Pierre Loti Hendaye Pays Basque Juana Josefa Cruz Gainza Ramuntcho
5 villes ont célébré l'anniversaire du décès de Pierre Loti : Paris, Toulon, Rochefort, Paimpol, Rosporden. Je pense qu'une sixième aurait été la bienvenue : Hendaye pour évoquer la mémoire de Crucita devenue sous la plume de l'écrivain Conchita.
A la lecture de Ramuntcho, roman écrit entre 1891 et 1896, on se demande ce qu'il y a de commun entre l'esprit du roman et la vie de cette famille basque qui n'a connu que la vie de Rochefort et le pays charentais.
"Aujourd'hui... tandis que je suis seul,
à ce point extrême où finit la France,
assis, sur ma terrasse qui regarde l'Espagne,
l'âme du Pays Basque, pour la première fois m'apparaît."
"C'est un soir, de l'autre côté de la Bidassoa, que j'ai retrouvé Conchita, grande et élégante dans sa mantille noire, sur la route solitaire d'Irun ; elle était pâle et malade de l'angoisse de quitter son cher pays, mais son parti était pris, elle avait décidé de me suivre à Rochefort, nous échangions nos premiers baisers de fiancés".
Crucita quitte son pays basque en 1894, à 26 ans, et n'y retourne qu'à la fin de sa vie, vers les années 1930, pour y mourir en 1949.![]() |
| certainement l'un de mes premiers livres de la bibliothèque verte |
Enfouie dans les mémoires rochefortaises, la famille basque de Pierre Loti garde une partie de son mystère, en particulier Raymond Gainza, le "Ramuntcho" rochefortais, sa vie écourtée, les circonstances mêmes de sa mort à 31 ans, quelques mois après sa jeune femme, dont il semblait séparé.
Le samedi 1er septembre 1894, Crucita le visage caché sous une voilette arrive à minuit à Rochefort. Elle découvre le 31 rue Neuve, actuelle rue Pasteur actuelle.
"Au fond du grand jardin d'une maison de faubourg, j'étais assis, au beau crépuscule, en compagnie de trois tout petits garçons, d'un an, trois ans et cinq ans. Leur mère, qui était aussi là, tenait sur ses genoux le plus petit qui ne voulait pas dormir et gardait obstinément ouverts ses yeux de jolie poupée. Aucun bruit ne nous venait de la ville toute proche et, depuis un instant, nous parlions à peine. Ce soir-là, c'était l'odeur grisante des clématites qui dominait dans l'air; elles couvraient, comme d'une épaisse neige blanche, déjà un peu noyée d'ombre, le toit d'une vieille petite cabane rustique, presque maisonnette à lapins, dont la fenêtre ouverte, non loin de nous, laissait paraître l'intérieur tout noir. Pauvre petit, aux larges yeux de poupée, qui ne fit qu'une si courte visite aux choses de ce monde !
Je l'ai à peine connu la durée d'une saison, car il était né pendant un de mes voyages aux Indes et il fut emporté par une épidémie infantile pendant que j'étais en Chine. Pauvre tout petit, qui regardait, comme hypnotisé, le dedans obscur de la cabane aux clématites !"Ramuntcho dort. Tout à l'heure, il partira pour une de ces expéditions clandestines dé l'autre côté de la frontière espagnole qui sont le métier secret de tant d'hommes au pays basque. Dans la salle basse, sa mère Franchita songe. II s'est déjà fait une solide réputation de joueur de pelote et le voilà maintenant qui tâte de la contrebande. Il suit les traditions de sa race, alors pourquoi s'inquiéter de l'avenir ? De plus il s'entend bien avec Gracieuse, fille de Dolorès Detcharry qui fut l'amie d'enfance de Franchita jusqu'à la fugue de celle-ci avec l'étranger, le père de Ramuntcho.
Le mariage des enfants serait une belle revanche sur cette Dolorès orgueilleuse et bigote.
Oui, Gracieuse aime Ramuntcho et lui promet de l'épouser quand il reviendra du service militaire. Seulement la séparation dure trois ans, pendant lesquels Dolorés se déchaîne : plutôt que de la donner au fils de Franchita, elle préfère l'enfermer au couvent.
D'un couvent ne peut-on sortir ? C'est Arrochlcoa, le propre frère de Gracieuse, qui en suggère l'idée. Projet sacrilège mais bien tentant pour un amoureux. C'est sur un enlèvement manqué que s'achève ce roman célèbre où Pierre Loti dépeint avec talent l'âme et le pays basques.









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