11 février 2014

Des nouvelles de DDU

Des nouvelles de DDU
Raid 1 2012 2013


Au courrier hier deux plis venus de terre Adélie. Un an jour pour jour que ces plis ont été oblitérés à Dumont D'Urville en Terre Adélie.

Ils ont été postés par le médecin du raid M-A Montel que j'avais rencontré comme médecin du Marion Dufresne.

retour d'un séjour à Rallier du Baty Kerguelen JL Birien MA Montel 


Ils ont voyagé jusqu'à la base franco-italienne de Concordia par le train de tracteurs qui approvisionne cette base. 



TAD DDU 11-2-2013



La base antarctique Concordia est une station de recherche permanente franco-italienne en Antarctique au Dôme C sur le Plateau Antarctique. Avec la base américaine Amundsen-Scott au Pôle Sud et la russe Vostok, Concordia est une des trois stations à l'intérieur du continent Antarctique.

Active depuis 1997, elle permet l'hivernage depuis 2005 ; durant cette période, elle peut accueillir une quinzaine de personnes, contre une quarantaine l'été.

La base Concordia se trouve à 1 108 km de la base Dumont d'Urville.

photo Stephen Hudson




TAD DDU 11-2-2013




L'année dernière j'avais reçu plusieurs plis d'Emmanuel Lepage qui avait participé à ce même raid en tant que chauffeur...




"Je vous écris depuis le 69e parallèle sud, au cœur de l'antarctique, dans une petite caravane où nous tenons à dix, au cœur d'une tempête de neige. Dehors il fait moins 16, nous sommes à 1 395 mètres d'altitude, le vent souffle en rafale. Trente secondes dehors et nous sommes des bonshommes de neige méconnaissables.Depuis hier, François [le frère d'Emmanuel, photographe] et moi sommes chauffeurs sur le raid qui va de Dumont d'Urville à Concordia. Chacun un tracteur de 550 chevaux et l'on roule sur la banquise à 10 km/h sur une distance de 1 300 kilomètres.C'est hallucinant !
Musée Portuaire Dunkerque Emmanuel Lepage Voyage aux îles de la Désolation


Hier fut notre première journée. Arrivés la veille à Dumont d'Urville après 15 jours de mer dont huit bloqués dans la glace de mer, enfin nous avons atteint l'Antarctique. Nous avons bien cru jusqu'à la dernière minute (et ce n'est pas une image) que nous n'allions pas faire le raid. Du moins en ce qui me concerne. Il s'en est fallu d'un cheveu. Décidément le suspense fut à rebondissements et nous a mis à rude épreuve. Nous avons été formés en quelques heures et dès le premier soir nous dormions sur les hauteurs dans notre caravane prête à partir.À peine avons-nous pu découvrir Dumont d'Urville. Nous n'y avons mis les pieds que pour quatre petites heures et nous fumes débarqués par hélico à la base de Cap Prud'homme sur la côte, base de départ et de préparation du raid. Autant dire que nous n'avons rien vu de la base.

 Emmanuel Lepage Voyage aux îles de la Désolation

 Emmanuel Lepage
Voyage aux îles de la Désolation
L'arrivée mardi aux abords de l'Antarctique après avoir franchi ce mur 
qu'a constitué sept jours durant le pack fut sans doute l'un des plus beaux spectacles qu'il m'a été donné de voir : autour de nous ces immenses paquebots que constituent les icebergs flottants sur une mer d'huile. Ils s'y réfléchissaient comme sur un miroir. L'Astrolabe n'avait jamais aussi peu bougé... même au port !Nous attendons maintenant que la tempête se calme pour reprendre la route. Là, inutile d'y penser, la visibilité est de moins de deux mètres… et encore le vent dans le dos. Autour de nous sept mécanos aguerris qui font ce raid depuis des années et un médecin, lui aussi bien rodé à cette aventure. Imaginer que nous roulons jusqu'a 12 heures par jour. Il faut ensuite faire le plein de ces machines (c'est ma tâche et celle de François, un jour sur deux)... C'est du boulot d'être pompiste polaire sur des machines qui consomment jusqu'à mille litres par jour ! Surtout après douze heures de route, dans un froid... polaire ! C'est très physique... oui, j'en entends pouffer !

