El Mansour X6 croiseur auxiliaire
Avant la Deuxième Guerre mondiale, le trafic, intense, entre l’Afrique du Nord et la métropole est assuré, pour la quasi-totalité, en ce qui concerne les passagers, par la Compagnie générale transatlantique et la Compagnie de navigation mixte. Sous le pavillon de cette dernière naviguaient trois petits paquebots portant les noms de "El Djezaïr", "El Mansour" et "El Kentara". Les deux premiers, les plus récents, étaient absolument semblables (" sister-ships " ), le troisième plus ancien, en différait un peu. C’était des bateaux de faible tonnage (3 à 4 000 t), mais rapides (20 noeuds) et d’un confort assez marqué, eu égard à la brièveté des traversées effectuées. Certes, ils n’avaient pas l’aspect imposant des grands de la Transat, les Ville d’Alger et Ville d’Oran, mais celui, plutôt, de gros yachts à la silhouette harmonieuse.
El Mansour
Ils assurent la navette entre Marseille, Port-Vendres, Alger et Tunis. En septembre 1939, la guerre éclate.
A leur construction, et probablement en contrepartie d’une aide de l’État, ils avaient été conçus pour devenir, le cas échéant, des croiseurs auxiliaires.
Les ponts, à l’emplacement prévu pour les plates-formes d’artillerie, étaient renforcés ; l’emplacement du poste central de conduite de tir restait libre ; les câbles électriques nécessaires étaient passés ; les soutes à munitions et leurs élévations avaient leur emplacement dans les cales ; enfin, l’équipement radio paraissait puissant, pour l’époque et pour des navires appelés à rester en Méditerranée.
El Mansour avant la guerre avec ses deux cheminées
Dès septembre 1939 les trois " EL " se retrouvaient aux chantiers de la Seyne pour devenir les trois " X " : respectivement X-17, X-06 et X 16. Une nuée d’ouvriers effectue les transformations nécessaires : modifications de la silhouette dans le sens de la discrétion ; à cet effet la cheminée arrière, présente pour une simple question d’esthétique, fut retirée et toutes les superstructures peintes en gris.
On installa une puissante artillerie. Sept affûts de 130, deux de 75 A et deux affûts doubles de mitrailleuses 13.2. plus toutes les installations accessoires indispensables : télémètres, conduites de tir, ravitailleurs, etc. Les moyens de transmission optique furent aussi augmentés : projecteurs de signalisation et double maroquin pour la pavillonnerie.
Dans le courant du mois d’octobre, alors que les travaux tiraient à leur fin, l’armement en personnel fut complété. L’intégralité du personnel qui armait les bateaux en temps de paix fut maintenue et complétée par du personnel soit de réserve, soit d’active, surtout dans les spécialités d’armes et de transmission. Les commandants des trois navires ont conservé leurs fonctions et, officiers de réserve ou non, ont été dotés du grade de capitaine de frégate auxiliaire et provisoire.
Après un peu de repos à Toulon et le complément d’approvisionnements, ce fut le départ pour Casablanca. Basée dans ce port, la division Cadart avait reçu pour mission d’ établir une sorte de barrage dans l’Atlantique. Dans cet océan que ces trois navires allaient fréquenter pour la première fois, la mission était claire : intercepter les cargos allemands ou naviguant sous un autre pavillon mais au profit de l’Allemagne.
Poste navale bureau n°24 Casablanca 15-1-40
Par hasard, soit sur renseignements, plusieurs cargos furent arraisonnés et dirigés sur Casablanca. D’autres furent laissés libres après examen des documents de bord et de la nature du fret, par une équipe d’un des trois croiseurs. Quelques coups de canon de semonce pour ramener a la raison ceux qui tardaient à stopper furent les seules actions guerrières de cette période qui dura jusqu’en février 1940.
C’est à ce moment que la division reçut à Casablanca l’ordre de rallier Brest sans autre précision. C’était la guerre. Aussitôt arrivés à Brest, les trois " X " furent pris en charge par l’arsenal.. De nouvelles transformations permirent d’avancer des suppositions sur le destin de la Division.
