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20 octobre 2022

Trois-mâts kléber première guerre mondiale septembre 1917 sous-marin

Le combat du voilier Kléber


     La victime n’est pas toujours facile à éliminer : l’installation de canons à bord des navires de commerce ou de pêche permet quelquefois de répondre à l’agresseur.





Une émouvante cérémonie A LORIENT

Le Président de la République décore les héros du trois-mâts « Kléber »


LORIENT, 3 octobre. (De l'envoyé spécial de L'Ouest-Eclair). C'est sous un ciel. gris, tout voilé de tristesse, que MM. Poincaré et Chaumet sont venus aujourd'hui, au nom du pays, saluer la marine française, au milieu de cet arsenal de guerre à l'aspect si sévère, en cette Bretagne qui fournit à notre flotte national un si beau contingent d'hommes admirables.

Les survivants du Kléber (L'Illustration)



Nul cadre ne pouvait mieux convenir à une cérémonie de cette nature. Nos marins, en effet le Président l'a fort bien dit sont de braves gens qui tous les jours dans le silence, sans que l'on s'en doute, sans avoir à espérer la consolation de la gloire, bravent tous les dangers, exposent leur vie à tout ins'tant, pour ravitailler les vaillantes troupes qui dans la tranchée tiennent tête à l'ennemi avec tant de ténacité, pour permettre à ceux de l'arrière de tenir jusqu'à la dernière minute.

Leur modestie ne se serait nullement accommodée d'une brillante parade au milieu des fleurs et de la verdure, sous un soleil rayonnant. Demandez plutôt à l'équipage du trois-mâts cancalais Kléber dont l'on se plait aujourd'hui, et à si juste titre, à célébrer les magnifiques exploits.




Les exploits du Kléber

Ils étaient douze à bord de ce voilier. Ils venaient d'Angleterre avec un chargement de charbon destiné à un port français. Le 7 septembre, ils rencontrent au large de Groix un sous-marin allemand qui tire sur eux immédiatement. Par bonheur ils ne sont pas atteints. Ils ont le temps de préparer la. résistance. Ils l'organisent sans précipitation mais avec sang-froid et avec énergie, sous l'habile direction du capitaine Lefauve, de Granville. Le canonnier Jain, servi par le matelot Basile, pointe l'unique pièce de 47 et fait feu sur le pirate qui s'empresse de disparaitre. Mais le capitaine Lefauve est tué à son poste le second, Plessis, de Dinard, prenant aussitôt le commandement, a une idée ingénieuse il va jouer de ruse avec l'ennemi Les canonniers vont se coucher près de leur pièce le reste de l'équipage va mettre les embarcations à la mer et y descendre pour faire croire à l'abandon du navire. Il n'a que le temps de donner cet ordre un obus vient le frapper mortellement. C'est au tour du maitre d'équipage Pionnier un gars de Noirmoutier, de le remplacer,


Avec une énergie toute simple, toute naturelle, Monnier fait exécuter l'ordre donné. Dans les canots, sept hommes s'éloignent du Kléber. Le sous-marin, qui ne cesse de le canonner les aperçoit et s'approche. Il les oblige à monter son bord, les interroge et apprend de leur bouche qu'il n'y a plus que des morts sur le trois-mats français. En réalité, il reste là trois rudes gars bien décidés à lutter jusqu'à la mort s'il le faut Monnier, Vain et Basile.

Brusquement les voici qui bondissent à la pièce et font leu. Le pirate est atteint. Il doit plonger avec une telle précipitation qu'un de ses hommes est obligé de se jeter à l'eau et de gagner avec les sept Français les embarcations du voilier. Basile est gravement blessé, lai est aveuglé par le sang qui lui coule des oreilles. Monnier tout seul, alimente et fait fonctionner la pièce, surveille le boche, le canonne chaque fois qu'il se montre et cherche mitrailler le Kléber. Mais voici la nuit. C'est la fin du combat qui dure depuis quatre heures. Il était temps. Le voilier avait perdu la hausse de son canon, emportée par un éclat d'obus.

Mais le sous-marin (il mesure 110 mètres de long), est lui aussi dans un état lamentable. Ayant repris celui de ses hommes qui lui manquait, il s'éloigne, mais sans pouvoir s'immerger et après avoir laissé derrière lui une forte odeur de pétrole. Il est blessé cruellement et doit procéder à des réparations qui sans doute exigeront de longues heures. Pendant ce temps, le Kléber, rallié par les sept matelots qui avaient simulé l'abandon, gagne la terre au plus vite, habilement dirigé par le maître d'équipage. A minuit et demi, il entrait dans les Courreaux de Groix. Sept heures plus lard, on le conduisait à Port-Louis.

Une si belle résistance méritait bien n'est-ce pas, d'être glorifiée devant le pays,



La revue

II est 8 h. 1/2 du matin quand le train spécial entre en gare. Le président de la République et le ministre de la marine sont accompagnés du général Duparge, secrétaire militaire de la présidence.

Sur le quai. MM. l'amiral Favereau, préfet maritime Guilloteau. sénateur Nail, Lamy, Le Rouzic députés Grimaud, préfet du Morbihan Esvelin, maire de Lorient Mony, sous-préfet. Une compagnie de fusiliers-marins rend les honneurs.


