Armé à Lorient, basé en Nouvelle-Calédonie jusqu’en 2000 puis au Port des Galets à La Réunion, la frégate de surveillance Nivôse a parcouru l’équivalent de trente-six tours du monde depuis son admission au service actif le 16 octobre 1992.
Son intense vie opérationnelle le conduit à défendre les intérêts de la France du Moyen-Orient aux 50ème hurlants, en passant par les Iles Eparses. Ses équipages successifs ont ainsi veillé au respect de la souveraineté française et à la protection de ses ressources dans les TAAF, pris part à l’opération ATALANTA de lutte contre la piraterie, combattu un incendie majeur qui a ravagé la salle des machines en 2014, apporté de l’assistance humanitaire lors de catastrophes naturelles comme le cyclone Idai au Mozambique en 2019 ou encore secouru le navigateur Kévin Escoffier lors du Vendée Globe 2020.
Parrainé par la ville de Saint-Pierre, le Nivôse a rassemblé autorités civiles et militaires lors d’un évènement anniversaire le 13 septembre mais fêtera véritablement ses 30 ans en mer, lors d’une mission CTF 150 de lutte contre le narcotrafic au nord de l’océan Indien.
Saint-Pierre-de-La-Réunion est la ville marraine de la Frégate de Surveillance F732 «Nivôse», de la Marine nationale, dont le parrainage a été agréé par l'autorité militaire (CEMM) le 10 janvier 2018 et publié le 1er février 2018 (BOC n° 4 - Texte n° 14) au Bulletin Officiel des Armées (Journal Officiel).
29 MAI - 30 JUIN 1953 : Le Musée de la France d'Outre-mer à Paris abrite le "Salon de l'Armée".
Deux oblitérations mécaniques Flier à "PARIS 108 / 7 et 9 BD HAUSSMANN " et
RBV à "PARIS VII / RUE CLERC (7e)" sont mises en service à partir du 20 mai avec flamme "SALON / DE / L'ARMÉE / (allégorie) / MUSÉE FRANCE D'OUTRE-MER/ PARIS 29 MAI- 30 JUIN 53".
Marion Dufresne Saint-Malo exploration Nouvelle Zélande Maori 1772
La mort de Marion par Charles Meryon
Dans l’histoire des voyages, Marion-Dufresne est surtout connu par sa fin tragique ; en 1772, il a été tué, puis mangé par les Maoris de la Nouvelle-Zélande. Pourtant c’est aussi, tout autant que Kerguelen, un découvreur des terres australes, mais dans des conditions différentes, puisqu’il n’a pas l’aide de la Marine royale au contraire de celui-ci, et son voyage est une expédition privée.
Cette communication sera consacrée essentiellement au déroulement et au résultat de ce voyage, cependant il ne peut être compris sans un rappel de l’apprentissage de Marion-Dufresne et de ses précédentes expériences
Marc-Joseph Marion-Dufresne appartient à une famille de négociants et d’armateurs installés à Saint-Malo depuis le début du XVIIIe siècle. Son père, Julien, fait au moins un voyage au Pérou comme subrécargue sur le Marquis de Vibraye, de 1711 à 1715; il est aussi capitaine corsaire, ainsi en 1705 et 1706 sur la Marie-Madeleine
A Saint-Malo la famille du Fresne
Saint-Malo
Entre le 6 et le 14 août 1944, l'ancien hôtel MARION du FRESNE, situé au n° 5, rue Saint-François Intra-Muros fut incendié par les obus américains tombés sur la ville qui fut détruite à 79 % pendant les combats de la Libération.
Plaque à la mémoire de Marc-Joseph Marion Dufresne et son équipage, Bay of Islands, Nouvelle-Zélande
À propos des boiseries du Cabinet de Monsieur le Maire Cet ensemble exceptionnel de boiseries en chêne sculpté comprend : 1° - une cheminée monumentale de type adossé 2° - un plafond à caissons 3° - des boiseries d’accompagnement (lambris bas et de hauteur, portes). Il fut réalisé, vers 1675, pour la pièce d’apparat de la grande maison que se firent construire cette-année-là, dans la ville de Saint-Malo, André MARION sieur du FRESNE, négociant, et son épouse Hélène-Séraphique MAGON, dame de la VILLEPOULET, riche héritière qui lui avait apporté une dot de 600 000 livres lors de leur mariage (soit l’équivalent de neuf millions d’euros).