Donc, aujourd'hui, repos. On fait connaissance avec nos compagnonsd'aventure. Dessiner dehors est pour le moins aléatoire... Cette journée de repos n'est pas du luxe car les dernières nuits furent très courtes. Il nous reste encore neuf jours pleins de route... si du moins la tempête se lève. Là, deux des plus expérimentés sont dehors pour bouger les machines qui commencent à disparaître sous les congères. Interdiction formelle pour les autres de sortir, la visibilité étant nulle. Alors, je vous écris… Voilà, se réalise ce rêve que nous portions depuis 18 mois maintenant. Rêve qui fut chaque jour fort compromis.C'est un miracle."
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=10151186157207581&id=131295997580

Emmanuel Lepage photo JM Bergougniou


http://www.youtube.com/watch?v=qDsYuC3sgVY

http://www.gdargaud.net/Antarctica/DomeC_Fr.html

http://armelleenantarctique.blogspot.fr/2013_01_01_archive.html

10 février 2014

Des embruns dans les bulles Bruno Le Floc'h Patrick Jusseaume

Des embruns dans les bulles
Rochefort Corderie Royale

L'exposition temporaire du CIM (février 2014 - janvier 2016) vous convie à un magnifique voyage en mer traité à la manière d'un carnet de voyage. Le but ? Un tour d'horizon du patrimoine maritime à travers une sélection d'auteurs


 de BD.http://www.corderie-royale.com/mise-en-avant/des-embruns-dans-les-bulles/






Six auteurs, six atmosphères, autour d’un thème : le voyage en mer. Embarquement immédiat à la découverte des six étapes incontournables, découpées en «boites de mer» où la BD se «déplie» dans l’espace à la manière d’un livre animé. Des quais à l’appareillage, pour continuer en pleine mer, en s’attardant sur la vie à bord, longer le littoral et achever le périple par le retour à terre, voilà les cases grâce auxquelles les visiteurs pourront bourlinguer de façon interactive.


photo JM Bergougniou







































photo JM Bergougniou 

Six auteurs, six atmosphères, autour d’un thème : le voyage en mer. Embarquement immédiat à la découverte des six étapes incontournables, découpées en «boites de mer» où la BD se «déplie» dans l’espace à la manière d’un livre animé. Des quais à l’appareillage, pour continuer en pleine mer, en s’attardant sur la vie à bord, longer le littoral et achever le périple par le retour à terre, voilà les cases grâce auxquelles les visiteurs pourront bourlinguer de façon interactive.

photo JM Bergougniou 


Simon Andriveau (Le Grand Siècle), François Bourgeon (Les Passagers du vent), Patrick Jusseaume (Tramp), Bruno Le Floc’h (Trois éclats blancs, Chroniques Outremers), Patrice Pellerin (L’Épervier) et Guillaume Sorel(Typhaon) embarquent le public dans l’aventure.

A chaque étape du voyage, un auteur s’approprie la thématique et donne quelques clés de son travail.

Animation le 

Vendredi 7 mars



Avec Brieg Haslé le Gall et Armelle Le Minor (Une mode à croquer, Bruno Le Floc’h et son Pays Bigouden),


Perdrix par Bruno Le Floc'h photo JM Bergougniou

Ajouter une légende photo JM Bergougniou

Costume du Pays Bigouden photo JM Bergougniou

Armelle Le Minor & Brieg Haslé-Le Gall photo JM Bergougniou

 Simon Andriveau, Patrick Jusseaume et Guillaume Sorel – Librairie Maritime - A partir de 15h


Abraham Duquesne souvenirs d'Alger et d'Agosta

Abraham Duquesne un marin sous Louis XIV




Nous n'évoquerons qu'une petite partie de la vie de Duquesne notamment les bombardements d'Alger et la bataille d'Agosta. 