Aussitôt on monte en automobile et entre une double haie de soldats on se dirige vers l'arsenal. Sur tout le parcours, bien que la presse ait reçu défense d'annoncer le voyage officiel, se presse une foule respectueuse. Sur la place d'armes des marins, puis des artilleurs appartenant au 29e, au 1110 régiments et au 1er colonial, forment le carré.Au milieu, l'équipage du Kléber et tous ceux qui vont tout à l'heure recevoir des mains du président la récompense qu'ils ont si bien méritée. Tout autour, ainsi que sur les Quinconces, des spectateurs sont massés, avides d'apporter le témoignage de leur sympathie émue à ces hommes de la mer qui sont des leurs, qui les touchent de si près.

Une sonnerie de clairon. Le cortège officiel pénètre dans l'enceinte de l'arsenal. Les chefs de service leur ayant été présentés, MM. Poincaré et Chaumet passent sur le front des troupes.

Le Kléber (L'Illustration)

Puis le président prononce le discours suivant qui est vivement applaudi.

Le discours du Président Messieurs,

L'un des devoirs les plus doux et les plus sacrés qui puissent incomber au président de la République, est d'exprimer à tous les défenseurs du pays la reconnaissance nationale, Depuis que l'Allemagne impériale a entrepris contre des peuples innocents et paci/iques, cette horrible guerre de conquêtes et de domination, le me suis rendu le plus souvent possible, trop rarement encore à mon gré, au milieu de nos vaillantes armées de terre Pai visité leurs cantonnements et leurs tranchées. i ai vécu familièrement auprès des troupes et leur ai ainsi donné un témoignage presque permanent de la sollicitude et- de l'admiration des pouvoirs publics.

Combien de fois n'ai-je pas regretté de ne pas trouver aussi facilement l'occasion d'offrir à notre armée navale et à notre marine de commerce, le tribut d'hommages qu'elles n'ont cessé de mériter. Si j'ai envoyé de loin à nos escadres, les /élicitations de la France et de ses alliés, si j'ai vu à l'œuvre, dans les dunes de Belgique, l'héroique phalange des fusiliers-marins, fai eu la tristesse de n'avoir pas, et depuis le début des hostilités, partagé la vie de nos équipages.

Le dernier souvenir que m'ait laissé la fréquentntion de nos marins, remonte à la veille de la guerre. J'étais sur la Baltique, à bord d'un cuirassé, lorsque l'Autriche remettait,son ultimatum à la Serbie et que les empires du centre nouaient les suprêmes intriques pour faire avorter dans les chancelleries européennes, tous les efforts de conciliation. 

impacts sur la coque du Kléber (L'Illustration)
Aux vagues échos que la télégraphe sans fil nous apportait de la terre, j'ai senti en ces heures mortelles vibrer le cœur des officiers et des matelots. Depuis lors, l'espace nous a separés mais ma pensée est restée constamment Comment, en effet, ne pas songer sans cessé à la tache ingrate et sublime que sur les petites, comme sur les grandes unités, sur les navires marchands comme sur les navires de guerre,' us accomplissent tous au service de la France noble impatience des grands bâtiments à quf pèse l'immobilité des stations prolongées et qui réclament vainement jusqu'ici l'honneur des combats attention perpétuellement tendue des torpilleurs, des chalutiers, des patrouilleurs de toutes sortes qui protègent contre les écumeurs de la mer les transports de nos troupes et le ravitaillement des nations alliées audace de nos sous-marins qui vont chercher au fond de ses rades l'ennemi qui s'y dérobe magnifique courage de tant de braves gens qui exposent leur vfe à tout instant sans avoir à espérer la consolation de la gloire, ni même le repos de la tombe. Quel mépris du danger, quelle /orcé de dévouement, quel esprit de sacrifice n'exige pas chez nos marins cette lutte de tous les jours et de toutes les nuits, contre les puretes de la Méditerrannée et de l'Océan Un splendide exemple de ces hautes vertus a été donné le septembre dernier

impacts sur la coque du Kléber (L'Illustration)
Les braves qui montaient cette goélette bretonne se sont montrés dignes du grand général alsacien dont elle porte le nom glorieux le capitaine Lefauve et le second Plessix, tués par les projectiles ennemis, les servant de la pièce de 47 qui armait le navire, le maître timonier qui ayant ordonné une évacuation simulée, est resté à bord avec un seul homme valide, deux blessés et deux morts, pour attendre le sous-marin et ouvrir le feu sur lui, tous se sont conduits en valeureux enfants de la France. J'envoie un pieux souvenir à ceux qui ont payé de leur vie ce bel exploit maritime. 

le maître d'équipage Monnier  (L'Illustration)
J'adresse aux survivants mes félicitations chaleureuses. La Bretagne peut être fière de ses fils Une fois de plus, ils ont bien mérité de la patrie leur apportant aujourd'hui l'assurance de la gratitude du pays, je ne les sépare pas de leurs camarades. C'est toute la marine de guerre c'est toute la marine de commerce que j'ai tenu, messieurs, à venir saluer en vous ..Honneur à vous et à tous les marins français


le Yacht 27-02-1932
Les décorations

M. Poincaré décerne ensuite des récompenses aux braves du trois-mâts Kléber, dont nous avons conté les exploits.

Mme Le Fauve, veuve du capitaine de ce voilier, qui est accompagnée de son fils, Marcel, 10 ans, reçoit la croix de guerre avec palme.

