15 février 2022

SPID 686 EFS Dakar Sénégal

SPID V A 686 EFS  Dakar Sénégal

Une enveloppe en provenance des Eléments Français à Dakar va nous donner l'occasion de parler de Dakar qui est une ville neuve comparée aux villes de Gorée ou Saint-Louis

Eléments Francençais au Sénégal V A 686 SPID 
Gorée est restée longtemps le seul point de relâche des bateaux mais semble incapable de recevoir des dépôts de charbon pour les compagnies maritimes.

A l'époque la production d'arachide représente 70% des exportations. Saint louis et Gorée périclite - Gorée est trop exiguë, la rade de Saint-Louis inadéquate, la barre et le déplacement de la passe retardent les navires-  





II convenait désormais de préparer la venue des paquebots de la compagnie des Messageries impériales dont deux étaient attendus chaque mois à Gorée. 


« De plus, un grand nombre de bâtiments de guerre et de commerce, sans compter ceux de la division, touchent à Gorée comme point de relâche et de ravitaillement, et tout le monde sait combien sont dangereux les Almadies et les brisants de la baie d' Yof et avec quel soin les navigateurs s'en tiennent prudemment éloignés. 
A partir de 1895, la création du gouvernement général fait du Sénégal le siège de l'A.O.F  

Dakar devient capitale de l'A.O.F en 1902 grâce à Émile Pinet-Laprade, gouverneur du Sénégal, qui se démène pour la doter d'infrastructures dignes d'une capitale, en particulier son port.

Le conseil d'amirauté consulté demande la création d'un port à Dakar et « exprime l'avis que le peu d'étendue de l'île de Gorée ne permettra jamais d'y faire un travail suffisant pour les besoins à prévoir et que la création d'un petit port ou barachois y présenterait des difficultés par suite du mouvement et de la profondeur des eaux ; mais que la conformation de la baie de Dakar, la tranquillité relative de ses eaux et leur peu de profondeur, ainsi que la proximité des matériaux propres à faire une jetée, permettraient d'y établir un abri et de cette anse en un port ou barachois de nature à obvier à toutes les difficultés qui existent aujourd'hui.


Par décret du 23 mai 1860, le gouvernement institue une compagnie disciplinaire des colonies pour travailler au port. Arrivée à Gorée le 17 août 1861, cette compagnie est affectée à Dakar aux établissements nécessaires aux travaux du port. Elle commence par construire les baraques destinées au logement des disciplinaires. Privés de toute communication avec les autres troupes et les indigènes, ces sont surveillés de très près par la brigade de gendarmerie installée à Dakar au début de mars 1862


Les entrepreneurs privés commencent même à y croire, tel ce marquis de Rays qui au début de 1862 demande une concession de terrain pour y installer une usine de fabrication d'huile d'arachide : « notre colonisation ne s'appuierait plus à peu près uniquement sur le commerce mais encore sur la culture réunie à l'industrie ».


Le 27 avril 1863, Pinet-Laprade, commandant supérieur de Gorée, fait le point sur les travaux du port de Dakar qui « seront complètement terminés au Ier septembre prochain, c'est-à-dire qu'à cette époque nous aurons un vaste emplacement traversé par des voies ferrées, susceptibles de recevoir 10.000 tonnes de charbon, une jetée de 300 mètres de longueur et un appontement de 150 mètres couronné aussi par des voies ferrées aux précédentes et permettant aux navires charbonniers d'un tirant d'eau de 5 à 6 mètres d'accoster et par suite d'opérer leur déchargement dans les meilleures conditions de sûreté et de rapidité.