L’arrêt du chantier de décoration intérieure du parlement de RENNES, par suite de la révolte du papier timbré, précisément cette même année 1675, permit à ces commanditaires de faire alors appel à l’un des meilleurs ateliers en exercice depuis une dizaine d’années, à savoir les maîtres menuisiers et sculpteurs Pierre du MESNIL et François GILLET.
Ces artistes firent également la décoration de plusieurs hôtels de parlementaires, à RENNES notamment, place des Lices.
En 1931, la famille propriétaire de l’ancien hôtel MARION du FRESNE qui comportait aussi une très belle porte sculptée extérieure, vendit les boiseries du premier étage à un antiquaire d’AMIENS. Elles furent ainsi présentées en 1939 à une exposition à NEW-YORK. Entre le 6 et le 14 août 1944, l’ancien hôtel MARION du FRESNE, situé au n° 5, rue Saint-François Intra-Muros fut incendié par les obus américains tombés sur la ville qui fut détruite à 79 % pendant les combats de la Libération.
Ce qu’il en restait ne permettait pas alors d’envisager la reconstruction "à l’identique" des façades comme cela fut fait pour d’autres immeubles protégés par l’État (Monuments historiques). Alors que la reconstruction de l’Intra-Muros avait été commencée, le Maire, Guy LA CHAMBRE, ancien ministre, fut informé de l’existence des boiseries de l’ancien hôtel MARION du FRESNE, alors en vente à la Maison JANSEN, à PARIS.
Il décida d’en faire l’acquisition. L’ensemble fut classé aussitôt le 26 juillet 1949 pour permettre de financer son retour et son adaptation au premier étage de l’ancien appartement du Lieutenant du Roi, puis du Commandant militaire de la place, devenu Hôtel de Ville en 1952.
Cette mise en place nécessita notamment de percer une travée supplémentaire de fenêtres au rez-de-chaussée et aux deux étages de ce bâtiment.
1° - La cheminée monumentale est du type dit "à la Française" couramment employé dès le règne de Louis XIII. À cette époque en effet, les conduits de cheminée sont encore placés les uns devant les autres, ce qui oblige à avancer de façon sensible les cheminées dans les pièces. La cheminée est ainsi adossée et non pas engagée dans le mur. Son manteau et sa hotte droite sont entièrement recouverts de boiseries sculptées. L’habillage est réalisé en chêne comme le reste des boiseries.
Au milieu du linteau figurent les armoiries reconstituées des commanditaires : MARION DU FRESNE : d’argent au palmier de sinople, accosté de deux sautoirs pattés et alésés de gueules.
MAGON : d’azur au chevron d’or accompagné en chef de deux étoiles de même et en pointe d’un lion aussi d’or, couronné d’argent. Le trumeau de la cheminée s’orne en son centre d’un grand médaillon circulaire du même style que ceux du plafond et qui devait contenir comme ces derniers un tableau allégorique.
Le volatile qui surmonte l’ensemble a pu être identifié à un aigle, emblème traditionnel depuis l’Antiquité de la Force et de la Majesté, mais il semble qu’il faut y voir ici, en raison de la situation sur la cheminée de la pièce principale d’une grande maison, le phénix, l’oiseau légendaire, de même grandeur que l’aigle, symbole de longévité parce qu’il a le pouvoir de renaître de ses cendres. Cet animal fait en effet ici directement allusion au grand incendie qui avait détruit 287 maisons en 12 heures de temps, seulement 14 ans avant la construction de l’hôtel MARION du FRESNE (27 & 28 octobre 1661) et qui avait désolé la ville, rebâtie ensuite en granite, plus belle et plus riche.
Dans cette Maison Commune, face au bureau de son Maire, ce phénix symbolise et résume ainsi l’histoire de cette ville de Saint-Malo, deux fois détruite, deux fois reconstruite.
