18 février 2016

Le général de Gaulle et le Croiseur De Grasse Polynésie Tahiti atome essai atomique

Le général de Gaulle en Polynésie et le Croiseur De Grasse

Vous avez parlé du Centre d'expérimentation du Pacifique. Eh oui, il est vrai que la Polynésie a bien voulu être le siège de cette grande organisation destinée à donner à la puissance française, le caractère de la dissuasion, qui peut, qui doit, à tous, dans un monde dangereux, nous assurer la paix. C'est vrai. Il y a d'ailleurs, si j'ose dire, des compensations. Le développement qui accompagne cette organisation du centre est éclatant. Ce qui doit suivre ne le sera pas moins.
 Charles de Gaulle


Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les grandes puissances mondiales se lancent dans une course à l’armement et notamment à la maîtrise du nucléaire. L’objectif ultime pour ces pays est de se doter de l’arme atomique afin de dissuader leurs ennemis d’une attaque éventuelle, dans le cadre des politiques de défense nationale. Au cœur de cette course, la France lance de nombreux travaux de recherche afin de maîtriser au plus vite l’énergie atomique dans les domaines militaire et civil.

En 1954 débutent les travaux du premier centre de recherche établi en Algérie, alors territoire français, et plus particulièrement dans le Sahara, sur les sites de Reggane (le premier tir, « Gerboise bleue » est lancé le 13 février 1960) et d’In Ecker (premier essai souterrain en novembre 1961).

Dès 1958, une alternative au site d’expérimentation du Sahara est recherchée et, en 1961, trois possibilités s’offrent aux ministères concernés : la Polynésie, la Réunion et la Nouvelle-Calédonie. Le début de l’année 1962 sonnant la fin du conflit de décolonisation et de l’Algérie française, il devient urgent de choisir un site d’expérimentation et en juillet 1962, le conseil de défense décide de l’établir en Polynésie française. C’est ainsi qu’est créée la Direction des centres d’expérimentations nucléaires (DirCEN), à qui sont confiées la réalisation et la conception des nouveaux centres de tirs. La DirCEN est placée sous l’autorité directe du ministre des Armées et assistée par la DAM-CEA (direction des applications militaires - Commissariat à l’énergie atomique), dont une partie du personnel est constituée de civils, des « missionnaires » établis dans les atolls. 


Entre 1966 et 1974, quarante-six essais nucléaires ont été réalisés en Polynésie, par différents modes de lancement et de largage (tir sur barge, sous ballon ou encore par avion). L’année 1968 marque la réussite du premier tir d’une bombe H (hydrogène), beaucoup plus puissante. Ces expérimentations sont le fait d’un travail interarmées sans précédent et, sans la coopération de la Marine nationale, de l’armée de terre ou encore de l’armée de l’air, le CEP n’aurait pu accomplir ces études et ces essais. Les représentants du pouvoir se succèdent à Tahiti, principalement le président de la République Charles de Gaulle, le ministre des Armées Pierre Messmer et le ministre de la Défense nationale Michel Debré, qui mettent ainsi en scène le pouvoir de dissuasion de la France.


À 450 km au sud d’Hao, se trouvent les atolls de Mururoa et de Fangataufa, deux atolls vierges de l’archipel des Tuamotu, qui subissent de grandes modifications lors des travaux d’infrastructures : les cocoteraies sont rasées, des zones portuaires et des pistes d’aviation sont construites, ainsi que des blockhaus abritant les PEA (poste d’enregistrement avancé) « Dindon » et « Denise », la zone portuaire « Kathie » et le PCT (poste de commandement de tir) « Anémone ». Dans les premières campagnes de tirs, les personnels sont hébergés pour les uns, à bord de bâtiments militaires dans la zone portuaire « Kathie », pour les autres, à terre, entre les zones « Kathie » et « Anémone », à l’est de l’atoll, où la base vie « Martine » est aménagée à partir de 1970 afin d’améliorer l’urbanisation de l’atoll.
Le bâtiment emblématique du CEP demeure le croiseur anti-aérien De Grasse. Des travaux d’aménagement sont effectués sur le bâtiment afin d’en réduire l’armement et d’en augmenter la capacité d’accueil : cent-vingt logements y sont réalisés pour l’état-major du GOEN (groupement opérationnel des expérimentations nucléaires).