D'après ces considérations, la commission estime que dans l'intérêt seul de notre marine militaire, la construction d'un port à Dakar, l'organisation d'un grand dépôt de charbon, d'un atelier pour la réparation des machines, la construction de magasins capables de recevoir des approvisionnements de vivres et de matériel en rapport avec les besoins de notre marine seraient d'une grande utilité. Quant à l'organisation du dépôt de charbon, la commission est d'avis que le moyen le plus économique et le meilleur à tous les points de vue consisterait à s'entendre avec la compagnie des Messageries impériales pour qu'elles s'engagent à fournir le charbon aux bâtiments de l'Etat ; on éviterait ainsi les doubles frais d'administration, de surveillance et de matériel flottant.


Le Goéland est un aviso à roues avec coque en fer commencé en 1881 et mis à flot en 1883 au chantier Claparède de Saint Denis (Seine).
Il jauge 500 t et avec une machine de 480 CV, il atteint 10 noeuds. 
Il fait une grande partie de sa carrière à la côte d'Afrique :
1886 Combat les noirs en Sénégambie (LV HIART est blessé)
1887 Revient à Lorient en Août et repart au Sénégal en Septembre
1898 Idem
1907 Quitte Dakar pour une tentative de sauvetage du JEAN BART échoué sur les côtes sahariennes.
1912 Vendu à Dakar
1913-1914 Allège à Dakar


Merci à Romu

14 février 2022

Toulon Alexandrie courriers vers les navires internés 1940 1943







Navires internés Toulon Alexandrie 

Suite à l'article sur l'acheminement du courrier entre Toulon et les marins de la Force X internés à Alexandrie voici d'autres plis à destination du cuirassé Lorraine et du croiseur Duquesne.

Ils s'étagent dans le temps de septembre 1940 à mai 1943



Pli du 5 septembre 1940 avec flamme Toulon sur Mer - cachet de censure et bande papier de fermeture égyptiennes. Ce pli transite par le Liban.

à destination du croiseur Duquesne 
Cachet censeur censorship 5


Marine nationale service à la mer
TàD Toulon s/ Mer  VAR 7* 15-IV 1941
Flamme Marseille Gare 15 AVRIL 41  9H
Censure française ovale rouge (à peine lisible)  
bande papier censure allemande Geöffnet
Oberkommando der Wermacht
bâtiments français stationnés à Alexandrie
bande papier censure égyptienne
censure égyptienne dans un carré bleu
puce 7056 puce 1431


TàD Postes aux armées 3-6-1941
FRENCH NAVY Triangle rouge 

c
Lettre du 29-5-1943 vers le croiseur Duquesne passé par Marseille Etranger (Rayé) . Alexandrie rajouté manuellement.
Timbres Pétain 1F rouge- Mercure 50c. turquoise
Via AIR FRANCE Rayé
Bande de papier collée après ouverture

Un système de courrier numéroté est mis assez rapidement en place pour les marins des navires français internés à Alexandrie correspondant avec leur famille en France.

Les correspondances adressées aux marins des bâtiments de la marine de guerre en croisière bénéficient depuis le 25 avril 1936 d’une surtaxe aérienne de 1,50 franc quelque soit la position du navire. Ce n’est que le 30 janvier 1940 que les marins eux même bénéficieront du même tarif.

Lettre passé par le Liban censure croix de Lorraine CM
au verso contrôle français, censure allemande
l'aigle allemand est recouvert par le cachet à croix de lorraine

Merci à Claude Arata


13 février 2022

Humour dans le carré par Donec la femme est elle l'avenir de l'homme?

la femme est elle l'avenir de l'homme?

‌Bonjour la compagnie,

« La femme est l’avenir de l’homme » dit le poète qui n’a pourtant pas été payé en nature par une commission de féministes délurées. Pour une simple raison, même s’il passait beaucoup de temps à louer le charme de sa muse russe, à l’automne de sa vie, il avait un faible pour les adolescents virils et bien balancés.


Il n’empêche que les pays où l’on planque les femmes dans des sacs poubelle et où elles sont privées de douches représentent à coup sur la lie des nations. Ceux au contraire qui versent dans un matriarcat de bon aloi occupent les places d’honneur de la civilisation.

