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12 février 2022

Amiral Godfroy - de l'Antarctique à Alexandrie TAAF Jean Charcot Pourquoi-Pas?

 Amiral Godfroy - de l'Antarctique à Alexandrie


En lisant de la documentation pour écrire l'article sur l'acheminement du courrier vers Alexandrie, j'ai découvert que l'amiral Godfroy alors enseigne de vaisseau avait participé avec Charcot à l'expédition de 1908 sur le Pourquoi Pas?

Il embarque sur différents bâtiments avant de participer à la seconde expédition Charcot, visant à explorer la côte de l'Antarctique en 1908


L'Ouest-Eclair 19 mai 1908


L'état-major définitivement constitué se composa de trois officiers de marine, d'un géologue, de deux naturalistes, d'un physicien et de moi-même. Les différents travaux faisant partie de notre programme furent répartis entre ces messieurs de la façon suivante : M. Bongrain, enseigne de vaisseau. Second de l'expédition. (Observations astronomiques, hydrographie, sismographie, gravitation terrestre.) J. Rouch, enseigne de vaisseau. (Météorologie, électricité atmosphérique, océanographie physique.) R. Godfroy, enseigne de vaisseau. (Étude des marées, chimie de l'air.) E. Gourdon, docteur ès sciences. (Géologie et glaciologie.) J. Liouville, docteur en médecine. (Médecin en second de l'expédition, zoologie.)

L'Ouest-Eclair 17 juillet 1908

L. Gain, licencié ès sciences. (Zoologie et botanique.) A. Senouque. (Magnétisme, actinométrie, photographie scientifique.) J.-B. Charcot, chef de l'expédition, commandant du Pourquoi-Pas? (Bactériologie. )

En dehors des travaux dont ils étaient chargés, les officiers de marine assuraient avec moi la navigation et le service du bord.



L'enseigne de vaisseau Godefroy va devenir très rapidement le photographe de l'expédition


L'expédition CHARCOT

L'expédition du docteur Charcot, actuellement à Cherbourg, appareillera dans quelques jours à destination des régions du pôle Sud.

Quel est le but de cette entreprise ? Quel on est l'intérêt ? C'est ce que M. Chartes Rabot explique dans le « Temps au moment où ces vingt huit jeunes Français s'en vont joyeusement affronter les périls d'une lointaine navigation dans la seule pensée d'élargir le domaine scientifique de l'humanité.



Dans ces conditions, tous les pays de haute culture scientifique regardent comme un devoir d'entreprendre l'exploration de ce mystérieux continent blanc. Il y a sept ans, une première campagne a été accomplie dans l'Antarctique par l'Angleterre, l'Allemagne, l'Ecosse, la Suède et la France, qui, grâce à l'initiative de Charcot, pût être associée à cette grande entreprise. A peine de retour, tous ces explorateurs n'ont eu qu'une pensée repartir le plus tôt possible pour continuer leur héroïque combat contre les banquises pour le progrès de la science. Les Anglais ont été prêts les premiers une expédition britannique, avant-garde de deux autres .Hissions, est déjà à l'œuvre à lfc terre Victoria, tandis que Charcot va se diriger, lui, vers les terres situées au delà du cap Horn.

Le Pourquoi-pas? au Havre
Le choix de ce champ d'opération a été imposé à notre compatriote par les traditions de notre marine. C'est en effet dans la partie de l'Antarctique que l'on rencontre au sud de la pointe méridionale de l'Amérique que Dumont d'Orville accomplit en 1838 sa célèbre exploration. Au prix de luttes héroïques contre les banquise, avec deux voiliers guère adaptés à pareille navigation l'illustre marin réussit à déterminer la limite orientale de ce complexe terrestre par la découverte de la terre Louis-Philippe et de l'île Joinville. Soixante-huit ans plus tard, reprenant la voie glorieusement ouverte par Dumont d'Urville, Charcot, au cours de sa précédente campagne nvec le « Français découvrait à son tour la terre Loubet, qui est le prolongement de ce fragment de continent vers l'ouest...

Le Programme de l'expédition prévoit, en outre, un hivernage dans les parages de la terre Alexandre Ier. De cette station, une escouade explorera l'intérieur du pays au moyen de traîneaux automobiles. Que le lecteur n'accueille pas ce projet par un sourire d'incrédulité. Dans certaines parties de l'Antarctique, les glaciers forment d'immenses plaines remarquablement plates.

