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13 décembre 2022

Sous-marin Loutre Abordage La Rochelle Chalutier Antioche 1911

Sous-marin Loutre Abordage La Rochelle Chalutier Antioche 1911







Le 16 mars, on s'en souvient sans doute, un abordage se produisant au large de La Rochelle entre le sous-marin "Loutre" et le chalutier "Antioche"
La commission supérieure des naufrages, à l'examen de laquelle cette affaire a été soumise, a exprimé l'avis que le patron de l' « Antioche » est blâmable










1° Pour n'avoir pas pris une connaissance suffisante des règles de manœuvre prescrites par la circulaire du 5 juillet 1910 (B. O. p. 1393), lors des exercices des sous-marins, bien que ces règles aient été publiées par le moyen d'affiches dans tous les paris de commerce, conformément aux termes mêmes de cette circulaire.


2° Pour n'avoir pas organisé une veille spéciale à son bord, dans les parages où les signaux de l' Actif » et (les sémaphores lui révélait l'existence de ces exercices. Mais la commission estime que, vu les circonstances de temps et les difficultés qu'on éprouve souvent à distinguer un périscope, même dans une direction connue, la responsabilité civile de l' "Antioche" dans l'abordage ne doit pas être retenue.


D'autre part, la commission a exprimé l'avis qu'aucune faute de manoeuvre n'avait été relevée a la charge du commandant de la "loutre" Dans ces conditions, la collision doit être considérée comme ayant été purement fortuite et les dommages doivent être supportés sans répétition par les navires qui les ont éprouvés.


La classe Naïade est une classe de sous-marins de 70 tonneaux de la marine nationale française construits au début du siècle, à vocation de défense des ports et de patrouille côtière. Elle tire son nom du premier de la série, la Naïade (1905-1914).


Ces sous-marins furent conçus par l'ingénieur du génie maritime Gaston Romazzotti et l'ordre de mise en chantier intervint le 13 avril 1901 . 

Ils seront surnommés « Les Fritures » du fait que la plupart portaient un nom de poisson. Émile Bertin les surnommera « Les Noyades ».



Le ministère a décide, par suite, que les frais de réparations de la Loutre oui sont estimés à 6300fr. seront supportés par la Marine.
 Il sera statué  ultérieurement sous le timbre  Navigation M0 au sujet de la sanction disciplinaire à prendre à l'égard du patron Coformil.





Sources

BnF Gallica 
L'Ouest-Eclair

22 avril 2022

sous-marin Pluviôse naufrage abordage mai 1910 Calais Cérémonies

sous-marin Pluviôse Cérémonies 



CALAIS A FAIT AUX VICTIMES Du "PLUVIOSE" DES OBSÈQUES SOLENNELLES

Calais, 22 juin. Le court délai pour la préparation des obsèques des victimes du Pluviôse a amené à Calais une activité extraordinaire.

Pendant toute la journée d'hier et la nuit qui a suivi des équipes d'ouvriers ont transformé la ville. Tout le parcours que doit suivre le cortège a été couvert de sable fin de la plage sur une longueur de près de 3 kilomètres. Tous les réverbères ont été voilés de crêpe et sur toutes les voies où doit passer le cortège ont été dresses des mats portant des faisceaux de drapeaux tricolores. Tous les mâts servant à la conduite de l'électricité des tramways ont été décorés de drapeaux.

Toutes les maisons sont pavoisées de pavillons en berne et cravatés de crêpe. Pendant la nuit les employés des pompes funèbres ont transporté sur des fourgons les vingt-sept cercueils de l'état-major et de l'équipage du Pluviôse pour les placer dans le vestibule de la mairie, et les disposer dans une sorte de chapelle ardente ornée avec goût et d'un grand caractère. La façade de la mairie sur la place Crèvecœur est entièrement drapée de noir jusqu'à hauteur des fenêtres du premier étage. Trois larges portières de velours noir a bande d'argent masquent les portes et trois faisceaux de drapeaux dominent les tentures noires.


Le vestibule soutenu par six lourds piliers entourés de drap noir est garni de draperies noires frangées et lamées d'argent, Huit lampadaires dorés éclairent les tentures funèbres et font se détacher nettement les drapeaux des trophées qui décorent les murs, les pavillons et les fleurs qui recouvrent les cercueils du Pluviôse, les motifs décoratifs formés de pièces d'armes, baïonnettes, baguettes de fusil ornant les draperies noires.