2° - La plafond dit "à caissons" avait été remis à la mode en France sous l’influence de l’Italie à la période de la Renaissance. Composé de boiseries à compartiments, il permettait de dissimuler les poutres et les solives sous un riche décor peint et sculpté. Ce plafond est ainsi seulement divisé en trois travées par deux poutres transversales parallèles à la cheminée. Ces travées s’ornent chacune de trois cadres, de forme ovale ou circulaire.
La famille MARION DU FRESNE s’est également illustrée dans l’exploration maritime. En effet, Marc Joseph MARION du FRESNE, né à Saint-Malo en 1724, arrière-petit-fils des commanditaires de ce décor, découvrit l’île qui porte son nom : l’Ile Marion et l’Ile du Prince-Edouard au large de l’Afrique du Sud et l’Archipel Crozet, au sud de l’Océan Indien. Il fut massacré en juin 1772, en Nouvelle-Zélande avec une douzaine de ses hommes après avoir abattu un arbre tabou.
Sources
Mairie de Saint-Malo
Philippe PETOUT Conservateur en Chef des Musées de la Ville de Saint-Malo
Le 18 mars 1871, une émeute éclate à Paris, sur la butte Montmartre. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire de la République, renonce à la réprimer et s'enfuit à Versailles avec tous les corps constitués.
C'est l'amorce de la « Commune ». Maîtres malgré eux de la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes et ouvriers vont offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour toutes de la « question sociale ».
La Commune de Paris est écrasée durant la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871, pendant laquelle près de 20 000 Communards trouvent la mort. Les survivants sont souvent déportés.
La Commune ? "Son véritable secret, le voici : c’était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du Travail." Pour Marx, nul doute : la "guerre civile" qui s’était produite en France entre le 18 mars et le 28 mai 1871 avait été une guerre de classes, opposant la classe ouvrière de la capitale à la bourgeoisie gouvernée par monsieur Thiers.
Humainement, le bilan de la Semaine sanglante est désastreux. Il n’y a pas de réel consensus parmi les historiens pour chiffrer le nombre exact des morts mais, globalement, on estime qu’entre 3 000 et 5 000 fédérés sont morts au combat et qu’environ 20 000 autres ont été massacrés. Par exemple, en 1897, un charnier de 800 communards est retrouvé dans le quartier de Charonne. Bien souvent, les exécutions avaient lieu à la mitrailleuse…
En comparaison, du côté des Versaillais, il y aurait eu entre 500 et 800 tués et 5 000 blessés.
Déroulement de la Semaine sanglante
Dimanche 21 mai
Le dimanche 21 mai, entre 14 et 15 heures, Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées et indicateur de l’armée versaillaise, découvre que la porte de Saint-Cloud et ses environs ne sont plus gardés. Il alerte les lignes versaillaises positionnées dans des tranchées creusées en contrebas, du côté du parc des Princes.
Informé par le capitaine de frégate Auguste Trève, le général Douay en réfère à Adolphe Thiers, qui ordonne à l’armée régulière de pénétrer dans Paris. Libéré sur ordre de Douay après avoir été brièvement arrêté par les soldats qui craignaient une ruse des fédérés, Ducatel guide ensuite la division Vergé, alors commandée par le colonel Piquemal, vers le Trocadéro.
Le Conseil de la Commune, qui est en train de juger Cluseret, ancien délégué à la guerre tombé en disgrâce pour incompétence, n’envoie aucun renfort, malgré la demande qu’avait formulée le général Dombrowski qui commande le secteur.
Le Comité de salut public dépêche un observateur qui est fait prisonnier par les versaillais. L’armée de la République occupe Auteuil et Passy. Ils fouillent systématiquement les maisons, procèdent sur dénonciation à des arrestations et commencent à fusiller les gardes nationaux du secteur, qui seront ensuite conduits au cimetière de Longchamp. Au même moment se déroule la dernière réunion du Conseil de la Commune.