Puis les distinctions suivantes sont remises aux survivants du voilier.

Médaille militaire et croix de guerre. Les matelots Jain, de Castres Paul Basile, de Saint-Vast-la-Hougue Augustin Guillo, de Saint-Quay-Portrieux Eugène Secardin, des environs de Saint-Malo Paul Chapelain, de Tréguier.

Croix de guerre avec palme. Les matelots Noury, de Plouer et Prosper Le Touzé, de Regnéville.

sources

BnF Gallica
L'Ouest-Eclair

07 juillet 2022

Cherbourg 20 ans de la cité de la Mer sous-marin Le Redoutable 2-7-2022 Cercle philatélique et cartophile du Cotentin

Cherbourg 20 ans de la cité de la Mer sous-marin Le Redoutable 2-7-2022


Les amis du cercle philatélique et cartophile du Cotentin ont tenu à fêter les 20 ans de la Cité de Mer. C'est dans l'enceinte de l'ancienne gare maritime que s'est tenue le bureau temporaire. 


La Cité de la Mer de Cherbourg-en-Cotentin a ouvert ses portes le 29 avril 2022. Vingt ans chargés d'émotions pour un lieu qui a su profiter d'un cadre historique exceptionnel et le transformer en un lieu d'une grande richesse de patrimoine. Hall d'entrée dans l'ancienne gare maritime transatlantique, joyau art déco de 1933, exposition et visite du premier Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins, le SNLE Redoutable, 17 aquariums, dont le plus haut d'Europe, conçus par Jacques Rougerie... ce sont près de 4,5 millions de visiteurs qui ont pu profiter des installations et animations de la Cité de la Mer. 

La carte postale 
Il y a 20 ans...


Merci à Roland, Auguste, Etienne et les autres

Pour se procurer les souvenirs 

Contacts
Cercle Philatélique et Cartophile du Cotentin
Roland Vincent
madeleine.vincent@wanadoo.fr


Etienne Devailly
ee.devailly@wanadoo.fr
06 42 49 39 51

10 juin 2022

20 ans de la Cité de la Mer CHERBOURG 2002-2022 sous-marin Le Redoutable

 20 ans de la Cité de la Mer CHERBOURG 2002-2022

En 1933, Cherbourg   inaugure sa gare Maritime de style art déco.


Deux mois après son ouverture au public, la Cité de la Mer de Cherbourg, un vaste ensemble dédié au monde sous-marin, doit être inauguré officiellement vendredi 28 juin 2002.
Depuis son ouverture, fin avril, plus de 70000 visiteurs ont fréquenté ce lieu dédié aux mystères des grands fonds marins. Le Moniteur 28-6-2002 


Un grand projet de création d'un parc scientifique occupant les bâtiments se dessine.



Consacré à l'exploration sous-marine et à la découverte des grandes profondeurs le sous-marin Le Redoutable en devient l'emblème.

20 ans la bel âge


photo JM Bergougniou

le Cercle Philatélique et Cartophile du Cotentin s'associe aux festivités qui marqueront le samedi 02 juillet à Cherbourg les vingt ans de la Cité de la mer.

photo JM Bergougniou


photo JM Bergougniou




un stand est réservé sur lequel le samedi la Poste viendra oblitérer le courrier avec un cachet dit "bureau temporaire" illustré de la silhouette du sous-marin Redoutable. 


Par ailleurs il a été commandé 300 timbres personnalisés avec le kiosque du sous-marin, des cartes postales et enveloppes souvenirs seront imprimées.

La direction régionale de la Poste à Caen offre le cachet et la présence d'un agent sur le stand le samedi de 09h30 à 12h00.

Les sections de la Marcophilie navale relayeront les informations pour la vente des souvenirs

Contacts

Cercle Philatélique et Cartophile du Cotentin

Roland Vincent


Etienne Devailly

06 42 49 39 51

12 mai 2022

Aviso A69 Quartier maître Anquetil résistant Radio Sous-marin Ouessant compagnon Libération

Aviso A69 Quartier-maître Anquetil

Le programme Aviso 

Pour accomplir les missions prioritaires de sûreté de la FOST, la Force océanique stratégique, et de protection du trafic maritime côtier, pour assurer en outre la surveillance des approches maritimes du territoire et, dans certains cas, la protection de nos intérêts outre-mer, la Marine décide à la fin des années 60, en remplacement des escorteurs rapides vieillissants et des escorteurs côtiers hors d'âge, de construire un bâtiment robuste, endurant, peu sophistiqué, marin, en tout cas peu coûteux, qu'elle pourrait acquérir ainsi en nombre suffisant.