Avant la Deuxième Guerre mondiale, le trafic, intense, entre l’Afrique du Nord et la métropole est assuré, pour la quasi-totalité, en ce qui concerne les passagers, par la Compagnie générale transatlantique et la Compagnie de navigation mixte. Sous le pavillon de cette dernière naviguaient trois petits paquebots portant les noms de "El Djezaïr", "El Mansour" et "El Kentara". Les deux premiers, les plus récents, étaient absolument semblables (" sister-ships " ), le troisième plus ancien, en différait un peu. C’était des bateaux de faible tonnage (3 à 4 000 t), mais rapides (20 noeuds) et d’un confort assez marqué, eu égard à la brièveté des traversées effectuées. Certes, ils n’avaient pas l’aspect imposant des grands de la Transat, les Ville d’Alger et Ville d’Oran, mais celui, plutôt, de gros yachts à la silhouette harmonieuse.
El Mansour
Ils assurent la navette entre Marseille, Port-Vendres, Alger et Tunis. En septembre 1939, la guerre éclate.
A leur construction, et probablement en contrepartie d’une aide de l’État, ils avaient été conçus pour devenir, le cas échéant, des croiseurs auxiliaires.
Les ponts, à l’emplacement prévu pour les plates-formes d’artillerie, étaient renforcés ; l’emplacement du poste central de conduite de tir restait libre ; les câbles électriques nécessaires étaient passés ; les soutes à munitions et leurs élévations avaient leur emplacement dans les cales ; enfin, l’équipement radio paraissait puissant, pour l’époque et pour des navires appelés à rester en Méditerranée.
El Mansour avant la guerre avec ses deux cheminées
Dès septembre 1939 les trois " EL " se retrouvaient aux chantiers de la Seyne pour devenir les trois " X " : respectivement X-17, X-06 et X 16. Une nuée d’ouvriers effectue les transformations nécessaires : modifications de la silhouette dans le sens de la discrétion ; à cet effet la cheminée arrière, présente pour une simple question d’esthétique, fut retirée et toutes les superstructures peintes en gris.
On installa une puissante artillerie. Sept affûts de 130, deux de 75 A et deux affûts doubles de mitrailleuses 13.2. plus toutes les installations accessoires indispensables : télémètres, conduites de tir, ravitailleurs, etc. Les moyens de transmission optique furent aussi augmentés : projecteurs de signalisation et double maroquin pour la pavillonnerie.
Dans le courant du mois d’octobre, alors que les travaux tiraient à leur fin, l’armement en personnel fut complété. L’intégralité du personnel qui armait les bateaux en temps de paix fut maintenue et complétée par du personnel soit de réserve, soit d’active, surtout dans les spécialités d’armes et de transmission. Les commandants des trois navires ont conservé leurs fonctions et, officiers de réserve ou non, ont été dotés du grade de capitaine de frégate auxiliaire et provisoire.
Après un peu de repos à Toulon et le complément d’approvisionnements, ce fut le départ pour Casablanca. Basée dans ce port, la division Cadart avait reçu pour mission d’ établir une sorte de barrage dans l’Atlantique. Dans cet océan que ces trois navires allaient fréquenter pour la première fois, la mission était claire : intercepter les cargos allemands ou naviguant sous un autre pavillon mais au profit de l’Allemagne.
Poste navale bureau n°24 Casablanca 15-1-40
Par hasard, soit sur renseignements, plusieurs cargos furent arraisonnés et dirigés sur Casablanca. D’autres furent laissés libres après examen des documents de bord et de la nature du fret, par une équipe d’un des trois croiseurs. Quelques coups de canon de semonce pour ramener a la raison ceux qui tardaient à stopper furent les seules actions guerrières de cette période qui dura jusqu’en février 1940.
C’est à ce moment que la division reçut à Casablanca l’ordre de rallier Brest sans autre précision. C’était la guerre. Aussitôt arrivés à Brest, les trois " X " furent pris en charge par l’arsenal.. De nouvelles transformations permirent d’avancer des suppositions sur le destin de la Division.
Enveloppe Air France Par Avion |
Projet Grand Nord
Conçus pour la navigation dans les douces eaux, sous le soleil de la Méditerranée ils ne pouvaient, en l’état, affronter les rigueurs du Septentrion. Les installations de chauffage furent renforcées, toutes les canalisations extérieures calorifugées et les hommes dotés de canadiennes et de bonnets de laine. En outre la défense antiaérienne fut accrue : deux affûts de 130 à l’avant furent remplacés par deux affûts doubles de 37 AA.
Tout était prévu pour le Grand Nord, mission réservée à la division Cadart par l’ Amirauté en accord avec les Anglais qui appréciaient vivement les qualités et les capacités de ces trois bateaux. " The thrée small And fast ships" disaient-ils. Il fallait porter secours à la Finlande, attaquée par l’ URSS et l’Allemagne.