Abraham Duquesne, baron d'Indret puis marquis du Quesne, né à Dieppe entre 1604 et 1610 et mort le 1er février 1688 à Paris, est l'un des grands officiers de la marine de guerre française du xviie siècle. 







Né dans une famille huguenote au début du xviie siècle, il embarque pour la première fois sous les ordres de son père capitaine de vaisseau. Il sert sous Louis XIII pendant la guerre de Trente Ans et se distingue en plusieurs occasions, notamment aux combats de Tarragone et du cap de Gata, mais doit quitter la marine en 1644 après avoir perdu un navire.



Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il obtient de Mazarin l'autorisation de servir dans la marine royale suédoise, en compagnie de son frère. Il prend part à la guerre de Torstenson qui oppose le royaume de Suède au Danemark et se distingue au combat de Fehmarn en prenant le navire amiral du commandant de la flotte danois Pros Mund. 





Rentré en France, il réintègre la Royale et est envoyé en 1669 au secours de Candie, assiégée par les Turcs. Il prend part à la guerre de Hollande (1672-1678) et combat à la bataille de Solebay (1672) et à Alicudi (janvier 1676), mais c'est à la bataille d'Agosta (avril 1676) et à celle de Palerme qu'il se distingue tout particulièrement. 

Les textes trouvés sont assez contradictoires concernant le comportement de Duquesne… L'âge y aurait-il été pour quelque chose?



Duquesne reprend la mer et affronte à nouveaux les Hollandais lors de la bataille d'Agosta, le 22 avril 1676; mais, frileux, il laisse à son avant-garde tout le poids de la bataille. Le marquis d'Alméras qui la commande est tué au combat.

Agosta donna son nom à une classe de sous-marin





Aux cours de ces deux batailles, Duquesne ne parvient pas à prendre l’avantage sur l’escadre hispano-hollandaise. Celle-ci demeure intacte alors qu'elle aurait pu être facilement inquiétée s'il s'était montré plus agressif et habile dans ses manœuvres. 





Cependant, Ruyter est mortellement blessé pendant la bataille d'Agosta et sa mort marque la fin de l'alliance entre Hollandais et Espagnols en même temps que la fin des combats en Méditerranée.





La victoire décisive à la bataille de Palerme, le 2 juin 1676, est obtenue grâce au génie de Tourville, alors que Duquesne à bord du Saint-Esprit tire un bord au large et ne participe pas à la confrontation. Le navire amiral espagnol Nuestra Señora del Pilar est détruite par un brûlot français et l'amiral don Francisco de la Cerda tué, tout comme l'amiral hollandais Jan den Haen. Au final, la flotte alliée perd douze vaisseaux et près de 3 000 hommes. 





Durant l’été, Duquesne se révèle incapable de poursuivre et de détruire le reste des forces hollandaises pourtant mal en point. Duquesne obtient alors l'autorisation du duc de Vivonne de quitter le Saint-Esprit, très malmené par la campagne, et passe sur le Royal-Louis, « un des plus beaux bâtiments de la flotte de guerre française, avec ses cent vingt canons. »

Lorsque la paix de Nimègue est signée en 1679, Duquesne a près de 70 ans.





 Louis XIV confie à Duquesne la mission de bombarder Alger après que le dey a déclaré la guerre à la France en 1681. À la tête d’une flotte d’une quarantaine de bâtiments, Duquesne quitte Toulon et se présente devant Alger, en juillet 1682, fortement retardé en raison de mauvaises conditions de navigation. Bombardée à plusieurs reprises au mois d'août, la ville subit des dégâts considérables. La paix que le dey est amené à demander ne peut se concrétiser, les conditions météorologiques imposant cette fois le retour de la flotte



Dans la nuit du 26 au 27 juin 1683 le bombardement commence, et deux cent vingt deux bombes, lancées en moins de vingt-quatre heures, viennent jeter le désordre et l'incendie dans Alger. Lors de la première journée de bombardement pas moins de 300 Algérois sont tués. Le dey Hassan néanmoins voulait résister, mais la population désespérée exige impérieusement la paix.



