Aéronautique navale 11F L'hippocampe à 100 ans
Dans la gazette de l'Aéro, le président de la section annonçait pour septembre 2019, l'anniversaire des 100 ans de la 11F
Elle est l'héritière de l'AC1, première escadrille de chasse de l'Aviation d'escadre créée le 1er mars 1919 à Saint-Raphaël, elle-même issue de l'escadrille B102 qui s'illustra pendant la première guerre mondiale.
A titre anecdotique, la toute jeune Aviation d’Escadre, alors placée sous les ordres du lieutenant de vaisseau Teste, est initialement divisée en deux unités. Division officieuse par ailleurs, les pilotes n’étant pas spécialement affectés à l’un ou à l’autre des deux groupes baptisés AC1 (AC pour avions de chasse) et AR 2 (AR pour avions de reconnaissance). Ce n’est que deux ans plus tard que le Service Central de l’Aéronautique admet l’existence de deux escadrilles bien distinctes. Le lieutenant de vaisseau Cavelier de Cuverville est nommé chef de l’AC1 en octobre 1921. Il faut attendre 1922 pour voir les escadrilles devenir des unités militaires à part entière et leurs commandants désignés officiellement par lettres signées du ministre de la guerre. La flottille 11F remonte donc officiellement de l’AC1 de 1922 et s’est vue confier les traditions des escadrilles précédentes.
Le 1er août 1922, l’AC1 devient la C10 ayant comme commandant le lieutenant de vaisseau Amanrich.
Homologué sous le numéro M784
Cet insigne est à l’origine celui de la 7C1, escadrille de chasse embarquée.
La 11F est l’héritière de la flottille 1F créée en janvier 1946, devenant 11F en juin 1953.
http://envelopmer.blogspot.com/2019/03/gazette-n-150-section-aeronautique.html
https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=45519
« Les escadrilles d’hydravions B-101 et B-102 :
1) par leur esprit d’entreprise et d’audace, par leurs succès, par leur inébranlable résolution en face du danger, sous le commandement de leurs chefs successifs (le Capitaine de frégate de LABORDE et le Lieutenant de vaisseau LORFEVRE) ont donné un superbe exemple à leurs camarades de l’aviation maritime (Journal officiel des 30 mai 1917 et 16 décembre 1918).
2) Opérant à proximité des bases ennemies, ont toujours montré, et particulièrement du 1er avril au 1er novembre 1918, sous la direction de l’Enseigne de vaisseau LE MERDY (Jacques), une volonté tenace dans la recherche et l’attaque des sous-marins ennemis (citation du 20 décembre 1918) ».
A titre anecdotique, la toute jeune Aviation d’Escadre, alors placée sous les ordres du lieutenant de vaisseau Teste, est initialement divisée en deux unités. Division officieuse par ailleurs, les pilotes n’étant pas spécialement affectés à l’un ou à l’autre des deux groupes baptisés AC1 (AC pour avions de chasse) et AR 2 (AR pour avions de reconnaissance). Ce n’est que deux ans plus tard que le Service Central de l’Aéronautique admet l’existence de deux escadrilles bien distinctes. Le lieutenant de vaisseau Cavelier de Cuverville est nommé chef de l’AC1 en octobre 1921. Il faut attendre 1922 pour voir les escadrilles devenir des unités militaires à part entière et leurs commandants désignés officiellement par lettres signées du ministre de la guerre. La flottille 11F remonte donc officiellement de l’AC1 de 1922 et s’est vue confier les traditions des escadrilles précédentes.
Le 1er août 1922, l’AC1 devient la C10 ayant comme commandant le lieutenant de vaisseau Amanrich.
Homologué sous le numéro M784
Cet insigne est à l’origine celui de la 7C1, escadrille de chasse embarquée.
La 11F est l’héritière de la flottille 1F créée en janvier 1946, devenant 11F en juin 1953.
