15 août 2019

26 nations contre Hitler Brazzaville Djibouti 1943

26 nations contre Hitler Brazzaville Djibouti 1943




C'est une carte postale écrite en portugais qui va nous servir ce matin à évoquer un épisode de la guerre peu connu, l'action des Français à l'étranger contre Hitler et les forces de l'Axe.  26 nations contre Hitler! tel est l'intitulé de cette carte émise au Brésil.

L'illustration comporte deux schémas :
le premier représente la production d'acier par les pays engagés contre les forces de l'Axe  Les Etats-Unis d'Amérique, Empire Britannique, Russie, et autres pays contre l'Axe
le second représente  la production d'acier des pays de l'Axe : Allemagne, l'Italie, les pays occupés par l'Allemagne et enfin le Japon.




Carte postale postée à Brazzaville pour Djibouti, affranchie à 3F50, oblitérée Brazzaville 20/2/43, censure AEF peu marquée, avec griffe "FRANCE LIBRE / (mappemonde et ailes à croix de Lorraine) // PREMIERE LIAISON AERIENNE / AFRIQUE EQUATORIALE / FRANCAISE LIBRE /SOMALIE FRANCAISE " arrivée à Djibouti le 25 février retournée à l'envoyeur où elle arrive à Brazzaville le 9/3/43.

Le verso nous apprend que la carte est envoyée à l'occasion du premier vol de l'Afrique Française Libre vers la Somalie Française. L'expéditeur N'Diaye doit être  Sénégalais. La carte est expédiée de Brazzaville le 20 février 1943. Il est mentionné de retourner la carte à Postes Brazzaville.  La carte porte un TàD Djibouti en date du 25 février 1943 et TàD Brazzavile du 10 mars 1943.

Un tampon est apposé qui explique cet envoi : FRANCE LIBRE Première liaison aérienne Afrique équatoriale Français Libre Somalie Française.



De longue date, l’Amérique du Sud, et principalement le Brésil – vu son importance stratégique – avaient été soumis par l’Allemagne et le nazisme à une propagande active : d’importants groupes ethniques allemands, très agissants, fixés dans les pays de l’Amérique latine, y avaient acquis des positions importantes, battant en brèche l’influence française, autrefois prépondérante.



Sans le vouloir, le président Vargas avait défini ce que devrait être l’action de ceux de nos compatriotes, installés au Brésil, qui, quelques jours plus tard, allaient répondre à l’Appel du général de Gaulle.

Deux autres courriers ayant empruntés le même vol.




Il leur faudrait affirmer et démontrer que la France, loin de s’écrouler à tout jamais, restait fidèle à son passé, à son idéal, repoussant la politique de résignation et de collaboration et poursuivant le combat aux côtés de l’Angleterre, seule debout, face à la puissance germanique.

« Nombreux furent les Français résidant au Brésil, qui répondirent immédiatement à l’appel lancé de Londres. De Bahia, un télégramme d’adhésion, signé par la plupart des Français habitant cette ville fut adressé au général de Gaulle le 25 juin 1940. À Rio de Janeiro et à São Paulo, des comités se constituèrent, à Rio, sur l’initiative de M. Pierre Aubaud, à São Paulo, sur celle du docteur Vergely.



« Dans d’autres villes encore, les Français, jusque-là isolés, se cherchèrent, se groupèrent, des contacts ne tardèrent pas à s’établir spontanément entre les groupements naissants.

« Enfin, d’après les directives reçues de Londres par ceux qui s’adressèrent directement au bureau du général de Gaulle, des liaisons s’établirent entre le Comité central de Rio de Janeiro, présidé par Auguste Rendu, et les groupements qui continuaient à se développer, de jour en jour, dans d’autres villes du pays. » (Action des Comités F.L. au Brésil 1940-45, page 9).

Ceux qui constituaient ces groupements étaient des hommes de toutes origines, de toutes conditions, que rassemblait la volonté de servir la patrie en danger.

Mais la loi brésilienne interdisant la publication en français des nouvelles concernant les faits de guerre, les collectes en vue de faire sortir les capitaux du pays, l’activité du Comité central dut garder un caractère clandestin. Il était d’ailleurs en butte, dès l’abord, à l’hostilité de l’ambassade de Vichy et, sous le prétexte de neutralité, à la méfiance du gouvernement brésilien. De plus, du fait de l’invasion de la Russie par l’armée nazie en juin 1941, l’Allemagne apparut bientôt comme la nation qui avait pris la tête d’une campagne mondiale pour abattre le communisme : ce qui conférait aux hostilités, ouvertes en 1939, un caractère nouveau primant sur tous les autres aspects du combat.

Et la surveillance, dont le Comité central de Rio de Janeiro était l’objet de la part de la police politique brésilienne, redoubla alors d’intensité : en août 1941, le président, grand mutilé de la guerre 1914-1918, fut appelé à la police. Le commissaire, chargé de l’enquête, lui exprima le désir d’être conduit dans les locaux où étaient installés les services du Comité.

M. Rendu refusa, soulignant que ces locaux étaient une dépendance du consulat britannique (toute perquisition ne pouvant que déclencher un incident diplomatique entre la Grande-Bretagne et le Brésil). Le commissaire, peu convaincu, accepta d’accompagner M. Rendu chez le consul britannique pour avoir la confirmation de son affirmation. Mais après cette visite, le président du Comité central fut ramené dans les locaux de la police d’où il ne sortit qu’après de longues heures de détention et sur l’intervention de fonctionnaires de l’ambassade de Grande-Bretagne.

Mais la surveillance n’en continua pas moins, gênant considérablement l’activité des Français Libres de Rio de Janeiro.

Le C.N.F. à Londres, très au courant de cette situation, la jugea telle qu’il estima préférable de ne pas mentionner le Comité de Rio sur sa première liste des comités de la F.L. à l’étranger.

Cette situation dura jusqu’à l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941.

Quelle que put être alors la gravité de la situation militaire des Alliés, il apparut que l’arrivée en renfort, à leurs côtés, de la puissance américaine, modifiait les perspectives de l’issue de la guerre : la victoire hitlérienne paraissait exclue.

Aussi les entraves, qui jusque-là, avaient paralysé l’action du Comité central de Rio de Janeiro, se relâchèrent progressivement.

Et dès le mois de mai 1942, le Comité central put quitter les locaux mis à sa disposition par le consulat britannique, pour s’installer dans ses propres bureaux sous la direction de Mme Auguste Rendu.

Il eut alors une existence quasi officielle, malgré la présence de l’ambassade de Vichy, dont les fonctionnaires ne démissionnèrent – pour se mettre à la disposition du général Giraud – que le 30 janvier 1943, c’est-à-dire près de quatre mois après le débarquement allié en Afrique du Nord, mais à la veille de la rupture diplomatique entre Vichy et le Brésil, celui-ci étant entré en guerre contre l’Axe aux côtés des Alliés le 22 août 1942…

Jusqu’en 1945, le Comité central de la France Libre à Rio de Janeiro assura ainsi aux yeux des Brésiliens la permanence de l’idéal qui fit le renom de la France.

Le Comité de Rio de Janeiro contrôlait et dirigeait, des frontières du Venezuela aux confins de l’Uruguay, 14 Comités locaux ; il avait des représentants dans 36 autres localités


sources :
https://books.openedition.org/pur/42525?lang=fr
http://www.france-libre.net/comite-fl-bresil/

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