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21 mai 2024

Par estafette Paris Le Havre Bureau de Poste Assemblée nationale chambre des députés

 Estafette Bureau de Poste Chambre des députés

Courrier par Estafette pour Le Havre expédié depuis le bureau de poste spécial de la chambre des députés. La marque était appliquée sur le recto de la lettre.


1834 Marque linéaire avec mention : BEAU DE POSTES CHBRE DES DEPUTES

Si les estafettes étaient d'abord chargées de courriers officiels, à partir des années 1820 le courrier du public sur certaines liaisons (moyennant surtaxe ou non), proposaient un service postal par cavalier plus rapide que les malles-poste du même trajet.


Le service d'estafette Le Havre - Paris  est créé en 1818, sans surtaxe, suite aux demandes réitérées du négoce havrais. Partant du Havre chaque jour à 16 h, le courrier  était à Paris le lendemain matin vers 7 h. 






Et Aujourd'hui qu'en est-il du courrier de nos élus?

Affranchissement du courrier et impressions

Les correspondances (courrier, portage, méls et SMS en nombre) de nature parlementaire, c’est-à-dire adressées par un député dans le cadre de l’accomplissement de son mandat, sont prises en charge dans le cadre de la DMD. Enfin, est aussi éligible à la DMD la dépense relative à l’impression d’un document de communication parlementaire.

Par ailleurs, les députés peuvent faire appel à l’atelier de reprographie du Palais Bourbon où ils disposent chacun, pour leurs besoins parlementaires, d’un droit de tirage maximal de 20 000 copies par an, dont 5 000 copies en couleur.

22 novembre 2023

Etienne et Lionel Peau photographe explorateur TAAF Kerguelen Le Havre 1923

 Etienne et Lionel Peau Kerguelen TAAF 1923


Étienne Peau est né au Havre (Seine-Maritime) le 3 décembre 1877. 

Très lié au milieu maritime, il s’est très tôt passionné pour la mer, les œuvres de Jules Verne et en particulier « Vingt Mille Lieues sous les mers » sa lecture favorite. Il n’est donc guère étonnant, qu’à l’âge de 17 ans, il ait réalisé un modèle réduit de sous-marin électrique téléguidé. 


En 1901, il dépose un brevet pour un scaphandre qu’il vient de concevoir et qui lui permet d’affronter les grandes profondeurs marines. Trois ans plus tard, c’est un appareil à relever les épaves qu’il met au point. C’est à partir de 1905, alors qu’il vient de découvrir les travaux de Louis Boutan et de Joseph David, qu’il décide de mettre son savoir-faire photographique au service de la plongée. 


Dès fin 1906 jusqu’en 1908, il prend les premières photos sous-marines, jamais réalisées en Manche orientale, grâce à un appareil enfermé dans un caisson étanche issu de sa conception. Il choisit la baie de Sainte-Adresse et la plage du Havre pour se livrer à ses essais. Dans un premier temps, il plonge en scaphandre lourd avec le caisson puis choisit de n’immerger que le caisson. 


Il réalise ainsi une cinquantaine de clichés. Étienne Peau rentre en 1918 comme chef des travaux biologiques à l’Institut océanographique du Havre, et, simultanément, comme conservateur adjoint au Muséum d’histoire naturelle de sa ville natale. En 1923, il est commissionné par le gouvernement et part sous l’égide du Muséum national d’histoire naturelle à Paris pour évaluer l’intérêt économique de l’archipel des Kerguelen. 

Il revient de sa mission avec quantité de données sur l’environnement de ces îles australes. Ses échantillons de roche, les herbiers et les taxidermies sont déposés au Muséum national ainsi qu’au Muséum du Havre. Très sensibilisé à la vulgarisation du savoir et à la divulgation des connaissances au public, son état d’esprit et ses manières dérangent le pouvoir politique et religieux local. 