A l’instar des talibans il est toujours curieux de voir que nos compagnes jouent le rôle de boucs émissaires auprès de pisse-vinaigre bon teint. J’écoutais dernièrement un candidat à la magistrature suprême nous expliquer que la décadence de notre France datait du jour où les femmes s’étant émancipées elles occupaient des postes essentiels et prestigieux.
Conséquence de la prise en compte de leur destin, les hommes en avaient perdu leur virilité désormais réservée aux fils d’Islam.


Tout cela est une vielle lune, en 1940 le gouvernement collaborateur pointe du doigt les responsables de la défaite : les femmes. « Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés, voilà les causes de notre défaite » clame le Maréchal Pétain. Que la femme ne cherche plus à singer l’homme en se coupant court les cheveux, en fumant des cigarettes et en portant des pantalons. L’horizon indépassable qui leur est proposé c’est une participation à la « Révolution Nationale » par la maternité à tout-va.

Pourtant dans cette époque troublée, nos compagnes vont se montrer à la hauteur en accompagnant et même en précédant les mâles à l’instar de Marie-Madeleine FOURCADE et de son « Arche de Noé ». Elles participent de mille façons à la Résistance. Une des actions déterminantes de certains réseaux sera le sauvetage des petits enfants juifs. Ils sont en effet pourchassés non seulement par les nazis mais également par l’impitoyable gouvernement de Vichy. En fait quelles que soient les époques de crise ou de drame les femmes ont pris toute leur part en organisant en plus d’une vie familiale compliquée des actions de résistance et de renseignements. Bien sûr, à la Libération les lauriers étaient réservés aux hommes comme il se doit.
Je terminerai par une poésie bouleversante de Marianne COHN arrêtée à la frontière suisse avec un groupe d’enfants juifs qu’elle tentait de sauver et qui fut exécutée dans des conditions ignobles.

Je trahirai demain


Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne me faut pas moins d’une nuit,
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire
Je trahirai demain
Marianne Cohn

Pas mal pour une jeunesse de 20 ans qui paya cher son humanité !
A bientôt pour de nouvelles aventures
Donec


Sur la peau de bouc (motifs de punitions dans la Marine) :

S’être enfermé toute la nuit avec le nommé L. dans la chambre d’un officier dont il était le domestique.


Les mots du Général :


Soustelle : - Mon général, votre politique risque de n’aboutir à rien et de ne pas conduire à la paix voilà ce que je redoute…
Le Général :- Et moi Soustelle, je redoute que vous ne fassiez plus partie du gouvernement ! On ne fait pas de politique avec des appréhensions.


Le Gnaf

Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.
Ce jeu de mots avait un nom le « gnaf » (en 1928), en voilà quelques uns fournies par l’ami Lucien Morareau incontournable historien de l’aéronavale et que nous avons souvent rencontré dans les pages du « Fanatique de l’Aviation » et bien sur les jours de fêtes carillonnées à la « Rascasse ».

NOM
Montrelay : Fais-les voir ou chiche
Séré de Rivière : Le constipé des arroyos
Boideau : qui n'en buvait jamais
Chalend de Sevins : Radiguet de pinard

12 février 2022

Amiral Godfroy - de l'Antarctique à Alexandrie TAAF Jean Charcot Pourquoi-Pas?

 Amiral Godfroy - de l'Antarctique à Alexandrie


En lisant de la documentation pour écrire l'article sur l'acheminement du courrier vers Alexandrie, j'ai découvert que l'amiral Godfroy alors enseigne de vaisseau avait participé avec Charcot à l'expédition de 1908 sur le Pourquoi Pas?