A défaut de pouvoir atteindre la mer Blanche, par trop malsaine, le seul port possible était Petsamo sur l‘Océan glacial arctique, au-delà du cap Nord. Tout était prêt pour l’appareillage mais aucun ordre ne vint. L’expédition Petsamo fut annulée. Pourquoi ? Peut-être des renseignements ont-ils été recueillis sur la précarité du pacte germano-soviétique. Ou plus simplement, cette expédition a peut-être été jugée trop aventureuse ? D’autres projets ont-ils alors été échafaudés dans lesquels la division Cadart trouvait sa place ?
Il fallait couper la route aux troupes allemandes débarquées dans le sud du pays qui devaient remonter vers le nord pour protéger la route de fer. Un minerai extrait au nord de la Suède, indispensable à l’industrie de guerre allemande. Des troupes françaises et anglaises furent donc débarquées à Narvik, notamment par de vieilles connaissances, les " Villes d’Alger " et " Ville d’Oran ", de la Transat.
Le division Cadart, elle, fut chargée d’une mission de diversion sur les arrières allemands : débarquement de troupes (des chasseurs alpins) dans le fjord de Namsons, à 100 nautiques au note de Trondheim. L’embarquement de ces troupes et de leur équipement se fit à Brest.
La division mit le cap sur la Norvège escortée par le contre-torpilleur " Bison " et le croiseur léger " Emile-Bertin ". "Les pauvres gars " ajoute M Houard en évoquant les chasseurs alpins n’avaient jamais vu la mer. lls ne voulaient pas embarquer. Il fallait les porter sur l’échelle de coupée ! "
Traversée sans histoire. A l’arrivée à la nuit tombante, le 27 avril 1940, un pilote norvégien prit en charge le convoi à l’entrée du fjord. Les escorteurs restèrent au-dehors afin de garder leur liberté de manoeuvre. Pour le marin habitué aux vastes horizons de la pleine mer, l’entrée et le parcours dans le fjord donnaient l’impression d’être pris au piège Au fond, une petite ville coquette groupée autour de son église, des gens aimables et accueillants, enfin, une impression de calme et de douceur de vivre, bien éloignée de la guerre.
Le débarquement se fit dans la nuit sur un petit appontement en bois où chacun des trois bateaux accosta à son tour. Puis cap sur la sortie avec un gros " Ouf ! " de soulagement.
Le secret de l’opération Namsos avait été bien gardé. S’ils l’avaient connu, les allemands auraient pu attaquer par avion, à l’intérieur du fjord, loin de toute DCA. C’eût été un massacre. Prise de formation du convoi retour, vide de ses troupes, et en route en zigzag vers Scapa Flow dans les Orcades à l’abri des filets et de la DCA de la flotte anglaise.
Les allemands attaquèrent le fjord seulement le lendemain et les jours suivants. Les troupes débarquées ayant pu se déployer, les pertes furent insignifiantes. Quant au village de Namsos, il n’en resta qu’un tas de cendres.
Scapa Flow Croiseur léger allemand hors de service
Mais le repos du groupe à Scapa Flow fut de courte durée. En effet, la situation se dégradait rapidement en Norvège. La division Cadart, toujours disponible, fut réexpédiée à Namsos pour y embarquer le 3 mai , non pas les chasseurs alpins français mais des troupes britanniques refoulées par les allemands et complètement démoralisées.
Le Namsos que nous retrouvâmes en ruines une semaine plus tard, Namsos pimpant et accueillant dont nous avions gardé le souvenir. Après un rembarquernent en catastrophe pendant la nuit, la sortie du fjord eut lieu au petit matin. Formation du convoi sous la protection des destroyers anglais et route sur la Grande-Bretagne. C’est à ce moment que les choses s envenimèrent.
Les navires d’escorte étaient bien là, fidèles au poste. Ils se livraient à de brusques évolutions car des sous-marins ennemis avaient été signalés. L’attaque vint du ciel. Le convoi fut la cible de chasseurs-bombardiers Messerschmitt 109 déferlant en vagues successives pendant toute la journée du 3 mai. Soit qu’ils aient eu la baraka ou qu’ils soient très maniables, ils surent manoeuvrer pour éviter les bombes, les trois " El " s’en tirèrent intacts. Il n’en fut pas de même pour l’ escorte : le " Bison " fut coulé, l’ "Emile-Bertlin " avarié par une bombe qui l’avait traversé du haut en bas sans exploser. Plusieurs avions ennemis furent abattus.
