20 janvier 2017

Les recettes de Tante Jeanne et du Père Yvon oeuvres de mer Sainte Jeanne Jehanne navire Hôpital

Les recettes de Tante Jeanne
et du Père Yvon


A la mi-septembre 2016, sur les côtes d’Islande à Álftane, à côté de la ferme de Straumsfjördur, étaient célébrées les cérémonies du souvenir de la disparition de Jean-Baptiste Charcot, du «Le Pourquoi Pas?» et de la totalité de son équipage à l’exception du matelot Gonidec, seul rescapé.

Cette évocation de l’Islande me fait penser à Loti, à la pêche à la morue, aux oeuvres de mer.




La Société des Oeuvres de Mer, ce qui, prononcé avec un fort accent finistérien, devient «L’oeuf de Mer», est une société d’entraide aux marins de la grande pêche créée en 1894 par les frères Bailly, marin et religieux. Elle crée des maisons de famille, des hôpitaux et arment des navires-hôpitaux dont l’un portera successivement les noms de «Sainte-Jehanne» et «Sainte Jeanne d’Arc».




Ils assureront de nombreuses campagnes de pêche entre 1914 et 1933.

Ces bateaux portent aide, assistance et courriers aux nombreux terre-neuvas en pêche au large des côtes canadiennes et du Groenland. En plus d’un médecin et d’un infirmier, le navire-hôpital embarque un aumônier. Le plus connu est certainement le père Yvon qui, après avoir prêché la bonne parole en Bretagne, embarque pour les bancs (et pas ceux de l’église), sa hiérarchie pensant ainsi calmer sa verve oratoire.





Ancien combattant, il embarque en froc et médailles pendantes. En panne de navires-hôpitaux en 1934, il embarque sur l’aviso «Ville-d’Ys» et en fin de campagne sur le «D’Entrecasteaux». Le «Ville-d’Ys», stationnaire à Terre-neuve et devant faire quelques escales protocolaires qui lui déplaisent, le père Yvon quitte donc le bord et embarque sur un chalutier «l’Alfred».



A Saint-Pierre et Miquelon, il troque son goupillon pour une caméra et un appareil photos et réalise les premiers films documentaires sur la «Grande pêche». L’année suivante, pour que sa parole porte plus loin en mer, il fera installer sur le «Saint-Yves» un poste émetteur d’où il diffuse la messe sur les ondes, au grand dam du Ministre des postes et télécommunications et de sa hiérarchie.

Son prosélytisme lui coûtera son poste et lui vaudra une mutation aux Indes.

Sur le père Yvon


Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos cochons. Il était de tradition sur les bateaux partant pour la grande pêche d’emporter des animaux vivants (poules, canards, porcs, etc.) qui fournissaient oeufs et viande au cours de la campagne. C’est le cas du «Jacques-Coeur», capitaine Fernando. Ecoutons le récit du Père Yvon.

Le capitaine Fernando emporte trois porcs. L’un deux est mort en cours de route. Les deux survivants ont fort bonne mine. Ils se promènent sur la passerelle comme chez eux et sont familiers avec tout l’équipage. Le capitaine se montre fier de ses pensionnaires. Mais trop de familiarité nuit à la discipline et conduit aux abus. C‘est le cas de ces deux «petits messieurs» à quatre pattes.





Un matin, en l’absence  du capitaine, ils s’introduisent dans sa cabine où ils font
une inspection en règle.Regrettant sans doute de ne pas trouver le maître de
céans pour lui présenter leurs hommages, ces deux «gentlemen» ont la délicate attention de marquer leur passage en déposant leur honorable carte, mais «sui generis» dans les sabots du capitaine.



Le père Yvon raconte : Il y a de bons moments dan la vie ! même à Terre-Neuve. Vous pouvez croire que l’instant où j’eus le plaisir de contempler la tête du capitaine tombant en arrêt devant ses sabots, est un de ces bons moments ! Rien que d’y penser, j’en ris encore.
Sur le moment, le fou rire me coupa la respiration, à tel point que je dus m’appuyer à la table pour ne pas tomber. Le capitaine éclata à son tour. Mais voilà que sur ces entrefaites arrive le consignataire du bateau. Nous voyant rire comme des fous, la contagion le gagne aussi...



Ce fut le capitaine qui se domina le premier mais pour aggraver l’état des deux autres. Il sortit d’un bond en criant : «Espèces de cochons, vous avez foutu votre c... dans mes sabots, je vais vous foutre mes sabots dans le c...»

L’histoire ne dit pas si les côtes et les jambons ont été appréciés de l’équipage.
Merci au père Yvon : «Avec les pêcheurs de Terre-Neuve et du Groenland», Edition du Nouvelliste de Bretagne, Rennes

Dessin Alain Carpier
Texte JM Bergougniou pour la lettre des anciens marins de la Jeanne

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