Il embarque sur différents bâtiments avant de participer à la seconde expédition Charcot, visant à explorer la côte de l'Antarctique en 1908


L'Ouest-Eclair 19 mai 1908


L'état-major définitivement constitué se composa de trois officiers de marine, d'un géologue, de deux naturalistes, d'un physicien et de moi-même. Les différents travaux faisant partie de notre programme furent répartis entre ces messieurs de la façon suivante : M. Bongrain, enseigne de vaisseau. Second de l'expédition. (Observations astronomiques, hydrographie, sismographie, gravitation terrestre.) J. Rouch, enseigne de vaisseau. (Météorologie, électricité atmosphérique, océanographie physique.) R. Godfroy, enseigne de vaisseau. (Étude des marées, chimie de l'air.) E. Gourdon, docteur ès sciences. (Géologie et glaciologie.) J. Liouville, docteur en médecine. (Médecin en second de l'expédition, zoologie.)

L'Ouest-Eclair 17 juillet 1908

L. Gain, licencié ès sciences. (Zoologie et botanique.) A. Senouque. (Magnétisme, actinométrie, photographie scientifique.) J.-B. Charcot, chef de l'expédition, commandant du Pourquoi-Pas? (Bactériologie. )

En dehors des travaux dont ils étaient chargés, les officiers de marine assuraient avec moi la navigation et le service du bord.



L'enseigne de vaisseau Godefroy va devenir très rapidement le photographe de l'expédition


L'expédition CHARCOT

L'expédition du docteur Charcot, actuellement à Cherbourg, appareillera dans quelques jours à destination des régions du pôle Sud.

Quel est le but de cette entreprise ? Quel on est l'intérêt ? C'est ce que M. Chartes Rabot explique dans le « Temps au moment où ces vingt huit jeunes Français s'en vont joyeusement affronter les périls d'une lointaine navigation dans la seule pensée d'élargir le domaine scientifique de l'humanité.



Dans ces conditions, tous les pays de haute culture scientifique regardent comme un devoir d'entreprendre l'exploration de ce mystérieux continent blanc. Il y a sept ans, une première campagne a été accomplie dans l'Antarctique par l'Angleterre, l'Allemagne, l'Ecosse, la Suède et la France, qui, grâce à l'initiative de Charcot, pût être associée à cette grande entreprise. A peine de retour, tous ces explorateurs n'ont eu qu'une pensée repartir le plus tôt possible pour continuer leur héroïque combat contre les banquises pour le progrès de la science. Les Anglais ont été prêts les premiers une expédition britannique, avant-garde de deux autres .Hissions, est déjà à l'œuvre à lfc terre Victoria, tandis que Charcot va se diriger, lui, vers les terres situées au delà du cap Horn.

Le Pourquoi-pas? au Havre
Le choix de ce champ d'opération a été imposé à notre compatriote par les traditions de notre marine. C'est en effet dans la partie de l'Antarctique que l'on rencontre au sud de la pointe méridionale de l'Amérique que Dumont d'Orville accomplit en 1838 sa célèbre exploration. Au prix de luttes héroïques contre les banquise, avec deux voiliers guère adaptés à pareille navigation l'illustre marin réussit à déterminer la limite orientale de ce complexe terrestre par la découverte de la terre Louis-Philippe et de l'île Joinville. Soixante-huit ans plus tard, reprenant la voie glorieusement ouverte par Dumont d'Urville, Charcot, au cours de sa précédente campagne nvec le « Français découvrait à son tour la terre Loubet, qui est le prolongement de ce fragment de continent vers l'ouest...

Le Programme de l'expédition prévoit, en outre, un hivernage dans les parages de la terre Alexandre Ier. De cette station, une escouade explorera l'intérieur du pays au moyen de traîneaux automobiles. Que le lecteur n'accueille pas ce projet par un sourire d'incrédulité. Dans certaines parties de l'Antarctique, les glaciers forment d'immenses plaines remarquablement plates.