Arriva bientôt le 8 mai 40 : la ruée des divisions mécaniques allemandes à travers la Belgique ; la percée de Sedan ; l’encerclement des forces franco-anglaises et Dunkerque. Des troupes françaises se trouvent en Angleterre. Dans l’espoir, vain d’ailleurs, de les opposer aux forces allemandes déferlant sur la France, décision fut prise de les ramener à Brest. Les trois " El " étaient encore disponibles pour assurer en partie ce transport. C’est ainsi que les " fast and small ships" se retrouvèrent à Brest au début du mois de juin.
Avec les événements en cours, on pouvait croire leur carrière militaire terminée. Il n’en fut rien. Dans la débâcle générale, il fallait sauver tout ce qu’il était possible de sauver, et entre autres choses, l’or de la Banque de France entreposé dans des forts entourant Brest. Là encore, la Division Cadart fut mise à contribution pour assurer le transport vers l’Afrique.
L’or à Dakar
Pendant 48 heures, tandis que tout ce qui pouvait flotter quittait Brest, sautant parfois sur les mines magnétiques lancées par avion par les Allemands, une noria de camions civils réquisitionnés, réalisa jour et nuit le déménagement des caisses de lingots, depuis les forts jusqu’au quai de Lannion. Au début, les camions étaient escortés par des gardes mobiles ensuite, il ne resta que le chauffeur quand les troupes eurent évacué la ville.
Un contrôleur de la Banque de France se trouvait sur place pour pointer les caisses. Il embarqua sur l’El Djezaïr avec elles. Le plus extraordinaire dans tout cela, c’est qu’à l’exception d’une caisse vraisemblablement échappée d’un filet et tombée à l’eau, il n’y eut aucun manque !
Appareillage le 18 juin, quelques heures avant l’arrivée des Allemands, avec ordre de rejoindre Casablanca sans escorte de protection. Traversée sans histoire.
L’Armistice a été signé. Devant les convoitises que pouvait engendrer le chargement des trois " El ", tant de la part des Allemands que celle des Anglais, il fut décidé d’aller mettre l’or à l’abri à Dakar. Et les trois " El " de reprendre la mer, toujours sans protection et avec l’ordre d’éviter une croisière anglaise susceptible de s’intéresser d’un peu trop près au chargement... C’est en longeant la côte au plus près et à l’abri d’un vent de sable providentiel qui limitait la visibilité à quelques milles (les radars n’existaient pas à cette époque) que la Division parvint à destination. Elle y retrouva le Richelieu parti de Brest quelques jours avant elle.
L’or put être débarqué et enfoui au fort de Thiès, perdu dans les sables. où il resta jusqu’en 1945. C’est ainsi que se termina la campagne de la Division Cadart. Les navires furent désarmés, les équipages renvoyés dans leurs foyers, sauf le personnel nécessaire au gardiennage et à la sécurité. Présents à Dakar lors de l’attaque des 23, 24 et 25 septembre 1940, ils n’y ont pris aucune part.
Les trois croiseurs auxiliaires ont été cités deux fois à l’ordre de la Nation, à l’occasion des opérations de Norvège.
Longueur: 121,7 m
En Janvier 1943 saisi par la Marine Allemande à Marseille, il est transféré vers l'Italie il prend le nom d'Anagni.
Le 22 août 1944 il est délibérément coulé dans le port de Marseille. Renfloué le 3 octobre 1946, il sera réparé par les chantiers de La Ciotat.
Il reprend son ancien nom et est transféré à la Compagnie de Navigation Mixte.
En 1963 il est vendu à la Marine Française, qui va le convertir, sous le nom de "Maine", en hôtel pour les essais nucléaires à Tahiti.
Le 3 avril 1974, devenu "inutile", il est bombardé et coulé par le destroyer Français "Doudart de Lagrée" à Tahiti.
sources :
La campagne des trois "EL"
http://www.anac-fr.com/2gm/2gm_45.htm
Conçus pour la navigation dans les douces eaux, sous le soleil de la Méditerranée ils ne pouvaient, en l’état, affronter les rigueurs du Septentrion. Les installations de chauffage furent renforcées, toutes les canalisations extérieures calorifugées et les hommes dotés de canadiennes et de bonnets de laine. En outre la défense antiaérienne fut accrue : deux affûts de 130 à l’avant furent remplacés par deux affûts doubles de 37 AA.
Tout était prévu pour le Grand Nord, mission réservée à la division Cadart par l’ Amirauté en accord avec les Anglais qui appréciaient vivement les qualités et les capacités de ces trois bateaux. " The thrée small And fast ships" disaient-ils. Il fallait porter secours à la Finlande, attaquée par l’ URSS et l’Allemagne.