Sur le vestibule donne un large escalier conduisant au grand salon de la mairie dans lequel M. Fallières sera reçu. Cet escalier aboutit à un palier avant de se diviser en deux. Au haut du palier, un admirable trophée de drapeaux avec écusson portant les lettres R. F. et voilé de crêpe est éclairé par un projecteur qui donne aux trois couleurs une intensité extraordinaire. Tout est noyé dans la lueur blafarde de lampadaires. Et de ce trophée semble partir une ombre invoquant en quelque sorte l'idée de patrie.

Les obsèques auxquelles nous allons assister, par le splendide développement de leur pompe et leur animation sont la consécration de l'honneur rendu par le pays à ceux qui meurent pour le pays.


Le cortège passera devant le monument de Rodin élevé aux bourgeois de Calais et un rapprochement s'établit précisément entre le sacrifice du temps passé et celui des marins du Pluviôse qui au risque de leur vie voulaient doter la France d'une arme utile à sa sécurité.

Les honneurs rendus aux marins du Pluviôse comportent trois cérémonies, la première civile à la mairie, la seconde religieuse à la cathédrale, et la troisième à la halle aux sucres qui a été transformée en chapelle ardente et où les corps attendront leur inhumation ou leur transfert dans les où ils seront enterrés. Ces honneurs ne commencent officiellement qu'à la mairie.


LES MESURES D'ORDRE

L'arrivée à Calais des délégations de la Chambre et du président de la République fait l'objet d'un service d'honneur considérable. Des troupes nombreuses sont arrivées à Calais. Elles assureront le service d'ordre et rendront les honneurs. A la gare centrale dès onze heures une compagnie d'infanterie avec colonel, drapeau et musique est en place, attendant l'arrivée des délégations du Sénat et de la Chambre et ensuite celle du président de la République.

A l'Hôtel de Ville, presque à la même heure, vont venir se ranger face à la mairie une compagnie de marins et les pompiers de Calais qui rendront les honneurs aux morts.

L'escorte du président comprend deux escadrons de dragons commandés par le colonel, avec l'étendard, et un peloton de gendarmes à cheval.

L'escorte pour le Sénat et la Chambre est composée d'un escadron de dragons. Le général Cramer qui a le commandement des troupes pendant la cérémonie est à Calais depuis hier.

Ce matin le soleil n'a pas paru à Calais. A la place du ciel bleu des derniers jours nous avons des nuages qui annoncent la p1uie. Un vent d'est s'est élevé et a sensiblement refroidi la température, mais les changements de temps sont fréquents et s'il pleut le spectacle n'aura pas un spectateur de moins.

La foule s'arrête devant trois affiche qui se rapportent aux cérémonies d'aujourd'hui. La première signée du maire M. Salembier, informe la population que les obsèques nationales des marins du Pluviôse auront lieu aujourd'hui à midi. La seconde apposée par les soins du comité de l'Union du commerce de Calais dit

Dans le frisson de douloureuse sympathie qui a secoué la France entière à l'annonce de l'épouvantable catastrophe, la population calaisienne, plus particulièrement frappée, a su montrer la part qu'elle prend à l'immense douleur des familles de ces héros du devoir. Le comité de l'Union du Commerce est persuadé que les commerçants calaisiens, et tout particulièrement ceux qui se trouvent sur le parcours du cortège, tiendront à rendre les derniers hommages à la dépouille des malheureuses victimes en répondant à notre appel attristé En conséquence. l'Union du Commerce invite les commerçants à fermer leurs magasins...


A 9 heures effectivement, au bruit des cloches de toutes les églises de la ville, a été célébrée à Notre-Dame la messe de Requiem à laquelle assistaient l'amiral Bellue et l'amiral de Maigret ainsi que de nombreux officiers des armées de terre et de mer. On y remarque des délégations de diverses troupes de la garnison de Calais et de tous les navires actuellement dans le port.


Dans le train présidentiel avaient pris place avec M. Fallières M. Briand, président du conseil, le vice-amiral Boué de Lapeyrère, ministre de la marine, le général Brun ,ministre de la guerre, M. Sarraut, sous-secrétaire d'Etat à la guerre, M. Ramondon, secrétaire général de la présidence, M. Mollard, directeur du protocole, le commandant Laugier, les attachés navals des différentes puissances, notamment ceux d'Allemagne, d'Angleterre, de Russie...  A sa descente de wagon, M. Fallières a été reçu par M. Chéron, le préfet du Pas-de-Calais, le sous-préfet de Calais et le maire de cette ville.



