22 novembre 2022

Djibouti AP SPID 262

 Djibouti AP SPID 262


Le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, était en visite officielle à Djibouti du 13 au 14 novembre 2022.


A l’occasion de ce déplacement, le général Burkhard s’est entretenu avec M. Ismaïl Omar Guelleh, président de la République djiboutienne, M. Hassan Omar Mohamed Bourhan, ministre de la Défense et le général de corps d’armée Zakaria Cheick Ibrahim, son homologue. Ces échanges s’inscrivent dans la continuité de la visite effectuée en septembre par M. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et dans le cadre du partenariat historique entre la France et Djibouti.

Le CEMA s’est également rendu auprès des 1 500 militaires et civils des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) et a salué la qualité du partenariat co-construit avec les armées djiboutiennes. Il a également salué l’engagement quotidien des militaires français au profit de la protection des intérêts français dans la Zone de responsabilité permanente (ZRP) des FFDj.


La présence des forces françaises sur le territoire djiboutien est encadrée par le Traité de coopération en matière de défense signé le 21 décembre 2011 entre la République de Djibouti et la France.

Les Forces françaises stationnées à Djibouti constituent le contingent le plus important de forces de présence françaises en Afrique et l’une des deux bases opérationnelles avancées sur ce continent. La présence permanente de forces françaises à Djibouti répond aux orientations du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013, qui définit cette région comme une des priorités stratégiques de la France.



Dans les années 1950



Les Forces françaises de Djibouti État de la corne de l'Afrique, la république de Djibouti (23 000 km2) occupe une situation stratégique à la croisée de l'Afrique de l'Est, de la mer Rouge et du golfe d'Aden. Plusieurs décennies de soutien, de coopération et d'entente ont permis à la France d'y entretenir une présence militaire .


 Pour l'armée française le prépositionnement à Djibouti offre plusieurs intérêts une présence française dans une zone stratégique majeure, une base relais pour des opérations se déroulant dans un cadre éloigné de la métropole, un terrain d'exercice idéal pour la préparation d'interventions en milieux similaires à celui de Djibouti. 


Les Forces françaises de Djibouti assurent quatre missions principales. 
La première consiste en une mission de présence destinée à participer à la défense de l'intégrité de Djibouti, dans le cadre des accords de défense entre cet État et la République française. 



Ensuite, cette présence concourt à une mission extérieure d'intervention limitée pouvant s'appliquer, sur ordre de l'état-major, aux pays limitrophes elle comprend le stockage et le maintien en condition des matériels. 
Enfin s'ajoutent les missions d'aide au profit de l'État, des forces armées nationales de Djibouti, de prévention et de coopération de défense.

Sources 



Cols bleus 23 novembre 1974
Cols Bleus 2114 - 24 mars 2007


21 novembre 2022

Humour dans le carré par Donec Ah ces sauveteurs en Mer

Humour dans le carré par Donec ah ces sauveteurs en mer !



Bonjour la compagnie,

Les promeneurs qui déambulent sur les quais du port de Saint Laurent du Var voient parfois le bateau orange de la SNSM entrer dans le port à couple avec un navire de plaisance. Tout se passe avec sérieux mais à la bonne franquette, le temps est doux, la mer étale et les canotiers font des signes d’amitié aux enfants fascinés par le canot de sauvetage (prononcez « canote »).

Mais vous vous doutez bien qu’il n’en est pas de même quand le vent souffle et que les vagues bousculent la digue. Tout devient alors plus compliqué. Dans le dernier numéro de « Sauvetage », sous le titre « dans la tempête au pied des falaises deux navigateurs sauvés sur un fil » Patrick Moreau évoque un sauvetage au large de Dieppe effectué par le canot tout temps SNS 089 « Cap Fagnet ». Nous sommes le 18 juin, il fait un temps de chien, vent de force 7 tourbillonnant, creux de plus de trois mètres, le soir tombe. C’est ce jour-là qu'un couple de plaisanciers mexicains habitant Paris a décidé d’une balade en mer sur « l’Appolonia », solide voilier de neuf mètres.


SNSM Station de Dinard photo JM Bergougniou
Tout se passe à merveille jusqu’à l’explosion du génois. C’est panique à bord, l’épouse se réfugie dans l’habitacle. Voilà le skipper seul sur un pont balayé par les vagues dans une mer furieuse. Comme les ennuis n’arrivent jamais seuls le moteur lâche et la barre ne fonctionne plus. Voilà l’embarcation à la dérive dans une mer déchaînée se dirigeant vers le cap Fagnet et ses hautes falaises.