Lundi 22 mai
Au matin, les versaillais occupent les 15e et 16e arrondissements. Le reste de Paris apprend enfin la nouvelle par une affiche signée de Charles Delescluze, délégué à la Guerre. À la suite de cette proclamation, une grande partie des combattants de la Commune se replie dans leurs quartiers pour les défendre, abandonnant toute lutte coordonnée et rendant impossible toute contre-attaque pour repousser les versaillais.
Des barricades s’érigent un peu partout dans Paris dans une ultime volonté défensive. L’armée de Thiers prend dans la journée le 7e, 8eet 17earrondissement, durant leur offensive, les troupes versaillaises procèdent à de très nombreuses exécutions sommaires. Tout communard combattant est abattu.
Mardi 23 mai
Implacablement les forces versaillaises continuent à envahir Paris. Sur leur route les exécutions sommaires sont nombreuses. Face au chaos et à la débandade des forces communardes, le Comité de salut public publie, en vain, un appel à la fraternisation entre les troupes versaillaises et le peuple. Pendant les combatsle général Jaroslaw Dombrowski est tuérue Myrha. Cet ancien général de l’armée russe avait offert ses compétences à la Commune de Paris et avait commandé la 11elégion de la Garde nationale. Il était, avec son compatriote polonais Walery Wroblewski, en exil à Paris après avoir participé aux insurrections polonaises de 1861-1864. Il y réclamait déjà la démocratie, la fin du servage et l’indépendance polonaise face à l’Empire russe.
Dans la soirée débutent les premiers incendies de grands bâtiments parisiens.
Mercredi 24 mai
Les incendies, qui débutèrent la veille, continuent et s’amplifient. Les dirigeants communards évacuent etfont incendier volontairement l’Hôtel de Ville, la Préfecture de police et le Palais de justice. À la prison de la Roquette, les communards exécutent l’archevêque de Paris Georges Darboy et cinq autres otages, dont le président Bonjean. Face à l’implacable répression, l’espoir de changer le vieux monde s’est transformé en politique de la terre brûlée.
Jeudi 25 mai
Des combats acharnés à la Butte-aux-Cailles font rage. Le général Wroblewski résiste tant bien que mal face aux forces versaillaises. Place du Château d’Eau Charles Delescluze, délégué à la Guerre de la Commune, est tué. Wroblewski est proposé pour le poste de commandement en chef des forces de la Commune. Il le refuse, arguant du peu d’hommes restants capables de se battre de manière disciplinée et coordonnée, et terminera la Semaine sanglante en se battant comme simple soldat.
Vendredi 26 mai
Pendant la journée du 26 mai, toutes les forces communardes sur la rive gauche de la Seine sont tuées, arrêtées ou mises en déroute. Seul le nord-est de la ville continue le combat autour des Buttes-Chaumont et du cimetière du Père-Lachaise. Les exécutions sommaires sont nombreuses dans les deux camps. Au Panthéon de nombreux·ses communard·e·s sont massacrés et 52 prisonniers de la Roquette soupçonnés de sympathie pour Thiers sont exécutés au 85 de la rue Haxo.
Samedi 27 mai
Large offensive versaillaise au cimetière du Père-Lachaise où l’on combat à l’arme blanche entre les tombes. 147 Fédérés, combattants de la Commune, sont fusillés et jetés dans une fosse ouverte au pied du mur des Fédérés. Ce mur deviendra le lieu habituel de la commémoration de la Commune. Les Buttes-Chaumont tombent aussi sous la coupe des troupes versaillaises. Le soir même il ne reste plus que le quartier de Belleville aux mains des communards.
Dimanche 28 mai
Dans une ultime bataille, les dernier·e·s Communard·e·s tombent à Belleville. Si le lieu de la dernière barricade est incertain, une plaque commémorative des derniers combats se trouve rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement de Paris. Face aux 130 000 soldats versaillais déployés pour l’opération de reprise de la ville, entre 25 000 et 30 000 communard·e·s combattant.es auront résisté tant bien que mal. Il ne reste plus que le fort de Vincennes encerclé par les Allemands, il se rendra sans combattre le lundi 29 mai.