DINARD

Nos morts sont revenus au  pays 
Dinard, 29 juin. Les cercueils qui renfermaient les glorieuses dépouilles des victimes du Pluviôse appartenant au quartier de Saint-Malo sont arrivés cette après-midi au pays qui les vit naître.

Le train, qui arrive à 2h. 16 a Dinard, avait laissé à la gare de Pleurtuit le cercueil enveloppé du drapeau national du quartier-maître Lemoine. Sur le quai de la gare, M. Brugaro. maire de Pleurtuit et la famille de Lemoine attendaient l'arrivée du train. Le cercueil a été extrait du fourgon et conduit dans la famille du défunt, où la veuve et les parents du quartier-maître vont faire la veillée funèbre jusqu'au moment des obsèques.

Le train a repris ensuite sa marche, et quand il est arrivé à 2 h. 16 en gare de Dinard, une foule émue a salué l'arrivée du convoi, dont la locomotive portait à son avant le drapeau en berne.

M. Crolard, maire de Dinard, se tenait sur le quai avec M. Guillet, secrétaire de la sous-préfecture. Le wagon qui contenait le cercueil du matelot Gautier, promu quartier-maître, a été aussitôt ouvert. La foule s'est découverte devant le cercueil qu'enveloppait l'étendard aux trois couleurs et les restes du quartier-maitre Gautier ont été déposés dans le corbillard. qui les a conduits Saint-Briac. La famille de Infortunée victime a suivi en voitures le convoi funèbre. Le cercueil disparaissait sous de multiples couronnes, dont l'une portait la touchante inscription A mon fiancé le quartier-maître Gautier devant, en effet. se marier prochainement, et sa fiancée avait tenu a accompagner jusque Dinard la famille du jeune héros.

La date des obsèques n'est pas encore fixée d'une façon définitive. M. Saint, préfet d'Ille-et-Vilaine tenant à y assister, il est probable que les obsèques du quartier-maitre Lemoine auront lieu demain matin, samedi, à Pleurtuit. Celles de Gautier auraient lieu à Saint-Briac dans l'après-midi de samedi.

M. Guillet, le sympathique secrétaire de la sous-préfecture, s'est rendu a Saint-Briac afin de fixer, de concert avec la famille et M. le Maire de Saint-Briac, les obsèques du quartier-maître Gautier.

DINAN

LES ViCTIMES du PLUVIÔSE  "Deux cercueils"

Jeudi, à une heure quarante, sont passés en gare de Dinan, par le train venant de la Brohinière et se dirigeant sur Dinard, deux fourgons séparés, contenant les cercueils de Lemoine, quartier-maître, de Pleurtuit, et Gauthier, quartier-maître, de Saint-Briac tous les deux victimes de l'accident du « Pluviôse Un drapeau tricolore en berne ornait la locomotive du train. De nombreuses personnes s'étaient rendues à la gare pour le passage du train.

Sources

L'Ouest-Eclair

15 juillet 2021

Le Gabès aviso-transport Sénégal Casamance Séléki Cherbourg 1886- 1887 abordage

Le Gabès aviso-transport

Le Gabès répression en Casamance 



On écrit de Grand-Bassan (Gorée) au Petit Colon

« Une agitation très marquée se constate depuis quelque temps un peu partout, dans le Cayor, dans la Gambie et au Gabon. On s'attend a des troubles sérieux après les récoltes, et celte prévision ne laisse pas que d'inquiéter.

Il est vrai que, de notre côté, on ne reste. pas inactif. L'aviso le Gabès est parti le 18 décembre de Dakar, emportant 300. hommes y compris l'équipage, et 23 artilleurs. Cette troupe va châtier les habitants du village de Sélaké (Séléki), où a été tué le lieutenant Truche. ainsi qu'un artilleur mort en défendant sa pièce qui a été perdue.

1er décembre 1886

» C'est une glorieuse mort que celle de ces deux hommes combattant pour leur drapeau, avec toute l'énergie du désespoir, à des milliers de lieues de la patrie. Le lieutenant Truche était venu réclamer aux Diola le paiement d'une amende à eux infligée. Il était accompagné d'un:, artilleur avec sa pièce de campagne, d'un douanier, d'un interprète et de 50 volontaires.