Extraits des rapports officiels
6 avril 1917 – Une patrouille d’hydravions (Enseigne de vaisseau de JOUFFREY) attaque, sous le feu violent des batteries de côte, une sous-marin en surface à un mille et demi au nord des jetées de Blankenberghe. Brillant fait d’armes qui emballe nos gens.
7 avril 1917 – Une patrouille d’hydravions (Enseigne de vaisseau de réserve LECOQ) attaque et coule un grand sous-marin à 8 mille au N.N.E. D’Ostende, attaque un autre grand sous-marin à 6 milles du premier et enfin, n’ayant plus de bombes, mitraille un troisième sous-marin plus à l’ouest.
Le succès de la première attaque est indiqué :- par la chute de la bombe à toucher le kiosque- par la puissance inaccoutumée de l’explosion ; volume sept à huit fois supérieur à celui que produisent les bombes D- par la bande prise par le sous-marin et sa brusque disparition, l’arrière le premier, l’avant émergeant.
Une deuxième patrouille (Enseigne de vaisseau de JOUFFREY) partie au retour de la première, trouve un grand chalutier stoppé sur les lieux de l’attaque réussie. Elle le bombarde et le mitraille vigoureusement. Il se défend de même. Deux hydravions reçoivent des balles.
8 avril 1917 – Notre atrouille d’hydravions (Enseigne de vaisseau LE MERDY) rencontre, à 15 milles nord-ouest de Zeebrugge, deux hydravions ennemis, l’un biplace, l’autre monoplace, les attaque et les ramène jusqu’à Zeebrigge. Le biplan est obligé de se débarrasser de quatre bombes. Il était probablement à la recherche de sous-marins alliés.
9 avril 1917 – Notre patrouille d’hydravions (Enseigne de vaisseau NOEL) attaque un sous-marin en surface à 6 milles nord-ouest de Zeebrugge. Mitraillé par notre hydravion de combat, le sous-marin plonge. Il reçoit une bombe juste à l’endroit où le périscope va disparaître, puis deux autres bombes paraissant bien placées. Au retour, deux hydravions ennemis de combat attaquent la patrouille qui fait tête et refoule l’ennemi jusqu’à Ostende. Revenant vers Dunkerque, la patrouille est de nouveau attaquée par les mêmes appareils. Elle fait tête encore et, cette fois, met l’ennemi en fuite définitivement.
30 avril 1917 – 7 heures, 21 milles N.30 W. Dunkerque. Notre patrouille d’hydravions attaque un grand sous-marin (longueur 70 mètres environ, un gros canon à l’avant), route ouest. Quatre bombes lancées par D-2 (pilote, second-maître GUEGAN, observateur, Enseigne de vaisseau NOEL) et D-6 (pilote, quartier-maître CHAUVIGNAT, observateur, matelot LENORMAND). Les deux dernières bombes sont tombées sur le sous-marin au moment où il prenait sa plongée ; il a ensuite reparu en surface, a été mitraillé par les hydravions et a disparu soudain dans un gros bouillonnement. Un petit espar de bois (mât de pavillon ?) est resté en surface.
Dès le retour de cette patrouille, une seconde patrouille a été envoyée explorer les lieux de la rencontre ; elle y a vu de nombreux petits débris.
Combat aérien du 26 mai 1917
Le samedi 26 mai 1917 à 4h50 du matin, une patrouille composée comme suit :- FBA D-10, pilote : Enseigne de vaisseau ARDOUIN, observateur : quartier-maître mécanicien MILLIANCOURT- FBA D-8, pilote : Second-maître AMIOT, observateur : Enseigne de vaisseau TESTE- FBA D-11, pilote : Quartier-maître CARTIGNY, observateur : Enseigne de vaisseau GOURGUEN- FBA D-7, pilote : Enseigne de vaisseau BATTET, observateur, matelot mécanicien FARENCsous le commandement de l’Enseigne de vaisseau BATTET, quitte Dunkerque pour la recherche et le bombardement des sous-marins ennemis dans les parages d’une bouée alors désignée sous le nom de bouée A, à environ 20 milles au N.40.O. de Dunkerque.