Au CROSS GRIS NEZ on prend la mesure du drame. En réponse à l’appel affolé du skipper, le canot tout temps « Cap Fagnet » est immédiatement engagé. Il est 1h02 quand les sauveteurs sont en vue de « l’Apollonia ». Ils lancent leur touline frappée au filin d’une remorque mais le skipper, tétanisé, ne peut la saisir.



Un des canotiers, Louis, propose une idée folle par cette mer démontée, passer sur le voilier. C’est un sacré risque, les embarcations ne sont jamais au même niveau, s’écartent, se rejoignent, les ponts sont glissants. Mais Louis insiste, jeune, en grande forme physique, rompu à la manœuvre, un cœur « gros comme ça ». Il saute et se reçoit in-extremis sur le voilier. On lui lance la touline, il amarre la remorque à l’unique taquet disponible qui cède… Sous l’orage qui illumine le voilier, il saisit l’écoute du génois qui traîne dans l’eau et parvient à amarrer la remorque avec, au mât. Sur ces entrefaites la chaîne de mouillage cède et part au fond. Louis la détache. Le remorquage peut commencer, la falaise et les écueils sont de plus en plus proches. Un moment après la seconde remorque cède, elle bat l’air et vient engager une des hélices du canot. La mer est déchaînée et la vedette ne peut plus compter que sur un moteur. 
SNSM Station de Dinard photo JM Bergougniou
 Le CROSS GRIS NEZ engage alors un second canot la SNS 080 Notre Dame de Bon secours de la station de Dieppe et par la même occasion l’hélicoptère Guépard Whisky basé au Touquet. Il est 3h41 le pilote n’a jamais mené un sauvetage de nuit dans de pareilles conditions météo. Le voilier n’a plus ni électricité ni radio. La 080 braque sur lui son projecteur pendant que l'opération de treuillage commence. Les embardées désordonnées du voilier et son haubanage interdisent au plongeur de bord d’accéder au bateau. Il faut que tous se jettent à l’eau. Louis les prépare pour cette opération délicate, capelle les gilets de sauvetage et déclenche manuellement le gonflage. 

SNSM Marine nationale Aber Wrac'h Landeda photo JM Bergougniou
L’hélico se présente à quinze mètres au-dessus de l’eau à l’arrière du bateau en détresse et commence le sauvetage. Maintenant au treuilliste de l’hélico de faire, de retenir le câble pour éviter le ballant, de guider le pilote à froler la falaise dans la bourrasque. La plaisancière saute la première dans les bras du plongeur : une vie de sauvée. Puis c’est au tour du skipper que l’hypothermie gagne, il est figé, tétanisé, Louis le pousse à l’eau : seconde vie sauvée. Tout cela a duré onze minutes chrono la SNS peut alors gagner son mouillage.

Quelques jours plus tard, le vice –amiral d’escadre Philippe DUTRIEUX, préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord vient remettre au jeune héros un témoignage de satisfaction où il salue le sang-froid de Louis et le courage des canotiers engagés dans le sauvetage.

Merci au magazine « Sauvetage » qui m’a fourni largement la matière de mon texte.

Et à bientôt pour de nouvelles aventures

Donec


SNSM Station de Dinard photo JM Bergougniou


Sur la peau de bouc, motifs de punition dans la Marine Nationale : « Avoir compromis son uniforme dans une maison mal famée et battu la débitante. »

Les mots du général : un ancien militaire redevenu civil poursuit ses ex collègues de son mépris.

- Mon général ! vous ne pouvez nommer le général X… ! il est vraiment trop con.

- Con ! le général X… ? s’indigne le Général.

- Et après un temps de réflexion !

- Figurez-vous que je les sais depuis plus longtemps que vous !

C’est ainsi que le général X… reçut sa troisième étoile.

PS : passant à la librairie Jean Jaurés je n’ai pas pu résister à une extraordinaire photo de Brassaï ou deux marins entourent une jeune fille équipée à la mode des années trente. Ah, nostalgie quand tu nous tiens !

