Campagne Jeanne d'Arc 1971-1972
A mon Ami Laurent Hervé - Sorcier - qui a fait cette campagne
Brest. - La visite de M. Georges Pompidou, le 22 octobre, à Brest, ne présentera pas uniquement un caractère militaire. Elle comportera une partie civile au cours de laquelle le président de la République sera reçu à l'hôtel de ville, où il prononcera un discours de portée nationale tout en s'attachant à traiter des problèmes bretons.
Le programme de la visite présidentielle n'est pas définitivement arrêté. On sait toutefois que le chef de l'Etat consacrera la matinée et le début de l'après-midi aux militaires : visite des installations de la base de sous-marins nucléaires de l'Ile-Longue, présentation des sous-marins le Redoutable et le Terrible, revue à bord du porte-hélicoptères Jeanne-d'Arc avant son départ pour sa croisière d'application. On fait remarquer à Brest que la visite de l'Ile-Longue s'inscrit dans le cadre des hautes responsabilités qui sont celles du président de la République dans le cas de conflit nucléaire. Sur le Jeanne-d'Arc, où il doit déjeuner, le président Georges Pompidou s'adressera aux élèves officiers.
Mais avant le repas, le président de la République prendra congé des marins pendant quelques instants pour déposer une gerbe au pied du monument aux morts.
Il sera ensuite accueilli à l'hôtel de ville par le maire, Me Georges Lombard, ancien député P.D.M., qui vient d'être élu sénateur. Le discours que doit prononcer le chef de l'Etat sera retransmis par haut-parleurs à la population.
Après le départ du Jeanne-d'Arc, prévu pour 15 h. 30, M. Pompidou recevra à la sous-préfecture les élus et les personnalités du monde économique pour s'entretenir avec eux des problèmes de l'Extrême-Ouest breton.
Pour Me Lombard, la venue à Brest du chef de l'Etat " est la preuve de l'intérêt porté par le président de la République à l'heure où va se sceller le sort de la région avec la construction d'une raffinerie dans la rade de Brest ". Le Monde
Georges Pompidou, Président de la République, qu'accompagnait M. Michel Debré, ministre d'Etat chargé de la Défense nationale, a visité durant la matinée du 22 octobre, la base, des S.N.L.E. à l'lie Longue, ainsi que le sous-marin « Le Redoutable ».
M. Georges Pompidou a déclaré en substance : « C'est sans doute, en temps de paix, le premier rôle de la Marine que de représenter notre pays, notre drapeau, notre conception de la civilisation...
Ceci suppose que la France et la Marine soient en mesure d'être présentes sur les mers. Je sais bien que le trouble s'est quelquefois emparé des esprits à cause de la priorité qui a dû être donnée aux sous-marins et à la force nucléaire stratégique...
Mais naturellement, cela n'enlève rien à l'importance de la Marine sur les mers, sur l'eau ; nous le savons bien en temps de paix, mais en temps de crise qu'il s'agisse de protéger nos communications, qu'il s'agisse d'intervenir dans les points du globe où la France est présente, où elle a des intérêts directs ou indirects, il nous faut des bateaux.
Tout est en ces matières, vous vous en doutez, problèmes d'arbitrage budgétaire ; néanmoins dans la troisième loi militaire, dont l'exécution est à l'heure actuelle commencée, nous avons prévu à côté de l'effort prioritaire pour les sous-marins nucléaires, un effort particulier pour le développement de la Marine de surface, qu'il s'agisse de la construction de corvettes, qu'il s'agisse de la mise en chantier d'un nouveau porte-hélicoptères, qu'il s'agisse aussi de la rénovation de l'aviation embarquée.
|
TàD Horta 26.10.71 - Porte-hélicoptère Jeanne d'Arc 26-10- 1971 |
APRES trois jours de navigation depuis Brest, par une mer qui a permis un l'amarinage en douceur du personnel, la « Jeanne d'Arc » et le « Victor Schoelcher » sont arrivés, le 26 octobre 1971, à Horta, port et ville la plus importante de l'lie de Fayal, pour une escale de deux jours. Le « Victor Schoelcher » s'amarre à quai tandis que la « Jeanne d'Arc mouille très près du port à l'extérieur de la jetée. Immédiatement après l'amarrage, le Capitaine de Vaisseau Tailhades, Attaché Naval de France à Lisbonne, et l'Agent Consulaire de France à Horta, le Dr Motta, ont fait une visite à bord.