La série des avisos 
1 - D'Estienne d'Orves
2 - Amyot d'Inville 
3 - Drogou 
4 - Détroyat 
5 - Jean Moulin 
6 - Quartier-maître Anquetil
7 - Commandant de Pimodan
8 - Second maître Le Bihan
9 - Lieutenant de vaisseau Le Hénaff
10 - Lieutenant de vaisseau Lavallée
11 - Commandant L'Herminier
12 - Premier maître L 'Her 
13 - Commandant Blaison 
14 - Enseigne de vaisseau Jacoubet
15 - Commandant Ducuing 
16 - Commandant Birot 
17- N... Aviso Commandant Ducuing

PARRAINAGE DE L'AVISO QUARTIER-MAITRE ANQUETIL PAR LA VILLE DE DINAN


En ce matin du 29 avril 1978, après une nuit de navigation sous un ciel étoilé, l'aviso Quartier-Maître Anquetil s'accostait au quai Saint-Louis dans le bassin Vauban à Saint-Malo.

De quoi s'agissait-il ? Pour quelle raison les Malouins eurent-ils le loisir de contempler le Quartier-Maître Anquetil dans leur bassin pendant 3 jours ? Cette « manifestation » avait-elle un rapport avec la date du 1er mai ?

Rien de tout cela l'aviso Quartier-Maître Anquetil faisait escale à Saint-Malo pour se faire parrainer par la ville de Dinan.

Le 29 avril, le déjeuner donné à bord réunissait à la table du Commandant Monsieur René Blanchot, maire de Dinan, et ses adjoints ; Monsieur René Benoit, député des côtes du Nord ; Monsieur Malherbe, et maître Kerlaud. Après ce repas, une forte délégation de l'équipage se rendait à la mairie de Dinan, où Monsieur Blanchot lui souhaita la bienvenue en espérant que cette cérémonie soit le début d'une longue amitié et qu'elle permette de multiplier les contacts amicaux entre la population dinanaise et les marins du Quartier-Maître Anquetil. 
Dans sa réponse le capitaine de frégate Jeanjean, commandant, rappela les faits de guerre du Quartier-Maître Anquetil qui, contacté par le colonel Rémy en 1941, entra comme opérateur radio dans le réseau de renseignement Notre-Dame. 
Arrêté en juillet 1941, il fut exécuté le 24 octobre au Mont Valérien. 

Son silence permit de sauver le réseau. Le capitaine de frégate Jeanjean rappela ensuite l'importance de la mission du bâtiment dans la surveillance et la défense des approches maritimes du territoire. 

Après les échanges traditionnels de cadeaux, les personnalités signèrent la Charte de parrainage avec pour témoins Monsieur René Benoit, Monsieur Lemarie, sénateur des Côtes du Nord, l'amiral Métayer, Monsieur Loron, président de l'amicale des anciens marins et marins anciens combattants. Madame d'Albert Lake représentant le colonel Rémy,



Un vin d'honneur offert par la mairie de Dinan clôturait la cérémonie dans cette ville.
La journée devait se terminer par un cocktail à bord de l'aviso, où une cinquantaine de personnalités de la ville de Dinan, furent invitées. Durant ce cocktail,

Entre anciens marins et marins d'active, les échanges de souvenirs et d'anecdotes allaient bon train.

Le lendemain dimanche, le soleil était au rendez-vous dans le ciel de la cité corsaire, ce qui explique sans doute en partie le nombre important de visiteurs montés à bord (1800 en une journée).

Les marins profitèrent de l'occasion pour visiter l'usine marémotrice de la Rance et la cité malouine et l'on pouvait voir intra-muros, dimanche et lundi, de nombreux pompons rouges sillonner les rues étroites, les places pavées, tout au long des boutiques aux enseignes peintes.

Le lundi 1er mai à 15 h 30, une foule importante se massait sur le quai Saint-Louis et les remparts pour assister à l'appareillage du Quartier-Maître Anquetil. Et c'est avec regret que le bâtiment quitta cette magnifique région de Bretagne nord. Nous espérons tous retrouver un jour prochain, les nombreux amis que nous avons laissés sur les remparts de la cité.

Aspirant LE GURUN

Engagé volontaire le 19 novembre 1936 dans la marine, Bernard Anquetil devient en 1937 matelot radio.

Il embarque début 1940 comme quartier-maître radio sur le sous-marin « Ouessant »,qui après six mois de campagne dans la mer des Caraïbes rentre en carénage à Brest. Lorsque les Allemands occupent la ville, l'équipage du sous-marin, fait prisonnier, est emmené dans l’Aisne et contraint à des travaux agricoles avant d’être démobilisé.

Le 1er juillet 1940, Bernard Anquetil trouve un emploi de réparateur radio à Angers. C'est là que le rencontre le colonel Rémy qui venait de prendre contact avec l'ancien officier en second du "Ouessant", le lieutenant de vaisseau Philippon (futur vice-amiral d'escadre). D'enthousiasme, Bernard Anquetil accepte d'entrer dans le réseau en cours de constitution, pour assurer des liaisons radio avec émetteur. Il s'installe dans une famille discrète, les Combes, à Saumur.

Puis avec Rémy, il transporte l’émetteur à Brest, d' où il continue à émettre des renseignements sur la marine allemande, comme les caractéristiques et déplacements du super cuirassé « Bismarck », qui sera coulé au large de Brest le 27 mai 1941 ; 



Le 19 juillet 1941, sur des informations de Philippon, Rémy lui fait transmettre un message : le «Scharhnost »va appareiller. 
Le 25 juillet, la Royal Air Force bombarde et endommage le cuirassé.