Il existe plusieurs PCT (poste de commandement de tir) ; un sur la côte est de Mururoa dit « Anémone », près de la zone portuaire « Kathie », et un sur le croiseur De Grasse, bâtiment à la tête de la force Alfa. Un bunker est construit autour du PCT « Anémone », dans lequel assistent au tir seulement quelques personnels. C’est depuis ce PCT qu’est lancé le compte à rebours du tir, après en avoir reçu l’ordre par le GOEN, embarqué quant à lui sur le De Grasse.
La salle du PCT comprend des consoles de contrôle et surtout le pupitre sur lequel sont enclenchées trois clefs contrôlant le déclenchement du tir. De chaque côté du bunker, des tours de transmission et d’observation assurent la communication entre le GOEN, le DirCEN et le PCT. 

10 septembre 1966. A Moruroa, le général de Gaulle se fait présenter les préparatifs du tir Bételgeuse qu’il déclenchera lui-même depuis le De Grasse.

C’est depuis bâtiment De Grasse que le général de Gaulle, alors président de la République, déclenche le quatrième tir de la première campagne du CEP, le tir « Bételgeuse », le 11 septembre 1966. Il est accompagné de plusieurs autorités civiles et militaires parmi lesquelles Pierre Messmer, ministre des Armées, Alain Peyrefitte, ministre de la Recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales, et le général de corps aérien Jean Thiry, directeur des centres d'expérimentations nucléaires. Unique président de la République à avoir assisté à un essai nucléaire, le général de Gaulle cherche alors à se positionner en chef d’un état puissant.
 Constance Lemans documentaliste, chargée du fonds contemporain.


De Gaulle arrive à Tahiti

Le général de Gaulle quitte Paris le 25 août pour un voyage autour du monde de trois semaines où il passe alternativement d'un territoire français à un pays étranger. Après Djibouti, le Vietnam, l'Indochine, le Cambodge (où il a prononcé le retentissant discours de Phnom Penh qui condamne la guerre du Vietnam), la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides, le général de Gaulle et son épouse arrivent en Polynésie française le 6 septembre 1966. Protectorat français depuis 1842, la Polynésie est devenue territoire d'outre-mer en 1946 et a choisi d'intégrer la Communauté en 1958.



Le 11 septembre, de Gaulle assiste, du navire " De Grasse " et en compagnie de Pierre Messmer, d'Alain Peyrefitte et du capitaine de vaisseau Jean Degove, à la vingt et unième explosion atomique française, réalisée sous ballon, à Mururoa.



Le croiseur De Grasse

Le croiseur anti-aérien C610 De Grasse, en service depuis 1956, était en 1964 l'un des plus importants bâtiments de combat de la Marine. Il connut une seconde vie grâce aux campagnes d'essais atomiques menées dans le Pacifique. Sa construction, commencée en 1938, avait été interrompue durant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1964 et 1966, il fut transformé en bâtiment de commandement au profit du CEP pour abriter le Groupement Opérationnel des Expérimentations Nucléaires.



Mais avant sa refonte, le croiseur avait accompli en 1962 une longue croisière de sept mois qui le mena jusqu'aux archipels polynésiens des Marquises, des Gambier et des Australes. Signe révélateur ou hasard des missions, le futur bâtiment de commandement des expérimentations atomiques rejoignait en mai 1962 à Mangareva l'aviso Francis Garnier, futur bâtiment-base du CEP qui était en campagne d'exploration dans la région.
La flamme BN 64 représente le croiseur De Grasse et son mat permettant la transmission des ordres de mise à feu


Le croiseur C610 De Grasse intégré à la Force Alfa.

Déplaçant 12 350 tonnes, le De Grasse mesurait près de 200 mètres (188,03 mètres hors tout) sur 21,50 mètres de large, son tirant d'eau étant de 6,30 mètres. Les travaux d'aménagement effectués à l'arsenal de Brest avait permis de doubler le volume du bloc-passerelle. L'armement fut considérablement réduit. Ainsi, quatre tourelles de 127 mm (sur les seize initialement installées) et les vingt affûts de 57 mm ont été débarqués. L'équipage fut réduit de plus de deux cents hommes et les aménagements intérieurs furent modernisés. En outre, 120 logements furent réalisés pour accueillir, l'état-major du GOEN, les ingénieurs et les techniciens.