» Quand il arriva à Sélaké, il se trouva en présence de 3,000 Diola qui l'attaquèrent avec fureur. Aussitôt qu'ils se virent en présence l'ennemi, les cinquante volontaires abandonnèrent lâchement le lieutenant Truche. Le malheureux se battit avec une énergie surhumaine, et avant de tomber, il eut la consolation d'avoir couché à terre quarante Diola qui ne se relevèrent plus.

* D'autre part, j'apprends que le capitaine du Goéland, aviso sur lequel se trouve M. Bayol, lieutenant-gouverneur, de Gorée, a été blessé, ainsi que douze hommes. Quatre hommes ont été tués. J'attends des renseignements complémentaires, mais, vous le-voyez; là situation est très grave en ce moment.




12 septembre 1894 
La liberté

Sont destinés à renforcer la division navale de l'océan indien les navires suivants qui entreront en armement définitif...
L'aviso Gabès à Cherbourg le 4 octobre...

25 octobre 1894





Cherbourg, 24 octobre. L'aviso Gabès, qui avait appareillé hier soir pour Madagascar, est rentré au mouillage de Cherbourg ce matin en avaries. Cette nuit il a été abordé par le travers des Casquets par un steamer anglais; son avant est complètement démoli, son bout-dehors de foc est cassé et son ancre a été aplatie ; de plus il a perdu une baleinière. Le matelot de veille à l'avant a été enlevé au moment de l'abordage par le navire anglais. Celui-ci a viré de bord pour remettre l'homme à bord du Gabès, mais le commandant a refusé, ayant pour cela de bonnes raisons: c'est qu'il ne connaissait ni le nom, ni la route que devait suivre le navire. On suppose que le steamer a rallié un port anglais.

Sources :

Le petit Journal 25-10-1894

 Le Moniteur de la gendarmerie : journal non politique créé spécialement pour la défense de l'arme, paraissant le dimanche / [propriétaire-gérant : Henri Charles-Lavauzelle]

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1887-01-09

Bulletin de la Société française des Ingénieurs coloniaux 1er janvier 1936

16 février 2021

L'Abordage du Bison par le Georges Leygues 1939

L'Abordage du Bison par le Georges Leygues


Le 8 février 1939, le Georges Leygues abordait le Bison

L'Ouest-Eclair 10 février 1939



LA MARINE FRANÇAISE EN DEUIL



L'abordage du Bison par le Georges Leygues a fait dix-huit victimes

LES CIRCONSTANCES DE L'ACCIDENT

Ce qui reste de l'avant du « Bison », sectionné juste à hauteur de la cloison étanche de la passerelle

L'abordage du contre torpilleur « Bison » par le croiseur « GeorgesLeygues » que « L'Ouest-Eclair » relatait hier a malheureusement des conséquences plus graves que celles qui avaient été tout d'abord annoncées. Aux trois morts s'ajoutent 15 disparus dont le sort ne laisse aucun espoir. Sur la liste funèbre de ces 18 victimes, nous relevons les noms de nombreux marins appartenant à la région de l'Ouest qui, une fois de plus, paye un lourd tribut à la défense maritime.


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« L'Ouest-Eclair" s'incline devant la douleur des familles éprouvées par ce deuil et leur exprime ses condoléances émues.

Paris, 9 février. Le Ministère de la Marine communique les noms des quinze disparus : Jean Pascoèt, second-maître mécanicien, de Guissény (Finistère); Henri Boucon, quartier-maitre canonnier, d'Heyrieux (Isére); Marcel Lanque, matelot canonnier. de Boulogne-sur-Seine; Ernest Sonnette, matelot sans spécialité, d'Etaples (Pas-de-Calais): Jean Simon, matelot gabier, de l'ile de Batz: François Caous. matelot timonier, de Ploubazlanec: Marcel Caruan maitre timonier de Djerda (Tunisien), Armand Sauvage, matelot boulanger, de Saint-Malo, Marie-Françols Boulic. matelot sans spécialité, de Plougastel-Daoulas, Raymond Gérard, quartier-maitre mécanicien, d'Olizy-sur-Chiers (Meuse), Marcel Prigent, matelot canonnier. ancien pupille de l'Assistance Publique de Quimper, Yves Baron, quartier-maître fusilier, de Plounévcz-Lochrist (Finistère); Marcel Cazcau. quartier-maitre cuisinier, Saint Pierre au-Pott (Seine-Inférieure);
Courteaux, matelot canonnier, et Daouben. matelot gabier.