Extrait du rapport de l’Enseigne de vaisseau de 1ère classe TESTE
J’étais embarqué comme volontaire dans l’appareil n° 7, piloté par le second-maître AMIOT. La formation à prendre était la ligne de relèvement à 30°, le chef de file à 150 mètres au-dessus de l’eau, chaque appareil surplombant son matelot d’avant de 50 mètres.
Le départ s’effectue à 4 heures. Je suis deuxième dans la ligne. Dès que la formation est prise, le chef d’escadrille se dirige vers la bouée A et, pendant une heure environ, fait le parcours 5 milles est – 5 milles ouest de la bouée A. A 5h50, à un mille environ à l’ouest de la bouée, j’aperçois un périscope de sous-marin. Le chef de file le voit aussi, car au même instant, il lance une fumée blanche. Le périscope disparaît aussitôt et nous ne pouvons pas l’attaquer. Nous continuons notre route à l’ouest pendant quelques minutes, et à six heures, nous reprenons le cap à l’est. Quelques instants après, nous repassons au-dessus de la bouée A, et à 6h07, je crois apercevoir de nouveau le périscope d’un sous-marin. Au même instant, je vois le chef d’escadrille piquer sur l’eau, laissant tomber ses deux bombes. Me retournant, j’aperçois au-dessus de moi trois appareils allemands qui piquent sur nous et nous attaquent. Ce sont un monoplace et deux biplaces. Je fais signe à mon pilote de tourner à droite pour leur faire face, mais la mitrailleuse du monoplace allemand a déjà parlé et nous recevons une première salve. Je ne puis encore ouvrir le feu, l’appareil allemand étant toujours derrière moi. Conformément aux ordres reçus avant le départ, AMIOT amerrit aussitôt, d’une façon remarquable d’ailleurs, bien que sous le feu du pilote allemand. Il est déjà blessé et le moteur, atteint de plusieurs balles, est stoppé. J’engage alors un combat violent avec le monoplace ennemi mais, dès les premiers coups, le pied de ma mitrailleuse est brisé par une balle, et moi-même je suis renversé par deux coups qui m’atteignent au ventre. Me relevant et prenant ma mitrailleuse dans le bras, je tire comme je peux à travers les plans de mon appareil, car le pilote, blotti sous le moteur, reçoit encore deux balles, dont une qui lui occasionne une blessure sanglante au bras. Mes munitions s’épuisent très vite. A plusieurs reprises, grâce aux balles traceuses, je vois que j’atteins l’appareil ennemi qui vole très bas. Malheureusement, mon tir avec la mitrailleuse dans les bras est très difficile et les quelques coups au but sont tous derrière le pilote. Enfin, à la quatrième passe, n’ayant plus de munitions utilisables (il me reste en effet deux chargeurs enrayés), je cesse le feu, et le pilote allemand, me voyant hors de combat, s’éloigne pour rejoindre ses camarades qui se battent dans l’ouest avec les trois appareils français. Je ne sais rien de ce qui s’est passé dans ce combat.
A 6h30, j’ai seulement vu les trois appareils allemands reprenant la route de Zeebrugge, et à l’horizon, dans l’ouest, j’ai vu deux F.B.A. flottant. Je n’ai pas vu le troisième.
Il est 6h30. J’ai déjà prévenu Dunkerque. La coque de mon appareil est une véritable écumoire. Un des réservoirs d’essence est en feu et le moteur complètement hors de service : le carburateur, le réservoir d’huile et deux cylindres sont troués par les balles. L’incendie est rapidement éteint par AMIOT et, ce dernier ne pouvant que faiblement m’aider, je m’empresse de boucher de mon mieux les trous les plus gros avec mes gants, mon mouchoir et tout ce qui me tombe sous la main. L’appareil pique déjà du nez, je prends alors un seau en toile et je vide sans arrêt l’eau qui envahit surtout les compartiments de l’avant. Mais lorsque l’appareil se redresse, c’est la queue que se remplit, car elle est percée de deux gros trous que je ne réussis pas à boucher complètement.