C'est à bord du De Grasse que le général De Gaulle tourna la clef qui ordonna le tir Bételgeuse le 11 septembre 1966. De toute l'histoire des essais atomiques français, le Général De Gaulle sera le seul président de la République à assister à une expérimentation nucléaire. Le bâtiment de commandement ne disposait plus d'aucun hublot et son bloc-passerelle fut renforcé en citadelle NBC (nucléaire-bactériologique-chimique).

Le P2-V7 transportant le général de gaulle vers les sites
La plus remarquable caractéristique du nouveau croiseur était son mât quadripode de plus de 50 mètres de hauteur, installé sur le roof arrière et qui était destiné aux transmissions télécommandées des tirs avec le PCT à terre. Le De Grasse aura participé à six campagnes d'essais atmosphériques avant de rejoindre Brest le 9 décembre 1972 pour être placé en réserve spéciale B. Il sera désarmé le 25 janvier 1974.



La « bombe » MR31 sous le ballon !

Croiseur DE GRASSE du 26 janvier au 3 novembre 1970 ( Bâtiment de Commandement de Tir et poste de Commandement sur place de la Direction des Centres d'Expérimentations Nucléaires et Bâtiment Amiral. Le BN 64 fonctionna à terre à Papeete du 15 avril au 18 septembre 1970.
B.C.T. DE GRASSE du 15 juillet au 2 novembre 1971 pour le G.O.E.N. Episodiquement à Papeete

B.C.T. DE GRASSE du 16 mars au 9 décembre 1972 pour le G.O.E.N. Episodiquement à Papeete




http://archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2013/08/2013_CEP_Dossier.pdf

http://www.point-zero-canopus.org/reperes/chronologie-existence-centre-experimentations-atomiques-du-pacifique

16 février 2016

Essais nucléaires en Polynésie et irradiés Marine nationale CEP bombe atomique Tahiti Moruroa porte-avions Foch Clemenceau flamme timbre à date

Essais nucléaires en Polynésie

"C’était la première fois, hier, que ce type d’affaire était évoqué au tribunal administratif de Lille : gravement malade, un vétéran originaire de Renty (Audomarois), qui a été « décontamineur » au Sahara puis en Polynésie dans les années 1960, demande réparation à l’État."  
Les radiations entourent le tiki et le symbole de la poste aux armées Centre d'Expérimentation du Pacifique 1970
Ce qui est frappant, dans les descriptions que font les vétérans nordistes ayant séjourné près de l’atoll de Moruroa entre 1962 et 1968, c’est leur façon unanime de souligner la «beauté » au moment de l’explosion nucléaire : « Un éclair blanc et soudain c’est comme si la mer était enneigée. Et puis après, un champignon, de toutes les couleurs... Ça nous paraissait aussi précieux que de voir une aurore boréale »....

http://www.lavoixdunord.fr/region/essais-nucleaires-le-cas-des-irradies-au-tribunal-ia0b0n3088652

CEP toujours entouré du symbole des radiations 1971
Un tiers du personnel ayant participé aux essais nucléaires dans le Pacifique était breton. Vingt ans après leur arrêt, force est de constater que les personnes exposées aux tirs et leurs descendants paient encore un lourd tribut.

Vingt demandes ont été examinées jeudi dernier, 22 lundi et trois dossiers ont été renvoyés au 10 décembre. Les décisions seront rendues "d'ici la fin de l'année", a précisé le tribunal.


Toujours des radiations en 1984  Taone Tahiti

Les demandes d'indemnisations, initialement formulées par ces anciens militaires entre 2010 et 2011, ont été rejetées par le ministère de la Défense au motif que "le risque attribuable aux essais nucléaires dans la survenance de leur maladie pouvait être considéré comme négligeable", a expliqué leur avocate, Me Cécile Labrunie. Les plaignants demandent donc au tribunal administratif d'annuler ces décisions de refus et d'enjoindre le comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN) de les indemniser.



La loi Morin de janvier 2010 prévoit que les personnes atteintes d'une maladie consécutive à la radioactivité, visée dans une liste de 21 cancers, qui ont séjourné sur "un site concerné par les essais nucléaires" et "à une période de contamination effective", bénéficient d'une présomption de causalité et d'un droit à réparation intégrale des préjudices subis, sauf si le ministère de la Défense apporte la preuve de l'existence d'un "risque négligeable".