Ajoutons à ce communiqué que le matelot Courteaux, 506 C 35, était venu récemment du 2e dépôt en exécution de l'ordre 142 E.M.A.B. escadre du 25 janvier, et que le matelot Daouben, embarqué sur l'Alcyon, était en subsistance sur le Bison.



Les obsèques auront lieu samedi à Lorient

Nous recevons de la Marine le communiqué suivant

Les obsèques solennelles des victimes de l'accident du Bison auront lieu à Lorient. le samedi 11 février, en présence du vice-amiral Darlan, chef d'Etat-Major général de la Marine, représentant M. le Ministre de la Marine.


La levée des corps se fera place d'Armes. 10 heures. Un service religieux sera célébré en l'église Saint-Louis. En se rendant à la gare, le cortège s'arrêtera devant le monument aux Morts pour y déposer une couronne offerte par le ministre de la Marine à la mémoire de tous les disparus.

Le Vice Amiral, commandant la Marine. invite la population de Lorient à se joindre au deuil de la Marine pour honorer ceux qui sont morts à con service.



LE TRAGIQUE ABORDAGE DU BISON Le contre-torpilleur amputé a été remorqué, hier matin, dans le port de Lorient

Lorient, le 9 février (de notre rédaction, par téléphone)

Il faut remonter à l'année 1902 pour retrouver l'équivalent d'un drame de la mer aussi tragique dans le sens des abordages que celui qui s'est produit le 7 février 1939. dans les eaux finistériennes. 




Le cuirassé Brennus coupait en deux au cours de manœuvres navales, en Méditerranée, la Framée, commandée par l'héroïque lieutenant de vaisseau de Mauduit du Plessis, de Lanester, près Lorient, qui refusait la bouée qu'on lui tendait pour la passer à un quartier-maître, alors que lui, préférait s'engloutir avec son bâtiment. 


Ce matin nous avons assisté à un événement maritime qui compte parmi les plus' poignants, l'arrivée dans les eaux lorientaises du contre-torpilleur Bison, qui depuis plus de 30 heures, admirablement soutenu par les courageux équipages des remorqueurs de Lorient et de Brest, naviguait dans les circonstances les plus difficiles à une toute petite allure.



Comme je vous le signalais hier, on craignait, d'ailleurs, pour le sort du bâtiment car le temps avait singulièrement fraichi mercredi soir. Des rafales s'élevaient dans le sud-ouest et toute la nuit le vent soufflait à allure de tempête. Quand ce matin au petit jour le convoi apparut aux atterrages de Groix, on pouvait dire, selon le vieux dicton maritime Qui voit Groix, voit sa joie.

A Lorient, sur les quais du port de pêche, la foule attend l'entrée du convoi remorqué

Et le bâtiment s'engagea vers 9 h. 30, dans les passes de Port-Louis et de Lorient, la marche contrariée par les forts courants du jusant. Sur les plages de Larmor, de Kernevel et surtout sur les quais au port de pêche, une foule énorme stationnait, silencieuse et émue.

Lorsque le Bison passa devant les chalutiers à vapeur, on entendit des bruits de sirène qui, par trois fois, saluaient le valeureux bâtiment amputé de tout son avant.

Spectacle tragique et impressionnant. car à ce moment tous songeaient au plus profond du coeur à ces braves officiers mariniers et matelots, engloutis avec l'étrave du navire dans les eaux de Penmarc'h. Il était 10 h. 30, quand le Bison, après une manœuvre impeccable des remorqueurs pénétra dans le port militaire, à l'estacade, la jetée était noire de monde.

Matelots de l'équipage du Bison

Tous commentaient avec émotion l'affreux accident. A bord du croiseur Condé, le bâtiment des célèbres fusiliers-marins et sur tous les navires amarrés, le long des quais de l'Arsenal. les équipages étaient à la bande. Les sonneries de clairon saluaient le pavillon du Bison qui flottait à l'arrière et la marque du contre-amiral Donval. commandant la 2e flottille de torpilleurs, cependant que la garde -présentait les armes.