 Il est contraint en 1927 de remettre sa démission du Muséum du Havre et est licencié par la Ville du Havre, l’année suivante, de son poste à l’Institut océanographique. Malgré ces coups portés à son moral, Étienne Peau, toujours passionné par la mer, continuera à publier quelques articles et à participer à différents congrès. Il mourra, le 11 juin 1940, lors de l’évacuation de la ville du Havre, sur un navire bombardé et coulé en baie de Seine par l’aviation allemande.




Étienne PEAU (1877-1940) 

Biographie d’un pionnier de la photographie sous-marine en Manche orientale. 

par Thierry VINCENT 

bulletin trimestriel de la société géologique de normandie et des amis du muséum du havre 


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5333856m/f5.image.r=%22etienne%20Peau%22?rk=21459;2

23 avril 2023

Paquebot Louis Lumière 10-10-1952 Chargeurs Réunis ligne Buenos-Ayres

Paquebot Louis Lumière 10-10-1952


La présence française sur cette ligne est ancienne : elle date de 1867 pour la SGTMV (qui deviendra SGTM), de 1872 pour les Chargeurs réunis (qui deviennent en 1949, CMCR : Cie maritime des Chargeurs réunis) et de 1912 pour la Compagnie de navigation Sud-Atlantique (contrôlée dès 1916 par les Chargeurs réunis qui ont acquis la majorité des actions).




 C’est une ligne intéressante qui attire toutes les nations maritimes. Un fort mouvement d’émigrants espagnols et italiens vers l’Argentine se combine avec un important courant d’échanges de marchandises : produits finis d’Europe et des États-Unis contre produits de l’agriculture et de l’élevage des pays d’Amérique du Sud.


Lancé le 28 novembre 1951 à St Nazaire pour les Chargeurs Réunis. Comme ses sister-ships CHARLES-TELLIER et LAENNEC, il assure la ligne Hamburg-Le Havre-Buenos Ayres, premier départ le 18 octobre 1952. Remis aux Messageries Maritimes le 13 février 1962. Assure la même ligne, puis est loué au Club Méditerranée d'Août 1966 jusqu'aux évènements de Suez en 1967.


Logo CMCR 2Un mot sur le pavillon des Chargeurs. 

À l’origine, le pavillon des Chargeurs arbore cinq boules rouges, vite remplacées par les fameuses cinq étoiles, symbolisant « les cinq continents que les Chargeurs Réunis ont l’ambition de relier ». Cinq étoiles qui, pour l’anecdote, vaudront à la Compagnie de la part des marins anglais le surnom de « Brandy Line », en référence au brandy tout aussi étoilé…




Louis LUMIÈRE de la Cie des Chargeurs Réunis

Lancé 1er 28 novembre 1951 par les Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire Penhoet pour le compte de la Compagnie des Chargeurs Réunis. Destiné à la ligne d'Amérique du Sud.

Lors de l'abandon de la ligne d'Amérique du Sud par la Compagnie de Navigation Sud Atlantique, gérée par la Compagnie des Chargeurs Réunis, le Gouvernement incita la Compagnie des Messageries Maritimes à reprendre l'exploitation de cette ligne afin de ne pas désarmer les trois paquebots en plus du LAVOISIER qui était désarmé au Havre depuis de longs mois. Les équipages furent conservés et par mesure exceptionnelle, trois commandants, 3 chefs mécaniciens, 3 commissaires, 3 médecins, 3 chefs radio et 7 commissaires adjoints furent admis dans les cadres des états-majors.




Départ tous les 21 jours de Hambourg pour Anvers, Le Havre, Vigo, Lisbonne, Rio de Janeiro, Santos, Montevideo, Buenos Ayres. Retour par les mêmes escales avec touchée à Las Palmas pour les soutes, puis Dunkerque à la place d'Anvers.





Longueur : 157.16 m HPP et 163.60 m HT

Largeur : 16.60 m

Jauge brute : 12.000 tjb

Port en lourd : 9.500 tonnes

Capacité : 8.000 m3 dont 3.200 m3 de frigos.