Pour la petite histoire la photo date de 1933 et elle a été prise place d’Italie sans doute dans un lieu plutôt mal famé. Nous y voyons donc deux petits gars de l’aéro entourant la belle Conchita (selon les critères de l’époque). Ce petit ouvrage est édité pour le compte de « Médecins sans Frontière », il nous plonge dans le monde disparu de nos grands parents pour la modique somme de 12.50 €.


mission Lynx Estonie OTAN Nato Pays baltes eFP enhanced Forward Presence

mission Lynx Estonie OTAN NATO


Depuis le début du mois de septembre, les militaires français de la mission LYNX en Estonie ont réalisé plusieurs séquences de coopération opérationnelle avec les unités estoniennes.


Le SGTIA est composé en majorité de chasseurs alpins du 13e BCA appuyés par une section du génie du 2e Régiment étranger de génie (2e REG) ainsi qu’une équipe d’observateurs avancés du 93e Régiment d’artillerie de montagne (93e RAM). Spécialisés dans le combat d’usure en milieu extrême et grand froid, les militaires français sont équipés de Véhicules haute mobilité (VHM) adaptés aux besoins tactiques hivernaux.


Les chefs d’État et de gouvernement des Nations alliées ont décidé en 2016 à Varsovie « de renforcer encore la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance face au nouvel environnement de sécurité ». À ce titre, la présence avancée renforcée de l’OTAN (eFP - enhanced Forward Presence) permet aux Alliés de déployer des contingents militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer la posture de défense de l’Alliance par une position dissuasive, mais non agressive. À la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, le président de la République a décidé de maintenir la participation française au dispositif eFP en projetant un sous groupement à dominante infanterie ; spécialisé dans le combat d’usure en milieu difficile et en conditions hivernales. Ce déploiement constitue le 6e engagement de la France dans la mission eFP des pays baltes depuis 2017.


Déployé sur le Central Training Area du camp militaire de Tapa, un groupe d’appui génie français du Sous-groupement tactique interarmes (SGTIA), avec ses deux Engins du génie rapide de protection (EGRAP), a appuyé une section du génie estonien du Scouts Battalion. Sous les ordres d’un lieutenant du génie estonien, les sapeurs des deux nations ont conduit ensemble différents chantiers à l’image de la réalisation de postes de combat ou de tranchées de combat, capables de résister à des tirs d’artillerie ennemis.

Les commandos montagne du SGTIA, intégrés au Battlegroup de l’enhanced Forward Presence (eFP), ont participé à un challenge militaire organisé par les forces armées estoniennes. Dans la région de Parnu à l’ouest du pays, les soldats français ont pu se mesurer à leurs homologues estoniens et lettons durant plusieurs jours à l’occasion de différents ateliers tactiques : orientation et progression en milieu hostile, sauvetage et combat en zone urbaine, tir de précision et techniques de survie en environnement dégradé.  



https://defense-zone.com/blogs/news/portfolio-lynx-estonie-otan-armee-de-terre

https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_136388.htm

https://www.defense.gouv.fr/operations/actualites/lynx-consolidation-cooperation-larmee-estonienne

https://www.defense.gouv.fr/operations/actualites/lynx-releve-du-detachement-francais-lefp-battle-group

20 novembre 2022

L’Archipel des Crozet par Aubert de LA RUE

L’Archipel des Crozet par Aubert de LA RUE

Michel Izard - photo JM Bergougniou
Lors de la préparation de l'entretien avec Michel Izard vainqueur du prix Henri-Quéffelec décerné lors du Festival Livre et Mer de Concarneau (Le mystère de l'île aux cochons), j'ai relu l'Archipel des Crozet par Aubert de la Rüe. 
je vous fais partager ce document.

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, on admettait l'existence dans l'hémisphère sud au delà du 40e parallèle d'un vaste continent austral. En 1772. deux expéditions françaises partirent à la conquête de cette fameuse Terra australis Incognito

La première. dirigée par le Breton Yves de Kerguelen. aboutit à la découverte d un archipel portant aujourd'hui son nom. La seconde était celle de Marion Dufresne. qui. à bord du Castries, accompagné du lieutenant Crozet sur le Mascarin, découvrit dans le sud de l'Océan Indien un certain nombre d'iles formant deux archipels distincts.

Le 13 janvier 1773, Marion reconnut par 47° de latitude et 38° de longitude, deux îles



 montagneuses qu'il nomma respectivement Ile de l’Espérance et « ile de la Caverne », plus connues aujourd'hui sous le nom d’Ile Marion et d'Ile du Prince Edouard et appartiennent maintenant à l'Angleterre. 