Les expéditions comme celle qu'entreprend Charcot n'ont pas seulement pour objet de relever des contours de terres et de meubler les vides des cartes. Elles ont en outre pour mission de recueillir des observations intéressant toutes les sciences physiques ut naturelles météorologie, magnétisme terrestre, zoologie, géologie, botanique, etc. Et ces recherches ne sont pas, comme on est trop porté à le croire, dénuées d'intérêt pratique. Les observations météorologiques, par exemple, elles seules peuvent donner la clef de la circulation atmosphérique autour du continent antarctique, et par suite renseigner les longs-courriers qui passent au sud de l'Afrique et de l'Amérique sur les routes les plus favorables au point de vue des vents et de l état de la mer. Pour poursuivre toutes ces études techniques, Charcot a groupé autour de lui tout un état-major de jeunes savants un géologue, M. Gourdon un zoologiste, M. Jacques Liouville un botaniste, M. Gain un physicien, M. ^enonque: enfin la bactériologiste est le chef même de l'expédition. 

De plus, les trois enseignes de la marine nationale qui suivent l'expédition, MM. Bongrain, Rouch et Godfroy. sont, en outre de leurs fonctions d'officiers de quart, chargés des observations astronomiques, météorologiques, hydrographiques et océanographiques.

L'Ouest-Eclair 24  août 1908



Les Annales 18-12-1910

Ecoutez cette petite histoire que Gourdon m'a rapportée avec une simplicité qui m'a fait désespérer de lui voir jamais trouver dramatique une aventure.

— Charcot avait décidé d'aller reconnaître l'île Berthelot. Les glaces ne laissant qu'un étroit chenal, ïl avait fallu renoncer à y engager le Pourquoi-Pas ? Et c'est avec la vedette que l'explorateur, accompagné de Gourdon et de l'enseigne Godfroy, avait décidé de gagner la terre. La reconnaissance, au surplus, ne devait durer que quelques heures. Par mesure de prudence, toutefois, les trois hommes emportèrent des provisions pour un repas, et l'on partit sans encombre. La petite équipe, à l'île Berthelot, amarra la vedette dans une crique propice, puis commença son exploration.

Gourdon ramassait un tas de petits cailloux dont il se promettait avec joie d'étudier la nature. Charcot et Godfroy relevaient le cours d'eau et prenaient des tracés. Quelques heures plus tard, le chef de l'expédition, satisfait de sa reconnaissance, donnait le signal du retour à la vedette.

Le Matin 2-6-1910

Dans la petite crique, l'embarcation se trouvait bien, mais le chenal par où elle était Venue avait disparu totalement.

Au sein de l'affreuse solitude, les trois hommes étaient perdus. Alors, comme il faisait faim, et que l'estomac vide , par ces froids-là, on raisonne mal, ils commencèrent par manger, oh! avec modération, en faisant exactement deux parts de la maigre ration. Cela fait, sans vouloir même se communiquer leur inquiétude, ils se couchèrent dans leur sac de peaux de bêtes, A ce moment, un pingouin passa. Un pingouin, c'était peut-être plusieurs jours de nourriture. Mais la fatigue, la foi aussi en leur bonne étoile, firent qu'ils le dédaignèrent. Le lendemain, ils n'avaient plus rien à manger et tous les pingouins avaient déserté l'île. Il fallait pourtant partir en exploration, Gourdon est gourmand, et c'est à cela que ces trois hommes durent leur salut : de ses vastes poches, il sortit au moins une boîte de chocolat. C'était de quoi tromper leur faim, pendant quelques heures. On se partagea les tablettes et chacun partit à la recherche de la voie libératrice. Au soir, ils étaient de retour, mourant de faim, mais: rapportant tous les trois cette même constatation : une montagne haute de plus de deux mille mètres entièrement glacée-, coupant l'île.

Le retour étant impossible, ils attendirent. Le quatrième jour, Bongrain, pressentant un malheur, au risque de briser son navire, lançait le Pourquoi-Pas? à leur recherche, et sauvait Charcot, Gourdon et Godfroy. Gourdon n'avait même plus la moindre tablette de chocolat.


Pourquoi-Pas?  dans l'Antarctique docteur Jean Charcot

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