Déplacement : 17.600 tonnes

Capacités de chargement : 5 cales

Apparaux de manutentions : 10 mâts de charge de 5 tonnes – 2 mâts de charge de 8 tonnes

PROPULSION :

2 moteurs Sulzer deux temps simple effet,

8 cylindres de type 8SD 72

Combustible : Diesel oil

Puissance totale : 10.000 cv à 120 t/mn

Vitesse : 17 nœuds.



PERSONNEL :

Etat-major : 17 officiers

Équipage : Pont 25 marins – Machine : 22 mécaniciens

ADSG : 80 hommes au service des passagers et de l'équipage.








01 mars 2023

Fanfare Contre-torpilleur décembre 1907 Le Havre chantier Augustin Normand

 Contre-torpilleur Fanfare

Bon on commence la journée en musique, tambours et trompettes, trombones et hélicons, je vous invite à suivre la Fanfare...






L'Ouest-Eclair 21 décembre 1907


Le lancement du contre-torpilleur « Fanfare ». — Le contre-torpilleur Fanfare a été lancé, jeudi dernier, aux chantiers Augustin Normand et Cie, au Havre. 
Voici les caractéristiques de ce navire. : déplacement, 328 tonnes ; longueur, 58 mètres ; largeur, 6 m. 28 ; tirant d'eau arrière, 2 m. 96. Les deux machines verticales à triple expansion, alimentées chacune par une chaudière Normand, ont une puissance totale de 6.800 chevaux, devant donner une vitesse de 28 noeuds. La contenance, des soutes est de 30 tonnes, assurant un rayon d'action de 2.300 milles à la vitesse de 10 noeuds et de 217 milles à la vitesse maxima. L'armement consiste en un canon de 65 m/ni à tir rapide à l'avant, quatre de 47 m/m à tir rapide et deux tubes lance-torpilles aériens, pour torpilles de 450 m/m. L'équipage sera de 68 hommes, y compris les officiers.


L'Ouest-Eclair 18 janvier 1908

Le torpilleur d’escadre Fanfare fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre :

– du 2 août 1914 au 24 juillet 1915 ;
– du 7 novembre 1915 au 8 octobre 1916 ;
– du 3 février 1917 au 8 octobre 1918 ;
– du 20 février au 30 juillet 1919 ;
– du 6 au 24 octobre 1919.



L'Ouest-Eclair 1er mars 1935

Il fut ensuite considéré comme bâtiment armé militairement du 24 octobre 1919 au 10 avril 1920 (Arrêté du 13 juillet 1923 donnant Liste des bâtiments et formations ayant acquis des bénéfices de campagne du 24 octobre 1919 au 1er janvier 1923 : Bull. off. Marine 1923, n° 23, p. 78 et 81.).

Du 17 mars au 21 juillet 1919, puis du 19 octobre 1919 au 12 mars 1920, il prit part aux opérations de Syrie~Cilicie (Instruction du 28 novembre 1922 relative à l’application à la Marine de la Loi instituant la médaille commémorative de Syrie~Cilicie : Bull. off. Marine 1922, n° 35, p. 695 et 700.).




― 23 décembre 1914 : Engagement avec des forces terrestres turques lors d’une tentative de débarquement sur la côte ottomane.
● Fanfare – alors commandé par le lieutenant de vaisseau Constant Charles René BONNIN –, Journal de navigation n° - / 1914 – 4 déc. ~ 26 déc. 1914 : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 209, p. num. 200.

« 23 décembre [1914]

9 h. 40 ― Fait route pour croisière Ténédos.

10 h. 00 à 10 h. 35 ― Tiré sur une embarcation suspecte à terre (au Sud d’Youkeri). Tir apprécié ; 3 coups par pièce pour 3 pointeurs, plus une salve. Total, 12 coups tirés.

11 h. 00 ― Tournée des mines.

12 h. 50 ― Amené la baleinière avec un détachement en armes pour opérer une … sur le rivage au Sud de Youkeri.

13 h. 00 ― La baleinière est attaquée par l’infanterie embusquée à terre. Rappelé la baleinière.