Carte Marine îles des apôtres photo JM Bergougniou
Poursuivant sa route vers l'Est l'expédition de Marion rencontra, dix jours plus tard d'autres îles réparties en deux groupes séparés par une centaine de kilomètres Les plus occidentales reçurent le nom d’« Iles Froides » et les plus orientales ce' lui d’« Ile Aride » et d'Ile de la Possession ». 

îles des apôtres photo JM Bergougniou
Ce sont ces différentes îles qui constituent l'archipel des Crozet rattaché au Gouvernement Général de Madagascar depuis 1924. Cet archipel comprend six îles principales entourées d'un certain nombre d îlots et de récifs. 

 
Crozet les Moines photo JM Bergougniou
La superficie totale du groupe est estimé à 500 kilomètres carrés- Ces îles sont comprises entre 50° 30 et 52° 30" de longitude Est et sont situées par 46° 30’ de latitude. En voici un bref aperçu. 

Crozet les Moines photo JM Bergougniou

L’ile aux Cochons, l’une des îles Froides de Marion, doit son nom au fait qu'il y a 100 ans, des chasseurs de phoques, américains pour la plupart, y introduisirent de nombreux porcs destinés à leur alimentation. Ces porcs qui se nourrissaient exclusivement de manchots avait une chair d’un goût assez désagréable, si l’on en croit les récits de ces chasseurs. 

 île aux Cochons photo JM Bergougniou
L'île aux Cochons, de forme circulaire, a une dizaine de kilomètres de diamètre Son point culminant atteint 610 mètres 

 île aux Cochons photo JM Bergougniou
De nombreuses cascades parviennent du sommet de la montagne et coulent sur le versant oriental de l’ile, la mieux abrité du vent et sur lequel on peut aborder sans trop de difficulté. 

 île aux Cochons photo JM Bergougniou

Les anciens chasseurs installèrent là, au fond d une anse bien abritée, quelques cabanes qui servirent ensuite de dépôt de vivres. 


Les Iles des Apôtre. situées un peu au Nord-Est de la précédente, doivent leur nom au fait qu'elles sont au nombre de douze. Les deux principales ont quelques  kilomètres de long ; quant aux autres, ce sont des îlots inaccessibles. 

 île des pingouins  photo JM Bergougniou
L'ile des Pingouins ou île Inaccessible est la plus méridionale de l'archipel Marion ne la vit pas et sa découverte, due au navire français l'Héroïne, remonte à 1837 . 


île des pingouins  photo JM Bergougniou
Haute de 300 mètre, cette île est limitée de tous côtés par de hautes falaises peuplées par une multitude d'oiseaux de mer. Personne n’est encore parvenu à y débarquer. 


L’ile de la Possession fait partie du groupe oriental. C’est la principale de tout l'archipel et c’est également celle dont l'accès est le plus facile. Elle n’a pas moins de 30 km de long sur une quinzaine de large Sa partie centrale est occupée par une chaîne montagneuse, haute de 1.500 m. Les rivières et les cascades y sont nombreuses. 

île de la Possession  photo JM Bergougniou
La côte orientale, protégée de la grosse boule de l’Ouest, offre quelques baies assez bien abritées. 
île de l'Est  photo JM Bergougniou
L'ile de l’Est, l'ancienne île Aride de Marion, est la plus orientale de l'archipel Elle est également très montagneuse et ses sommets se dressent jusqu’à 1.200 m 

île de la Possession  photo JM Bergougniou
Les différentes îles de l'archipel sont donc toutes très montagneuses. Il ne semble pas exister de glacier, mais les plus élevées, l’ile de la Possession et l’ile de l’Est, ont des neiges éternelles. Les versants de ces iles, libres de neige pendant une bonne partie de l’année, sont en partie recouverts de vastes prairies d'Acaena ; 

Chou de Kerguelen  photo JM Bergougniou
les choux de Kerguelen y sont très nombreux. Quant aux arbres, ils manquent totalement. L'eau douce se rencontre par tout en abondance. Le climat des Crozet est très voisin de celui des Kerguelen. La température y varie en général entre 5“ et 10", Le pluies et les chutes de neige sont fréquentes et les vents d'une grande violence. 

BUS Eléphants de mer - photo  JM Bergougniou

La mer ne gèle jamais autour de l'archipel. Mais les icebergs sont assez fréquents dans ces parages et, fait curieux, ils semblent plus nombreux qu’aux Kerguelen. 