A défaut de pouvoir atteindre la mer Blanche, par trop malsaine, le seul port possible était Petsamo sur l‘Océan glacial arctique, au-delà du cap Nord. Tout était prêt pour l’appareillage mais aucun ordre ne vint. L’expédition Petsamo fut annulée. Pourquoi ? Peut-être des renseignements ont-ils été recueillis sur la précarité du pacte germano-soviétique. Ou plus simplement, cette expédition a peut-être été jugée trop aventureuse ? D’autres projets ont-ils alors été échafaudés dans lesquels la division Cadart trouvait sa place ?
Il fallait couper la route aux troupes allemandes débarquées dans le sud du pays qui devaient remonter vers le nord pour protéger la route de fer. Un minerai extrait au nord de la Suède, indispensable à l’industrie de guerre allemande. Des troupes françaises et anglaises furent donc débarquées à Narvik, notamment par de vieilles connaissances, les " Villes d’Alger " et " Ville d’Oran ", de la Transat.
Le division Cadart, elle, fut chargée d’une mission de diversion sur les arrières allemands : débarquement de troupes (des chasseurs alpins) dans le fjord de Namsons, à 100 nautiques au note de Trondheim. L’embarquement de ces troupes et de leur équipement se fit à Brest.
La division mit le cap sur la Norvège escortée par le contre-torpilleur " Bison " et le croiseur léger " Emile-Bertin ". "Les pauvres gars " ajoute M Houard en évoquant les chasseurs alpins n’avaient jamais vu la mer. lls ne voulaient pas embarquer. Il fallait les porter sur l’échelle de coupée ! "
Traversée sans histoire. A l’arrivée à la nuit tombante, le 27 avril 1940, un pilote norvégien prit en charge le convoi à l’entrée du fjord. Les escorteurs restèrent au-dehors afin de garder leur liberté de manoeuvre. Pour le marin habitué aux vastes horizons de la pleine mer, l’entrée et le parcours dans le fjord donnaient l’impression d’être pris au piège Au fond, une petite ville coquette groupée autour de son église, des gens aimables et accueillants, enfin, une impression de calme et de douceur de vivre, bien éloignée de la guerre.
Le débarquement se fit dans la nuit sur un petit appontement en bois où chacun des trois bateaux accosta à son tour. Puis cap sur la sortie avec un gros " Ouf ! " de soulagement.
Le secret de l’opération Namsos avait été bien gardé. S’ils l’avaient connu, les allemands auraient pu attaquer par avion, à l’intérieur du fjord, loin de toute DCA. C’eût été un massacre. Prise de formation du convoi retour, vide de ses troupes, et en route en zigzag vers Scapa Flow dans les Orcades à l’abri des filets et de la DCA de la flotte anglaise.
Les allemands attaquèrent le fjord seulement le lendemain et les jours suivants. Les troupes débarquées ayant pu se déployer, les pertes furent insignifiantes. Quant au village de Namsos, il n’en resta qu’un tas de cendres.
Scapa Flow Croiseur léger allemand hors de service
Mais le repos du groupe à Scapa Flow fut de courte durée. En effet, la situation se dégradait rapidement en Norvège. La division Cadart, toujours disponible, fut réexpédiée à Namsos pour y embarquer le 3 mai , non pas les chasseurs alpins français mais des troupes britanniques refoulées par les allemands et complètement démoralisées.
Le Namsos que nous retrouvâmes en ruines une semaine plus tard, Namsos pimpant et accueillant dont nous avions gardé le souvenir. Après un rembarquernent en catastrophe pendant la nuit, la sortie du fjord eut lieu au petit matin. Formation du convoi sous la protection des destroyers anglais et route sur la Grande-Bretagne. C’est à ce moment que les choses s envenimèrent.
Les navires d’escorte étaient bien là, fidèles au poste. Ils se livraient à de brusques évolutions car des sous-marins ennemis avaient été signalés. L’attaque vint du ciel. Le convoi fut la cible de chasseurs-bombardiers Messerschmitt 109 déferlant en vagues successives pendant toute la journée du 3 mai. Soit qu’ils aient eu la baraka ou qu’ils soient très maniables, ils surent manoeuvrer pour éviter les bombes, les trois " El " s’en tirèrent intacts. Il n’en fut pas de même pour l’ escorte : le " Bison " fut coulé, l’ "Emile-Bertlin " avarié par une bombe qui l’avait traversé du haut en bas sans exploser. Plusieurs avions ennemis furent abattus.