Duquesne accepte d'accorder une trêve demandée par le dey à condition que tous les esclaves chrétiens soient remis à son bord. Le terme de la suspension d'hostilités expiré, le dey Hassan sollicite une prolongation qui lui est accordée par l'amiral français. Duquesne en même temps fait connaître à quel prix il signerait la paix ; 


il exige alors :
  • la liberté de tous les esclaves ;
  • une indemnité égale à la valeur des prises faites sur la France ;
  • une ambassade solennelle envoyée au roi pour demander pardon des hostilités commises contre sa marine.
Ces rigoureuses conditions rendent quelque énergie au dey qui ordonne de poursuivre le combat.



Un chef de parti, Hadji-Hassein, s'empare du commandement et se déclare contre la lâcheté du dey, qui avait consenti à traiter ; il le fait mettre à mort et est proclamé à sa place par les janissaires. Bientôt un drapeau rouge, arboré au sommet de la citadelle, annonce à Duquesne qu'il fallait combattre de nouveau, et les hostilités reprennent avec fureur.




Aux bombes que la flotte française envoyait à Alger les assiégés répondent en attachant à la bouche de leurs canons le Consul de France, le père Le Vacher. Le 28 juillet, ses membres déchirés tombaient épars sur le pont des vaisseaux de l'escadre avec ceux de seize autres Français déchiquetés.

Mais leur résistance ne pouvait sauver les Algérois, la ville était devenue le théâtre d'un immense incendie dont les terribles lueurs éclairaient la mer à deux lieues de distance : tous les édifices étaient en feu ; les principaux monuments, les magasins, les mosquées, les palais s'abîmaient avec fracas au milieu des flammes ; les blessés étaient sans refuge ; les forces et les munitions s'épuisaient, et Alger tout entier serait devenu une immense ruine si enfin les projectiles n'avaient manqué à Duquesne. Le bombardement cesse le 29 juillet.


L'orgueil des pirates algériens était abattu, et au moment même où la flotte de Louis XIV regagnait la France ils envoient à Versailles Djiafar-Aga-Effendi pour demander pardon au roi, au nom du dey et du divan, des injures et des cruautés que les corsaires avaient multipliées contre la marine française.


Le dey accepte de libérer 546 captifs, mais refuse de signer la paix avec le vieil amiral français - Duquesne est alors âgé de 79 ans - qui « a épousé la mer et que l'ange de la mort a oublié ». Louis XIV devra lui envoyer un autre négociateur : Tourville. La paix, cette fois, est signée pour cent ans avec la stipulation d'un respect absolu pour toutes les possessions et pour les côtes de la France.


Trois ans plus tard, Alger essaye à nouveau de violer ce dernier traité ; mais l'amiral d'Estrées, renouvelant les bombardements que Duquesne avait fait éprouver en 1683 aux États barbaresques, oblige le dey à solliciter une paix nouvelle, qui est signée le 27 septembre 1688 et dont les clauses sont, cette fois, fidèlement observées.
Il termine sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées navales, freiné dans son avancement par sa religion qu'il refusera d'abjurer malgré l'insistance de Louis XIV et de ses conseillers (Colbert et Bossuet).




Pour en savoir plus sur Duquesne

sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_Duquesne

Baba Merzoug, un canon algérois renommé la Consulaire en souvenir du Consul Vacher Arsenal Brest Finistère Bretagne

Brest Baba Merzoug dite La Consulaire, 
une histoire canon

J'ai repris et modifié cet article paru en 2008 suite à la préparation d'un nouvel article sur Duquesne. Il me semblait bon de revenir sur ce canon dont l'histoire est exceptionnelle.