Répressions et conséquences de la Commune
Le bilan officiel, rapporté par le général Appert devant l’Assemblée nationale en 1875, fait état de 43 522 arrestations, dont 819 femmes et 538 enfants. 7 700 qui avaient été arrêtés par erreur sont relâchés. Mais au camp de Satory où sont parqués beaucoup des arrêtés, le calvaire continue : aucune hygiène, peu de soins pour les blessés, les épidémies se développent. On abat 300 prisonniers pour tentative de fuite dans la nuit du 27 au 28 mai.
Des prisonniers fédérés furent transférés dans les pontons et ports de l’ouest de la France; à Brest, Lorient, Cherbourg et Rochefort, ces transferts eurent lieu dans des wagons à bestiaux dans des conditions sanitaires volontairement déplorables. Environ 20 000 y furent détenu·e·s pendant plusieurs mois, au moins1 000 y moururent.
Aucun bilan officiel ne vient par contre établir le nombre exact de morts durant la Semaine sanglante. Il est vrai qu’entre les exécutions sommaires et les morts des combats, il a longtemps été compliqué d’établir un nombre qui fasse consensus. Ainsi le nombre de morts a été longtemps gonflé artificiellement pour rendre le massacre encore plus sanglant qu’il ne l’était, ou alors minimisé par les autorités responsables du massacre. Choisir un chiffre dans la large fourchette entre 10 000 et 100 000 morts était alors un choix politique de ralliement; au même titre qu’aujourd’hui, choisir de retenir les chiffres de la préfecture ou les chiffres de laCGTpour une manifestation n’est pas politiquement neutre. Avec les années et le recul, on considère généralement qu’il y aurait eu environ30 000 morts. Un tiers serait mort au combat, les deux tiers restants étant tués lors d’exécutions sommaires.
Car c’est là que la Semaine sanglante fut la plus horrible. Car à l’arrière des combats et après avoir reconquis chaque quartier, l’armée versaillaise a systématiquement fait appel à des mouchards pour débusquer les sympathisants de la Commune. La reconquête militaire s’accompagnant d’une purge politique de tous les opposants au régime de Thiers.
Le tout dans l’urgence la plus totale. Car le gouvernement souhaitait restaurer l’État de droit une fois la ville reprise. Il fallait donc exécuter le plus rapidement possible le maximum de Communard·e·s pour éviter que la justice puisse être indulgente avec les insurgés. Ainsi sur les 46 835 communard·e·s fait·e·s prisonnier·e·s, «seulement» 95 seront condamné·e·s à mort quand il y aurait eu environ 20 000 exécutions sommaires.
Cette même «justice» préfèrera en fin de compte déporter massivement les communard·e·s vers la Nouvelle-Calédonie afin de s’assurer qu’ils ne «contamineraient» plus la société.
La répression des différentes insurrections de 1870-1871 continua année après année. Empêcher toute résurgence insurrectionnelle devient le leitmotiv du gouvernement de Thiers.
Si Paris est purgée des révolutionnaires tués, déportés, emprisonnés ou en exil, le gouvernement cherche à affaiblir tout mouvement révolutionnaire, et criminalise ainsi l’appartenance à l’Internationale le 14 mars 1872 [2], provoquant un fort recul de l’organisation.Adolphe Thiers se souvient que la Commune de Paris fut précédée par la Commune de Lyon; où Mikhail Bakounine et d’autres membres de l’AITavaient proclamé la Commune de Lyon au balcon de l’Hôtel de Ville. La répression exacerbe les débats déjà houleux entre bakouniniens et marxistes au sein de l’organisation.
