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22 avril 2022

sous-marin Pluviôse naufrage abordage mai 1910 Calais Cérémonies

sous-marin Pluviôse Cérémonies 



CALAIS A FAIT AUX VICTIMES Du "PLUVIOSE" DES OBSÈQUES SOLENNELLES

Calais, 22 juin. Le court délai pour la préparation des obsèques des victimes du Pluviôse a amené à Calais une activité extraordinaire.

Pendant toute la journée d'hier et la nuit qui a suivi des équipes d'ouvriers ont transformé la ville. Tout le parcours que doit suivre le cortège a été couvert de sable fin de la plage sur une longueur de près de 3 kilomètres. Tous les réverbères ont été voilés de crêpe et sur toutes les voies où doit passer le cortège ont été dresses des mats portant des faisceaux de drapeaux tricolores. Tous les mâts servant à la conduite de l'électricité des tramways ont été décorés de drapeaux.

Toutes les maisons sont pavoisées de pavillons en berne et cravatés de crêpe. Pendant la nuit les employés des pompes funèbres ont transporté sur des fourgons les vingt-sept cercueils de l'état-major et de l'équipage du Pluviôse pour les placer dans le vestibule de la mairie, et les disposer dans une sorte de chapelle ardente ornée avec goût et d'un grand caractère. La façade de la mairie sur la place Crèvecœur est entièrement drapée de noir jusqu'à hauteur des fenêtres du premier étage. Trois larges portières de velours noir a bande d'argent masquent les portes et trois faisceaux de drapeaux dominent les tentures noires.


Le vestibule soutenu par six lourds piliers entourés de drap noir est garni de draperies noires frangées et lamées d'argent, Huit lampadaires dorés éclairent les tentures funèbres et font se détacher nettement les drapeaux des trophées qui décorent les murs, les pavillons et les fleurs qui recouvrent les cercueils du Pluviôse, les motifs décoratifs formés de pièces d'armes, baïonnettes, baguettes de fusil ornant les draperies noires.

Sur le vestibule donne un large escalier conduisant au grand salon de la mairie dans lequel M. Fallières sera reçu. Cet escalier aboutit à un palier avant de se diviser en deux. Au haut du palier, un admirable trophée de drapeaux avec écusson portant les lettres R. F. et voilé de crêpe est éclairé par un projecteur qui donne aux trois couleurs une intensité extraordinaire. Tout est noyé dans la lueur blafarde de lampadaires. Et de ce trophée semble partir une ombre invoquant en quelque sorte l'idée de patrie.

Les obsèques auxquelles nous allons assister, par le splendide développement de leur pompe et leur animation sont la consécration de l'honneur rendu par le pays à ceux qui meurent pour le pays.


Le cortège passera devant le monument de Rodin élevé aux bourgeois de Calais et un rapprochement s'établit précisément entre le sacrifice du temps passé et celui des marins du Pluviôse qui au risque de leur vie voulaient doter la France d'une arme utile à sa sécurité.

Les honneurs rendus aux marins du Pluviôse comportent trois cérémonies, la première civile à la mairie, la seconde religieuse à la cathédrale, et la troisième à la halle aux sucres qui a été transformée en chapelle ardente et où les corps attendront leur inhumation ou leur transfert dans les où ils seront enterrés. Ces honneurs ne commencent officiellement qu'à la mairie.


LES MESURES D'ORDRE

L'arrivée à Calais des délégations de la Chambre et du président de la République fait l'objet d'un service d'honneur considérable. Des troupes nombreuses sont arrivées à Calais. Elles assureront le service d'ordre et rendront les honneurs. A la gare centrale dès onze heures une compagnie d'infanterie avec colonel, drapeau et musique est en place, attendant l'arrivée des délégations du Sénat et de la Chambre et ensuite celle du président de la République.

A l'Hôtel de Ville, presque à la même heure, vont venir se ranger face à la mairie une compagnie de marins et les pompiers de Calais qui rendront les honneurs aux morts.

L'escorte du président comprend deux escadrons de dragons commandés par le colonel, avec l'étendard, et un peloton de gendarmes à cheval.

L'escorte pour le Sénat et la Chambre est composée d'un escadron de dragons. Le général Cramer qui a le commandement des troupes pendant la cérémonie est à Calais depuis hier.

Ce matin le soleil n'a pas paru à Calais. A la place du ciel bleu des derniers jours nous avons des nuages qui annoncent la p1uie. Un vent d'est s'est élevé et a sensiblement refroidi la température, mais les changements de temps sont fréquents et s'il pleut le spectacle n'aura pas un spectateur de moins.