Le tragique bilan

Le vice-amiral de Penfentenyo saluait le Bison dès son arrivée au quai des Roumains et montait à bord. En- Sn, le bâtiment prenait son amarrage, le long du Vaudreuil et de la vieille Melpomène. On apprenait à ce moment que le bilan de la catastrophe était le suivant trois morts et quinze disparus.

A propos de morts, signalons et rectifions au sujet du cadavre d'un second maître qui a été débarqué du Bison à midi C'est celui du second maître Léon Georges, de Saint-Pierre Quilbignon, qu'une mauvaise interprétation, par la Marine d'un télégramme officier, situait sur le Georges-Leygues, comme nous l'avons annoncé hier et qui aurait été débarqué à Brest à l'arrivée du bâtiment. II y a actuellement cinq blessés, très légèrement d'ailleurs, à notre Hôpital Maritime, tous sont du Bison le lieutenant de vaisseau d'Estienne, légèrement blessé à la main le second maître radio Rampi, contusions sérieuses au cuir chevelu. Ce dernier l'a échappé belle, il a failli être écrasé, alors qu'il était dans son hamac le matelot timonier Hillion, brûlures légères quartier-maitre mécanicien Dejou, commotion et contusions diverses.

D'autre part. l'enseigne de vaisseau Roger, du sous-marin Junon, a été blessé à son bord, mais rien de commun avec l'accident du Bison. Le vice-amiral Gensoul, commandant en chef l'escadre de l'Atlantique, arrivé à Lorient, à bord d'un hydravion de la base de Brest, à midi, s'est rendu aussitôt après déjeuner à bord du Bison où il a constaté la nature des avaries du bâtiment; puis à l'hôpital maritime où il a salué les corps des trois victimes.

On a regagné Brest par la route. 
Des cadavres restent-ils à bord ? Le bruit avait couru dans l'après-midi, qu'il y aurait peut-être encore des cadavres. On parlait de deux, aperçus par les scaphandriers dans les tôles tordues situées dans la partie immergée de l'avant du bâtiment. Cela est possible, nous a-t-on dit, mais il ne pourrait s'agir en tout cas que de marins portés parmi les disparus.

Le contre-torpilleur Bison ne rentrera que demain matin au bassin n* 3 où il fera l'objet d'une visite minutieuse.

Une commission d'enquête a été désignée et fonctionne déjà, sous la direction du contre-amiral Moreau, de l'escadre de l'Atlantique.

Cet officier général a entendu déjà. ou va entendre à Lorient divers témoins parmi l'état-major, les officiers mariniers et l'équipage du « Bison ». L'enquête sera tout aussi importante et peut-être même davantage, à bord du Georges Leygues qui est, ne l'oublions pas, le croiseur abordeur.

Des bâtiments sur les lieux de la catastrophe

Des remorqueurs sont partis de Lorient sur les lieux de l'accident avec des officiers de la marine. Ils sont chargés de procéder sur place à la reconstitution de la position qu'occupaient les unités de l'escadre dans la soirée tragique de mardi.

L'ARRIVÉE

DU « GEORGES-LEYGUES » AU PORT DE BREST BREST. 9 février. (De notre rédaction). Le croiseur Georges Leygues. battant pavillon du contre-amiral Godfroy, commandant la 4e division de croiseurs, est arrivé à Brest par ses propres moyens, ce matin, à 5 h. 30, et il s'est amarré au coffre B. en rade-abri. Il transportait 84 hommes, officiers mariniers, quartiersmaitres et matelots du Bisoa, qui avaient été recueillis à son bord. Après avoir déjeuné, vers 7 h. 30, les 84 rescapés, dont quelques-uns avaient été légèrement contusionnés, ont pris passage à bord de la canonière Aber-Benoit qui les a conduits à bord du cuirassé Provence, en disponibilité, armé au fond de l'Arsenal. En arrivant sur ce bàtiment, ces hommes ont été restaurés à nouveau, habillés et équipés de neuf.

Les avaries du « Georges- Leygues »

Les avaries subies par le GeorgesLeygues semblent légères et ne sont guère apparentes. Il a eu cependant quelques tôles abimées à l'avant et quelques membrures déformées. De petites rentrées d'eau s'étaient déclarées aussitôt après l'abordage.

L'ancre tribord a été arrachée. Le croiseur dewa passer en cale sèche pour y subit des réparations et une visite complète. Il est probable qu'il sera conduit samedi dans le bassin n° 8 à Laninon.