Mikhail Bakounine en sera exclu lors du congrès de La Haye (du 2 au 9 septembre 1872) et la Première Internationale finira par disparaître en 1876, marquant une scission définitive du mouvement socialiste entre antiautoritaires et autoritaires.
si la Commune et ses aspirations sont écrasées, ses idées ne craignent pas la mitraille. La IIIe République, devenue républicaine après la fin du gouvernement de Thiers, s’inspirera des réalisations de la Commune de Paris pour mettre en place ce qui reste encore de ses plus grandes réformes démocratiques. La séparation de l’Église et de l’État, la scolarité gratuite pour tous, le droit d’association ou encore la loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats, la réaffirmation de la liberté de la presse, etc. ; mais tout en renforçant les dispositifs légaux et policiers de répression contre toute contestation politique radicale. Ainsi les lois scélérates de 1893-1894 modifient la loi de 1881 sur la liberté de la presse qui ne punissait que la provocation directe ; désormais la provocation indirecte est condamnable, la fameuse « apologie » qui permet encore aujourd’hui la répression à tout va de tout discours non conforme à la normalité républicaine. Le tout sans compter toutes les boucheries orchestrées, organisées et perpétrées par cette fameuse République civilisatrice lors de sa vaste campagne de colonisation en Afrique, en Asie et dans le Pacifique ; ou pendant les deux guerres mondiales. La Semaine sanglante fut ainsi une expérience concentrée de ce que fut la Troisième République dans son ensemble, entre réalisation démocratique, répression et bain de sang.
1756 Echange de prisonniers Granville Chausey Guernesey
Une lettre intéressante datée de 1756 adressée par Jean-Baptiste Machault d'Arnouville secrétaire d'Etat à la Marine de Louis XV évoque des échanges de prisonniers entre Granville et Guernesey.
Carte générale des Isles Grenesey, Jersey, Aurigny, Chausey , etc. par le chevalier de Beaurain
Les îles Chausey furent l'objet continuel des convoitises des Anglais désireux de les annexer à leurs îles de la Manche. Au moment, où l'Angleterre revendique la propriété des Minquiers, des Ecréhou et des Dirouilles, il nous a paru intéressant de rappeler les tentatives jadis faites par elle sur les Chausey pendant nos guerres maritimes du XVIII" siècle, où elle s'en empara à plusieurs reprises, sans pouvoir toutefois en conserver la possession.
Messieurs, M. le Tourneur m'ayant informé que le commandant de l'escadre anglaise qui a renvoyé tous les françois qui étaient sur l'île de Chaussé lorsqu'il s'en est rendu maître, a demandé qu'en échange, on mette en liberté les prisonniers de la nation qui sont détenus à Granville...
Sa majesté veut bien consentir qu'on renvoie les habitants de Guernezey qui au mois de février dernier on été rejetez par un coup de vent sur la côte de Granville où ils sont détenus depuis ce temps là..
Le Tourneur de Granville
Ces actes d'intervention eurent du moins un résultat heureux: celui d'affirmer hautement dès le XVIIIe siècle les prétentions légitimes de la France sur les îles Chausey. Il y eut comme une prise de possession officielle de cet archipel par le roi Louis XV, malgré les convoitises et les menées ténébreuses des Anglais intéressés à nous en disputer la jouissance. A une époque où nous perdions notre empire colonial de l'Amérique et de l'Inde, ce petit groupe d'îles et d'îlots, que les traités ne mentionnaient même pas, entra effectivement dans le patrimoine français.
Le phare de Chaussey - photo JM Bergougniou
Minuscule acquisition pour compenser de si grandes pertes! C'était toutefois un succès que de ne pas les avoir abandonnés à l'ennemi. Granville et Saint-Malo restaient couverts, et Jersey était surveillée. Bien plus, au XVIIIe siècle même, pendant la guerre de l'indépendance américaine, Chausey allait être le point de départ d'une expédition qui tenta de rendre cette grande île anglaise à la France, et qui faillit réussir.
L'archipel des îles Chausey pouvait, au xviii siècle, être un nid de contrebandiers ou une solide station douanière. Avant 1736, il était un asile permanent de la fraude. Dans une situation équivoque, à portée des îles anglaises d'Aurigny, de Guernesey et surtout de Jersey, à portée aussi du littoral du Cotentin et de Bretagne, n'étant soumis à aucune surveillance rigoureuse, il se prêtait très facilement au commerce de contrebande. De tout le faux sel, de tout le faux tabac, de toutes les étoffes anglaises qui inondaient la Normandie et la Bretagne, les cinq sixièmes venaient des îles anglo-normandes.
