Le Nordic Spirit a, quant à lui, été dérouté sur le Havre dans le cadre d'une enquête nautique conduite par les Affaires maritimes. Il s'agit de déterminer les causes et les responsabilités dans cet accident;
Construit en 1988, ce transport de voitures mesure 200 mètres de long et est armé par la compagnie World Car Carrier. Au moment de l'accident, il faisait route entre le Havre et Rotterdam.
Archives
Journal du 10 octobre 2008
Le coquillard dieppois envoyé par le fond par un cargo libérien
Idéfix II : le naufrage en direct
En l’espace de quelques dizaines de minutes le coquillard dieppois qui entamait sa première journée de pêche de la saison, a sombré au large du Havre, heurté par un cargo. L’équipage composé de cinq hommes mais aussi de l’auteur de ces lignes, passager, a été sauvé par le Tourville. Un bruit effroyable. De ces bruits qui hantent à jamais une mémoire. Mélange de grondement sourd, de crissements et de sinistres craquements, ceux d’une ossature de bois qui se brise. Il est environ 2 h 20 mardi, lorsque l’équipage de l’Idéfix II – le coquillard dieppois d’Eric Maret, président du comité local des pêches – est brutalement sorti de son sommeil. Des couchettes où l’on a valsé dans tous les sens, on s’extrait comme on peut. Et dans ce « on », il y a également moi qui écris ces lignes et qui viens alors de vivre une journée magnifique aux côtés de ces laboureurs de la mer. Mon pied qui se pose au sol et qui essaie de s’extirper de l’étroit habitacle rencontre une surface humide. Il n’en faut pas davantage pour que l’adrénaline fasse rapidement son effet et que le rythme cardiaque s’affole. Dans le noir, je me précipite avec mes compagnons pour gravir rapidement l’échelle qui permet de retrouver la surface. « On vient de se faire taper…» En quelques secondes, le patron du bateau nous dresse un constat sans appel : « On vient de se faire taper par un gros navire, il faut faire vite ». Martial, le mécano, assurait le quart. Debout à la barre, il a juste eu le temps de couper le moteur lorsque il a vu « une masse noire arriver sur tribord », quelques secondes avant la collision. Un arrêt moteur que tout le monde a ressenti dans le bateau. J’ai même alors pensé, dans un demi-sommeil : « Tiens, nous arrivons déjà à Fécamp…» Il s’affaire désormais à organiser les opérations de mise en sécurité, en coupant notamment les vannes d’alimentation en fuel. Les matelots, eux, ferment de manière étanche les sas d’accès à la soute pour maintenir si possible une bulle d’air enfermée et endiguer un temps la progression de l’eau. Le bateau gîte de plus en plus par tribord là où il vient, une dizaine de minutes plus tôt, d’être éperonné par un bâtiment dont l’équipage, arrivant sur le pont, n’a pu distinguer qu’une « énorme masse sombre peu éclairée, on n’a pas pu voir son nom ». Eric Maret – qui, avec l’aide de Martial, a réussi à s’extirper de sa cabine, dont la porte était bloquée par la chute d’un radiateur – donne, avec tout le sang-froid nécessaire, les consignes de sécurité : « Enfilez vos combinaisons de survie, mettez les Bombards à l’eau » tandis qu’il lance par radio un SOS et tire des fusées de détresse. Enfiler une combinaison de néoprène lorsque l’on est à terre, sans stress, est une chose. Lorsque le bateau tangue dangereusement, que le sol est recouvert de débris en tout genre, que tout se joue en une question de minutes… en est une autre. Mais l’entraide fonctionne à plein, surtout pour le néophyte que je suis. à suivre sur le lien ci-dessous |