Les expéditions comme celle qu'entreprend Charcot n'ont pas seulement pour objet de relever des contours de terres et de meubler les vides des cartes. Elles ont en outre pour mission de recueillir des observations intéressant toutes les sciences physiques ut naturelles météorologie, magnétisme terrestre, zoologie, géologie, botanique, etc. Et ces recherches ne sont pas, comme on est trop porté à le croire, dénuées d'intérêt pratique. Les observations météorologiques, par exemple, elles seules peuvent donner la clef de la circulation atmosphérique autour du continent antarctique, et par suite renseigner les longs-courriers qui passent au sud de l'Afrique et de l'Amérique sur les routes les plus favorables au point de vue des vents et de l état de la mer. Pour poursuivre toutes ces études techniques, Charcot a groupé autour de lui tout un état-major de jeunes savants un géologue, M. Gourdon un zoologiste, M. Jacques Liouville un botaniste, M. Gain un physicien, M. ^enonque: enfin la bactériologiste est le chef même de l'expédition. 

De plus, les trois enseignes de la marine nationale qui suivent l'expédition, MM. Bongrain, Rouch et Godfroy. sont, en outre de leurs fonctions d'officiers de quart, chargés des observations astronomiques, météorologiques, hydrographiques et océanographiques.

L'Ouest-Eclair 24  août 1908



Les Annales 18-12-1910

Ecoutez cette petite histoire que Gourdon m'a rapportée avec une simplicité qui m'a fait désespérer de lui voir jamais trouver dramatique une aventure.

— Charcot avait décidé d'aller reconnaître l'île Berthelot. Les glaces ne laissant qu'un étroit chenal, ïl avait fallu renoncer à y engager le Pourquoi-Pas ? Et c'est avec la vedette que l'explorateur, accompagné de Gourdon et de l'enseigne Godfroy, avait décidé de gagner la terre. La reconnaissance, au surplus, ne devait durer que quelques heures. Par mesure de prudence, toutefois, les trois hommes emportèrent des provisions pour un repas, et l'on partit sans encombre. La petite équipe, à l'île Berthelot, amarra la vedette dans une crique propice, puis commença son exploration.

Gourdon ramassait un tas de petits cailloux dont il se promettait avec joie d'étudier la nature. Charcot et Godfroy relevaient le cours d'eau et prenaient des tracés. Quelques heures plus tard, le chef de l'expédition, satisfait de sa reconnaissance, donnait le signal du retour à la vedette.

Le Matin 2-6-1910

Dans la petite crique, l'embarcation se trouvait bien, mais le chenal par où elle était Venue avait disparu totalement.

Au sein de l'affreuse solitude, les trois hommes étaient perdus. Alors, comme il faisait faim, et que l'estomac vide , par ces froids-là, on raisonne mal, ils commencèrent par manger, oh! avec modération, en faisant exactement deux parts de la maigre ration. Cela fait, sans vouloir même se communiquer leur inquiétude, ils se couchèrent dans leur sac de peaux de bêtes, A ce moment, un pingouin passa. Un pingouin, c'était peut-être plusieurs jours de nourriture. Mais la fatigue, la foi aussi en leur bonne étoile, firent qu'ils le dédaignèrent. Le lendemain, ils n'avaient plus rien à manger et tous les pingouins avaient déserté l'île. Il fallait pourtant partir en exploration, Gourdon est gourmand, et c'est à cela que ces trois hommes durent leur salut : de ses vastes poches, il sortit au moins une boîte de chocolat. C'était de quoi tromper leur faim, pendant quelques heures. On se partagea les tablettes et chacun partit à la recherche de la voie libératrice. Au soir, ils étaient de retour, mourant de faim, mais: rapportant tous les trois cette même constatation : une montagne haute de plus de deux mille mètres entièrement glacée-, coupant l'île.

Le retour étant impossible, ils attendirent. Le quatrième jour, Bongrain, pressentant un malheur, au risque de briser son navire, lançait le Pourquoi-Pas? à leur recherche, et sauvait Charcot, Gourdon et Godfroy. Gourdon n'avait même plus la moindre tablette de chocolat.