210 essais nucléaires français au total ont été menés entre 1960 et 1996, d'abord dans le désert algérien puis en Polynésie française, d'une puissance cumulée d'environ 13 mégatonnes, impliquant officiellement environ 150 000 civils et militaires :

  • de 1960 à 1961 : 4 essais aériens à Reggane ;
  • de 1961 à 1966 : 13 essais souterrains à In Ecker ;
  • de 1966 à 1974 : 46 essais aériens à Moruroa et Fangataufa ;
  • de 1975 à 1996 : 147 essais souterrains dans les sous-sols et sous les lagons des atolls de Mururoa et Fangataufa.






Depuis la signature, en 1996, du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la France s'est engagée à ne plus jamais réaliser d'autres essais nucléaires. Depuis, les essais nucléaires sont effectués à l'aide de simulations et d'expériences de fissions et fusions à très petite échelle. Tirs froids et essais de détonique à l'air libre ou en puits






En 1964-1966, la Marine nationale française mobilise plus de 100 bâtiments pour la construction des installations du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) enPolynésie française, comprenant :
  • un QG à Papeete ;
  • la BA 185 avancée à Hao (460 km au nord-ouest de Moruroa) ;
  • le polygone de tir atomique de Moruroa ;
  • et le polygone de tir atomique de Fangataufa.




À l'été 19657, la Marine nationale française crée le Groupe aéronaval du Pacifique (dit groupe Alfa puis force Alfa) de plus de 3 500 hommes, comprenant sept bâtiments : 

Bureau Naval 64 le 29/4/1968 - Flamme : Fidélité des marins français à la Polynésie
1768 Bougainville - 1968 Groupe Alfa




Le Porte - Avions Foch part de Toulon le 23 mars 1966 
et arrive le 22 mai dans le pacifique.
Il repartira le 2 novembre 1966.

le porte-avions Foch, et les escorteurs d’escadre Forbin, La Bourdonnais et Jauréguiberry, les pétroliers La Seine et Aberwrach, le bâtiment de soutien Rhin.



La force Alfa appareille le 23 mars 1966 de Toulon et aborde la Polynésie française le 22 mai 1966 afin de superviser les essais atmosphériques no 18 « Aldébaran », no 19 « Tamouré », no 20 « Ganymède » et no 21 « Bételgeuse ». Durant la traversée, la France quitte le commandement intégré de l'OTAN. 


1er tir nucléaire en Polynésie : Tir ALDEBARAN sur barge à Mururoa

Le groupe aérien embarqué du Foch comprend 24 avions (12 avions de guet aérien Alizé, 8 avions d’assaut Étendard IV-M et 4 avions de reconnaissance Étendard IV-P) et 22 hélicoptères (10 Sikorsky H-34, 6 Alouette II et 6 Alouette III) et est chargé de surveiller et sécuriser la zone dite « dangereuse » (dispositif Phoebus).





Après que soient repérés à plusieurs reprises dans la zone d'exclusion le bâtiment de recherches scientifiques USS Belmont (en) et le navire de contrôle de missiles et d'engins spatiaux USS Richfield, un sous-marin de nationalité inconnue et un avion ravitailleur (vraisemblablement d'observation et de recueil de prélèvements atomiques) KC-135 de l'US Air Force no 9164, le 19 juillet 1966 à 5h05, un Mirage IV no 9 largue sa bombe A AN-21 à chute libre no 2070 au large de Mururoa.





Après deux autres tirs le 24 septembre 1966 et le 4 octobre 1966, la force Alfa quitte la Polynésie française le 2 novembre 1966.





La seconde Force Alfa quitte Toulon le 12 mars 1968 pour arriver en Polynésie française le 16 mai. Elle comprend le porte-avions Clemenceau et les avisos-escorteurs Commandant Rivière, Protet, Amiral Charner, Doudart de Lagrée et Enseigne de vaisseau Henry. 



Visite de Mr Michel DEBRE ministre de la défense le 2/7/1970
Premier jour de la Flamme

Quant au groupe aérien, il est composé d’Alizé, d’Étendard IV-M et d’hélicoptères Sikorsky H-34, Alouette II, Alouette III et Super Frelon.




Le 24 août 1968, l’essai no 30 « Canopus » d’une bombe H, exécuté à Fangataufa, libère 2,6 mégatonnes. Plusieurs bâtiments américains et quelques chalutiers soviétiques sont aperçus lors de la campagne de tir. Avec la venue de la Force Alfa, l'ensemble du dispositif naval présent autour des deux atolls a représenté plus de 40 % du tonnage de la flotte française, soit 120 000 tonnes.