La Consulaire Brest photo JM Bergougniou

En 1509, le roi Ferdinand d'Aragon fait occuper Oran, puis contraint, en 1511, Al-Djazaïr à signer un traité reconnaissant l'autonomie de la ville, à condition que les Barbaresques renoncent à leurs actes de piraterie sur les côtes espagnoles et à la mise en esclavage des chrétiens capturés en mer. 

Base de la colonne
photo JM Bergougniou

Mais, à peine dix ans plus tard, les Barbaresques s'offusquent de cette domination et engagent le corsaire turc Aroudj - plus célèbre sous le nom de Barberousse - pour déloger les infidèles. Celui-ci échoue en raison de la faiblesse de ses canons. Mais son frère Khayr al-Din, surnommé lui aussi Barberousse, parvient à les chasser, en 1529, avant de prendre le pouvoir comme souverain d'Alger. Cette date marque une nouvelle ère de prospérité dans l'histoire d'Al- Djazaïr, capitale des corsaires turcs et province extrême-occidentale de l'Empire ottoman.

Le Coq la patte sur le boulet
photo JM Bergougniou
Khayr al-Din, puis son successeur Hassan fortifient la ville, la dotant de murailles exceptionnelles, de forts et d'une série de puissantes batteries de marine. C'est notamment grâce à ces travaux de génie qu'en 1540 la ville repousse l'armada de l'empereur Charles Quint, venu en personne récupérer ses possessions et venger la défaite. En 1542, pour célébrer la fin des travaux, Hassan fait fabriquer un énorme canon par un fondeur vénitien.


Selon d'autres sources, ce canon aurait été pris lors de la bataille de Pavie à François Ier par Charles Quint. Celui-ci ayant bombardé Alger en 1541 et surpris par une tempête, il aurait abandonné son artillerie, ce qui expliquerait ses inscriptions et sa similarité avec d'autres canons contemporains
Longue de 7 mètres, d'une portée de 4 872 mètres - exceptionnelle pour l'époque - cette arme est baptisée «Baba Merzoug» (Père fortuné) par les Turcs.
Baba Merzoug photo JM Bergougniou

Dirigé vers la pointe Pescade, servi par une équipe de quatre artilleurs, Baba Merzoug interdisait dorénavant à tout navire ennemi l'accès à la rade d'Alger.
Un siècle et demi plus tard, en 1682, les Algériens sont devenus les maîtres de la Méditerranée, après avoir dicté aux Hollandais et aux Anglais des pactes de non-agression. Cette année-là, ils capturent une frégate de la marine royale française et vendent son commandant comme esclave. 


Louis XIV, soucieux de rester en lumière, réagit en envoyant l'amiral Abraham Duquesne, à la tête d'une expédition punitive d'une centaine de navires, bombarder la Ville blanche en 1683. Cette fois-ci, les chrétiens sont équipés de bombes et de boulets incendiaires. La puissance de feu des Français fait plier le dey Baba Hassan, qui demande un armistice et l'ouverture de négociations.

photo JM Bergougniou


L'intermédiaire qui monte à bord du vaisseau amiral est le révérend père Le Vacher, consul du roi à Alger depuis 1671. Duquesne exige et obtient la libération de tous les captifs chrétiens. Ce qui fut fait, à quelques-uns près. Mais un certain Mezzo Morto, un riche Algérois, fomente alors un complot, assassine le dey et ligue la population contre l'ennemi. Trahi, l'amiral reprend les bombardements.

Mezzo Morto, devenu le nouveau dey, inaugure alors une méthode de représailles restée célèbre: le consul Le Vacher, revenu à terre entre-temps, est accusé de traîtrise, puis ligoté et mené au port. Là, les artilleurs braquent l'énorme canon Baba Merzoug vers le vaisseau amiral de la flotte française. Ils placent le consul devant la bouche, puis font feu.