Dans la tentative de débarquement :

– Couïnet, quartier-maître fusilier : éclat de projectile à la face et … ;

– Colson, quartier-maître signaleur : tué d’une balle à la poitrine ;

– L’Hôte, quartier-maître de mousqueterie : blessé au genou ;

– Daniel, fusilier breveté : blessé de 2 balles, visage et omoplate.

13 h. 15 ― Fait route pour le mouillage Sud.

13 h. 35 ― Stoppé près du Gaulois pour remettre les blessés. »




L'Ouest-Eclair

https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=43611&start=20

31 janvier 2023

Raymond Rallier du Baty- Jean Loranchet Aviation Maritime Dunkerque le Havre Oran Kerguelen TAAF Albert Seyrolle hydravion

 Raymond Rallier du Baty- Jean Loranchet Aviation Maritime Dunkerque



On connait les frères Rallier du Baty, Loranchet pour leurs explorations de Kerguelen avec Charcot, ou sur le "J.B. Charcot", "La Curieuse", pour la cartographie des Kerguelen mais peu d'entre nous se souviennent que Raymond et Jean furent durant la première guerre mondiale des membres éminents de l'Aviation maritime, l'Aéronautique navale naissante. 
Et qui sait que Albert Seyrolle est décédé suite à l'inhalation d'hydrogène arsénié à bord du sous-marin Armide?

Raymond Rallier du Baty

Ayant des antécédents dans la Royale, son père est capitaine de vaisseau, son oncle est amiral, il choisit cependant la Marine marchande... 

Cependant il est rattrapé par la Marine d'Etat, Il effectue son Service militaire comme matelot sur le cuirassé Brennus.

Il part avec Charcot pour la première expédition française en Antarctique en 1903. Il publiera un carnet de bord « Dans l’ombre de Charcot ». Chargé des relevés géodésiques afin de cartographier les endroits où séjourne l’expédition, ce sera  le déclic à ses nombreuses aventures. Il est de toutes les corvées, de toutes les sorties.

Il repartira en armant La Curieuse en 1913-1914


La France entre en guerre et l'équipage de la Curieuse de retour en France est mobilisé et dispersé.

Albert Seyrolle

Albert Seyrolle rejoint alors les sous-marins à Toulon, le 2 février 1916, comme quartier maître timonier. Participant à toutes les opérations de l’armée navale pendant deux ans, il est victime, avec une partie de l’équipage de l'Armide,d’intoxications dues à des émanations d’hydrogène arsénié, lors d’une plongée de longue durée. 

Hospitalisé à Corfou, il est réformé le 16 octobre 1918. Il décède le 6 octobre 1919 à l’hôpital de la Charité, à Paris. Il n’avait vécu que 32 années, dont 15 passées en mer.


Rallier du Baty et Loranchet ayant leurs brevets de pilotes sont affectés à la même escadrille d’hydravions comme officiers pilotes et se comportèrent héroïquement. 

Au début des hostilités, l'aviation maritime possède 25 aéronefs, 28 pilotes et une centaine de marins. René Caudron a réussi à décoller de la plage avant de la Foudre en mai 1914 mais ce bâtiment est un si piètre porte-aéronefs que l'essor de l'aviation embarquée en est différé. L'effort se porte donc sur les hydravions à coque, et sur le terrestre Nieuport équipé de flotteurs, répartis entre les centres déjà existants, ou créés au fur et à mesure des besoins.


Au cours des quatre années de guerre, hommes et machines sont présents sur la plupart des théâtres d'opérations en Adriatique et à Port-Saïd, à Bizerte et à Oran, à Saint-Pol et à Dunkerque, où, en 1917, s'illustre déjà l'E.V. Teste.



Jean Loranchet est le second de la Curieuse dans l'expédition au Kerguelen de 1913 à 1914.
L'équipage outre Rallier du Baty se compose ainsi :

Lieut. Georges Saint-Lanne-Gramont, maître d'équipage Serrandour, matelots Yves André, Albert Seyrolle, Louis Rabre, Henri Boudoux

Il est grièvement blessé et du Baty est chargé d’organiser les escadrilles de l’aéronautique maritime, de la Mer du Nord. D'abord à Dunkerque puis il fondera le centre d'hydravions du Havre. 

