamovible acteur et témoin des fêtes de la voile traditionnelle. De cette renaissance, il garde quelques solides repères : « Il y eut, bien sûr, dit-il, les « Old Gaffers » de Saint-Malo, une association de propriétaires de vieilles coques.
Et puis, plus tard, Bernard Cadoret a fait oeuvre de précurseur en lançant les bases d'une véritable ethnologie de la mer, à travers des ouvrages de référence, comme « Ar Vag », consacré à la voile au travail en Bretagne-Atlantique ». Bernard Cadoret, les spécialistes le savent, avait repris la revue « Le Petit Perroquet ». Il en fera le superbe « Chasse Marée », pilier de la culture maritime et de l'organisation des plus grandes fêtes de la mer. La naissance d'un concept A l'aube des années 80, le mouvement s'amorce. Et c'est une escale des Old Gaffers, à Pors-Beac'h (commune de Logonna-Daoulas), qui servira de prétexte au premier rassemblement. Avec trois potes aux commandes : Gilbert Le Moigne, prof d'anglais et culturel de l'équipe, Henri Gourvès, le gestionnaire, devenu directeur régional du Crédit Industriel de l'Ouest et Jakez Kerhoas, organisateur-animateur que sa licence en droit avait fait préférer la barre des bateaux à celle des tribunaux.
Et dès le départ, Pors-Beac'h a réuni tous les éléments d'un concept sur
lequel reposent Brest 96 et bien d'autres fêtes, y compris à l'étranger comme Bristol 96 : des bateaux, des animations sur les quais, des victuailles pour aller avec et même un premier partenaire. « Eric Chourenoux, le directeur d'Elf-Aquitaine Norvège, nous avait envoyé un chèque de 30.000 F. C'était un passionné, propriétaire d'un superbe bateau de 25 m, l' « Anna-Afsand ».
« Je me faisais insulter » « Il y avait les marins mais aussi les agriculteurs du coin. Ils nous avaient donné un bon coup de main. Cette fête, c'était comme une première osmose entre la mer et la terre. Question bouffe, on n'avait pas lésiné : un kig-ha-farz pour 1.500 personnes, cuit dans une cuve à chauler les tuiles.
Avec une buvette de 70 m où on ne servait pas n'importe quoi. Il y avait même du Léoville-Lascazes, 2e grand cru classé de Bordeaux. Aujourd'hui, tu ne trouves pas une bouteille à moins de 500 balles ! » Seul problème : le prix d'entrée, fixé à 30 F (environ 62 F actuels) : « On voulait se donner les moyens de notre liberté, insiste Jackez Kerhoas.
Ce n'était pas une kermesse. Mais tu ne peux pas savoir comment je me suis fait insulter à cause du tarif d'entrée. « Pourri », « vendu »... Surtout par certains baba-cool de l'époque. » Les râleurs, Jackez les envoyait aux moules. Depuis, on vous prévient, il n'a pas beaucoup changé... « Vous connaissez quelque chose aux bateaux ? » Et puis, il y avait, bien sûr, les bateaux. Sur le budget de cette fête (environ 500.000 F), Jakez et ses potes avaient même acheté, pour 75.000 F, deux Oselvar norvégiens, construits en direct.
L'amorce d'un mouvement qui donnera naissance à bien d'autres bateaux, à toute une série de fêtes (Pors-Beac'h 82 et 84, Douarnenez 86 et 88, Brest 92 et maintenant 96) et à l'émergence de quelques figures de proue. Telle Anne Burlat, cette Parisienne candidate à un poste au Chasse-Marée. Jackez raconte : « On avait reçu sa candidature. Elle avait le profil. Quand je l'ai appelée au téléphone, je lui ai demandé : « Vous connaissez quelque chose aux bateaux ? ». Elle m'a répondu « Rien du tout ». Je lui ai dit « OK. Ne dîtes plus jamais ça. » Depuis, Anne Burlat est devenue une spécialiste mondiale de la voile traditionnelle. Si, si. Même le maire d'un port hollandais est récemment venu le dire à Brest. Preuve que Pors-Beac'h a aussi fait quelques miracles. René Perez
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