Mais les goniomètres allemands finissent par situer l'émetteur le 30 juillet, précisément à la suite du message concernant le "Scharnhorst" ; Anquetil parvient à détruire le message qu’il était en train de taper et à jeter le poste par la fenêtre. En se débattant, il est blessé par balle lors de son arrestation.

Condamné à mort le 15 octobre, il refuse de révéler l'origine et la teneur des messages transmis, malgré la promesse de l'appui du tribunal pour un recours en grâce.

Il est fusillé le 24 octobre 1941 au Mont Valérien et inhumé au cimetière de Montrouge , au « carrés des fusillés ».

Après la guerre son corps a rejoint le caveau de famille de Colleville-sur-Mer.

Sources

Cols bleus n° 1521 27 mai 1978




19 avril 2022

Sous-marin Pluviôse mai 1910

Sous-marin Pluviôse mai 1910

La catastrophe du sous-marin Pluviôse le 26 mai 1910 va faire la une de tous les journaux dont L'Ouest-Eclair mais va aussi attirer les photographes qui vont éditer une impressionnante série de cartes postales sur les lieux du naufrage, des personnalités Marine et civiles, des cérémonies funéraires.



Une nouvelle catastrophe vient encore endeuiller la Marine française


Un sous-marin de la station de Calais a été coulé par un vapeur. Vingt-sept hommes, nous dit la dépêche laconique qui la première nous a apporté cette pénible nouvelle, se trouvaient bord.

A n'en pas douter, plusieurs de nos compatriotes figurent au nombre des malheureuses victimes il n'est pas de catastrophe maritime où la Bretagne ne voit versé le sang de ses enfants, et il est juste de dire que tout deuil de la marine française est en même temps le deuil de la Bretagne.

Combien de « mathurins bretons, périrent dans ces naufrages, dont nul dans ce pays n'a perdu le souvenir, et faut-il rappeler les noms des victimes du Farfadet, du Lutin, et plut récemment de l'Iéna, de la Couronne. ?

Voici dans l'ordre où elles nous sont parvenues tes dépêches qui nous ont été adressées à ce sujet.



LE PAS-DE-CALAIS FAISANT LE SERVICE REGULIER ENTRE CALAIS ET DOUVRES, A COULÉ CETTE APRÈS-MIDI, A SA SORTIE DES JETÉES, LE SOUS-MARIN PLUVIOSE L'EQUIPAGE DU SUBMERSIBLE, COMPOSÉ DE 27 HOMMES, EST ENTIÈREMENT PERDU. DEUX REMORQUEURS DE LA CHAMBRE DE COMMERCE SONT PARTIS A LA RECHERCHE DU SUBMERSIBLE.

Le sous-marin voulait passer sous le "Pas-de-Calais"

Calais, 26 mai. Voici do nouveaux détails sur la terrible catastrophe qui a coûté la vie à l'équipage du Pluviôse

Le steamer Pas-de-Calais, taisant la traversée de Douvres, venait de quitter Calais quand il reçut un choc extrêmement violent. Le bateau stoppa. Le capitaine crut avoir touché une bouée submersible mais bientôt a l'arrière du steamer surgit l'avant d'un petit bâtiment qu'on reconnut être un sous-marin. Le Pas-de-Calais fit mettre une embarcation à la mer pour aller explorer le sous-marin. Des hommes montèrent sur le bord et frappèrent contre les parois des chambres mais sans obtenir de réponse. Bientôt le sous-marin disparaissait dans les flots c'était le Pluviôse. Il v avait 27 hommes Il bord. Le sous-marin était parti à une heure et demie et exécutait sans doute une plongée et c'est en remontant à la surface qu'il aura touché le Pas-de-Calais.

Celui-ci a reçu quelques avaries et a dû rentrer au port. Les passagers qui sont nombreux vont partir sur un autre vapeur. On ne s'explique pas cette plongée sur une route toujours sillonné» de navires. La nouvelle a jeté en ville la plus profonde consternation.

Voici le texte de la dépêche reçue au ministère de l'intérieur et qui est signé du commissaire de police de la sûreté de Calais

CALAIS, 3 heures 25.- Paquebot français Pas-de-Calais parti de Calais à I h. 15 soir a abordé 2 milles du port le sous-marin Pluviôse, qui a coulé par fond de 17 mètres. Réservoirs de naphte paraissent crevés. Grandes craintes sur Ie sort des 25 personnes d'équipage. Les recherches pour le sauvetage commencées immédiatement par la Marine

D'autre part une nouvelle dépêche de Calais, qui ne fait malheureusement que confirmer la nouvelle dit que le submersible voulait passer sous le paquebot Pas-de-Calais et que c'est cette malheureuse idée qui provoqua la catastrophe.

La Compagnie du Nord possède deux bateaux qui font le service entre Calais et Douvres, le Pas-de-Calais et le Nord.  Le Pas-de-Calais avait quitté le port à 2 heures et quelques minutes...