L'escadrille du Havre est créée en juillet 1915. Il s'agit de protéger le trafic maritime du port normand des attaques de sous-marins ennemis. L'EV1 Rallier du Baty est désigné pour assurer la surveillance des travaux d'aménagement. 


Courant octobre, deux hydravions FBA 100 ch et des équipages sont détachés du CAM de Dunkerque.

Il participe à de nombreuses patrouilles aériennes en mer du Nord.  Les missions commencent en novembre mais sont arrêtées en décembre, les personnels spécialisés étant  rappelés d'urgence pour armer le CAM de Bizerte. En janvier 1916, les installations de l'escadrille du Havre sont mises en gardiennage et il faudra attendre avril, pour que l'ordre de réactiver l'endroit soit donné.

Il devint l’officier de liaison des troupes américaines à leur débarquement en France dans le port de Nantes en 1917. 



Puis il sera affecté à Oran Arzew 1917-1918

Ils donneront leurs noms à des sites aux Kerguelen.

Sources

https://envelopmer.blogspot.com/2020/12/aviation-maritime-dunkerque-hydravion.html


Pour les experts médicaux

http://ecole.nav.traditions.free.fr/pdf/seyrollerapportsm.pdf


16 janvier 2022

Belgique 1914 gouvernement belge Sainte-Adresse Le Havre Seine-Inférieure

Le Gouvernement belge à Sainte-Adresse 1914

A la suite de l’invasion de la Belgique, en août 1914, quel est le sort du Gouvernement belge ? On ne peut douter que les ministres, leurs cabinets ainsi que toute l’intendance que cela comprend, aient cherché tous les subterfuges adéquats pour continuer à exister. Mais, en revanche, face à l’occupation de la Belgique, au sens physique du terme, comment les autorités belges ont-elles réagi ? 

De tout temps, l’exil a souvent été la planche de salut pour les dirigeants, hommes d’état, factions ou institutions contraints et forcés de quitter les allées du pouvoir. N’en avait-il pas été ainsi, en 1870, lorsque, devant l’avancée des troupes prussiennes en France, le Gouvernement de Paris avait rejoint la ville de Bordeaux ?


En août 1914, la Belgique est envahie par les troupes allemandes. Malgré des combats acharnés, le repli est inévitable, la garnison bloquée dans Anvers abandonne le combat. 

Le gouvernement belge partit en exil, tandis que Albert Ier et l’armée belge continuent le combat sur l’Yser, une section du Front de l’Ouest.



Le 10 octobre de la même année, le gouvernement belge demande l'hospitalité à la France. La ville de Sainte-Adresse est choisie car, proche du port du Havre, le «Nice havrais» présentant de vastes bâtiments luxueux et des villas récemment construites par Dufayel, pourra accueillir et loger le gouvernement et les ministères belges.

L'Hôtellerie Normande, ici représentée sur le timbre à 0,76 €, sert essentiellement de résidence commune pour les ministres. 

La petite ville de Sainte-Adresse est ainsi transformée en véritable siège des autorités belges avec une intendance et une logistique capable de restituer une maîtrise des affaires courantes de la Belgique envahie.

Une boîte aux lettres de couleur rouge rappelle toujours la présence du gouvernement belge à Sainte-Adresse en 1914 !

Il fallait faire vivre la Belgique à l’extérieur. Lui redonner une voix, un poumon et des idées. Le danger ? Perdre son autonomie et devoir faire amende honorable devant le pays-hôte. En effet, le pays-hôte, et non l’allié. Durant toute la guerre, la Belgique a, en un sens, mené seule son combat. Neutre, elle s’est défendue, et ne fut jamais intégrée aux "Alliés". Elle s’est donc trouvée en exil dans un pays "belligérant", d’où elle fuyait l’invasion d’un autre "belligérant". Dans une cité, proche du Havre, dont le nom résonne avec une étrange justesse au regard des circonstances dramatiques : Sainte-Adresse.



