Ouistreham Saint-Malo JB Charcot et la Rance
La Rance à Saint-Servan la tour Solidor photo (c) JM Bergougniou |
"En venant participer à des régates, il a été attiré par la cité. Charcot était un amateur de beaux bateaux, qu’il se faisait construire pour le plaisir. Quand il a fait construire Le Français et le Pourquoi-Pas ?, il s’est adressé à Gautier, un constructeur malouin, qui jouissait d’une grande renommée. Pour suivre les travaux, il a acheté La Passagère à Saint-Servan. Quand le Pourquoi-Pas ? n’était pas en mission, il hivernait à Saint-Malo",explique Marc Jean, directeur des archives municipales.
La Rance cale de la passagère photo (c) JM Bergougniou |
La Rance la passagère photo (c) JM Bergougniou |
« Mais son travail scientifique est considérable. Chaque membre de son équipage avait une spécialité et leurs travaux sur les mesures océanographiques, les relevés météo, les collections de zoologie et de botanique, leurs études sur l’hydrographie ou le magnétisme ont fait de Charcot l’un des plus grands explorateurs français », observe Joël Le Gourrierec, bibliothécaire de la société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo (SHAASM).
1936. En France, c’est le Front Populaire. Charcot se sent déprimé, honteux pour son pays devant le déchaînement des passions. Il se sent vieux aussi, comme Le Pourquoi-Pas ? qu’il appelle « le vieux bateau » :
« Le Pourquoi-Pas ? vieillit, moi aussi, et puis surtout, tout le monde s’en fout et mes dernières ressources sont épuisées »(lettre du 12 Juin 1936 à Fred Matter).
Les expéditions polaires sont passées de mode. La politique prime, les démarches officielles de préparation de la mission se prolongent.
« Pour moi, un vieux qui n’a plus beaucoup d’années à vivre, c’est une effroyable désillusion … J’ai aimé mon pays à la frénésie », dira-t-il.
Il a peur d’être mis au chômage ; il entre dans sa 70ème année, juste avant le départ de l’expédition. A 69 ans il arrive à une limite d’âge.
Dans pratiquement toutes ses lettres on peut lire :
« C’est sans doute notre dernier voyage ».
Le 14 Juillet 1936, à St-Malo, Charcot remonte la Rance, avec sa famille et quelques amis et rallie Saint-Servan. Le départ est fixé au lendemain ; Charcot est sombre, songeur, il se met fréquemment à l’écart.
La Rance Quelmer photo (c) JM Bergougniou |
La Rance La Landriais photo (c) JM Bergougniou |
Le 11 août, c’est le départ dans la brume. Un gros temps contraint le Pourquoi-Pas ?à se réfugier le 15 août à Isafjord. Le 30 août en raison d’une grave avarie de la chaudière, devenue inutilisable, le Pourquoi-Pas ? revient à voilure réduite à Reykjavik le 3 septembre. Les travaux de réparation se prolongent. Tous ces contretemps dépriment Charcot, pratiquement ruiné ; il sait que de multiples ennuis administratifs l’attendent ; il est aussi conscient que naviguer autour de l’Islande, croiser les Shetlands, se rendre au Danemark et rentrer en France par la mer du Nord représente un périple long et difficile pendant l’équinoxe, période la plus dangereuse, forte en tempêtes.
Dans une lettre du 9 septembre, Charcot confie :
La Rance Montmarin photo (c) JM Bergougniou |
Dans une lettre du 9 septembre, Charcot confie :
« Trop de choses s’effondrent ou menacent de s’effondrer autour de moi … Mon bateau qui me permettait de ne pas être n’importe qui, vieillit. Moi-même, je prends de l’âge, bien que je ne m’aperçoive pas que je vieillisse. On devrait crever avant que cela n’arrive… ».
La Rance sortie de l'estuaire Cézembre photo (c) JM Bergougniou |
Sources :
Ouest-France
Le Pays Malouin
http://www.lepaysmalouin.fr/2016/09/11/80-anniversaire-du-naufrage-du-1936-annee-funeste-pour-charcot/