La Fayette, une histoire vraie
L’incroyable épopée de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette a bel et bien débuté à Bordeaux et à Pauillac. Un nouveau livre le confirme
Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, a-t-il vraiment posé les pieds à Bordeaux en 1777, et ce passage a-t-il été vraiment déterminant pour sa carrière ? Chef des volontaires français engagés dans la guerre de l’Indépendance américaine, le marquis de La Fayette a tenté ensuite de réconcilier la monarchie française et la Révolution. On a beaucoup écrit et contre-écrit sur ce fait. Si bien que l’on finit par ne plus savoir si son passage à Bordeaux est une légende ou une réalité.
En ce qui concerne les illustrations, les villes de Bordeaux et Pauillac n'ayant pas encore décidé de reconstruire la Victoire du premier voyage de La Fayette, je l'illustre donc partiellement avec la frégate du second voyage et la carte du Mémorial de la Pointe de GraveDans Sud-Ouest cette semaine
L’incroyable épopée de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette a bel et bien débuté à Bordeaux et à Pauillac. Un nouveau livre le confirme
Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, a-t-il vraiment posé les pieds à Bordeaux en 1777, et ce passage a-t-il été vraiment déterminant pour sa carrière ? Chef des volontaires français engagés dans la guerre de l’Indépendance américaine, le marquis de La Fayette a tenté ensuite de réconcilier la monarchie française et la Révolution. On a beaucoup écrit et contre-écrit sur ce fait. Si bien que l’on finit par ne plus savoir si son passage à Bordeaux est une légende ou une réalité.
Un flou d’autant plus grand que peu de choses rappellent ce moment d’histoire à Bordeaux alors qu’ailleurs tout ce qui touche à La Fayette fait l’objet d’une « com » d’enfer. À Rochefort-sur-Mer, par exemple, où l’on a reconstitué la frégate « L’Hermione », l’un des bateaux à bord duquel a navigué le marquis. De là à penser que tout a commencé en Charente-Maritime, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent.
Eh bien non ! L’aventure du marquis de La Fayette a bien débuté en Gironde. Les archives le prouvent et un livre « La Fayette, rêver de gloire » écrit par Patrick Villiers, professeur d’université honoraire, historien de l’armée et de la marine, et Laurence Chatel, historienne de la Révolution et l’Empire le confirment de façon définitive.
« Il se la pétait un peu ! »
Sorti en mai aux Éditions Monnelle-Hayot, ce livre est le fruit de plusieurs années de travail et de recherches. Patrick Villiers a suivi la trace de La Fayette jusqu’à se rendre dans les châteaux où il a séjourné ou vécu.
« J’ai pu consulter des documents et courriers que nul autre n’avait vu jusque-là. Ce qui m’a permis de faire la part entre le vrai et le faux dans tout ce qui a pu être écrit à ce jour, ne serait-ce par La Fayette lui-même. » Patrick Villiers n’est pas le premier à contester les mémoires du marquis. « Il se la pétait un peu ! », résume-t-il avec humour. Dans ses correspondances et manuscrits, le marquis aurait pris souvent la liberté d’écrire ce qui lui semblait bon et de laisser certains faits au fond de l’encrier.
Timbre La Victoire sur entier postale du mémorial de la Ponte de Grave |
Eh bien non ! L’aventure du marquis de La Fayette a bien débuté en Gironde. Les archives le prouvent et un livre « La Fayette, rêver de gloire » écrit par Patrick Villiers, professeur d’université honoraire, historien de l’armée et de la marine, et Laurence Chatel, historienne de la Révolution et l’Empire le confirment de façon définitive.
« Il se la pétait un peu ! »
Sorti en mai aux Éditions Monnelle-Hayot, ce livre est le fruit de plusieurs années de travail et de recherches. Patrick Villiers a suivi la trace de La Fayette jusqu’à se rendre dans les châteaux où il a séjourné ou vécu.
« J’ai pu consulter des documents et courriers que nul autre n’avait vu jusque-là. Ce qui m’a permis de faire la part entre le vrai et le faux dans tout ce qui a pu être écrit à ce jour, ne serait-ce par La Fayette lui-même. » Patrick Villiers n’est pas le premier à contester les mémoires du marquis. « Il se la pétait un peu ! », résume-t-il avec humour. Dans ses correspondances et manuscrits, le marquis aurait pris souvent la liberté d’écrire ce qui lui semblait bon et de laisser certains faits au fond de l’encrier.