Le nœud à contentieux qui transforme cette procédure en parcours du combattant pour ces oubliés du nucléaire, c’est la notion de « présomption de causalité » entre les préjudices subis et les essais nucléaires : comment prouver la contamination alors que le suivi médical de ces soldats était tardif voire inexistant ?
« C’est absurde un système d’indemnisation qui n’indemnise personne ! », pour Me Cécile Labrunie, avocate de l’Association des victimes des essais nucléaires. Mais le rapporteur public, magistrat chargé d’apprécier les règles de droit dont l’avis est souvent suivi par les juges, a demandé à l’État de reconnaître le statut de victime pour ce vétéran dont l’emploi l’exposait directement au risque de contamination.
Cette requête favorable va dans le sens de l’engagement récent qu’a pris le Premier ministre, Manuel Valls, après avoir constaté le trop faible taux des demandes acceptées par la commission d’indemnisation des victimes d’essais nucléaires : à peine une quinzaine, sur un peu plus de 900 dossiers (soit 2 %) cinq ans après la loi Morin qui aurait pourtant dû simplifier le processus. C’est pour cela que les vétérans se sont tournés vers la justice administrative, devant laquelle sont actuellement portés près de 400 cas.
http://www.lavoixdunord.fr/region/essais-nucleaires-le-cas-des-irradies-au-tribunal-ia0b0n3088652

Pour en savoir plus sur les oblitérations militaires de Polynésie, allez consulter le blog de Daniel Allançon, une référence en la matière


701 AP a Papeete agence marine


sources :




POSTE aux ARMEES double ** le 8/9/1968
Essai nucléaire sous ballon PROCYON à Mururoa

http://future.arte.tv/fr/le-long-combat-des-irradies-pour-etre-indemnises


Tir nucléaire PHOEBEE sous ballon à Mururoa.
Tàd Poste aux Armées le 8/8/1971



http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/emissions/la-france-en-docs/bons-baisers-de-moruroa-ce-lundi-soir-apres-le-soir-3.html


http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/9485-Essais-nucleaires-9-veterans-enfin-indemnises



Merci à Daniel Allançon

15 février 2016

1914 La guerre au Togo vue par un sous-officier allemand

1914 - La guerre au Togo vue par un sous-officier allemand



En 1880, le Togo actuel n'existait pas encore. Les Britanniques et les Français, occupant respectivement la «Gold Coast» (actuellement le Ghana) et le Dahomey (actuellement le Bénin), installèrent des postes douaniers à leurs frontières, d'où ils tiraient l'essentiel de leurs ressources, prélevées sur des produits tels le tabac et l'alcool.



En 1883, le chancelier allemand Bismarck décida d'imposer un protectorat sur le Togo. L'année suivante, l'explorateur allemand Gustav Nachtigal signa un «traité de protectorat» le 5 juillet 1884 sur la plage de Baguida, avec le chef du lac Togo, Mlapa III de Togoville, représentant l’autorité religieuse du Togo, qui donna son nom au pays. 



C'est en 1885, lors de la conférence de Berlin qui délimita les zones d'influence économiques européennes en Afrique, que la côte togolaise fut officiellement attribuée à l'Allemagne.
Comme les autres puissances coloniales de l'époque, l'Allemagne s'empressa de faire valoir ses droits sur l'arrière-pays, ainsi elle annexa rapidement, en à peine quelques années 85 000 km² de territoires.




Les Allemands fondèrent le port de Lomé et mirent en place une économie de plantations, en particulier dans la région de Kpalimé, propice à la culture du cacao et du café.




Dès le commencement de la guerre en Europe, il était évident au Togo que les Anglais et les Français voudraient conquérir notre colonie. Les signes en étaient les informations qui nous parvenaient de mouvements des troupes anglaises B notre frontière ouest, françaises A nos frontières nord et est. Nous fîmes donc nos préparatifs de défense à temps. Les Européens allèrent s'exercer au Les réservistes noirs, les gardes frontières et les policiers furent mobilisés. Nombre de cadres blancs de l'administration reçurent l'ordre d'entrer dans les compagnies noires (il y avait une compagnie à, Lomé et, je crois, .quatre en d'autres endroits : Missahoé, Sokodé, etc.).





