14 novembre 2013

Anciens Marins de la Jeanne d'Arc Les recettes de Tante Jeannes Extrait Lettrejeanne


LES RECETTES DE TANTE JEANNE

Du contrôle de la marmite Par Jean-Michel Bergougniou


De la Turlutine…


Quitte à décevoir mon ami Jean-Jacques Dujardin, je n’aborderai pas l’interdiction faite aux marins de manger de l’ours polaire. Laissons ces plantigrades profiter encore des bains d’eau glacée avant un réchauffement climatique promis.


D’ailleurs en zone froide, dès 1848, l’infusion de café sucré va être remplacée par une panade surnommée « turlutine ». Elle est faite d’une fraction de la ration de biscuit, de sel, de poivre, et de 15 g de beurre par homme. C’est la première fois que le beurre entre dans les rations. La délivrance de cette ration cessera en 1874.



Abandonnons l’eau glacée qui, pour moi, doit être purifiée par un désinfectant de la même couleur que le gilet d’un chien s’agitant sur un pont d’envol. Toujours avec modération bien entendu.
Parlons donc cuisine, plats chauds et sandwich.

… Au contrôle des chaudières.
La cuisson à l’eau est au 19e siècle l’unique possibilité de préparer les vivres. Un rituel est mis en place pour s’assurer de la propreté de ladite chaudière.  C’est le père du poète Tristan Corbière, Edouard, qui nous en donne une description.
« Chaque matin avant de verser dans la chaudière la quantité d’eau délivrée scrupuleusement par les hommes de la cale chargés de la distribution, le chef des cuisiniers de l’équipage, le maître-coq, a soin de prévenir l’aspirant de garde à qui est confié le soin d’examiner l’état intérieur de la vaste chaudière… Lorsque la commission d’examen chargée de la visite, commission composée d’un aspirant, d’un maître, d’un quartier-maître et d’un matelot, se trouve réunie auprès de la cuisine, une petite échelle est placée sur le rebord de la chaudière, et l’aspirant monte et disparaît quelquefois dans le vaisseau disposé à recevoir sa visite. 


Un peu de vieille toile à voile est jetée sur le fond pour que les pieds du contrôleur ne ternissent pas l’éclat de la fourbissure à laquelle les cuisiniers ont travaillé depuis le matin. Après avoir sévèrement examiné toutes les parties soumises à son inspection, après surtout avoir passé la main sur le métal qu’a poli l’action des bouchons d’étoupe, l’aspirant, s’il est satisfait des résultats de sa visite, sort de la chaudière en descendant, avec l’aide des autres membres de la commission, par l’échelle qu’il a déjà parcourue pour y monter. Il autorise alors le maître-coq à procéder à la confection du potage de l’équipage. Le feu ou plutôt la fournaise préparée pour faire bouillir la soupe flamboie déjà sur les barres de fer du coq, dans l’immense cuisine du bord. On fait pleuvoir dans la chaudière, encore posée à plat sur le pont de la batterie haute, quelques seaux d’eau ; puis après cette opération préliminaire, on frappe des palans, tout un appareil de moufles et de poulies enfin, sur les anses de l’énorme vaisseau qui va bientôt prendre sa place accoutumée sur le brasier ardent qu’il doit recouvrir… »  




A lire cette description de l’aspirant entrant dans la marmite, on peut raisonnablement se demander si elle n’inspira pas quelque indigène affamé prêt à l’accommoder avec les légumes "Dujardin", le tout suivi d’un bon "Fromage"… De quoi décimer l’état-major des anciens de la Jeanne !
Pour mémoire n’oublions pas que James Cook, découvreur des îles Sandwich, pourrait s’être sacrifié pour nourrir quelques Hawaïens affamés.
En vous souhaitant un bon appétit, la suite au prochain numéro.





Dessins Alain Carpier







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