Arriva bientôt le 8 mai 40 : la ruée des divisions mécaniques allemandes à travers la Belgique ; la percée de Sedan ; l’encerclement des forces franco-anglaises et Dunkerque. Des troupes françaises se trouvent en Angleterre. Dans l’espoir, vain d’ailleurs, de les opposer aux forces allemandes déferlant sur la France, décision fut prise de les ramener à Brest. Les trois " El " étaient encore disponibles pour assurer en partie ce transport. C’est ainsi que les " fast and small ships" se retrouvèrent à Brest au début du mois de juin.
Avec les événements en cours, on pouvait croire leur carrière militaire terminée. Il n’en fut rien. Dans la débâcle générale, il fallait sauver tout ce qu’il était possible de sauver, et entre autres choses, l’or de la Banque de France entreposé dans des forts entourant Brest. Là encore, la Division Cadart fut mise à contribution pour assurer le transport vers l’Afrique.
L’or à Dakar
Pendant 48 heures, tandis que tout ce qui pouvait flotter quittait Brest, sautant parfois sur les mines magnétiques lancées par avion par les Allemands, une noria de camions civils réquisitionnés, réalisa jour et nuit le déménagement des caisses de lingots, depuis les forts jusqu’au quai de Lannion. Au début, les camions étaient escortés par des gardes mobiles ensuite, il ne resta que le chauffeur quand les troupes eurent évacué la ville.
Un contrôleur de la Banque de France se trouvait sur place pour pointer les caisses. Il embarqua sur l’El Djezaïr avec elles. Le plus extraordinaire dans tout cela, c’est qu’à l’exception d’une caisse vraisemblablement échappée d’un filet et tombée à l’eau, il n’y eut aucun manque !
Appareillage le 18 juin, quelques heures avant l’arrivée des Allemands, avec ordre de rejoindre Casablanca sans escorte de protection. Traversée sans histoire.
L’Armistice a été signé. Devant les convoitises que pouvait engendrer le chargement des trois " El ", tant de la part des Allemands que celle des Anglais, il fut décidé d’aller mettre l’or à l’abri à Dakar. Et les trois " El " de reprendre la mer, toujours sans protection et avec l’ordre d’éviter une croisière anglaise susceptible de s’intéresser d’un peu trop près au chargement... C’est en longeant la côte au plus près et à l’abri d’un vent de sable providentiel qui limitait la visibilité à quelques milles (les radars n’existaient pas à cette époque) que la Division parvint à destination. Elle y retrouva le Richelieu parti de Brest quelques jours avant elle.
L’or put être débarqué et enfoui au fort de Thiès, perdu dans les sables. où il resta jusqu’en 1945. C’est ainsi que se termina la campagne de la Division Cadart. Les navires furent désarmés, les équipages renvoyés dans leurs foyers, sauf le personnel nécessaire au gardiennage et à la sécurité. Présents à Dakar lors de l’attaque des 23, 24 et 25 septembre 1940, ils n’y ont pris aucune part.
Les trois croiseurs auxiliaires ont été cités deux fois à l’ordre de la Nation, à l’occasion des opérations de Norvège.
Longueur: 121,7 m
Largeur: 16,5 m
Tonnage: 5835 t
Construction: 1933 Forges et Chantiers de la Mediterranée, La Seyne, France
Armateur: Compagnie de Navigation Mixte
Vitesse: 20 noeuds (37 km/h)
Passagers: 379
Bateau jumeau: El Djezaïr
différents noms: El Mansour 1933, X-06 1938, Anagni 1943-44 Maine [A611] 1963-74
En Janvier 1943 saisi par la Marine Allemande à Marseille, il est transféré vers l'Italie il prend le nom d'Anagni.
Le 22 août 1944 il est délibérément coulé dans le port de Marseille. Renfloué le 3 octobre 1946, il sera réparé par les chantiers de La Ciotat.
Il reprend son ancien nom et est transféré à la Compagnie de Navigation Mixte.
En 1963 il est vendu à la Marine Française, qui va le convertir, sous le nom de "Maine", en hôtel pour les essais nucléaires à Tahiti.
Le 3 avril 1974, devenu "inutile", il est bombardé et coulé par le destroyer Français "Doudart de Lagrée" à Tahiti.
sources :
La campagne des trois "EL"
http://www.anac-fr.com/2gm/2gm_45.htm