Départ du port de la Lune
D’où les questions. « Pour Bordeaux, il n’y a pas de doute à avoir », précise Patrick Villiers. « C’est bien à Bordeaux que tout a commencé. C’est à Bordeaux que La Fayette a préparé son voyage, c’est là que ‘‘La Victoire’’, le premier bateau a été acheté et garni d’armes et de munitions, c’est enfin du port de la Lune, des Chartrons précisément, que le navire est parti avec un équipage local. »
Patrick Villiers confirme cependant que La Fayette n’était pas à bord lorsque « La Victoire » a quitté la ville. « Pour échapper à la surveillance des Anglais qui surveillaient tous les va-et-vient dans le port, il a rejoint le navire à Pauillac et c’est de là qu’il est parti. »
Certains historiens disent qu’il aurait fait ce voyage en chaloupe. Patrick Villiers, pour sa part, affirme qu’il s’est rendu à Pauillac… à cheval.
À Bordeaux à deux reprises : en mars et avril 1777
L’histoire de La Fayette débute en 1777. Gilbert du Motier n’a alors que 19 ans et demi. « Ce que l’on a trop tendance à oublier », souligne Patrick Villiers. « C’est un gamin ou presque. Il n’est même pas majeur. À l’époque, on l’est à 26 ans. Il ne peut donc même pas utiliser son argent comme il le souhaite. Il faut la signature de son tuteur. »
La Fayette rêve de gloire et de grands commandements. En 1776, ainsi, il répond aux Américains venus en France recruter des officiers. Il signe un engagement comme major général et promet de leur livrer des armes et munitions.
Louis XVI interdit cependant tout départ vers l’Amérique. Gilbert du Motier se rend en Angleterre le 17 février 1777 pour y rencontrer le marquis de Noailles, son oncle, ambassadeur de France et même le roi. Pour fausser les pistes car son « plan américain » est déjà en route, et c’est à Bordeaux que cela se passe. Avec un grand nombre de soutiens dont le comte de Broglie, marquis de Ruffec, ami de son oncle et son père tués à la guerre.
Le marquis de Ruffec est le personnage « clé » de l’étape. C’est lui qui, par le biais du frère de son secrétaire, négocie le déplacement en bateau auprès d’Achille Basmarein, armateur bordelais. Appelé « Le Clary », le bateau devient « La Victoire ». Le baron de Kalb qui accompagne La Fayette n’est autre que l’un de ses anciens officiers. Le comte, enfin, est fabricant de poudre et de boulets de canon.
Un autre personnage aurait joué un rôle majeur et cela expliquerait encore pourquoi cela tout s’est joué à Bordeaux. « L’oncle de La Fayette est le maréchal de Mouchy, gouverneur de Guyenne, qui loge au château Trompette », note Patrick Villiers. « Un homme bien placé aussi pour fournir des armes. Or, il y avait 5 000 fusils à bord de ‘‘La Victoire’’. »
Le 19 mars 1877, lors que le marquis de La Fayette et le baron de Kalb arrivent à Bordeaux, tout est prêt ainsi. Le 22 mars, Gilbert du Motier figure sur la liste d’embarquement de « La Victoire », en partance soi-disant pour Saint-Domingue. Le 23 mars, « La Victoire » quitte Bordeaux… sans La Fayette. « Pour ne pas se faire repérer par les Anglais, il rejoint le navire à Pauillac à cheval », indique l’historien.
Le 25 mars, le bateau quitte Pauillac et va jusqu’à Saint-Sébastien. Pourquoi s’arrête-t-il là ? Mystère. Le marquis de La Fayette a-t-il reçu un message virulent du duc d’Ayen, son beau-père, et qui exige qu’il le rejoigne à Marseille ? Toujours est-il qu’il revient à cheval à Bordeaux pour rencontrer à nouveau son oncle et Broglie.
Quelques jours plus tard, toujours à cheval, il revient à Saint-Sébastien. « La Victoire » quitte l’Espagne le 26 avril et arrive aux États-Unis le 12 juin. La Fayette est malade durant tout le voyage. Six jours plus tard, le navire entre dans Charleston. La Fayette a atteint son but. « La Victoire » peut livrer ses armes et munitions.