Pourquoi-Pas?  dans l'Antarctique docteur Jean Charcot

11 février 2022

Un courrier pour un marin du cuirassé Lorraine French Navy Alexandrie 1941

 Un courrier pour un marin du cuirassé Lorraine French Navy Alexandrie 1941


L'armistice est signé le 22 juin 1940.

Les bâtiments de la Force X sont en escale à Alexandrie quand Churchill donne un ordre secret à la Royal Navy. L'opération Catapult est lancée à compter du 2 juillet 1940 sur Mers El Kébir, Dakar et Alexandrie le 4 juillet 1940. 

De peur que la flotte française restée fidèle à Vichy ne tombe entre les mains allemandes ou italiennes (les ports français sont en zone occupée sauf Toulon), les Anglais demandent aux marins dans les ports africains de continuer le combat à leur côté, en cas de refus la flotte sera détruite.

Entre les deux amiraux Godfroy et Andrew Cunningham les relations sont cordiales même familiales- ils sont beaux-frères- et permettent d'engager des négociations entre les deux états-majors, qui aboutissent à un compromis. 







la Dépêche de Brest 15 juillet 1940 

Les Français acceptent de vider leurs soutes à mazout et retirer les mécanismes de tir de leurs canons, en échange de quoi les navires restent sous leur commandement. Cunningham promet de rapatrier les équipages. Les navires restent alors internés à Alexandrie avec des équipages réduits.


Un courrier de Toulon pour Alexandrie



Les marins échangeront un courrier abondant avec leurs familles. Au gré des évènements, les voies empruntées et le contrôle postal varieront considérablement.




Par où passe le courrier ?

Au départ de Toulon le 15 avril 1941, le courrier aurait pu prendre La voie de la Méditerranée

Mais la voie de Méditerranée est coupée, quelques courriers expédiés d'Alexandrie emprunteront la voie de l'Afrique du Sud mise en place par les Britanniques.  Après une escale à Durban où le courrier est contrôlé par la censure Sud-Africaine et ils repartent vers le Royaume-Uni. 

Le courrier à destination de France est débarqué lors de l’escale de Lisbonne d’où il acheminé par voie terrestre.

L'accord du 7 juillet 1940 entre les amiraux français et britannique règle les conditions d’internement et prévoit notamment l’échange de correspondances :

Article 7. Le personnel sera libre de descendre et de séjourner à terre, comme il est normalement d’usage et aussi de correspondre par lettre, sous réserve des règlements de la censure, la correspondance officielle sera envoyée de la manière normale.

Les marins internés ne sont pas prisonniers, et l’échange de correspondances n’est donc pas réglé par la Convention de Genève. 
Cependant le courrier est soumis aux règles des militaires en campagne, qu’il s’agisse de la franchise postale ou du montant des taxes aériennes.
La Lorraine est alors dotée d’une agence postale.

Concernant l’acheminement du courrier, on peut déterminer trois périodes au cours de l’internement. Elles sont délimitées par des évènements historiques  :

du 4 juillet 1940 au 8 juin 1941 : voie du Levant français , interrompue par la bataille du Levant (opération exporter) du 8 juin au 11 juillet 1941)


de juillet 1941 au 8 novembre 1942 : voie présumée d’Afrique Française du Nord, interrompue par le débarquement allié en AFN (opération Torch)


de décembre 1942 au 11 juin 1943 : voie de Turquie et de Syrie

Toutefois, compte tenu des délais d’acheminement du courrier de plusieurs mois, les courriers concernés peuvent tout à fait être expédiés ou reçus jusqu’à trois mois en dehors de périodes indiquées.


La convention signée entre les amiraux français et britannique prévoyait bien qu’un navire fasse la navette entre Beyrouth et Alexandrie, mais le texte n’évoque pas les besoins d’acheminement du courrier mais… d’approvisionnement en vin !! :

Article 6. Un petit navire marchand français sera autorisé à faire des va-et-vient entre Beyrouth et Alexandrie, autant qu’il sera nécessaire, pour assurer le ravitaillement en vin des navires.