On leva aussi une compagnie avec les Européens, appelée la 'I Compagnie européenne". Tous les Allemands qui n'avaient pas été affectés aux compagnies noires s'y retrouvaient. Dans cette compagnie se trouvaient beaucoup d'hommes qui appartenaient à la "Landsturm" ou réserve de secours", et qui donc ne connaissaient rien aux choses militaires. 















C'est pourquoi, certains jeunes hommes qui avaient été soldats furent volontaires pour les compagnies noires, car elles avaient plus de chances d'entrer en contact avec .l'ennemi. (De fait, la Compagnie européenne, qui,par la suite, fut envoyée 21 Atakpamé et s'y entraina aux exercices militaires avec zèle et courage , n'alla jamais au combat). Vinrent par exemple à la compagnie de Lomé - dite "Compagnie du premier-lieutenant Mans'' - les lieutenants de réserve Schmidt et Kloppenberg, les sergents-majors de réserve Stoëber et Lent, le sergent d'infanterie Bolnei et le mitrailleur réserviste Klempp. déjà y avait déjà, on l'a dit, six fonctionnaires coloniaux dans cette compagnie.



Kamina  les piliers des antennes de la station radio

Quand, au début d'août, les Anglais, venant de l'ouest le long de la côte, nous envoyèrent l'ultimatum de rendre Lomé dans les 24 heures, nous le fîmes sans résistance. Car nous avions la tâche plus importante de défendre Kamina, la grande et très importante station de radio. Et aussi, cela aurait été dommage de faire détruire Lomé, avec ses beaux bâtiments, comme le palais du gouverneur, les logements administratifs, les églises, les missions, les factoreries... Nous mimes à profit les 24 heures de délais, et, l'un après l'autre, les trains partirent pour Kamina, bourrés de gens, de provisions et de matériel de guerre.




Seuls les religieux catholiques et protestants et les gens mariés - ceux-ci sur ordre du Gouverneur - restèrent à Lomé. Toutefois, bon nombre de familles obtinrent la permission de venir avec nous, les hommes pour combattre, les femmes comme infirmières pour la "croix rouge". 




La Compagnie Mans quitta Lomé en dernier. Tous, nous étions bien tristes de nous en aller et d'abandonner Lomé sans résistance, et de nous éloigner de l'ennemi au lieu de nous en rapprocher. Bientôt nous voici à Kamina. 



Atakpamé la fontaine guillaume devenue la fontaine de Midoudou

La Compagnie européenne alla à Atakpamé pour, on l'a dit, y faire des exercices, des fortifications, etc.. . Kamina avait été transformé en une place relativement bien fortifiée : il y avait des tranchées bonnes tirs avaient été dégagés et ainsi de suite. une place relativement bien et profondes; les espaces de Mais son défaut était celui-ci : Kamina est dans une plaine surplombée de hauteurs. Et aussi : la distance entre les tours extérieures était de plus d'un kilomètres, et il était très difficile de défendre un pareil périmètre. Apres quatre jours (31, la Compagnie Mans s'avança vers le sud-est, dans la direction de Sagada, d'où, disait-on, les troupes françaises allaient venir. 





Nous fîmes une marche très dure jusqu'à Atakpamé (environ 60 km en 21 heures, et nous y installâmes une bonne position de défense. Mais les Français n'arrivèrent pas par là, et nous retournâmes à Kamina. Au même moment, deux compagnies (celle du lieutenant Schlettwein et celle du lieutenant de réserve Schuppius, sous l'autorité d'ensemble du capitaine Pfaehler) s'étaient également avancées vers le sud, par le train. Quand elles atteignirent Agbélouvé, il y eut-deux ou trois coups de feu. Au lieu de nettoyer les environs, elles continuèrent. Entre Agbélouvé et Tsévié; il y eu un accident et environ dix wagons sortirent des rails le 7 août avant 18 heures  (Krak, site aujourd'hui abandonne à l'ouest du Mono, à la hauteur de Tado).  Donc le 11 août les compagnies continuèrent à pied jusqu'à Tsévié, où se trouvaient quelques ennemis, qui furent refoulés apres un bref combat. Soudain arriva à cheval le Docteur Sengmüller, lieutenant de réserve, qui dit au capitaine Pfaehler que les Anglais étaient à Agbélouvé. Quand nos troupes arrivèrent à Agbélouvé, elles y furent attaquées de tous côtés. 




