Les recettes de Tante Jeanne
Je commets parfois quelques articles cul… inaires pour le journal des anciens de la Jeanne. Voici le dernierDes travaux du siège… par Jean-Michel Bergougniou
Tante Jeanne, dans son sac, a plus d’une recette et d’un tour et je veux le montrer à mon ami Hervé Laurent de la Jeanne, ancien sorcier.Si rien des cambuses, des soutes, des réserves, des coquerons ne lui est inconnu, nous allons découvrir que Tante Jeanne a eu connaissance de bien des évènements qui du monde changèrent la face, si de face on peut parler ici.
Des sujets de sa Gracieuse Majesté, mon amour immodéré me pousse à reprendre un document trouvé sur le net. Mais ne tournons pas autour du pot…
Il nous faut pour cela revenir au temps glorieux où sur le trône le soleil et le roi trônaient, en un temps où Colbert, Ministre de la Marine avait encore budget, arsenaux, vaisseaux et marins…
Mais aussi temps où la Marine est confrontée à des problèmes sanitaires considérables, temps où les conditions de vie à bord sont faites de promiscuité (pas de promises cuitées), d’absence d’hygiène, d’alimentation déséquilibrée, de travail épuisant, de chaleur et de froid excessifs. Si une ordonnance de 1642 préconise la présence à bord des navires de guerre d’un chirurgien, c’est une ordonnance de 1689 qui fonde le statut de chirurgien de Marine.
La chirurgie, profession manuelle, est clairement distinguée de la médecine, profession intellectuelle et au sommet de la hiérarchie. A bord, les chirurgiens doivent assurer aussi les fonctions de médecin et d'apothicaire.
Suivant les idées d’Hippocrate et Galien, on croit que la santé est une harmonie entre des humeurs et que la maladie représente un déséquilibre. Les traitements consistent à redresser l’harmonie entre ces humeurs, ce qu’on fait avec des purges, des lavements et des saignées, associés à des drogues ou préparations les plus fantaisistes. La médecine est alors sans lien avec la réalité physiologique ou même le simple bon sens.
La chirurgie, profession manuelle, est clairement distinguée de la médecine, profession intellectuelle et au sommet de la hiérarchie. A bord, les chirurgiens doivent assurer aussi les fonctions de médecin et d'apothicaire.
Suivant les idées d’Hippocrate et Galien, on croit que la santé est une harmonie entre des humeurs et que la maladie représente un déséquilibre. Les traitements consistent à redresser l’harmonie entre ces humeurs, ce qu’on fait avec des purges, des lavements et des saignées, associés à des drogues ou préparations les plus fantaisistes. La médecine est alors sans lien avec la réalité physiologique ou même le simple bon sens.
Mais rassurons-nous, le sort des grands du royaume n’est guère meilleur que celui des petites gens. Nous l’allons montrer rapidement. Notre histoire commence en janvier 1686.
Louis XIV tombe subitement malade.
Il semble que le roi se soit piqué en s'asseyant sur une plume des coussins qui garnissaient son carrosse, déclenchant un abcès à l'anus, abcès qu'il aurait fallu immédiatement inciser afin d’éviter que la blessure ne s'infecte. Mais les médecins du roi, épouvantés à l'idée de porter la main sur le fondement de la monarchie, optèrent pour des médecines douces, type onguents. Ces méthodes bien entendu ne donnèrent aucun résultat. Tout cela ne dura pas loin de 4 mois et les royales douleurs ne cessaient pas !
Brusquement, vers le 15 mai, les chirurgiens, verts de peur, soupçonnèrent l'existence d'une fistule. Ce fut l'affolement général. Finalement, le premier chirurgien, Félix de Tassy (appelé simplement Félix), décide d'inciser et "invente" un petit couteau spécial, véritable pièce d'orfèvrerie dont la lame était recouverte d'une chape d'argent. Mais il fallut encore 5 mois pour fabriquer ce petit bijou…
L'opération eut lieu le 17 novembre - sans anesthésie ! Il faudra encore 2 autres incisions (la plaie ayant du mal à se refermer pour cicatriser) pour qu'enfin, à la Noël 1686, on puisse déclarer que le roi était définitivement sorti d'affaire…et mettre fin aux rumeurs qui, à l'étranger, se propageaient, disant que Louis XIV était à l'agonie.