 

Contrôle postal OC2 Toulon

Durant cette période, les lettres circulent par cette voie aussi bien dans le sens métropole vers Alexandrie que dans le sens Alexandrie vers la métropole. Le courrier est contrôlé à Toulon (OC2)





Contrôle postal OC2 Toulon
Le passage par le Levant du courrier acheminé durant cette période est attestée par de multiples marques : apposition occasionnelle des marques de contrôle postal LO de Beyrouth, apposition du cachet poste aux armées de Beyrouth, mention « via Marine Levant » sur le courrier à destination des marins internés à Alexandrie ou encore étiquettes de sac de courrier de la Marine française au Levant.



Une griffe « French Navy » apparaît vers avril 1941 et est apposée jusqu’à la fin de l’internement. Elle est apposée par la censure anglo-britannique à Alexandrie, et ce uniquement sur les courriers à destination des marins embarqués (et non pas sur les courriers en provenance des marins), dans un but de tri et de routage vers les navires français.


De la métropole vers les bateaux internés

Via la marine au Levant Français (Beyrouth)

Liaison postale de métropole à Beyrouth par voie de surface (via Vienne) ou voie aérienne de Marseille à Beyrouth (moyennant surtaxe)

Transfert du Levant à Alexandrie via navire de ravitaillement des marins internés, remise au consulat Français à Alexandrie qui transmet au contrôle postal anglo-égyptien.


Courrier adressé à « Marine Levant Beyrouth» puis « Marseille Gare Etranger » (à partir d’avril 1941)

Possibilité de surtaxe aérienne au tarif des marins embarqués (1fr50 par 10g)

Pour le courrier acheminé par voie de surface, il passe par Vienne (Autriche) où il est contrôlé systématiquement par les allemands du centre de contrôle postal G (centre contrôlant habituellement les courriers échangés avec le Levant Français)


Censure française du Levant occasionnelle


Application occasionnelle au Levant d’un cachet de transit « poste aux armées » muet ou d’un cachet « poste aux armées * 600 »

Application, parfois à Beyrouth, de la griffe « Bâtiments français stationnés à Alexandrie » à partir de fin janvier 1941 jusqu’à la fin de le voie du Levant

la censure égyptienne

le courrier arrivé à Alexandrie est ouvert, lu, éventuellement censuré et l'enveloppe est refermée par une bande papier écrite en arabe et en anglais



Le contrôle anglo-égyptien (systématique à l’arrivée à Alexandrie)
appose un cachet carré portant la mention en anglais et en arabe POSTAL CENSOR

C'est peut-être alors que la
Griffe « FRENCH NAVY » est appliquée à partir d’avril 1941




Mais qu'est la griffe ZURÜCK Retour

Afin de sécuriser le Moyen-Orient menacé par la décision des autorités de Vichy d’autoriser les avions allemands à utiliser les aéroports de Syrie, les alliés et les FFL décident de prendre de force de Levant français. L 'opération Exporter est un succès et le Levant français devient un territoire sous contrôle des Forces Françaises Libres. La voie vers Alexandrie est coupée!

 

Si quelques courriers à destination des marins internés à Alexandrie passent via le Levant passé sous contrôle FFL, les courriers sont rapidement refoulés par le centre de contrôle postal G de Vienne qui applique la griffe ZURÜCK. Les courriers refoulés reviennent vers Marseille puis à Alexandrie via la voie alternative mise en place (voie présumée d’Afrique Française du Nord).

 Donc voici l'itinéraire présumé de notre courrier : Toulon - Marseille - Paris - Vienne - Paris - Marseille - Beyrouth - Alexandrie

Après les débarquements en Afrique du nord et les accords signés le 30 mai 1943, toute la Force X bascule dans le camp allié.

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...