Après l'échange traditionnel des visites officielles, un déjeuner a réuni sur la « Jeanne - les personnalités locales : le Dr José Pereira de Freitas, Gouverneur Adjoint du District, qui groupe les Iles de Fayal, Pico, Corvo, Flores, M. Linhares, Président de la Junte, M. Victor Macedo, Maire de Horta, le Capitaine de Corvette Pires dos Santos, Commandant la Marine, et le Capitaine Centano, Commandant Militaire. Le soir même de l'arrivée, après un cocktail à bord, dans les salons du Commandant, une soirée dansante à terre a été organisée.
Ce fut l'occasion pour les « Midships"de rencontrer les débutantes locales qui, pour la plupart, parlent français et prouvent ainsi leur amitié pour notre pays.
Le lendemain 27 octobre, le Gouverneur offre dans une très belle auberge de Horta un sympathique déjeuner ; au cours des toasts, l'amitié franco-portugaise est soulignée.
Le départ de la "Jeanne" vu par le poste 14
LA « Jeanne » est partie : c'est ce que l'on peut lire tous les ans à pareille
époque dans ce journal.
Mais cette année nous pouvons dire que ce départ a revêtu un faste exceptionnel. Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela : les Brestois, les yeux
rivés sur leurs jumelles, les bâtiments sur rade arborant le grand pavois, les
embarcations d'où s'élèvent des chants mélancoliques de départ, les remorqueurs bondés de familles, foulards colorés en main...
Eh bien oui, la tradition a été respectée, nous avons eu tout cela ; mais
nous avons eu beaucoup plus. Avez-vous assisté à un départ de la « Jeanne »
et du « Schœlcher » précédé de la venue de Monsieur le Président de la
République ?
Voilà qui est pour vous surprendre n'est-ce pas ? Et lorsque vous saurez
que la « Jeanne » a appareillé après une visite de Monsieur Georges Pompidou
accompagné du Ministre d'Etat chargé de la Défense Nationale, Monsieur Michel Debré, et d'autres Ministres encore, Messieurs Marcellin et Ortoli,
sous un soleil de plomb au milieu d'un ciel d'azur, au mois d'octobre à Brest,
vous serez bien obligés de convenir avec nous que ce fut le plus beau des
départs en campagne !
Comment, dans ces conditions, ne pas s'en aller le cœur léger faire le
tour du monde ! Soyez certains que dans le Poste 14 nous avons tout mis de
notre côté, sans rien laisser au hasard : achat d'une machine à laver, d'une
mini-cassette pop, et de tentures écossaises.
Mais l'heure n'est pas aux futilités : il s'agit de recevoir le Chef avec les
honneurs de l'étiquette navale qui contribue à juste titre au bon renom de
notre Marine.
Le Président, commentant le programme naval, nous a demandé d'envisager l'avenir avec confiance, précisant que nous étions des marins avant d'être
des techniciens : voilà pourquoi, bien que la bibliothèque du bord soit pleine
d'ouvrages dont le contenu devra bon gré mal gré embarquer sous nos casquettes, nous aurons à mettre ces connaissances en pratique, dans les embruns ou sous le soleil des tropiques, dans la mer des Caraïbes ou VOcéan Indien.
Perspective plus grisante et plus formatrice qu'un embarquement sur la Chimère ou le Farfadet .
Aujourd'hui, les deux bâtiments font route vers les Açores. Il y a du roulis, mais le soleil brille.
Cap sur l'étrave et hardi les gars !
Poste 14.
Sources
Illustrations Luc-Marie Bayle
Marine et bons usages - Roger Verken
Cols Bleus
30-11-1971
13-11-1971