Carénage et passage au bassin...
Il était prévu début juillet un passage au bassin. A priori une simple formalité, changement des silent-blocks, une rotule... Et puis parfois, les choses s'emballent, on a du mou dans les genoux...
C'est pas merveilleux mais ça va mieux.
Je vous donne comme os à ronger ce soir, cet article pour la revue des anciens de la Jeanne... article prémonitoire.
Les Illustrations sont d'Alain Carpier.
L’espace tradition de l’Ecole Navale nous offre par- fois des surprises et des anecdotes. Je vous propose pour cette dixième «Jeannelettre», de découvrir celle du marin à trois jambes. Devant subir très prochaine- ment une opération du genou, j’ose espérer que la même mésaventure me sera épargnée !
Sur les bancs (pas ceux de l’école mais de Terre- Neuve), plusieurs bâtiments de la Marine Nationale œu- vrèrent avec les «Œuvres de Mer». Parmi ceux-ci, deux «Jeanne» : Sainte Jehanne d’Arc et Jeanne d’Arc qui secoururent ceux du Grand Métier.
L’assistance à la grande pêche, au milieu du XVIIIème siècle jusqu’à nos jours, s’est faite sous différentes formes grâce à l’aide de fondations, de sociétés laïques ou religieuses puis, après le concordat (1903), avec la Marine Nationale. Souvent on les retrouvait en- semble dans une action humaine commune avec des spécificités propres à chacune d’elles et avec les moyens de l’époque. La tâche était immense. Les médecins et les infirmiers de la marine y ont vécu des an- nées d’expérience en médecine navale. Si vous aimez la mer et la pêche, regardez à nouveau le Crabe-Tam- bour (1) avec Jean Rochefort, Jacques Perrin, Claude Rich et Jacques Dufilho. Sur le Jauréguiberry en at- tente de désarmement, vous retrouverez ces odeurs de sel, d’iode et d’embruns et gare au recteur du pays bigouden.
Mais, revenons à notre cuisine.
Bien souvent, le navire hôpital se trouvait à des milles du lieu de l’accident, la carte couvrant les zones de pêche étant aussi étendue que celle de l’Europe. Aussi, bien des capitaines se trouvaient dans l’obligation de pratiquer des actes médicaux et chirurgicaux parfois graves de conséquences, parfois salvateurs, hérités de la médecine de guerre navale.
Certaines anecdotes sont passées dans la légende maritime, comme cette amputation d’une jambe suite à un coup de fouet dû à une draille de foc cassée par un vi- rement de bord intempestif. Le capitaine Guilloux de la goélette Vaillant s’était fait sectionner une jambe jusqu’à l’os. Le capitaine décida sur le champ de l’amputation, effectuée avec les moyens du bord, la caisse à pharmacie servant le plus souvent de niche au chien. Le charpentier scia l’os, confectionna un moignon
puis, quelques jours plus tard, fabriqua une jambe de bois. Mais le capitaine Guilloux ne voulut en aucun cas que sa jambe fût jetée à la mer et il la fit mettre dans le sel à fond de cale. La goélette ayant rejoint Saint-
Pierre, la jambe fut confiée aux soeurs du dispensaire «les Oeuvres de la Mer» (2) qui la placèrent dans le cercueil d’un marin décédé ce jour-là.
C‘est pourquoi la légende veut qu’il y ait un marin à trois jambes enterré à Saint-Pierre.
La tombe existe encore de nos jours, c’est la seconde en entrant dans le cimetière. Les capitaines envoyaient leurs mousses y prier comme punition pour de petites fautes.
Que le ciel vous tienne en joie!
Bonne rigolade et évitez de vous mettre à genoux pour vos dévotions.
(1) En recopiant le lien ci-dessous, vous pourrez revoir le film « Le Crabe Tam- bour ».
pour voir le Crabe Tambour
(2) La société des Oeuvres de la Mer, fondée en 1894, avait pour mission l’aide matérielle et morale aux marins sur les bancs de Terre-Neuve. Elle fut reconnue d’utilité publique en 1898 et siégeait au 18 rue de la Trémoille à Paris puis au 5 rue Quentin Bauchart Paris 8ème à proximité du siège actuel de la Croix- Rouge française.