La foule s'arrête devant trois affiche qui se rapportent aux cérémonies d'aujourd'hui. La première signée du maire M. Salembier, informe la population que les obsèques nationales des marins du Pluviôse auront lieu aujourd'hui à midi. La seconde apposée par les soins du comité de l'Union du commerce de Calais dit

Dans le frisson de douloureuse sympathie qui a secoué la France entière à l'annonce de l'épouvantable catastrophe, la population calaisienne, plus particulièrement frappée, a su montrer la part qu'elle prend à l'immense douleur des familles de ces héros du devoir. Le comité de l'Union du Commerce est persuadé que les commerçants calaisiens, et tout particulièrement ceux qui se trouvent sur le parcours du cortège, tiendront à rendre les derniers hommages à la dépouille des malheureuses victimes en répondant à notre appel attristé En conséquence. l'Union du Commerce invite les commerçants à fermer leurs magasins...


A 9 heures effectivement, au bruit des cloches de toutes les églises de la ville, a été célébrée à Notre-Dame la messe de Requiem à laquelle assistaient l'amiral Bellue et l'amiral de Maigret ainsi que de nombreux officiers des armées de terre et de mer. On y remarque des délégations de diverses troupes de la garnison de Calais et de tous les navires actuellement dans le port.


Dans le train présidentiel avaient pris place avec M. Fallières M. Briand, président du conseil, le vice-amiral Boué de Lapeyrère, ministre de la marine, le général Brun ,ministre de la guerre, M. Sarraut, sous-secrétaire d'Etat à la guerre, M. Ramondon, secrétaire général de la présidence, M. Mollard, directeur du protocole, le commandant Laugier, les attachés navals des différentes puissances, notamment ceux d'Allemagne, d'Angleterre, de Russie...  A sa descente de wagon, M. Fallières a été reçu par M. Chéron, le préfet du Pas-de-Calais, le sous-préfet de Calais et le maire de cette ville.



DINARD

Nos morts sont revenus au  pays 
Dinard, 29 juin. Les cercueils qui renfermaient les glorieuses dépouilles des victimes du Pluviôse appartenant au quartier de Saint-Malo sont arrivés cette après-midi au pays qui les vit naître.

Le train, qui arrive à 2h. 16 a Dinard, avait laissé à la gare de Pleurtuit le cercueil enveloppé du drapeau national du quartier-maître Lemoine. Sur le quai de la gare, M. Brugaro. maire de Pleurtuit et la famille de Lemoine attendaient l'arrivée du train. Le cercueil a été extrait du fourgon et conduit dans la famille du défunt, où la veuve et les parents du quartier-maître vont faire la veillée funèbre jusqu'au moment des obsèques.

Le train a repris ensuite sa marche, et quand il est arrivé à 2 h. 16 en gare de Dinard, une foule émue a salué l'arrivée du convoi, dont la locomotive portait à son avant le drapeau en berne.

M. Crolard, maire de Dinard, se tenait sur le quai avec M. Guillet, secrétaire de la sous-préfecture. Le wagon qui contenait le cercueil du matelot Gautier, promu quartier-maître, a été aussitôt ouvert. La foule s'est découverte devant le cercueil qu'enveloppait l'étendard aux trois couleurs et les restes du quartier-maitre Gautier ont été déposés dans le corbillard. qui les a conduits Saint-Briac. La famille de Infortunée victime a suivi en voitures le convoi funèbre. Le cercueil disparaissait sous de multiples couronnes, dont l'une portait la touchante inscription A mon fiancé le quartier-maître Gautier devant, en effet. se marier prochainement, et sa fiancée avait tenu a accompagner jusque Dinard la famille du jeune héros.

La date des obsèques n'est pas encore fixée d'une façon définitive. M. Saint, préfet d'Ille-et-Vilaine tenant à y assister, il est probable que les obsèques du quartier-maitre Lemoine auront lieu demain matin, samedi, à Pleurtuit. Celles de Gautier auraient lieu à Saint-Briac dans l'après-midi de samedi.

M. Guillet, le sympathique secrétaire de la sous-préfecture, s'est rendu a Saint-Briac afin de fixer, de concert avec la famille et M. le Maire de Saint-Briac, les obsèques du quartier-maître Gautier.

DINAN

LES ViCTIMES du PLUVIÔSE  "Deux cercueils"

Jeudi, à une heure quarante, sont passés en gare de Dinan, par le train venant de la Brohinière et se dirigeant sur Dinard, deux fourgons séparés, contenant les cercueils de Lemoine, quartier-maître, de Pleurtuit, et Gauthier, quartier-maître, de Saint-Briac tous les deux victimes de l'accident du « Pluviôse Un drapeau tricolore en berne ornait la locomotive du train. De nombreuses personnes s'étaient rendues à la gare pour le passage du train.

