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22 mai 2011

Cuirassé Gaulois aux Dardanelles

Cuirassé GAULOIS et langoustine de prairie


Les 3 cuirassés Pré-Dreadnought de la classe Charlemagne de la Marine nationale française furent le Charlemagne, lancé en 1894 et entré en service en 1895, le Gaulois et le St Louis entrés en service en 1896. La classe Charlemagne a peut-être un certain rapport avec le vaisseau Charlemagne qui fit partie de la marine de guerre du Premier Empire 


Fichier:Charlemagne class battleship diagrams Brasseys 1896.jpg




Ils furent les premiers cuirassés français à adopter l'agencement de deux grosses pièces de chasse et deux de retraite de calibre 305 mm Modèle 1893/96, que préféraient les Britanniques depuis une décennie, et une artillerie secondaire plus rationnelle, les canons étant séparés par des pare-éclats. Jusqu'au Bouvet inclus, qui fut le dernier vaisseau à être lancé avant les Charlemagnes, les cuirassés français étaient facilement reconnaissables à leur grosse pièce unique à chaque extrémité d'un pont supérieur court pour minimiser l'effet de souffle.
Ils étaient munis de deux assez larges cheminées.


collection JMT

Le 18 mars 1915, le Charlemagne et le Gaulois faisaient partie, avec le Bouvet et le Suffren, d'un groupe de bombardement côtier, placé sous le commandement de l'amiral Guépratte, dans la bataille des Dardanelles.
Le Gaulois avait été sérieusement endommagé et devait se replier quand leBouvet heurta une mine marine. Ses soutes à munitions explosèrent et il disparut en trois minutes.

carte photo écrite de Corfou le 28 mai 1916 
présentant diverses tenues collection JMB

Ce même jour, l'Irresistible et l'Ocean, de la Royal Navy, furent aussi détruits, ce qui mit fin à la tentative de franchissement du détroit par la force.
On ne put empêcher le Gaulois de s'échouer. Il fut, plus tard, remis à flot et réparé à Toulon pour être finalement utilisé comme navire-cible coulé par une torpille de sous-marin en1916.



de la revue 'l'Illustration' No. 3762, 10 avril 1915


'l'Expédition d'Orient'


par Robert Vaucher


Lettres d'un Envoyé Spécial

Le Suffren et le Bouvet étaient en ligne de file, sur la côte d'Asie, tandis que le Gaulois et le Charlemagne se trouvaient sur la côte d'Europe.

Tout à coup, le Suffren fut touché sur l'avant par un projectile, qui lui occasionna une voie d'eau. Le Bouvet vint le remplacer. La situation était très difficile. En face des forts de Dardanus et de Tchanak, qui tiraient sans cesse, il fallait manœuvrer avec, à gauche et à droite, des mines flottantes. Le Suffren avait pu les éviter. 




Le Bouvet en vit une à sa gauche, une autre à sa droite; il voulut passer entre les deux mais n'en aperçut pas une troisième qui venait à l'avant et juste entre les deux autres. Ce fut sa perte. Touché par la mine, qui fit explosion sous ses soutes à munitions, à 1 h. 58m., deux minutes plus tard il était coulé. On ne vit plus qu'une fumée noire, en forme d'immense ballon.Vqui plana, pendant près d'une heure, au-dessus de l'endroit où le malheureux navire avait disparu, avec son héroïque équipage.

L'eau dut envahir rapidement, m'expliquait un marin du Suffren, la partie droite, ce qui fit pencher le navire, qui chavira de ce côté en perdant l'équilibre. Certains spectateurs, d'autre part, assurent que le cuirassé a été coupé en deux par l'explosion et que l'on vit les deux mâts se rapprocher et finir par se toucher.

Vous savez déjà quelle faible proportion de l'équipage put être sauvée.

Ce fut par miracle que les hommes qui étaient dans la tourelle de bâbord sortirent par le trou servant à l'évacuation des douilles. Deux soutiers furent projetés en l'air par l'explosion et purent être recueillis. Un enseigne, qui avait déjà été sauvé lors de la catastrophe de la Liberté, réussit également à s'en tirer, et cette fois-ci sans une blessure.




Le Gaulois voulut venir au secours du Bouvet, mais un obus-torpille le frappa au-dessous de la ligne de flottaison, produisant une déchirure.

Le commandant Biard, intrépide marin dont l'histoire gardera le nom, avec celui du commandant Rageot de La Touche et des autres officiers du Bouvet, refusa de se laisser remorquer, craignant de couler plus rapidement. Il débarqua sur les bâtiments arrivés à son secours la moitié de son équipage et se dirigea, par ses propres moyens, vers les Iles des Lapins où il réussit à échouer le Gaulois d'une façon si habile que le cuirassé, deux jours après, était de nouveau à flot. Il a déclaré qu'il aurait préféré couler son bâtiment plutôt que de le laisser aux mains des Turcs. « II était temps d'arriver à l'île, ajouta-t-il; s'il avait fallu naviguer encore cinq minutes, nous étions perdus. »

Pendant vingt-quatre heures, le Gaulois continua à faire machines en avant, changeant de vitesse, de façon à ne pas s'enfoncer dans le sable tout en ne glissant pas. Les scaphandriers anglais travaillèrent nuit et jour, pendant quarante-huit heures, à boucher la déchirure et, samedi, à 4 heures de l'après-midi, le Gaulois, sauvé grâce au sang-froid de son commandant et de son équipage, était de nouveau en état de tenir la mer, de rembarquer ses hommes qui avaient été répartis à bord d'autres unités et de gagner Toulon pour y être plus sérieusement réparé.

Les cuirassés français venaient d'achever leur tâche quand ils furent si terriblement éprouvés. Le Bouvet avait complètement, démoli le fort de Dardanus, qui ne répondait plus. On avait remarqué, à plusieurs reprises, de fortes explosions suivies d'incendies, à Tchanak et dans les forts environnants. Les navires français devaient, suivant le programme élaboré par l'amiral de Robecq, se retirer à 2 heures et laisser la place aux navires anglais. Quand ils furent atteints, ils effectuaient leur retraite. Le Charlemagne, indemne, n'avait pas cessé de tirer avec une admirable précision.


Page d'exposition transmise par JMO de Saint R'nan merci à lui

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