Le croiseur a recueilli une pièce au « bison et son armement Des tôles du Bison étaient demeurées accrochées à bâbord avant du croiseur à peu de distance de son étrave. D'autre part. à l'extrémité de la plage avant était amoncelé un tas de ferraille provenant également du Bison. On pouvait reconnaitre parmi les tôles et les débris divers, la cabine de gonométrie et la pièce n° 2 de 138 m/m du contre-torpilleur avec son masque ae protection.

Un membre de l'équipage du Georges Leygues, que nous avons pu joindre dans l'après-midi, nous a déclare que le croiseur, en abordant le Bison à tribord avant, à hauteur de la pièce no 2, avait, de son étrave, littéralement coupé en deux le contre-torpilleur et cueilli au passage, sur sa plage avant, la pièce n° 2 du Bison et son armement composé de 15 hommes qui se trouvaient au poste de combat. Ceux-ci, avant d'avoir eu le temps de réaliser ce qui leur arrivait, s'étaient trouvés sur le pont du Georges Leygues.

Au moment de l'abordage, le pont du croiseur s'était, en effet, présenté à la hauteur de la plate-forme de la pièce du Bison. Tous ses hommes étaient miraculeusement indemnes.

De bonne heure ce matin la direction du port de Brest a envoyé le ponton-mâture Atlas pour décharger, sur un chaland, la pièce de 138 m/m et toute la ferraille provenant du Bison, qui se trouvait sur le Georges Leygues.
Ce chaland a été ensuite remorqué dans l'arsenal où il est arrivé à 17 heures.

Les circonstances de l'abordage 
Voici, d'après les renseignements qui nous ont été fournis par l'EtatMajor de l'Escadre de l'Atlantique, les circonstances dans lesquelles s'est produit l'abordage.


Mardi soir, à 15 milles dans le Sud-Est de Penmarch, la 21 flottille de torpilleurs conduite par le contre-torpilleur Bison portant la marque du contre-amiral Donval, se livrait à un exercice d'attaque de nuit, tous feux masqués, contre la 4e division de croiseurs conduite par le Georges Leygues portant la marque du contre-amiral Godfroy.

Les trois croiseurs se trouvaient en ligne de file et le Georges Leygues était suivi du Montcalm et de la Gloire lorsqu'à 19 h. 20 ce fut au tour du Bison d'attaquer.

Le contre-torpilleur devait normalement passer à bâbord du Georges Leygues.

On manque de renseignements précis sur la visibilité qu'il y avait ce moment. Cependant, il est permis de penser qu'elle devait être suffisante pour effectuer l'exercice, puisque celui-ci ne fut pas décommandé. Mais il est possible que la visibilité ait été dissymétrique, c'est-à-dire différente pour les attaquants et les attaqués. comme cela arrive assez souvent en mer.

La commission d'enquête aura à élucider ce point important pour déterminer les responsabilités de la catastrophe.

Le Georges-Leygues n'aperçut le Bison qu'au moment où celui-ci se trouvait à environ 1.000 mètres de lui. Le contre-torpilleur avait une route qui était convergente avec celle du croiseur, c'est-à-dire que sa route était incitée d'une trentaine de degrés sur celle du Georges-Leygues.

Le croiseur vint aussitôt en grand de 25 à 30° sur sa droite et battit en arrière en même temps qu'il allumait tous ses feux de position et de route. Le Bison alluma également ses feux.

La ligne de croiseurs marchait à une vitesse moyenne de 15 nœuds et le contre-torpilleur devait avoir une vitesse analogue.

On n'est pas encore exactement fixé, à Brest sur la manœuvre que de son côté, le Bison (a effectué) pour éviter l'abordage.

Celui-ci se produisit presque Instantanément. Le Georges-Leygues heurta le Bison à tribord avant, à hauteur du poste des seconds-maîtres, sur l'avant de la passerelle, et sectionna l'avant du contre-torpilleur, comme un rasoir couperait une pomme.

Les opérations de sauvetage

Si le Georges-Leygues n'avait pas manœuvré à temps, la catastrophe eut été encore beaucoup plus grave, car le Bison aurait été atteint en son milieu. La manœuvre du croiseur a donc été efficace. L'avant du contre-torpilleur, complètement détaché du reste du bâtiment, devait flotter environ une heure et demie, car, en raison de l'exercice de combat, toutes les cloisons étanches avaient été fermées au préalable. Cette partie du Bison commença par chavirer, puis se coucha sur bâbord et en arrière.