Sources

L'Ouest-Eclair

13 septembre 2021

le naufrage du HILDA - la catastrophe de Saint-Malo 18-19 novembre 1905

le naufrage du HILDA - la catastrophe de Saint-Malo

Le poids des mots, le choc des photos  Novembre 1905, la tempête gronde sur les côtes de la Manche. Le "Hilda" dessert les ïles Anglo-Normandes et Saint-Malo au départ de Southampton. Ce qui est surprenant c'est la couverture photo de l'événement et les nombreuses cartes postales qui illustrent ce naufrage.




La catastrophe de Saint-Malo




L'émotion sur les côtes Le torpilleur Lancier sur le lieu du sinistre ce que raconte un des survivants - Les cadavres rejetés par la mer

Saint-Malo, 20 novembre.

Ce matin, quand le jour gris et pluvieux s'est levé sur la ville en deuil, tous les malouins qui pouvaient déposer de quelque loisir, se sont portés sur les remparts et sur le môle, comme s'ils pouvaient avoir espoir de voir quelque chose de l'affreux drame qui s'était déroulé dans la nuit de samedi dimanche à quelques kilomètres de la ville endormie.

Et tandis que les regards exploraient la mer, les commentaires d'aller leur train. D'après une version, le vapeur aurait été désemparé de son gouvernail, hypothèse bien invraisemblable, d'autant plus que les vapeurs anglais sont tous munis d'un gouvernail de rechange.

Une autre version dit que les capitaines anglais ont tellement confiance dans leur expérience et leur savoir faire, qu'ils ne se servent pas de la boussole, et qu'ils marchent d'après leur montre (?). C'est ainsi que le capitaine Gregory, qui avait fait plus de 3.000 fois la traversée de la Manche, avait tellement l'habitude des passes qu'il ne craignait pas d'entrer à St-Malo dans n'importe quel moment et par n'importe quel temps. C'cst ce qui fait que trompé par le brouillard, son bâtiment aurait été jeté sur les rochers des Portes, qui sont placés à droite en entrant à Saint Malo, et à gauche en sortant 

Cézembre à droite, la Pierre des portes à gauche, à gauche de la pierre, les Couillons de la porte

Cette passe n'a que 200 mètres de largeur. Le capitaine de l' Ada M. Howke, dit qu'en temps de pluie il a couvent observé un phénomène assez curieux La brume reflète l'éclairage des phares qui se trouvent pour ainsi dire, déplacés parfois à plus de 100 mètres. Est-ce un phénomène de ce genre qui a trompé le capitaine Gregory?

127 victimes

 Saint-Malo 20 novembre. 
Les familles des marchands d'oignons sont arrivées cette après-midi pour reconnaître leurs membres disparus. Leur douleur fait peine à voir. A Saint-Malo le nombre des morts portes à l'hôpital se monte à 5. Une salle a été aménagée spécialement pour les recevoir par le personnel de l'Hôtcl-Dieu. Nombre de journalistes de la presse anglaise et de la prcssc parisienne sont arrivés également. Parmi ires confrères so trouve un rédacteur du «Daily Mail » de Londres.

 Quant au nombre des victimes il est probable que nous les connaîtrons tous demain car le steamer Ella doit en apporter la liste officielle. Ce que l'on sait dès à présent c'est qu'il y avait à bord de l' "Hilda" 82 Français, 17 passagers anglais et 2 hommes et 2 femmes d'équipage, ce qui porterait d'après ces données le nombre des victimes à 127.

Parmi les victimes se trouvent. le colonel Fo1et, de Dinard, et sa femme; MGrindle, dont la femme et les cinq enfants habitent Saint-Enogat ;Mmc Butler, M. King, M. Sykes, Mme Kerby, veuve du général, qui habite Saint-Servan. On craint que leur fils ne soit également parmi les victimes.

 Le maire de Saint-Malo est venu, ce soir, exprimer à M. llamon, agent de la South. Western-Company, au nom de ses concitoyens, la part que la ville entière prend au deuil qui afflige tant de familles françaises et anglaises,

A la Compagnie South- Western


Nous nous rendons aux bureaux de la Compagnie rue Jacques-Cartier, puis sur les quais où nous trouvons M. Hamon, représentant de la Compagnie à Saint Malo. M. Hamon vient de recevoir une quantité de télégrammes émanant des familles inquiètes. Beaucoup arrivent de la Bretagne et de l'Angleterre. Une dépêche de Dinan notamment demande si un groupe de voyageurs composé de: MM. Ralph Kiny, Mansion House, Salisbury; Gaisfied, Dr Stanley et Miss Ingles sont parmi les survivants. Hélas malheureusement non. Tous les bâtiments de la Compagnie sont en berne. A neuf heures arrive le Laura D venu spécialement de Southampton avec les directeurs do la société du South Western. Des personnes en grand deuil se retrouvent sur les quais pleurant silencieusement. Le ciel semble être comme nous, dans le deuil et la tristesse, tellement il est sombre et brumeux,