(à suivre)

16 mars 2022

Sous-marin FOUCAULT Cattaro Kotor Montenegro hydravion Autriche guerre 1916

Sous-marin FOUCAULT

L’UN DES PREMIERS COMBATS DE L’HISTOIRE ENTRE UN SOUS-MARIN ET DES AVIONS


le 11 août 1914, une flotte française sous le commandement de l'amiral Augustin Boué de Lapeyrère arrive à Malte. Il avait l'ordre de naviguer avec tous les navires français et britanniques disponibles, de passer en mer Adriatique et d'entreprendre toutes les opérations qu'il jugerait les meilleures contre les ports autrichiens. Lapeyrère a décidé de surprendre les navires autrichiens en imposant un blocus du Monténégro 

Le sous-marin Foucault torpillait avec succès un éclaireur ennemi dans les environs de Vallona. Puis, le 3 mars 1916, un autre submersible français attaque résolument un transport militaire, escorté de trois torpilleurs, et le coule malgré le feu intense concentré sur lui par les convoyeurs. Le 4 avril, un navire auxiliaire autrichien, accompagné par deux grands torpilleurs est coulé dans des conditions identiques.

Dans l'Adriatique, près de Cattaro, notre sous-marin Foucault, qui convoyait une flottille italienne, coule un croiseur autrichien du type Novara.

De L'Echo de Paris, au sujet des exploits du sous-marin Foucault :  « Honneur donc au Foucault et à son vaillant équipage, composé de 15 à 17 hommes et commandé par le lieutenant de vaisseau Le Maresquier. Nul doute que de justes distinctions pour, ce brillant exploit tarderont pas à récompenser ces braves et que le torpillage d'un croiseur autrichien engendrera une belle émulation parmi nos marins et ceux de notre alliée, la marine italienne. »

Du Matin :

« On a dit parfois qu'il y avait pour notre marine trop peu d'exploits comme celui du Foucault. La raison en est simple : c'est que les navires ennemis ne se montrent pas. Le croiseur autrichien qui, par exception, a affronté le large, vient d'apprendre à ses dépens que notre flotte fait bonne garde. »

Sous-marin de 400t, armé d'un canon de 45 et de 6 torpilles, il est surpris en Adriatique par les hydravions autrichiens L132 et L135 qui le coulent. C'est le premier sous-marin détruit en mer par une attaque aérienne. Le commandant et l'équipage sont faits prisonniers.


La Croix 24-9-1916
14 septembre 1916, le sous-marin Foucault appareillait de Brindisi pour patrouille offensive contre le trafic ennemi à l’ouvert des bouches de Cattaro, l’importante base navale autrichienne du sud de la côte Dalmate. Il appartenait à la division des flottilles de l’Adriatique, commandée par un capitaine de vaisseau portant sa marque sur le Marceau mouillé à Brindisi, et placée pour emploi sous les ordres du commandant en chef de l’armée navale italienne. Les instructions données au Foucault pour cette mission étaient très détaillées. Leur lecture laisse entrevoir la sollicitude un peu naïve du commandement à l’égard de ces petits sous-marins encore bien rudimentaires, dotés d’une autonomie très faible, extrêmement inconfortables, ne disposant que de mauvais périscopes — et aussi ses appréhensions, son manque de résolution quant à la manière de les utiliser. En voici des extraits : 



Mon cher commandant, vous appareillerez à 18 heures pour bloquer le chenal SE de Cattaro, sous la baie de Traste, dans la journée du 15 et éventuellement dans ta journée du 16, mais à la condition absolue qu'après la première journée de plongée votre équipage n ait éprouvé aucune fatigue anormale ; il faut que pour la nuit de charge et la nuit de retour vous ayez un équipage apte à bien veiller et bien manœuvrer. Si vous en doutez, je vous demande de rentrer le 16 au matin, malgré le désir que vous auriez de rester (...) Il faut vous méfier des petits patrouilleurs ennemis, particulièrement des grandes vedettes à moteur fort peu visibles ; en outre, les torpilleurs qui couvrent les mouvements de vapeurs sur Durazzo se tiennent parfois jusqu ’à 30 milles au sud de Cattaro. Il faut donc, pour éviter une surprise, être aussi prêt que possible à la plongée immédiate (...) 

Marine feld Post n° 204 U-Boot 35 30-07-17
Griffe rouge "Ne pas envoyer d'aliments"
D’ailleurs, d’une façon générale, je vous demande beaucoup de prudence dans votre navigation aux abords de la côte ennemie, bien que récemment nos sous-marins n ’aient pas été inquiétés (...) Votre but principal est le sous-marin ; il faut donc tendre à ne pas vous faire éventer sans espoir de succès sérieux ; naturellement, vous ne négligerez quand même pas un contre-torpilleur, un transport ou un navire important (...) Ces instructions ne mentionnent nulle part les ennemis les plus dangereux des sous-marins de la flottille de l’Adriatique : les avions autrichiens. Pourtant, les services de renseignements savaient dès le début de 1916 que les Autrichiens font un usage constant et très rationnel de leurs avions et que les Italiens croient savoir qu’ils en ont une quarantaine du type marin. 

Déjà le C.V. DAVELUY avait signalé dans un rapport rédigé à la suite d’une mission à Tarente : Le Fresnel, manœuvrant pour attaquer un torpilleur du type Tatra le 12 juillet 1915, fut aperçu par un aéroplane qui, comme un oiseau de proie, fit une descente en flèche sur notre sous-marin et lui lança des bombes. Il dut plonger et le torpilleur s’échappa à toute vitesse. 