On pense alors que le bateau va revenir à Bordeaux. Ce qu’il ne fera jamais. Le 14 août 1777, il coule près de Charleston et l’épave (ou ce qu’il en reste) y est toujours.
J-P. V.
Timbre La Fayette USA 3 cents |
Certains historiens disent qu’il aurait fait ce voyage en chaloupe. Patrick Villiers, pour sa part, affirme qu’il s’est rendu à Pauillac… à cheval.
À Bordeaux à deux reprises : en mars et avril 1777
L’histoire de La Fayette débute en 1777. Gilbert du Motier n’a alors que 19 ans et demi. « Ce que l’on a trop tendance à oublier », souligne Patrick Villiers. « C’est un gamin ou presque. Il n’est même pas majeur. À l’époque, on l’est à 26 ans. Il ne peut donc même pas utiliser son argent comme il le souhaite. Il faut la signature de son tuteur. »
La Fayette rêve de gloire et de grands commandements. En 1776, ainsi, il répond aux Américains venus en France recruter des officiers. Il signe un engagement comme major général et promet de leur livrer des armes et munitions.
Louis XVI interdit cependant tout départ vers l’Amérique. Gilbert du Motier se rend en Angleterre le 17 février 1777 pour y rencontrer le marquis de Noailles, son oncle, ambassadeur de France et même le roi. Pour fausser les pistes car son « plan américain » est déjà en route, et c’est à Bordeaux que cela se passe. Avec un grand nombre de soutiens dont le comte de Broglie, marquis de Ruffec, ami de son oncle et son père tués à la guerre.
Le marquis de Ruffec est le personnage « clé » de l’étape. C’est lui qui, par le biais du frère de son secrétaire, négocie le déplacement en bateau auprès d’Achille Basmarein, armateur bordelais. Appelé « Le Clary », le bateau devient « La Victoire ». Le baron de Kalb qui accompagne La Fayette n’est autre que l’un de ses anciens officiers. Le comte, enfin, est fabricant de poudre et de boulets de canon.
Un autre personnage aurait joué un rôle majeur et cela expliquerait encore pourquoi cela tout s’est joué à Bordeaux. « L’oncle de La Fayette est le maréchal de Mouchy, gouverneur de Guyenne, qui loge au château Trompette », note Patrick Villiers. « Un homme bien placé aussi pour fournir des armes. Or, il y avait 5 000 fusils à bord de ‘‘La Victoire’’. »
Le 19 mars 1877, lors que le marquis de La Fayette et le baron de Kalb arrivent à Bordeaux, tout est prêt ainsi. Le 22 mars, Gilbert du Motier figure sur la liste d’embarquement de « La Victoire », en partance soi-disant pour Saint-Domingue. Le 23 mars, « La Victoire » quitte Bordeaux… sans La Fayette. « Pour ne pas se faire repérer par les Anglais, il rejoint le navire à Pauillac à cheval », indique l’historien.
monument américain à la Pointe de Grave |
Le 25 mars, le bateau quitte Pauillac et va jusqu’à Saint-Sébastien. Pourquoi s’arrête-t-il là ? Mystère. Le marquis de La Fayette a-t-il reçu un message virulent du duc d’Ayen, son beau-père, et qui exige qu’il le rejoigne à Marseille ? Toujours est-il qu’il revient à cheval à Bordeaux pour rencontrer à nouveau son oncle et Broglie.
Quelques jours plus tard, toujours à cheval, il revient à Saint-Sébastien. « La Victoire » quitte l’Espagne le 26 avril et arrive aux États-Unis le 12 juin. La Fayette est malade durant tout le voyage. Six jours plus tard, le navire entre dans Charleston. La Fayette a atteint son but. « La Victoire » peut livrer ses armes et munitions.
On pense alors que le bateau va revenir à Bordeaux. Ce qu’il ne fera jamais. Le 14 août 1777, il coule près de Charleston et l’épave (ou ce qu’il en reste) y est toujours.
J-P. V.
http://www.sudouest.fr/2013/07/10/la-fayette-une-h-istoire-vraieun-seul-monument-a-pauillac-1110669-4626.php
Histoire du mémorial de la Pointe de Grave
http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/pointe%20de%20grave%20memorial.htm
Histoire du mémorial de la Pointe de Grave
http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/pointe%20de%20grave%20memorial.htm
Merci à Rosine pour l'article
Merci à Michel Paul pour les plis Hermione
Merci à Michel Paul pour les plis Hermione
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