Port Alfred Manchotière  photo  JM Bergougniou
La faune des iles Crozet est assez pauvre. Elle comprend principalement des oiseaux de mer. parmi lesquels les manchots et les albatros sont les plus nombreux. A l’intérieur du pays, autour des étangs, les canards sauvages ne sont pas rares. Sur certaines iles du groupe, on rencontre de nombreux lapins. Les éléphants de mer viennent chaque année très nombreux le long des côtes- On rencontre en outre aux Crozet le phoque à fourrure dont la peau, très recherchée, est utilisée sous le nom de loutre de mer

Les orques photo DR
Les baleines sont également fréquentes dans ces parages, mais, à l'inverse des phoques, elles ne viennent que pendant l’hiver. Les iles Crozet constituent actuellement un Parc National où la chasse est interdite. 

BUS Eléphant de mer et skua photo  JM Bergougniou

Marion, lorsqu’il découvrit cet archipel, donna l'ordre à son lieutenant Crozet, de débarquer sur l’ile principale, celle qui porte le nom de l'Ile de la Possession et d'en prendre possession au nom du Roi. 

Crozet Implantation d'un camp de phoquiers  photo  JM Bergougniou


Dès 1802, des chasseurs de phoques fréquentèrent les Crozet, et plusieurs d'entre eux séjournèrent là plusieurs année» consécutives. Les rares expéditions scientifiques qui passèrent aux îles Crozet ne purent y débarquer ou n’y séjournèrent que quelques heures à peine. 



La première fut celle de Ross en 1840, puis celle du Challenger en 1873. L'année suivante, le navire américain Monongahela y fit une brève escale. 





Enfin, le» membres de l'expédition allemande du Gauss touchèrent l’ile de In Possession en 1902. A l'heure actuelle, les Crozet demeurent encore les iles les moins bien connues de toutes les terres subantarctiques de l'Océan Indien austral- 
Aucune expédition scientifique n’a exploré l'intérieur du pays dont l'étude peut ménager d'intéressantes surprises Ainsi, au point de vue géologique, on ignore leur constitution exacte. Les îles sont certainement en partie volcanique, comme les autres îles de l’Océan Indien. Certains navigateurs ont observé que les côtes étaient en partie de nature basaltique. 

Il y a peu d’années encore, on pensait qu'il en était de même de l'archipel de Kerguelen, de l’ile Heard, etc.. De récentes explorations ont montré que la constitution de ces différentes îles était en réalité beaucoup plus complexe. Il est permis de penser qu’il en sera de même des Crozet. 


Crozet chaudron de phoquiers  photo  JM Bergougniou
En plus des chasseurs de phoques et des quelques expéditions dont je viens de parler, les iles Crozet ont servi de refuge à de nombreux naufragés. L aventure tragique des naufragés du Tamaris mérite à ce propos d’être contée. Le 18 septembre 1887, on trouvait sur la plage de Freemantle en Australie, un albatros mort.au cou duquel était attaché un morceau de fer-blanc portant 1 inscription suivante : Douze naufragés sont réfugiés sur les iles Crozet. 3 aoûl 1887. 


Il s'agissait des naufragés du trois-mâts Tamaris, allant de Bordeaux en Nouvelle-Calédonie. Le Ministère de la Marine, immédiatement avisé, chargea l'aviso Meurthe de se rendre aux Crozet. Arrivée en novembre, la Meurthe fouilla tout l'archipel et, en visitant le dépôt de vivres établi, plusieurs années auparavant. sur l'ile aux Cochons, s’aperçut que les naufragés du Tamaris avaient séjourné là. La cabane était vide, mais on trouva un papier sur lequel l'un des rescapés racontait le naufrage Le 9 mars, le Tamaris s'était brisé sur les falaises de l'île aux Pingouins. 



A l’aide de leurs embarcations qu'ils avaient pu sauver, les naufragés gagnèrent l'île au Cochon où ils demeurèrent jusqu'au 30 septembre. Pensant qu’on ne viendrait jamais les chercher, ils essayèrent de gagner l'ile de la Possession, sur laquelle ils pensaient trouver un autre dépôt de vivres. Espérant les trouver sur cette dernière ile, la Meurthe s’y rendit, mais ne trouva personne- Poursuivant ses recherches, la Meurthe gagna l’ile de l'Est où se trouvaient sept hommes. Ce n’étaient malheureusement pas les naufragés du Tamaris, mais des Américains que l'on avait déposés là, deux mois auparavant et qu'un navire devait reprendre quelques mois plus tard, une fois leur campagne terminée. 