Malheureusement, c'était la nuit. Bientôt le capitaine Pfaehier fut tué, avec cinq autres Allemands, le Dr Sengmüller et le Dr Kolsdorf grièvement blessés. Sous la violence inattendue du feu, il était impossible de tenir les troupes noires, .qui semblaient avoir perdu leurs esprits. Quand les officiers blancs ordonnaient de charger et se lançaient eux-mêmes en avant, les Noirs ne suivaient pas, et même continuaient à tirer follement, bien que leurs chefs fussent devant leurs fusils. La fin de ce malheureux combat de nuit fut une retraite en désordre vers le nord. 




A Kamina, on n'avait reçu aucune information de ces deux compagnies depuis leur départ. Seul le conducteur blanc qui ramenait le train vide a pu raconter que le train et lui avaient essuyé un feu intense quand,au retour, ils avaient traversé Agbélouvé. Son chauffeur noir avait été tué et un autre grièvement blessé. Le conducteur fit son rapport à Kamina aussi vite que possible, depuis la station de Gamé. Quand ces nouvelles arrivèrent à Kamina, je reçus à peine arrivé de notre dure marche vers Aklamé, l'ordre suivant : "Le sergent-major Stoeber partira avec 30 hommes par le train jusqu'à Notsé. Il devra prendre contact avec les compagnies avancées, tenir Notsé et maintenir la communication téléphonique avec Kamina". J'arrivai à Notsé à minuit, et j'envoyai rapidement des patrouilles et des éclaireurs vers le sud. Le lendemain matin  ils revinrent, et avec eux les restes des deux compagnies. C'est ainsi que je fus informé du malheureux combat de nuit d'Agbélouvé, décrit ci-dessus. Je fis mon rapport à Kamina et reçu l'ordre de prendre avec moi les rescapés, de détruire le chemin de fer au sud de Notsé et de regagner Kamina. 




 C'est une compagnie du régiment de Gold Coast, commandée par le capitaine Potter, contre deux compagnies allemandes. Ce qui fut fait. Dans l'après-midi, nous quittâmes Notsé. Arrivés à Kra nous détruisimes le pont sur la rivière Kra, comme nous l'avions fait de tous les ponts plus au sud. A 4 heures du matin  nous arrivâmes à Kamina. L'après-midi, je reçus l'ordre suivant : "vous allez à Kra et vous essayez d'entrer en contact avec l'ennemi, pour éclaircir la situation au sud.  





Avec 20 hommes, j'arrivai à Kra à minuit. De nouveau, je postai des sentinelles, j'expédiai des patrouilles et des éclaireurs jusqu'à Notsè, et au-delà. Bientôt, je sus que les Anglais étaient arrivés à Gamé, puis quelques temps après, que son avant-garde - quatre Blancs et six Noirs en bicyclette - avait été vue à Notsé. J'en fis rapport à Kamina. Bientôt arriva un train avec à son bord le gouverneur le major von Doering (Par intérim : le duc de Mecklembourg était en congé en Europe) et les Compagnies Mans et von Raaven . Il fut décidé de prendre une position défensive à la limite sud du village de Kra, qui est situé au sommet d'une colline. A 600 m environ, en contrebas, il y a la rivière Kra . Nous installâmes une bonne position entre le rail et la route, ainsi que de part et d'autre. Nous creusâmes des tranchées pour tireurs à genoux; nous dégageâmes les espaces de tir en abattant la brousse et les champs de mars, et nous cachâmes nos tranchées avec de l'herbe,et ainsi de suite. Le troisième jour après l'arrivée. des deux compagnies, les patrouilles rapportèrent qu'un train était arrivé à Agbatitoè et que l'avant-garde ennemie était presque à portée de tir. Peu après,les Anglais et les Français commencèrent à tirer devant l'ensemble de notre front.  






Qui n'étaient pas dans la défaite d'Agbélouvé. La dénivellation est en fait faible, nais le fond marécageux de la rivière -représente un obstacle non négligeable.