Le Georges-Leygues mit immédiatement toutes ses embarcations à la mer qu'elle éclaira de ses projecteurs. Tous les bâtiments qui participaient à l'exercice arrivèrent également peu après sur les lieux et coopérèrent aux opérations de sauvetage. Dix-huit hommes qui se trouvaient encore dans l'avant du Bison, devenu épave, appelaient au secours et ils furent tous recueillis dans les embarcations.

Celles-ci étaient commandées par des officiers et armées par des hommes qui s'étaient offerts volontairement. La mer était assez mauvaise et le sauvetage ne se fit pas sans de très grosses difficultés. Tous les gradés et matelots de l'armement de la pièce n° 1 qui se trouvaient sur le pont du Bison furent précipités à la mer et la plupart d'entre eux disparurent. Ce sont. notamment les quartiers-maitres Gazeau et Boucon, et les matelots Lauque, Sonnette, Sauvage, Boulic et Prigent. Les trois tués et les autres disparus, notamment les mécaniciens, se trouvaient à l'intérieur du bâtiment dans le poste, à l'endroit où pénétra l'étrave du croiseur. On cite le cas d'un malheureux second maitre dont le corps fut littéralement coupé en deux et qui se trouvait dans un hamac au moment de l'accident.

L'équipage du Georges-Leygues conserva tout son calme. Quant à celui du Bison il fut remarquable de sangfroid et tout se passa dans l'ordre le plus parfait.

Un des corps demeura sur le contret-orpilleur, tandis que les deux autres étaient embarqués sur le Montcalm. D'autre part, le Georges-Leygues prit 84 rescapés. les autres membres de l'équipage étant répartis entre le Montcalm, le Foudroyant et le Bordelais.

L'équipage comprenait au total 201 hommes et 18 officiers. Le bilan des victimes fut long à établir, en raison de la dispersion de l'équipage sur les différents bàtiments. Le contre-amiral Donval et son EtatMajor, le capitaine de frégate Herbout et les officiers du Bison demeurèrent à bord du contre-torpilleur avec 32 hommes volontaires, qui étaient nécessaires pour assurer la sécurité du bâtiment, tenir les feux allumés et étancher les voies d'eau

Tandis que la partie avant du Bison coulait, par 100 mètres de fond, le Georges-Leygues prenait en remorque, par l'arrière ce qui restait du contretorpilleur.

Le remorquage fut extrêmement difficile, car les tôles tordues et déchiquetées faisaient, à l'avant du Bison, effet de gouvernail, et le bâtiment faisait des embardées. La remorque se rompit à trois reprises, et elle fut chaque fois rétablie par le Georges-Leygues qui devait être relevé mercredi matin par le remorqueur Hippopotame, de la direction du port de Brest.

A ce moment, le convoi se trouvait à proximité des Glénans. Il reprit sa route vers Lorient à la vitesse de un noeud et demi à deux nœuds, escorté par le Itonteaim. On craignit beau-

coup que le Bison, privé de son avait n'arrlvAt pas jusqu'au port.

La commission d'enquête

Les membres de la commission d'enquête ont quitté Brest, par le train de midi 24, pour Lorient. Le vice-amiral Gensoul, commandant en chef l'escadre de l'Atlantique, rentré de Lorient mercredi soir, s'est rendu ce matin à bord du Georges-Leygues, en rade de Brest, où ij a vu le contre-amiral Godfroy et le capitaine de vaisseau Perot, commandant le croiseur. Il a quitté Brest à 11 heures, en avion, pour Lorient. Les blessés à l'hôpital maritime de Brest
La liste des blessés admis à l'Hôpital maritime de Brest s'établissait comme suit, ce soir, à 17 heures
Second maître infirmier Rio contusion du poignet droit, plaies au talon gauche hospitalisé salle 15.
Quartier-maitre canonnier Joseph Kervoal plaies à la face quartiermaître chauffeur Aristide Courbe contusions lombaires tous deux hospitalisés salle 5.
quartier-maître radio Jean Le Gall plaie au cuir chevelu quartier-maitre électricien Pierre Troadec contusion au genou gauche; tous deux hospitalisés salle 11.


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