Sur les lieux du sinistre


Le torpilleur de haute mer  Lancier , commandé par le lieutenant de vaisseau Devoir, se serait rendu sur les lieux  avec la second de l'"Ada", M. Barans, et tâcher d« ramener des cadavres et des épaves. Des ordres très sévères ont été donnés par les autorités maritimes afin de surveiller étroitement le rivage et d'empêcher les pilleurs d'épaves de dévaliser les morts, car presque toutes les victimes sont porteurs de sommes considérables: Le bruit court que quelques marchands d'oignons ont à eux seuls plus de 50.000 francs en or, produit de leur campagne en Angleterre. 50.000 francs, c'est beaucoup, mais il est certain qu'ils rapportaient des sommes importantes. Des remorqueurs sont allés hier avec la sous-préfet de Saint-Malo, M. Ottenheimer, M. l'administrateur de la marine da 1e cl. Potticr, le consul d'Angleterre, major Heuniker sur les lieux du sinistre.

 Le " Hilda" est coulé sur  La Pierre des Portes», un rocher en forme de triangle et se trouve placé comme sur un ber, il est ouvert en deux et on peut facilement pénétrer dans les chambres de l'avant à marée basse, D'api ùs l'enquête Lite par les autorités il a été reconnu que si le gardien du phare du Jardin n'a pas fait de signaux et n'a pas prévenu la terre c'est qu'il n'a rien soupçonné de la catastrophe. Le poste de Cézembre où il existe un téléphone n'a rien non plus signalé pour le même motif. Ce n'est que l' «Ada" qui allant à Southampton s'aperçut lc premier un malheur.

On critique beaucoup ce fait que le phare du la pierre du jardin ne soit pas encore doté d'une corne de brume comme le phare des Corbières près de Jersey. On s'étonne également que le phare du Jardin ne soit pas relié par le téléphone de Cézembre  avec la terre, Il serait cependant d'autant plus facile de l'installer que l'île est très voisine du phare. Enfin, c'est qui à cherche le moyen de prévenir de pareils malheurs.

Le récit d'un témoin

A l'hôpital


Saint Malo, 20 novembre. 
Nous sommes allés ce matin, à l'hôpital de Saint-Malo, avec plusieurs de nos confrères, venus tout exprès de Paris, interviewer les survivants de la catastrophe. Lorsque la soeur nous introduit dans la salle des malades, les malheureux sont réveillés, mais reposent encore. 

 Nous nous retirons dans une petite salle voisine pour leur permettre de s'habiller et bientôt les naufragés surviennent, avec de bonnes figures de bas Bretons. Nous nous inquiétons d'abord de leur santé. Ils ne sont pas, nous répondent-ils, encore revenus de leurs émotions mais cela va beaucoup mieux.

 Une religieuse leur apporte un bol de café bien chaud; on leur donna de nouveaux vêtements pour les empêcher d'avoir froid, et nous prouvons les interroger.


Tout d'abord, ils nous donnent leurs noms et qualités; ce sont: Tanguy Laot, 24 ans de Cléder (Finistère); Louis Roséc, de Plouzévédé 30 ans; Paul Marie Lepen, du Cléder; Olivicr Caroff, 22 ans, de Roscoff, Jean Louis Mouster, de la Feuillée (Finistère); tous les cinq employés au service de M. Louis Quilviger, marchand d'oignons, qui a péri dans tempête.
L'Anglais James Grustes, 48 ans, originaire du Dorsetshire, est marin chauffeur de l"Hilda.

Nous adressant plus particulièrement l'un des témoins de la catastrophe, voici le récit que nous avons recueilli de sa bouche:

«Nous étions partis de Southampton à 4 heures; déjà la mer était mauvaise. Vers le milieu de la traversée, un brouillard intense nous enveloppa complètement. L'on n'y voyait pas à quatre mètres devant soi et le second, M. Prorson, dut faire ralentir la marche du bâtiment. 

A huit heures, la brise d'Est vint à souffler en tempête et la neige se mit à tomber en gros flocons si denses, qu'à l'arrivée, l'on ne vit plus les feux du littoral du cap Fréhel et du phare du Jardin. Quelques instants encore avant la catastrophe, nous avions aperçu des bateaux pécheurs de Cancale, qui ne tardèrent pas à disparaître à nos yeux, enveloppés du des tourbillons d'eau et de neige; ils fuyaient là  voiles serrées vers le large afin d'éviter les dangereux brisants L'"Hilda» crut qu'il serait possible de renter à Saint-Malo...