Quatre mois après les événements que nous relatons, on eut la preuve irréfutable que nos sous-marins étaient souvent repérés à la vue par les avions autrichiens, et aussi qu’ils étaient fort indiscrets. Le lieutenant de vaisseau autrichien SCHIAVON, chef d’escadrille abattu devant Valona le 4 février 1917, interrogé par le C.V. TROCHÔT, commandant les flottilles de l’Adriatique, lui déclara : De 500 mètres, par mer calme, on voit un sous-marin immergé à 10 mètres comme s’il était à la surface, surtout dans les eaux claires au nord du golfe de Drin (...) Quand on a l’habitude de voir des sous-marins autrichiens ou allemands en projection horizontale au mouillage de Cattaro, il est très facile de reconnaître un ami d’un ennemi par sa silhouette. On voit bien le sillage et il est rare qu’un sous-marin ne laisse pas derrière lui une légère traînée graisseuse, qui ne se remarque pas d’un navire, mais qu’on aperçoit très bien d’en haut par mer calme. 

Léon Henri Devin
Pour revenir au combat du 16 septembre, rien ne peut mieux le décrire que le rapport présenté par le commandant du Foucault, le lieutenant de vaisseau DEVIN, à son retour de captivité, devant le conseil de guerre réuni le 18 novembre 1918 pour juger de ses responsabilités dans la perte de son bâtiment : Le 15 septembre vers 7 heures du matin, ayant pris la plongée une heure avant te lever du soleil et après immersion d’essai à 18 mètres, nous sommes à notre poste sur la ligne de croisière ordonnée. Nous croisons sur un moteur à 100 ampères, tenue de plongée très facile. Au point du jour, la visibilité est très bonne, il n y a rien en vue. La mer est très belle, avec quelques moutons de 8 heures à 12 heures, calme ensuite avec légère ondulation de SE. Malgré notre faible vitesse, nous faisons un léger sillage. Pour diminuer tes chances d’être vus dans cette croisière près de ta côte, mes ordres sont de rentrer le périscope entre deux tours d’horizon. Nous étions en plongée à 10 mètres, à 10 milles dans le S 31 E de Kobila, Rondini étant légèrement ouvert à droite de Kobila, route à 33CP, moteur bâbord en avant à 100 ampères, la barre de direction manœuvrée à bras, les barres de plongée électriquement. L'officier en second était de quart au périscope, il terminait un tour d’horizon et venait de commander à la barre de venir.de 18CP sur la gauche, en même temps qu’il appuyait sur la manœuvre électrique de descente du périscope, lorsque deux bombes éclatèrent coup sur coup au-dessus du pont arrière. 

Torpilleurs à Kotor


Il était 14 h 35. Je commandai aussitôt les deux moteurs en avant 400 ampères, immersion 25 mètres, puis 35 mètres. La secousse ressentie fut très forte, un coup de feu se déclara dans les résistances des auxiliaires, ce qui bloqua le périscope et les barres de plongée, plusieurs lampes furent brisées et d’autres petites avaries du même genre se produisirent, mais on ne remarqua aucune fuite d’eau. Comme la barre arrière était bloquée à monter, j’envoyai l’officier en second derrière s’assurer que la barre arrière fonctionnait normalement à bras, et remettre en état les auxiliaires. Tandis qu’on embrayait les barres et qu ’on descendait le périscope à bras, je fis observer que ces bombes ne nous avaient rien fait de sérieux. L’équipage était d’ailleurs très calme. Nous atteignions normalement une immersion voisine de 20 à 25 m quand nous reçûmes une autre bombe, moins forte que les précédentes. 

LA GADEC, quartier-maître mécanicien qui était à mes côtés, me fit une réflexion au moment où elle éclata. Je note également en passant que, dans l’interrogatoire que mon second et moi subîmes sur le bateau- amiral, le chef d’état-major autrichien me demanda séparément quelles bombes nous avaient avariés, les premières ou les suivantes. Une voie d’eau se déclara aussitôt au plafond du compartiment des moteurs électriques, autour de la tige de manœuvre de la vanne du silencieux bâbord, et prit tout de suite une grosse importance. La boite à étoupe sur la coque avait dû sauter. L’eau jaillissait directement sur le disjoncteur et le collecteur du moteur tribord, et sur les relais du moteur bâbord. Il fallut stopper tribord qui prenait feu. Je fis augmenter bâbord, mais nous descendîmes rapidement, tout en ayant une forte pointe haut, due au fait que les diesels se remplissaient d’eau. Pour combattre la descente, je fus obligé de chasser aux centraux. Nous descendîmes jusqu'à 50 m environ, puis nous remontâmes. On avait apporté des toiles pour protéger le moteur bâbord, le seul en état de marcher, et la turbine était en route pour vider l’eau qui remplissait la cale. J’espérais protéger le moteur bâbord, faire route avec lui en plongée quelque temps et échapper ainsi aux avions et aux torpilleurs de port. Aussi, arrivé à 20 m, je fis décoller puis fermer les purges des centraux. La montée s’arrêta alors aux environs de 18 m. Mais à ce moment-là le feu pris dans les relais du moteur bâbord. Il fallut le stopper aussi. Nous coulâmes rapidement. Je fis chasser partout. 