Ils ignoraient complètement la perte du Tamaris et ne purent fournir le moindre renseignement sur les naufragés. 

On n'entendit plus jamais parler d’eux, leur tentative de vouloir gagner l’ile de la Possession, à bord de leur frêles embarcations, leur ayant été fatale.

19 novembre 2022

sous-marin Le TRIOMPHANT Bleu 2P13

sous-marin Le TRIOMPHANT


Une profonde mutation technologique

En 1982, alors que débutaient les premiers développements et que le projet du sous-marin n'était encore que dans les limbes, la conception et la réalisation du Triomphant ont été perçues d'emblée comme une tâche d'une ampleur et d'une complexité comparables, quoique se situant dans des domaines différents, à celles qu'avait connues en son temps la conception du Redoutable. 


Dans le cas du Triomphant, c'est bien évidemment la satisfaction des objectifs très ambitieux fixés en matière de discrétion acoustique qui impliquait les efforts d'innovation les plus considérables et qui allait véritablement gouverner la conception du bâtiment :


- définition des formes de carène et d'un nouveau type de propulseur (pompe-hélice) permettant de minimiser les bruits d'origine hydrodynamique ;

- conception, puis qualification d'appareils à très faibles niveaux intrinsèques de vibrations ;

- définition, développement et validation des dispositifs très divers permettant "de filtrer" les vibrations résiduelles dans leur cheminement vers la coque.

Mais la discrétion acoustique ne constitue pas, loin de là, le seul domaine où il a fallu innover pour satisfaire le niveau de performance recherché.


Citons sans prétendre à l'exhaustivité :

- l'accroissement très sensible de l'immersion maximale permis par la mise en oeuvre d'un nouvel acier à très haute limite élastique (100 HLES) et le développement d'une nouvelle technologie des circuits d'eau de mer ;


- les progrès accomplis en matière de propulsion nucléaire avec le développement de la nouvelle chaufferie de type K15 (commune aux SNLE type Le Triomphant et au porte-avions type Charles de Gaulle) ;

- le système d'exploitation tactique, qui utilisera un réseau d'antennes de détection sous-marine représentant une multiplication par un facteur d'environ dix du nombre d'hydrophones installés, et, par voie de conséquence, de la puissance de traitement et de calcul associée, par rapport aux SNLE type M4 ;


arrivée du bloc moteur sur une barge
- le système de navigation inertielle qui fera appel à des gyroscopes à très faible dérive intrinsèque, développés spécifiquement pour Le Triomphant ;

- la résolution des délicats problèmes posés par l'éjection en plongée du missile M4 à partir de tubes dont la géométrie est notablement différente de celle des tubes utilisés sur les SNLE actuels ;

- le système de transmission radio-électrique qui autorisera la réception en plongée des ondes LF et VLF dans un domaine accru d'immersion et de vitesse

De nombreux types d'acier ont été utilisés, permettant de descendre à des profondeurs de plus en plus importantes. Un coefficient de sécurité est attribué pour les sous-marins, c'est-à-dire que si le sous-marin est conçu pour descendre à une certaine profondeur, il ne peut dans la réalité l'atteindre, pour laisser une marge de manœuvre en cas d'incident. Ce coefficient de sécurité varie de 1,2 à 2 selon les pays.

Tous les pays constructeurs de sous-marins sont passés aux aciers alliés au nickel-chrome molybdène-vanadium à Haute Limite Elastique Soudable. La France utilise du 100 HLES, c'est-à-dire qu'il peut résister à 100 kg/mm2. Seuls les russes utilisent des alliages à base de titane, aluminium, vanadium. Cet alliage présente l'avantage, à égalité de limite élastique, d'être 1,8 fois plus léger que les aciers alliés. Le titane est par ailleurs incorrodable et sa signature magnétique est très faible. Les marines occidentales n'ont pas adopté les alliages de titane, 300 fois plus onéreux que l'acier et dont la mise en œuvre nécessite des installations de soudage sous vide. Les sous-marins à coque de titane ont une immersion maximale opérationnelle supérieure à celle des coques aciers.

Passage de Toulon à Alger 1839 sur un navire de la Marine Royale Cerbere

 Passage maritime de Toulon à Alger 1839 Cerbere  La conquête de l'Algérie débute par le débarquement de l'armée d'Afrique à Sid...