Dinan, 20 novembre. La nouvelle de la catastrophe de l' « Hilda », apportée ce matin par 1' « Ouest-Eclair a produit une émotion intense parmi nos concitoyens et la colonie anglaise, plusieurs résidents anglais de Dinard et Dinan devant rentrer par le vapeur naufragé.

A la nouvelle parvenue télégraphiquement cc matin que 35 cadavres, dont 23 hommes, 10 femmes et 2 enfants avaient été découverts sur la plage de Saint-Cast, MM. Vassal, sous-préfet, Bayoar, procureur de la République, et Richert, capitaine de gendarmerie, se sont aussitôt transportés sur les lieux. M. L'Hermitte, premier adjoint, en l'absence de M. Ross, maire, actuellement à Paris, pour la réunion du comité de la fédération républicaine  , a fait mettreen berne le drapeau de l'hôtel de ville 





Le naufrage a fait 125 morts dont 65 Johnnies de Roscoff.

Mais voici le récit le plus circonstancié des évènements, fait par Olivier CAROFF :
“Maintenant, j'ai repris toute ma connaissance. Je vis et suis heureux de vivre. Le souvenir de la terrible nuit est un cauchemar. Je m'étais endormi à l'avant. J'ai soudain été réveillé par le froid. Je me suis levé. Il faisait nuit noire, on ne voyait pas à quatre mètres. Je marchais sur le pont. J'aperçus le Capitaine qui, sur la passerelle, donnait des ordres, “Sale temps” me dit un matelot ; nous devons être près de St Malo mais on ne voit pas le phare. Peu après il me sembla percevoir une lueur. Le phare du Grand Jardin est vert, blanc, rouge. Puis tout disparut ; on rentra dans l'ombre. La sirène du bateau sifflait avec rage, la cloche d'alarme sonnait. J'allais retourner me coucher quand un choc formidable se produisit.qui me renversa. Je me relevais et m'élançais vers l'arrière. Je me heurtais au mât et courus vers le bordage. Le navire enfonçait. Je grimpais au mât par les échelles.”
“ J'aperçus alors des gens qui courraient,, affolés, près de moi des hommes grimpaient, Je me pressais pour arriver le plus haut possible. Un craquement terrible, un bruit sourd, le milieu du navire disparut : le mât avant craqua et tomba. J'entendis des cris déchirants.”
" Sur le mât nous étions une vingtaine. De temps en temps, l'un de nous tombait. Le froid me gagnait. Combien de temps ai-je passé ainsi ? je ne saurais le dire. Quand le jour vint, j'aperçus de la fumée, une masse noire, c'était l'ADA : la VIE! Le contremaître MOREL arriva avec des matelots 
une embarcation. Je ne me souviens plus que de mon réveil, l'hôpital, dans des draps chauds. Ce matin seulement, je me suis rendu compte que JE VIVAIS !




Au matin du 19 novembre, les sauveteurs vont retrouver 6 survivants, un membre d’équipage et 5 Johnnies sur les 70 embarqués. Des hommes qui, en s’accrochant à la mature, ont réussi à ne pas tomber dans la mer glacée. Car le bateau transportait une majorité de Roscovites et d’habitants des communes alentours partis vendre leurs oignons rosés en Angleterre. Ils rentraient au pays, leur mission accomplie.
Le lendemain, 69 corps dont celui du capitaine seront retrouvés sur la plage de Saint Cast. Pendant un mois, la mer ramènera corps et débris de bois sur toute la côte.





Sources 
Gallica BnF
L'ouest-Eclair 21 novembre 1905


18 juillet 2021

Donec Humour dans le carré - la fin du Tanio mars 1980 pollution naufrage Bretagne

Donec Humour dans le carré - la fin du Tanio 7 mars 1980



‌Bonjour la compagnie,

Nous sommes le 7 mars 1980, le pétrolier malgache Tanio, chargé de 27 500 tonnes de fuel est en route pour l’Italie, Il vient de Wilhelmshaven en Allemagne. Le commandant est un Camarétois de 53 ans : Jean Morvan. C’est un marin très expérimenté qui termine sa carrière.

En arrivant dans le port allemand le pétrolier avait touché le fond et un plongeur avait contrôlé l’état de la coque sans constater de dégâts apparents. Par ailleurs le Tanio est un navire solide parfaitement entretenu.


Ce jour-là, les conditions de navigation sont exécrables, vent d’Ouest de force 9 à 10, creux d’environ 9 mètres, le capitaine Morvan fait réduire l’allure. Le bâtiment poursuit sa route en tanguant fortement. Lorsque l’officier pont vient prendre son quart à 4 heures du matin son collègue ne lui signale rien d’anormal.