Dès l'heureuse issue de l'intervention connue, des prières furent dites dans le royaume et les dames de la Maison royale de Saint-Louis (une création de Mme de Maintenon qui deviendra le futur lycée militaire de Saint-Cyr) décidèrent de composer un cantique pour célébrer la guérison du dit Louis.
Dès l'heureuse issue de l'intervention connue, des prières furent dites dans le royaume et les dames de la Maison royale de Saint-Louis (une création de Mme de Maintenon qui deviendra le futur lycée militaire de Saint-Cyr) décidèrent de composer un cantique pour célébrer la guérison du dit Louis.
La supérieure, Mme de Brinon par ailleurs nièce de Mme de Maintenon, écrivit alors quelques vers repris du psaume XIX de David, « Domine, salvum far Regem et exaudi nos in die qua invocaverimus te » qu'elle donna à mettre en musique à Jean-Baptiste Lully :
Les demoiselles de Saint-Cyr prirent l'habitude de chanter ce petit cantique de circonstance chaque fois que le roi venait visiter leur école.
C'est ainsi qu'un jour de 1714, le compositeur Georg Friedrich Haendel, de passage à Versailles, entendit ce cantique qu'il trouva si beau qu'il en nota aussitôt les paroles et la musique. Après quoi, il se rendit à Londres où il demanda à un clergyman nommé Carrey de lui traduire le petit couplet de Mme de Brinon.
Le brave prêtre s'exécuta sur le champ et écrivit ces paroles qui allaient faire le tour du monde :
Grand Dieu sauve le roi !
Longs jours à notre roi !
Vive le roi ... A lui victoire,
Bonheur et gloire !
Qu'il ait un règne heureux
Et l'appui des cieux !
Les demoiselles de Saint-Cyr prirent l'habitude de chanter ce petit cantique de circonstance chaque fois que le roi venait visiter leur école.
Grand Dieu, sauvez le Roi !
Grand Dieu, vengez le Roi !
Vive le Roi !
Qu'à jamais glorieux,
Louis victorieux
Voye ses ennemis
Toujours soumis !
Grand Dieu, sauvez le Roi !
Grand Dieu, vengez le Roi !
Vive le Roi !
C'est ainsi qu'un jour de 1714, le compositeur Georg Friedrich Haendel, de passage à Versailles, entendit ce cantique qu'il trouva si beau qu'il en nota aussitôt les paroles et la musique. Après quoi, il se rendit à Londres où il demanda à un clergyman nommé Carrey de lui traduire le petit couplet de Mme de Brinon.
Le brave prêtre s'exécuta sur le champ et écrivit ces paroles qui allaient faire le tour du monde :
God save our gracious King,
Long life our noble King,
God save the King!
Send him victorious
Happy and glorious
Long to reign over us,
God save the King !
Haendel remercia et alla immédiatement à la cour où il offrit au roi - comme étant son oeuvre - le cantique des demoiselles de Saint-Cyr. Très flatté, George Ier félicita le compositeur et déclara que, dorénavant, le "God save the King" serait exécuté lors des cérémonies officielles. Et c'est ainsi que cet hymne, qui nous paraît profondément britannique, est né de la collaboration :
- d'une Française (Mme de Brinon),- d'un Italien (Jean-Baptiste Lully), naturalisé français,- d'un Anglais (Carrey),- d'un Allemand (Georg Friedrich Händel -ou Haendel-), naturalisé britannique,- et ... d'un trou du c… français, celui de sa Majesté Louis XIV !
Si Louis XIV ne s'était pas mis, par mégarde, une plume dans le « derrière », quel serait aujourd'hui l'hymne britannique ?…
Vous aurez désormais le droit de sourire quand vous entendrez le « God save the Queen »…
Dessins Alain Carpier
Texte repris de la la Jeannelettre, organe des anciens marins de la Jeanne d'Arc