Environ 300 Britanniques du commandant Bryant et 150 tirailleurs sénégalais du capitaine Castaing. Les troupes sont donc à égalité numérique (450 hommes environ de chaque côté). Mais ils essuyèrent de nos tranchées un tir bien ordonné. Nos trois mitrailleuses firent excellemment leur travail, et leur effet moral était un encouragement pour nos troupes, autant que leur effet moral - et réel - était décourageant pour l'ennemi (comme j'ai entendu les Anglais et les Français le dire plus tard à Kamina). Mais les Anglais obtinrent aussi un effet sinon réel du moins moral, avec leur canon. Nous, au premier coup, nous avons pensé que tout était fini et que ce canon allait tous nous enterrer. Le deuxième obus est tombé à 15 m devant nos tranchées, entre le rail et la route, et nous a aspergés de terre, de cailloux et de sable. Mais je ne me rappelle pas que quelqu'un ait été tué ou blessé par tous ces obus - environ 40 dans toute la journée. Soudain nous reçûmes des tirs dangereux sur notre aile gauche. Heureusement, des renforts arrivèrent peu après de Kamina par le train. C'était la Compagnie von Pappart qui fit aussitôt une violente contre-offensive et repoussa l'ennemi de notre flanc gauche. Je pense qu'il était environ 2 heures quand von Raaven, dont la compagnie était à l'aile droite, fut blessé. 



Je reçus l'ordre du premier lieutenant Mans, qui commandait le combat, de prendre s.a place. Tandis que j'y courrai, je rencontrai von Raaven couché dans le village. A ce moment un obus du canon est tombé à ses pieds sans exploser, ni lui faire de mal. Peu après, le mitrailleur blanc Klempp fut tué. Quand vint la nuit, les tirs cessèrent. Pendant la nuit, quand arriva l'ordre de se replier, nous n'en étions pas contents, car notre position avait été très bonne, et nos pertes faibles. Nous avions deux Blancs tués et un blessé, et environ dix Noirs tués ou blessés. Nous avons tous pensé qu'il aurait mieux valu que toutes nos troupes, en particulier la Compagnie européenne, vienne combattre avec nous dans les tranchées jusqu'au dernier homme. La dernière compagnie allemande en état de combattre. Alors que les Franco-Anglais ont perdu 23 tués (dont le lieutenant écossais Thomson et le sous-lieutenant français Guillemard, enterrés sur place) et 55 blessés. Ce que l'auteur ignorait - et que von Doering savait -, c'est que les Français du commandant Maroix arrivaient par le nord-est de Kamina, laissé sans défense. à Kamina, les neuf antennes de radio gisaient à terre, la centrale électrique était en feu. 




La Compagnie von Pappart repartit 'par le train, les Compagnies von Raaven et Mans par la route. Nous nous retrouvâmes le lendemain sur les rivières Amou et Amoutchou. Les ponts, comme ailleurs, furent détruits. Le gouverneur von Doering nous apprit qu'il avait capitulé devant les Anglais en saison de la trop grande force de l'ennemi. Nous distribuâmes aux soldats noirs leur argent et les laissâment partir. Dans l'après-midi, les Français arrivèrent à Kamina  puis ils s'en retirèrent. Le lendemain, les Anglais et les Français firent leur entrée. Il y avait à peu près 150 Allemands à se rendre Compagnie européenne était venue d'Atakpamé à Kamina). On nous conduit à Atakpamé, puis, deux jours après, à Lomé. De Lomé, à ce qu'on m'a dit la plupart des prisonniers allemands ont été emmenés en Angleterre.





Je n'ai pas écrit cela pour être utile aux Anglais ou aux Français, ni pour porter du tort à mes compatriotes. 

Sgt Stroeber Sergent-major de la réserve , Kumasi, le 9 septembre 1914. 


Les Français et les Britanniques se partagèrent l'occupation du territoire à partir de 1914-1916, décision qui fut confirmée le 10 juillet 1919. 

Le Togo devint alors un mandat de laSociété des Nations (SDN), partagé entre la partie française (à l'est appelée le « Togo français » ou Togoland oriental) et la partie britannique (à l'ouest appelée le « British Togoland






sources :


la guerre de 1914 au Togo vue par un combattant allemand

Par : Yves  Marguerat et ... Stroeber


http://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:24344

PHM Commandant Blaison TANGER MED25 Maroc EUNAVFORMED IRINI

TANGER MED25 PHM Cdt Blaison  Le 23 avril 2025, le patrouilleur de haute mer (PHM) Commandant Blaison a appareillé de Brest dans le cadre de...