Le temps se dégrade encore, le vent fraîchit force 9 à 10 mais les hommes dorment en confiance. Dans le compartiment machines un officier mécanicien, un assistant et un chauffeur veillent sur le navire. Il est six heures, plus que deux heures avant la relève.


A 4h10 Ils entendent un bruit sec assourdi par les paquets de mer, l’avant se soulève de plus en plus. Les hommes sont précipités sur la cloison séparant la chambre de veille de la chambre à cartes. Ils comprennent vite la situation : le navire s’est plié en deux, les deux parties reliées seulement par la tôle du pont qui fait charnière. La partie avant se dresse à 45°, jouet des vagues qui l’assaillent.

L’officier de quart appelle au poste d’abandon, les lumières s’éteignent. Les machines s’arrêtent et le pétrolier sans erre, roule bord sur bord. Guy Delanoé, le chef mécanicien est descendu dans la machine. A la vue de la situation, il ordonne au personnel de monter sur le pont et de capeler brassières et vêtements chauds. Un quart d’heure à peine s’est déroulé depuis les premiers craquements.

Vu de la plage arrière où se sont réfugiés les mécaniciens, le spectacle est dantesque, la partie avant est ballotée dans cette mer déchaînée, la proue dressée vers le ciel ; Une question se pose alors, que sont devenus les huit hommes de la partie avant ?


La cargaison de fuel lourd s’est répandue et noircit l’écume dans laquelle l’épave se débat. A 8 :00 dans un craquement sec les deux parties se séparent, l’arrière part à la dérive poussée par la violence du vent et la partie avant touche le fond. Avec de pareilles conditions météo l’équipage décide de ne pas mettre d’embarcations à la mer qui se briseraient contre la coque.
Une question se pose alors : » Que sont devenus les huit hommes de la partie avant ? ».


Heureusement le Conquet-radio signale que le pétrolier Français Vignemale a capté un appel de détresse provenant d’un navire dont il n’a pu saisir le nom. Le vent d’Ouest de force 9 à 10 passe de 10 à 11. A son tour le navire japonais Eitokumaru signale qu’un bateau inconnu est en train de couler. Quarante minutes plus tard on sait que c’est le pétrolier Tanio qui est en perdition. L’Abeille Languedoc appareille alors et un Super-Frelon décolle de la base de Lanvéoc-Poulmic. Le lieutenant de vaisseau Martin se positionne au-dessus de l’épave, le plongeur de bord descend et les trente et un marins sont hélitreuillés.

Va commencer alors pour l’abeille-Languedoc le difficile remorquage avec le passage de deux hommes à bord de l’épave. Il faudra plusieurs jours pour mettre la partie arrière à l’abri dans le port du Havre.

Mais le bilan humain est élevé puisque huit marins français et malgache dont le commandant et le commandant en second ont perdu la vie. Nous ne parlons pas de la pollution qui fera périr 40 000 oiseaux et encore aujourd’hui le pétrole continue, en petite quantités à souiller les plages bretonnes.

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec


Sur la Peau de Bouc
« Rentrer à bord en état d’indigestion et incongruités sur le pont »


24 février 2021

Naufrage du sous-marin Phénix Tonkin 1938 Cam-Ranh La Motte Piquet

 Naufrage du sous-marin Phénix Cam Ranh

La liste des sous-mariniers péris en mer est longue, trop longue. J'évoque ce matin le souvenir de quelques sous-marins disparus dont le sous-marin Phénix


La mission du Phénix

PARiS 1' juin. C'est pour aller renforcer les forces navales françaises en Extrême-Orient, que le sous-marin Phénix quittait Toulon le 4 novembre dernier. Après des escales à Port-Saïd. Djibouti et Colombo, le Phénix arrivait à Saigon le 16 décembre 1938

C'est au cours d'exercices d'attaque en plongée Que le sous-marin « Phénix>> a disparu Une large nappe d'huile sur la mer indique seule le lieu probable du naufrage, où les fonds dépassent 100 mètres.

 C'EST CETTE PROFONDEUR. QUI FAIT CRAINDRE QUE LE NAVIRE N'AIT ÉTÉ ÉCRASÉ PAR LA PRESSION, NE LAISSE AUCUN ESPOIR DE SAUVETAGE 

Le sous-marin Phénix a disparu au large des côtes d'Indochine, avec 71 hommes d'équipage. Après les Etats- Unis, qui ont perdu le Squalus; après l'Angleterre, dont l'une des' plus belles unités sous-marines, le Thétis, vient d'être engloutie, c'est la France qui est, à son tour, éprouvée. Et cette nouvelle catastrophe, s'ajoutant à celles qui ont frappé deux nations amies, n'a pas manqué de plonger les trois peuples dans la consternation.