Nous sommes à 6 milles environ à l’est de la bouée A. La brise est légère et vient du S.E. Pour augmenter un peu la dérive qui nous éloigne de la côte allemande, j’installe rapidement la capote d’AMIOT eu guise de voile, mais l’eau monte vite et je ne puis, sans danger, m’arrêter de vider, AMIOT m’aidant dans la mesure de ses moyens. Profitant d’une petite avance sur les voies d’eau, je regarde alors ce que je crois être ma blessure. Les deux balles ricochées qui m’ont atteint après avoir traversé mon veston et mon pantalon de cuir ont été détournées par ma ceinture de cuir et je n’ai sur la peau qu’une grosse meurtrissure.
Nous restons ainsi jusqu’à 9h30. A ce moment, j’aperçois dans l’est sept appareils allemands qui se dirigent vers nous. Je devine immédiatement leur intention et je préviens AMIOT qu’au cas où un Allemand viendrait le prendre, il ait à lui dire que je me suis noyé. Ma prévision se réalise bientôt. A 9h40, un appareil ennemi amerri près de nous et, après plusieurs manœuvres, accoste notre F.B.A. et prend AMIOT à son bord. Dès que je le vois, je me cache entre les réservoirs d’essence et la coque, la moitié du corps dans l’eau. En passant, AMIOT me jette mon veston sur la tête et je passe ainsi inaperçu aux yeux de l’ennemi. Quelques instants après, il s’envole. Il est à peine parti qu’une nouvelle pluie de balles s’abat sur mon appareil. Par qui sont-elles tirées ? Je ne peux pas voir d’où je suis, mais je constate que mon réservoir d’essence est de nouveau en feu ; par bonheur je ne suis pas touché. Quand le feu cesse, je sors de ma cachette et j’aperçois les appareils allemands faisant route vers Zeebrugge. Je distingue aussi les têtes nues des camarades emportés. Il est 9h48.
Mais cette fois, les voies d’eau sont trop nombreuses à mon bord et l’eau a beaucoup monté. Cependant, je conserve toujours l’espoir de voir arriver les torpilleurs français, je lance mon dernier pigeon (à 15 heures, Dunkerque reçoit ce dernier message) : « D-8 – 9h55 – TESTE, AMIOT et autres Français ramassés par Boches. Me suis caché dans réservoir d’essence. Suis toujours à la dérive. Moral excellent, mais l’appareil fait eau de toutes parts. Vive la France ! Les Boches ont essayé de détruire appareils avec mitrailleuses – Pas réussi – Point initial à 6 h. environ à 5 milles dans l’est bouée A – Légère brise S.E. » et je reprends mon seau pour combattre la voie d’eau.
Malheureusement, l’eau gagne de plus en plus. Je suis dans l’eau jusqu’aux genoux et je ne suis plus soutenu que par les flotteurs des ailes qui, eux, sont intacts. Enfin, à 10h50, j’aperçois des fumées dans le sud. J’ai un moment de joie, bien court d’ailleurs, car je ne tarde pas à reconnaître les silhouettes de deux torpilleurs allemands de 1000 tx. Je les vois se diriger vers les F.B.A. qui flottent encore, puis l’un d’eux qui a le D-10 suspendu sous un de ses bossoirs, se dirige vers moi à grande vitesse. Je m’empresse de tout détruire à bord et, quand le torpilleur allemand n’est plus qu’à un mille environ, je donne des coups de marteau dans les flotteurs et l’appareil s’enfonce rapidement sous les yeux des Allemands qui me prennent à leur bord. Il est onze heures passé. Le commandant allemand me montre alors dans l’ouest à l’horizon quelques fumées. « Ce sont, me dit-il, les torpilleurs alliés qui viennent vous chercher. Il est trop tard… ».
Signé : TESTE
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