30 avril 2020

PH Jeanne d'Arc EE Victor Schoelcher Campagne 1971 - 1972 Lima Pérou

Sur les traces des Incas et des Conquistadores - Lima - Pérou



Il ne sera pas facile de vous rapporter dans le détail le tourbillon que fut cette escale du Pérou ; nous emportons le souvenir d'une atmosphère pleine de chaleur et de mystère, d'un peuple attachant et combien hospitalier, d'une civilisation à la fois proche de la nôtre par sa dominante espagnole et insolite par ses racines incas : ce fut là notre grande découverte.

Parmi les nombreuses histoires ou anecdotes auxquelles nous associons volontiers le Pérou, les aventures de Tintin occupent une place non négligeable : « Quand lama fâché, lui toujours faire comme ça ». Au cours de leur escale, les marins de la « Jeanne d'Arc * et du « Victor Schoelcher », dignes émules du capitaine Haddock aspergé par cet animal, auront eu l'occasion de mesurer tout le mépris dont sont capables les lamas. Fort heureusement, leur attitude hautaine n'a guère inspiré les autorités et la population péruviennes, qui nous ont réservé un accueil particulièrement chaleureux.

PH Jeanne d'Arc 16-02-2010 Escale à Lima


Lima la Cathédrale San Juan photo JM Bergougniou

Le 24 octobre, la « Jeanne d'Arc » et le « Victor Schoelcher » se présentent devant Callao, le grand port du Pérou. Il est à peine huit heures et une légère brume estompe quelque peu les silhouettes de la ville. Les deux bâtiments échangent les saluts d'usage avec la terre et les unités de la Marine péruvienne, mouillées à l'extérieur de la rade. Sous l'œil critique de nombreux pélicans qui stationnent sur la jetée, blanche de guano, ils viennent s'accoster au quai du port de commerce.

C'est presque aussitôt le coup d'envoi d'une activité tantôt officielle, tantôt moins protocolaire, qui ne faiblira pas tout au long de notre séjour : réception à l'ambassade de France, à l'Ecole navale péruvienne, cocktail et représentation théâtrale à bord de la « Jeanne d'Arc ", démonstration d'Alouette III, visite fleuve des bâtiments par la population. 


Les invitations faites par les familles françaises et péruviennes avec beaucoup de gentillesse atteignent un chiffre record. Pour pouvoir les honorer, il faut faire preuve d'ingéniosité ; nous ne sommes vraiment pas assez nombreux.


Du point de vue touristique, le Pérou est original à plus d'un titre. Il représente en premier lieu, le seul pays d'Amérique latine que nous visitions cette année. Occasion à ne pas négliger d'autant plus que chacun a mis à profit l'escale de Panama pour compléter sa panoplie de parfait touriste. Ensuite il ne faut pas oublier que le Pérou conserve de nombreux témoignages d'un passé culturel particulièrement riche.




Nous sommes donc partis sur les traces des Incas et des Conquistadores. Lima est à peine distante d'une quinzaine de kilomètres de Callao : un quart d'heure de palabres pour fixer le prix de la course avec le chauffeur volubile et un quart d'heure de taxi qui semble parfois bien long lorsque le chauffeur se pique de virtuosités et d'acrobaties automobiles. Les églises, le palais de l'actuel président, l'université, les nombreuses plazas », le remarquable musée de l'Or nous attendent, richesses, parmi tant d'autres, de l'ancienne capitale de la vice-royauté du Pérou. Les rues du centre, bruyantes et animées par les vendeurs ambulants, les cireurs de chaussures et le prochain tirage de la « loteria », laissent s'engouffrer, à grand renfort de coups de klaxon, les autobus pittoresques et colorés. Visitant avec méthode les divers magasins de souvenirs, la foire du Pacifique, le centre artisanal de « Pueblo Libre », tour à tour bavards ou hermétiques, les marins français affinent leur technique du marchandage et repartent toujours les bras chargés. Des excursions sont organisées dans la région, ce qui vaut à un grand nombre d'entre nous la visite du site inca de Pachacamac, avec son temple du Soleil, celui de la lune et ses dépouilles posées à même le sol,

Dans la première chapelle de la nef de droite, se trouve la crypte de Francisco Pizarro, entièrement recouverte de mosaïques retraçant la Conquête, où reposent les restes du Conquistador couché dans un imposant sarcophage. photo JM Bergougniou

Les hasards du service permettant à une cinquantaine d'entre nous de se rendre par avion à Cuzco, ancienne capitale de l'empire inca, situé dans les Andes à plus de 3.000 mètres d'altitude. La première journée est consacrée à la visite de la ville et de ses environs : de nombreux vestiges incas, une étonnante cathédrale baroque, un marché local haut en couleurs et riche en odeurs. Nous sommes vraiment chez les Indiens du Pérou et les ponchos foisonnent. Les magasins de souvenirs aussi.



Le lendemain, les excursionnistes se mettent en route vers la célèbre cité perdue du Machu Picchu. Trois heures de trajet et une petite micheline sont nécessaires pour y accéder. La voie ferrée franchit un col, serpente dans la plaine fertile, se faufile entre les maisons de terre cuite, dérange quelques vaches et s'infiltre dans la Vallée Sacrée, que dominent les ruines de la cité religieuse. Un quartier administratif, les appartements princiers, le temple du Soleil, les terrasses aménagées pour les cultures : les pierres parlent. La salle de bains de la princesse, son solarium suscitent l'intérêt de tous. Les navigateurs s'interrogent sur la précision du cadran solaire auquel, chaque soir, les prêtres incas attachaient symboliquement le soleil, de peur qu'il ne reparaisse le lendemain. Le retour s'effectue à temps pour que les privilégiés puissent encore une fois écumer le marché de Cuzco.

Evidemment, nous sommes repartis : nous repartons toujours. Notre étonnement et nos découvertes progressives ont été à la mesure de ce pays attachant et si varié. Malgré les problèmes qui se posent au Pérou et que /'on ne nous a pas cachés, il nous semble qu'il doit être agréable d'y vivre, qu'il y a tout à découvrir là-bas, tout à apprendre, jusqu'aux splendeurs des civilisations enfouies et peut-être aussi un certain humanisme hérité des siècles passés et qui semble mieux survivre au pied des Andes.

EV2 DUFOURCQ et GROSjEAN


Sources :
Gallica - BnF Cols bleus n°1213

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