Campagne 71-72 Les iles sous le vent les Gambier
LA CAMPAGNE DE L'ÉCOLE D'APPLICATION
Aux Iles Sous-le-Vent
Le dimanche 19 décembre au matin, la « Jeanne d'Arc » laissant derrière elle le « Victor Schoelcher », quitte Papeete où un pâle soleil est enfin revenu. Vers 16 heures, par un temps radieux, elle entre dans le magnifique lagon de Raiateatahaa, et vient mouiller entre ces deux îles, devant la commune d'Uturoa, chef-lieu administratif des îles Sous-le-Vent.
M. Angelier, chef de la circonscription administrative des îles Sous-le-Vent, monte à bord souhaiter la bienvenue. Bientôt c'est sur le quai que toute la population d'Uturoa, groupée autour de son maire et des personnalités locales, nous réserve un accueil très chaleureux : des couronnes de fleurs nous sont passées autour du cou par de charmantes Vahinés en robe longue.
M. Angelier, chef de la circonscription administrative des îles Sous-le-Vent, monte à bord souhaiter la bienvenue. Bientôt c'est sur le quai que toute la population d'Uturoa, groupée autour de son maire et des personnalités locales, nous réserve un accueil très chaleureux : des couronnes de fleurs nous sont passées autour du cou par de charmantes Vahinés en robe longue.
Le maire prononce en français un discours très émouvant de bien venue. Le commandant répond en soulignant que cette escale esi une première pour la « Jeanne d'Arc », qui fréquentait jusqu'alors plutôt le lagon de Bora-Bora, et qu'elle a tout lieu de s'en réjouir à juger par l'accueil qu'elle reçoit et par le programme qui l'attend. Cette cérémonie se termine avec les « Oteas » d'un groupe local. Danses caractérisées par des mouvements d'ensemble des bras et des jambes.
Ce cérémonial, toujours aussi pittoresque, naturel et sympathique, se répétera tout au long de l'escale. Dans les districts d'Opoa et «le Tenuru ! A Raiatea, de Patio à Tahaa, à Mauiti, autre île de l'archipel, avec quelques variantes : Marseillaise chantée par les enfants des écoles, discours des Tavanas des districts, prononcés en tahitien avec traduction simultanée, réponse du commandant, « Oteas » remplacés par des « Aparimas », danses mimées et chantées en chœur.
Cette première journée prend fin avec un bal populaire sur le quai, animé alternativement par un orchestre local et l'orchestre amateur du hord.
Cette première journée prend fin avec un bal populaire sur le quai, animé alternativement par un orchestre local et l'orchestre amateur du hord.
Pendant cette escale de huit jours, les officiers-élève.» vont se consacrer à leurs travaux hydrographiques, à des séances d'entraînement à la plongée ou à des exercices de manœuvre à bord de « La Lorientaise », cependant que l'équipage va connaître une agréable détente, très ensoleillée, particulièrement appréciée après les trombes d'eau que lui a réservées Tahiti. Mais les innombrables manifestations organisées dans les districts des îles de Raiatea et de Tahaa, ainsi que les excursions dans les autres îles Sous-le-Vent ne laisseront personne inactif.
Le lundi 20 décembre, c'est le district d'Ohoa, centre historique et spirituel de la Polynésie qui nous reçoit sur les dalles mêmes du célèbre Marae Taputapuatea, haut-lieu et sanctuaire de la royauté Maorie.
Le lendemain nous assistons en nocturne, à « une marche sur le feu », effectuée par les gens du village d'Apooti qui ont seuls, conservé le secret de cette tradition en Polynésie.
Le 22 décembre, le village de Patio organise un Tamaraa gigantesque, pour près de 200 personnes, qui se délecteront de poisson cru, huîtres, langoustes, chevrettes, cochon et autres mets cuits à l'étouffée dans le « himaa », four creusé dans le sol.
Le 22 décembre, le village de Patio organise un Tamaraa gigantesque, pour près de 200 personnes, qui se délecteront de poisson cru, huîtres, langoustes, chevrettes, cochon et autres mets cuits à l'étouffée dans le « himaa », four creusé dans le sol.