Sous le contrôle de l’armée allemande, la Belgique fut divisée en trois zones administratives distinctes. La majorité du pays tomba sous le contrôle du Gouvernorat général une administration d’occupation officielle menée par un général allemand, tandis que les deux autres, plus proches de la ligne de front, étaient sous le coup d’une administration militaire directe et répressive.


L’inamovible ministre belge de la Justice, le comte Henry Carton de Wiart (1911-1918), faisait partie de ces nouveaux arrivants. Et il note : Ce fut en pleine nuit que nous abordâmes au Havre. En dépit de l’heure indue, toute une foule nous attendait sur la jetée et nous fûmes accueillis par des cris tels que "Vive la Belgique, vivent nos sauveurs !" qui mirent un peu de baume sur nos cœurs douloureux. Mais, tout cela faillit rapidement mal tourner. En effet, si les ministres belges sont acheminés à l’hôtellerie de Sainte-Adresse, il s’avère que le représentant de la Turquie s’y trouve aussi ! La scène, pour l’heure vaudevillesque, peut également se terminer en mauvais mélo. Si l’Empire ottoman, l’ "homme malade de l’Europe", est une puissance neutre, dès le 2 novembre 1914, il sera rangé par défaut dans le camp de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, pour avoir accueilli dans ses ports les navires Goeben et Breslau, avant qu’ils n’aillent pilonner des positions russes.


Mais, encore faut-il aménager la tête de pont d’une colonie belge peu ordinaire, et que l’on ne peut traiter comme le simple citoyen, au risque de provoquer un incident diplomatique franco-belge de fort mauvais aloi. Tout cela se déroule dans un contexte où, rappelons-le, les deux pays ne sont pas alliés, mais combattent les mêmes ennemis. Or, la maxime selon laquelle Les ennemis de mes ennemis sont mes amis n’est pas évidente dans tous les esprits de l’époque. Il ne faut pas commettre d’impair. On marche sur des œufs. Le 13 octobre, une sorte d’arche de Noé huppée arrive au Havre, à bord du Pieter de Coninck. Ce navire assure habituellement la navette Ostende-Douvres. Il est suivi du Stad van Antwerpen. Une fois débarqués, où installer ces gens ? On ne peut les entreposer dans des casemates. Par un hasard on ne peut plus opportun, il s’avère que, depuis peu, Le Havre souhaitait concurrencer les cités balnéaires de Trouville et de Cabourg (ce fut d’ailleurs un échec). Le nommé Dufayel, directeur du Nice-Havrais, était l’ordonnateur de ce grand projet. Une infrastructure habitable et, surtout, vide, pour des raisons à la fois climatiques et politiques évidentes.

Les ministres belges sont donc accueillis par Victor Augagneur, ministre français de la Marine. Le siège du Gouvernement belge sera incarné, pendant quatre ans, par une maison à colombages, en haut d’une falaise, dans le plus pur style normand ; elle sera détruite en 1944.

Jean Victor Augagneur ministre de la Marine
Si la municipalité de Sainte-Adresse restera française, les bâtiments occupés par les autorités belges y jouiront de l’extraterritorialité. Le roi des Belges, Albert 1er , quant à lui, y possèdera la Villa Roseraie, qu’il ne fréquentera pour ainsi dire pas. Le Chef de cabinet, le comte Charles de Broqueville, sera logé à la Villa Roxane et le corps diplomatique à l’hôtel des Régates. Bientôt, près de douze mille Belges vont peupler Sainte-Adresse, d’où sera pensé, conçu et, finalement, ordonné, le plus clair de la politique de la Belgique durant la guerre de 1914-1918.


Sources 



Vendée Globe La porte des glaces 7 novembre 2024

Vendée Globe La porte des glaces 7 novembre 2024 Le passage des skippers du Vendée Globe au large de ces districts des Terres australes et a...