La liste de l'équipage nous apprend que nos vaillantes populations maritimes de l'Ouest doivent, une fois de plus, payer un lourd tribut à la mer.

Le Phénix en baie de Cam Ranh



L'Ouest-Eclair s'incline devant la douleur des familles, dont le deuil est un deuil national, et leur adresse, seo condoléances émues.


Selon les derniers renseignements obtenus, la catastrophe du Phénix s'est produite au large de la pointe de Cam-Ranh, à six milles de la côte. Les deux sous-marins Phénix et Espoir avaient quitté Saigon pour une croisière vers Hong-Kong et Manille. En cours de route, ils devaient effectuer des exercices avec d'autres navires de guerre. La plongée des deux sous-marins eut lieu vers 10 h. 30. Le Phénix ne remonta pas. Les recherches furent immédiatement entreprises sous la direction de l'amiral Decoux. Les navires de guerre et remorqueurs du port de Saigon furent immédiatement dépêchés sur les lieux et participèrent aux recherches, ainsi que les hydravions de la base de Cat-Lai.

Le communiqué officiel 

 Le ministère de la Marine a publié ce matin le communiqué officiel suivant
Les inquiétudes éprouvées au sujet du sous-marin Phénix étaient malheureusement justifiées. Le vice-amiral commandant en chef les forces navales en Extrême-Orient, qui est sur les lieux et dirige personnellement les recherches. a rendu compte télégraphiquement au Ministre de la Marine que le sous-marin Phénix devait être considéré comme perdu. Les recherches auxquelles participent tous les éléments maritimes et aériens dont disposent la Marine et l'Armée de l'Air en Indochine, se poursuivent néanmoins sans relâche.



Le Vice-amiral commandant en chef les F. N. E. O. a nommé la Commission d'enquête réglementaire pour tâcher d'élucider les circonstances de cette catastrophe dont les causes demeurent, pour le moment, complètement inconnues.

Baie de Cam Ranh

Le 15 juin au matin, par très beau temps, la section de sous-marins "Phénix", Espoir se tenait au large de Cam-Ranh, pour effectuer une attaque d'exercice en plongée sur le croiseur « Lamotte-Picquet », bâtiment amiral des forces navales d'Extrême-Orient. Ces deux mêmes sous-marins avaient, la veille, et dans les mêmes parages, attaqué l'aviso « Savorgnan-de-Brazza dans d'excellentes conditions. D'après un premier renseignement fourni par le commandant en chef des forces navales d'Extrême-Orient, le c Phénix Il a disparu par fond supérieur ci 100 mètres. Une tache persistante de pétrole marque seule l'endroit de la disparition.

L'effectif réellement présent bord était de 71 officiers, officiers-mariniers, quartiers-maîtres et marins dont les familles ont déjà été prévenues individuellement par les soins de la Marine. D'autre part, de Saïgon, nous parviennent les renseignements complémentaires suivants sur cette pénible catastrophe


L'émotion à Saigon

Saigon, 17 juin. La ville de Saison a appris ce matin seulement la catastrophe que l'amirauté n'a voulu rendre publique que lorsqu'elle estimait perdu tout espoir de retrouver le sous-marin et après avoir avisé les familles des victimes en France. La consternation est d'autant plus profonde que le Phénix venait de quitter le port deux jours avant l'accident pour participer à des exercices et que l'état-major et l'équipage du sous-marin comptaient de nombreux amis à Saison. Les drapeaux sont en berne sur tous les bâtiments de la marine.

Les recherches furent vaines.

De nombreuses unités croisent sur les lieux de la catastrophe -
 17 juin. Une tache d'huile à la surface de la mer, au large de la baie de Cam-Ranh, aura permis de retrouver l'emplacement où repose par plus de cent mètres de fond le sous-marin Phénix.


Autour de cet emplacement plusieurs navires ne cessent de croiser. Il y a la deux croiseurs le La Motte-Picquet et le Primauguet, trois avisos, le Rigault de Genouilly, le Savorgnan de Brazza et la Marne deux navires hydrographiques le Laperouse et le hoquetant et enfin un remorqueur, le Valeureux. Mais la profondeur laquelle se trouve le sous-marin rend toute tentative de secours ou de renflouement impossible.

Etrave du Phénix

La tâche ardue de la commission d'enquête La commission d'enquête présidés par l'amiral commandant les forces navales françaises en Extrême-Orient n'a pas une tâche aisée. Elle sait seulement que le commandant Bouchacourt, se conformant aux usages maritimes, a fait connaitre que le Phénix allait plonger et réapparaître au bout de tant de minutes. C'est en plongeant que le Phénix est allé au fond. Plusieurs hypothèses sont présentes à l'esprit des enquêteurs la fermeture insuffisamment hermétique de la culasse d'un tube lance-torpilles et le Phénix en comptait onze aurait produit une voie d'eau ? Mais le compartimentage des sous-marins leur permet généralement de remédier à cette éventualité. Une avarie condamnant le sous-marin à l'immobilité ? Mais les commandes sont doubles et donnent généralement la faculté aux techniciens de revenir à la surface. Un haut fond, c'est-à-dire une aiguille de roche, a-t-elle perforé le sous-marin ? Mais dans cette baie on ne signale pas de récifs dangereux.