Le 24 décembre, nous ne sommes pas tout à fait dans l'ambiance de Noël, les districts de Tiva, Itapuamu et Patio nous offrent ainsi qu'à une centaine d'invités du C.E.P. et de Papeete et en présence de S.E. M. Lucet, ambassadeur de France à Washington, une « pêche aux cailloux ».
Spectacle rare et coloré, sur un lagon turquoise, avec, pour toile de fond, l'élégante silhouette de l'île de Bora Bora : une armada de pirogues où les hommes frappent l'eau d'une pierre, pousse le poisson vers un immense filet fleuri et décoré que les femmes refermeront sur lui, les personnalités ont alors le délicat honneur de harponner les plus belles prises. Cette pêche est suivie d'une réception à bord de la « Jeanne d'Arc » des chefs de pêche, accompagnés de M. Lucet et des invités extérieurs parmi lesquels M. Rivière, député du Val-de. Marne, M. Santini, directeur d'Air France, l'amiral Laure, M. Pambrun, maire de Papeete, M. Flosse maire de Pirae.
Le 26 c'est encore le district de Tehurui qui organise une pittoresque course de pirogues à laquelle prennent part plusieurs villages. Le corn. mandant offre les prix aux équipes gagnantes. Un vin d'honneur y est offert par l'amicale des anciens marins.
Au milieu de ces fêtes publiques, celle de Noël sera célébrée dans l'intimité du bord : visite des crèches où chaque poste à déployé des trésors d'imagination, veillée qui nous présente une crèche proven. çale vivante avec des santons plus vrais que nature, disant « avec l'accent » un texte de Pagnol, ponctué par les interventions de la musi. que et de la chorale du bord, messe de minuit très recueillie, puis réveillon familial puisqu'il rassemblait les différentes catégories de personnel par service.
Aux manifestations spectaculaires s'ajoutent bien d'autres rencon. tres amicales : un déjeuner en la résidence de M. Angelier, un cocktail offert par le maire d'Uturoa dans les jardins de la mairie, un déjeuner à bord réunissant ces autorités ainsi que M. Flamand, président du syndicat d'initiative et plusieurs Tavanas locaux, n'omettons pas non plus les rencontres sportives en football, basket et volley qui voient s'imposer les clubs locaux. D'autre part, chaque jour, les hélicoptères s'envolent vers les autres îles de l'archipel et, grâce à la « Saintonge » et à l'« Edic 9071 » l'équipage peut visiter Bora-Bora Etihuahine où il est chaleureusement accueilli.
En guise de remerciements, la « Jeanne d'Arc » ne peut que faire l'honneur de ses installations, qui recevront la visite de nombreux amis, d'écoliers et de la population de plusieurs districts. Un cocktail dan. sant réunissant officiers et équipage, nous permettra aussi d'accueillir à bord les habitants de l'île. Dans une excellente ambiance, cette soirée est animée par les danses d'un groupe amateur et d'un autre semiprofessionnel, qui nous permettront d'apprécier les différentes facettes de l'art chorégraphique polynésien. Mais plus encore que le nombre et la qualité des distractions qui nous sont offertes, c'est l'amitié simple, sincère, souvent touchante de ces populations insulaires dont nous garderons le souvenir le plus profond. Des liens solides se sont créés entre la « Jeanne d'Arc » et les habitants de l'archipel.
Aussi le lundi 27 après-midi avant d'appareiller pour la Nouvelle Zélande, le commandant tient-il à organiser sur le pont d'envol, en présence de tout l'équipage, une cérémonie d'adieu au cours de laquelle il remercie officiellement l'administrateur des îles Sous le Vent et les diverses personnalités de Raiatea pour toutes les marques d'amitié et les sommes d'efforts qu'ils ont déployées à notre égard, ainsi que toute la population des îles de Raiatea et de Tahaa qui nous a montré au cours de ces 8 jours d'escale la fidélité et la sincérité de son attachement à la France et à la marine.
Des cadeaux sont échangés de part et d'autre, et c'est en présence de toute la population rassemblée sur le quai que la « Jeanne d'Arc » défile lentement devant Uturoa tirant cinq coups de canon en guise d'adieu avant de franchir la passe et de mettre le cap sur Wellington.