SMS Sankt Georg Kriegsmarine 17-5-1916



Nous eûmes du mal à remonter,  avons dû atteindre 65 m avant d'être maîtres de la descente. L’incendie, malgré les extincteurs amenés des autres compartiments, avait pris de l’extension. Le feu partait de tous les câbles mouillés, même après que le circuit eût été ouvert aux batteries. Les moteurs étaient dans l’impossibilité absolue de fonctionner, les inducteurs inférieurs baignant dans l’eau qui affleurait le parquet de la cale. Enfin, notre dernière chance de nous éloigner au diesel, quelque illusoire quelle pût être, nous était même refusée, les diesel ne pouvant être lancés qu’avec les moteurs électriques. Stoppés en surface, nous gardâmes une pointe haut du fait de l’eau embarquée derrière. Le second-maître de timonerie JÉZEQUEL monta la mitrailleuse et commença à tirer sur les deux avions qui nous avaient attaqués et volaient non loin de nous. Ayant jugé la situation désespérée, et après l’avoir exposée à l’officier en second et au patron, je n'eus qu' une pensée : faire couler le bâtiment avant que l’incendie localisé dans les moteurs n’ait gagné le pétrole et ne nous ait empêchés de détruire le sous-marin. Je fis ouvrir les aspirations du drain aux cales et les refoulements des turbines ainsi que les purges de ballasts. La grenade Guiraud fut disposée pour son fonctionnement. Je fis évacuer l’équipage. L’officier en second manœuvra lui-même les manœuvres de l’avant et s’assura que mes ordres étaient partout exécutés. L'officier en second et l’équipage étant montés sur le pont, je restai un moment seul à bord. Je détruisis les deux seuls ordres confidentiels que j'avais sur moi. Quand je montai, l’incendie continuait dans le compartiment des moteurs, la fumée avait un peu diminué depuis l’ouverture des panneaux. Le tir de la mitrailleuse gênait les avions qui n'approchaient pas de très près. Les hommes, ayant jeté ce qui pouvait servir de bouée (pliants, avirons, etc...) et ayant quitté leurs vêtements, se mettaient à l’eau.

Aviation Kotor Flieger unit 57
Un des avions jeta alors deux bombes qui tombèrent à une trentaine de mètres du bateau, près des hommes qui nageaient. Le sous-marin s'enfonçait par l’arrière. Jusqu’au dernier moment, le second-maître JÉZÉQUEL tira de la mitrailleuse sur les avions. Je me trouvai sur le pont près de la passerelle lorsque le Foucault coula. A ce moment, l’équipage cria : « Vive la France ! Vive le commandant ! » Il était 2 heures 50. Peu après, on entendit l’explosion de la grenade, et une grande tache d'huile et de pétrole monta à la surface. Les deux avions ne tardèrent pas à amerrir (un troisième avion sortit de Cattaro mais n ’amerrit pas). Ils vinrent près des hommes et en prirent sur leurs fuselages quelques-uns qui étaient en passe de se noyer. Peu après que le Foucault eût coulé, j'aperçus une fumée venant de Rondoni. Quand le torpilleur fut sur nous, il mit ses embarcations à la mer pour recueillir les marins dont quelques-uns étaient juchés sur les avions (lesquels ne s’envolèrent jamais avec eux), et le plus grand nombre nageait.

L'officier en second et moi, qui nagions, fûmes pris par un youyou à son dernier voyage et conduits à bord du torpilleur. A 15 heures 20 nous étions au carré, tandis que le torpilleur faisait route sur Cattaro où nous fûmes conduits à bord du Sankt Georg, bâtiment- amiral. Un officier dit à certains de nos hommes que nous aurions été découverts dans la matinée vers 9 heures, puis recherchés vers midi par des avions qui ne nous auraient trouvés que vers 14 heures 30, après plus de deux heures de recherche. 

Ce rapport a été écrit par moi à Gratz fin septembre 1916, après que j’en eus conféré avec mon officier en second avec lequel j’étais en prison. Nous avions pu communiquer préalablement avec nos hommes. Je me suis borné à recopier ici le texte que j’avais composé alors. Suivent les propositions du commandant pour l’attribution à titre individuel de la croix de la Légion d’honneur à son second, le lieutenant de vaisseau CHAT ; de la médaille militaire au second-maître JÉZÉQUEL


Par arrêté ministériel en date du 7 mars 1919, a été inscrit à la suite du tableau d'avancement pour le grade de capitaine de corvette (application de l'article 9 du décret du 14 juin Le lieutenant de vaisseau Devin (Léon-Henri), commandant le sous-marin Foucault : le sous-marin qu'il commandait ayant été atteint par des bombes d'avions, le 15 Septembre 1916,

Il a su par son ascendant sur ses hommes, son sang-froid, maintenir à bord Ia confiance. A réussi à sauver son équipage, Il n'a quitté son bâtiment que lorsqu'il a coulé sous ses pieds. Cet officier est également cité à l'ordre l'armée pour le même motif. 

Sources 

Aux Marins

Le Miroir 30-01-1916

La dépêche de Brest 15 janvier 1916

JO de la République française 10-03-1919

La Croix 24-9-1916

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