En tout cas, il semble bien que le sous-marin qui n'était construit que pour descendre à 100 mètres de profondeur. a eu à subir une pression de plus de 10 kilogrammes par centimètre carré et que l'eau a envahi aussitôt l'intérieur. abrégeant ainsi l'agonie de l'équipage.

USS PIGEON bâtiment de sauvetage de sous-marin
Les opérations de renflouement commencent le 22, lorsqu'on essaie à plusieurs reprises de passer une chaîne autour du bâtiment pour le remorquer à une profondeur à laquelle des scaphandriers peuvent agir. Le navire de sauvetage américain USS Pigeon de l'Asiatic Fleet arrive le mais la trop grande profondeur de l'épave – qui se situe désormais vers 95 mètres – empêche toute intervention. Le 5 juillet une cérémonie d'adieu et d'hommage aux victimes a lieu sur les lieux du naufrage.

Les précédentes catastrophes de la flotte sous-marine française Le* deuils les plus récents qui ont frappé la flotte sous-marine française sont la perte du Prométhée 

L'Ondine périt de nuit, abordée au large de Vigo par un vapeur grec, dans des circonstances jamais parfaitement élucidées. La nuit était très claire et les feux de position du sous-marin. quoique au ras de l'eau, devaient être visibles. Il est probable qu'une erreur .de manoeuvre fut faite à bord du vapeur grec qui. d'ailleurs, ne rendit compte de son abordage qu'une huitaine de jours plus tard. 43 hommes périrent avec l'Ondine.


Quant au Prométhée, c'est en cours d'essais qu'il sombra, à 8 milles du cap Lévi, au large de Cherbourg. Le navire était en surface. On venait d'appeler l'équipage à l'intérieur pour le repas du midi. Tout-à-coup, le commandant cria a Tout le monde en bas, fermez les panneaux!

Sur les 20 ou 35 hommes qui se trouvaient sur le pont, plusieurs descendirent aussitôt. D'autres se mirent en devoir de fermer les panneaux à coups de pied. Tous furent fermés, sauf un qui résista. A ce moment. il était déjà trop tard et l'arrière du tous-marin s'enfermait et le navire descendait sous l'eau par l'arrière, « en charrue », comme disent les marins.

Le lieutenant de vaisseau Couespel Dumesnil. l'enseigne de vaisseau Bienvenu, le premier-maître Prigent. le second-maître Gouasgouen, le quartier-maitre Carpentier et deux matelots, qui se trouvaient dans le panneau central furent projetés à la mer par le souffle que produisit l'eau envahissant le bâtiments. Ils purent être sauvés par des bateaux de pèche.

Malheureusement. 49 hommes, dont un certain nombre appartenant au personnel civil des chantiers privés. furent engloutis.
On espéra que des cloisons étanches intérieures avaient pu être fermées a temps pour permettre à quelques survivants d'attendre des secours. Mais le bâtiment reposait par 50 mètres de fond et. malgré la présence des remorqueurs de sauvetage Italiens Artiguo et Rostro, on dut bientôt abandonner tout.
 Finalement, M. Georges Leygues, qui était alors ministre de la Marine, renonça même à relever le sous-marin. C'est le septième sous-marin français dont on ait à enregistrer la perte en temps de paix depuis la création des submersibles
Sous-marin Farfadet

La première catastrophe fut celle du Farladet, à Bizerte, le 8 juillet 1905. Quatorze membres de l'équipage périrent. Trois purent se sauver. 

Pu
is, à Bizerte encore, le 18 octobre 1906, le Lutin, enseveli avec seize hommes. A Calais, le 36 avril 1910, le Pluviôse, avec vingt-sept hommes.


 Au Cap de la Hague près de Cherbourg, le 8 Juin 1912, le Vendémiaire, avec vingt-quatre hommes. Au large du cap Finistère, au Portugal, le 3 octobre 1928, l'Ondine avec quarante-trois hommes  Enfin. au large de Cherbourg, le 7 juillet 1932, le Prométhée coulait avec soixante-trois hommes, sept autres ayant pu être sauvés. 

Monument aux morts du Vendémiaire
photo JM Bergougniou

Monument aux morts du Vendémiaire
photo JM Bergougniou

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