Jersey surtout, la plus habitée et la plus commerçante, entretenait, malgré les édits et les châtiments sévères infligés aux délinquants, un trafic illégitime continuel avec la France. Elle était remplie de réfugiés français, faux-sauniers et contrebandiers de toute espèce qui avaient échappé par la fuite aux galères, et qui n'en conservaient pas moins des relations avec leur pays d'origine. Des complices veillaient sur les côtes françaises; par des signaux convenus,
Ils avertissaient les chaloupes chargées de contrebande de l'opportunité ou du danger d'un débarquement. La nuit, un nombre déterminé de feux allumés, éteints et rallumés une certaine quantité de fois sur des hauteurs désignées à l'avance; le jour, des Colonnes de fumée ou des perches garnies d'étoffes de couleurs variées indiquaient aux fraudeurs la présence ou l'absence des commis de la ferme. Quand les signaux n'étaient pas favorables, les barques sorties de Jersey avaient la ressource de relâcher à Chausey et d'y attendre en sécurité le moment propice pour aborder.
Dès avant la déclaration de guerre, le 3 décembre 1755, des fraudeurs en nombre supérieur assaillirent en mer l'équipage de la patache et en massacrèrent la plus grande partie.
la grande île Chausey
Pendant la guerre de Sept ans, les Anglais de Jersey vinrent régulièrement brûler du varech et tirer de la pierre dans la Grande Ile. Mais comme ils n'y créèrent pas d'établissement à demeure, des journaliers français, carriers et barilleurs, y revinrent après la paix de Paris. Le gouvernement britannique ne fit entendre aucune protestation à ce sujet. Ce ne fut toutefois qu'avec d'infinies précautions que le cabinet de Versailles autorisa la réoccupation des Chausey par des autorités françaises.
Le traité de Paris n'en avait pas soufflé mot: le duc d'Harcourt, gouverneur de Normandie, les croyait habitées par des Anglais de Jersey et proposait de les réclamer ouvertement à la Cour de Londres.
Le secrétaire d'État des affaires étrangères, Choiseul-Praslin, avant toute démarche, demanda des renseignements à l'intendant de Caen Fonlette sur la situation présente de ces îles.
Il eut soin de lui marquer que d'après ses informations, elles étaient fort négligées par nous, et qu'elles étaient devenues pour ainsi dire neutres par le fait des deux nations
Un ministre anglais n'eut pas dit mieuxI Mais le subdélégué de Coutances, Mombrière, se hâta d'envoyer à Fonlette des renseignements plus exacts et de protester contre cette prétendue neutralité et contre cette abdication, à la légère, de nos droits les plus légitimes. Il demandait en même temps que pour dissiper toute incertitude, la France se pressât de reprendre effectivement possession de l'archipel.
Au lendemain de la paix, un Français que les corsaires de Jersey avaient autrefois obligé à évacuer la Grande Ile s'était hasardé à y reconstruire une petite cabane. Ce fut le premier acte de propriété qu'on osait depuis la guerre. Cet homme, qui s'appelait Régnier, avait été capitaine de patache pour les fermiers généraux, puis officier de corsaire : il en avait même commandé un en chef, mais les Anglais le lui avaient enlevé.
Jean-Baptiste de Machault, comte d'Arnouville, seigneur de Garge et de Gonesse, est un administrateur et homme politique français né à Paris le 13 décembre 1701 et décédé le 12 juillet 1794 . Intendant de la province de Hainaut à Valenciennes puis contrôleur général des finances de Louis XV puis secrétaire d'Etat à la Marine et garde des sceaux de France. En conflit avec Mme de Pompadour, il tombe en disgrâce et meurt en 1794 à la prison des Madelonnettes.
Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson, est un homme d'État français qui fut lieutenant général de police à la suite de son père, ministre d'Etat et secrétaire d'Etat à la guerre de Louis XV de janvier 1743 à février 1757
LA QUESTION DES ÎLES CHAUSEY au XVIII SIÈCLE par FÉLIX MOIJRLOT
~~ PROFESSEUR D'HISTOIRE au LYCÉE DE CAEN
(Extrait du Bulletin de géographie historique et descriptive N° 1. -7- 1898)