Depuis ce jour, la marine française appelle ce canon «la Consulaire», en mémoire du diplomate martyr. 




Après lui, de nombreux autres malchanceux subirent le même sort, et la réputation du canon s'en trouva d'autant grandie. In fine, l'armada de Duquesne rentra en France sans avoir soumis les Algérois.


Base de la colonne  l'Afrique
Photo JM Bergougniou

Au début du XIXe siècle, le rapport des forces a changé. La France, et en particulier Marseille, commerce avec la régence turque d'Alger depuis plusieurs décennies. Mais, en 1827, la célèbre «affaire de l'éventail» met le feu aux poudres entre les deux pays. L'histoire officielle rapporte, encore aujourd'hui, que le dey Hussein Pacha souffleta le consul de France avec son chasse-mouches, lors d'une discussion envenimée à propos d'une dette entre commerçants. Et que Charles X décida de conquérir Alger pour laver l'affront et sécuriser les mers. Il est plus probable que les notables de la Restauration eurent des arrière-pensées coloniales, voire l'envie de faire main basse sur l'or accumulé dans la Casbah. Déjà, à l'époque, des voix influentes s'élèvent contre ce projet, soit pour des raisons morales, soit par crainte du gouffre financier qu'une telle aventure allait sûrement provoquer.


Symboles de la marine
photo JM Bergougniou

En l'espace de trois ans, les généraux français préparent minutieusement l'attaque de la Ville blanche. En mai 1830, une flotte hétéroclite de 675 navires se rassemble à Toulon, avec à bord un corps expéditionnaire de 37 000 soldats, 40 interprètes, une troupe de peintres et d'écrivains destinés à populariser les faits d'armes… Partie le 25 mai, l'expédition affronte une mer déchaînée au large et fait demi-tour. La flotte fait escale à Majorque, on craint déjà l'échec. Mais deux semaines plus tard, le 14 juin, les troupes débarquent à Sidi-Ferruch, hors de portée des batteries du fort d'Alger et de la Consulaire. Le 5 juillet 1830, à 9 heures du matin, la Casbah, son trésor et ses canons sont pris d'assaut et conquis. Le régime chancelant de Charles X et celui, à venir, de Louis-Philippe se partagent les millions issus du pillage de la ville, tandis que la plupart des canons ottomans sont fondus et transformés en francs nouveaux.

photo JM Bergougniou

L'amiral en chef de l'armada, Victor-Guy Duperré, lui, n'avait pas oublié l'histoire de la Consulaire. Originaire de Brest, il fait transférer le canon en Bretagne, où il est érigé en «colonne votive» dans l'arsenal, le 27 juillet 1833. Un an plus tard, par l'ordonnance du 22 juillet 1834, l'Algérie devient officiellement «possession française en Afrique du Nord». Aujourd'hui, les promeneurs qui empruntent le pont de la Recouvrance, à Brest, peuvent voir en surplomb le canon planté au milieu d'un parking de la zone militaire. Le curieux autorisé à s'approcher y découvre un monument un peu piteux, l'affût recouvert d'une sorte d'emplâtre jauni. Puis une grille rouillée autour d'un socle carré en marbre de Labor. Sur les côtés, des gravures en bronze commémorent l'histoire. Sur la plus démodée, on peut lire: «L'Afrique délivrée, vivifiée, éclairée par les bienfaits de la France et de la civilisation».


photo JM Bergougniou
Et, au sommet du canon, un coq gaulois doré pose une patte sur une sorte de boulet. Il s'agissait, semble-t-il, de symboliser la France dominant le monde! Il n'est, en revanche, nulle part évoqué cette pétition d'anciens de l'armée d'Afrique qui réclamaient en 1912, déjà, le retour du canon à Alger. A l'époque, le maire de Brest et la presse locale s'étaient battus bec et ongles pour conserver le glorieux butin.

Photos JM Bergougniou

Source : L'Express

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