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03 mai 2021

Hôtel de la Marine place de la Concorde Paris ouverture 2021

Hôtel de la Marine place de la Concorde Paris



Photo JM Bergougniou

Le monument, en tant que témoin de plus de 200 ans d’histoire, vous invite à traverser les époques et à revivre certains événements majeurs, depuis l’Intendance de Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray à l’Occupation de Paris lors de la Seconde Guerre mondiale en passant par l’abolition de l’esclavage.

Photo JM Bergougniou

Elément central du bâtiment, l'escalier d'honneur est emprunté par tous les invités prestigieux qui viennent à l'Hôtel de la Marine, notamment lors des nombreux bals donnés tout au long du XIXe siècle.


La rue Royale - à droite l'hôtel de la Marine

Photo JM Bergougniou
Rien d'étonnant à ce que la Marine ait donc décidé de mettre son symbole sur la rambarde de l'escalier avec deux grands médaillons représentant une ancre marine, entrelacée de deux dauphins.


Pourquoi les dauphins symbolisent souvent la marine et les marins ? Explication grâce à la mythologie grecque ! Un jour, Dionysos, dieu du vin et de l'ivresse, prend un bateau pour se rendre sur l'île de Naxos. Il voyage incognito sous l'aspect d'un jeune mortel. Pendant la traversée, il surprend une conversation entre les marins qui projettent de le vendre comme esclave en Asie. Dionysos entre alors dans une colère folle, transforme les avirons en serpents, fait pousser une vigne prodigieuse qui envahit le navire, pendant qu'un son de flûte sorti de nulle part finit de terroriser les marins. La seule échappatoire pour eux est de sauter à la mer, vers une mort certaine. C'est alors que Poséidon, dieu de la mer, intervient à la rescousse des malheureux et les transforme en dauphins. Sauvés, ils sont depuis en charge de venir en aide aux naufragés.


Photo JM Bergougniou

Siège de l’état-major de la Marine de 1789 à 2015, ce monument emblématique de la place de la Concorde va s’ouvrir au public prochainement. Après quatre ans de travaux pour une très belle restauration.

Photo JM Bergougniou
À la tête du Garde-Meuble royal, on trouve un intendant. Officier de la Maison du Roi, il est logé sur place, dans des appartements luxueux, représentatifs de sa fonction.


Aménagés dès 1765 par Pierre Elisabeth de Fontanieu, les appartements de l’intendant sont remodelés à partir de 1786 par Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray. Ils sont un exemple de l’appartement idéal, tel qu’il était perçu à la fin du siècle des Lumières, disposant a minima d’une antichambre, d’une chambre et d’un cabinet.


Photo JM Bergougniou
Les appartements de l'intendant sont situés à l’est, au premier étage, « l’étage noble », donnant actuellement sur la place de la Concorde et la rue Saint-Florentin.
Transformés au fil de années en fonction des occupants des lieux, ils comprennent aujourd’hui :


● Au nord, les appartements de Thierry de Ville d’Avray : une antichambre, une chambre, le cabinet d’audience et le cabinet des bains.

Photo JM Bergougniou
● Au sud, la chambre de Madame Thierry de Ville d’Avray.

● Les deux appartements sont reliés entre eux par les pièces de réception : salon et salle à manger.

● Sur cour, la chambre de Pierre Elisabeth de Fontanieu ainsi que le cabinet des glaces et le cabinet doré installés par l’intendant.



Photo JM Bergougniou

La place Louis XV, actuelle place de la Concorde, doit sa création à la volonté de la Ville de Paris d’édifier une statue à la gloire du roi Louis XV en 1748.
Pour mettre en valeur cette statue équestre commandée à Edmé Bouchardon, l’idée d’une place à la gloire du roi, sur le modèle de la place Vendôme et de la place des Vosges, fait son chemin


Après l’édification des plans et le lancement des travaux d’aménagement de la place, il est temps de trouver une affectation pour les deux palais situés au nord de la place.
Photo JM Bergougniou
C’est en 1765 que l’on décide d’installer le Garde-Meuble royal, institution en charge du mobilier du roi, dans le palais le plus à l’est (entre l’actuelle rue Royale et la rue Saint-Florentin), le futur Hôtel de la Marine. Censé, dans un premier temps, n’occuper qu’une partie du bâtiment, le Garde-Meuble finit par investir l’entièreté du lieu en 1767.
Pierre-Elisabeth de Fontanieu, intendant à la tête du Garde-Meuble, en profite pour faire aménager l’Hôtel pour répondre pleinement aux besoins de son administration : lieux de stockage, ateliers, appartements de fonction, galeries d'exposition, lieu de vie également avec sa chapelle…





Photo JM Bergougniou

La façade se décompose comme suit :
au niveau de la rue : un soubassement à arcades permet la circulation des Parisiens.


de chaque côté, deux pavillons d’angle tracés selon l’utilisation de dimensions symboliques pour en faire un parfait exemple d’architecture académique et de référence à l’Antiquité. Ils sont tous les deux surmontés de frontons triangulaires sculptés représentant la Magnificence et la Félicité publique. Elles sont l’œuvre de Guillaume Coustou et Michel-Ange Slodtz.
la partie centrale est marquée par une loggia avec une colonnade rappelant les péristyles antiques. Les 12 colonnes crantées sont surmontées de chapiteaux corinthiens.



Photo JM Bergougniou
Durant près de vingt-cinq ans, le Garde-Meuble et son intendant, Pierre-Elisabeth de Fontanieu puis Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray, vont occuper le palais.

Photo JM Bergougniou

Dès le début de la Révolution, le roi Louis XVI quitte Versailles pour Paris.
Toutes les administrations de l’État présentes à Versailles doivent donc regagner la capitale.
Mais un obstacle de taille se dresse : où les installer à Paris ? Le ministère de la Marine, avec à sa tête le comte de La Luzerne et Jean-Baptiste Berthier, s’installe dans le palais abritant le Garde-Meuble en 1789.

Photo JM Bergougniou

Dans un premier temps, la Marine occupe des espaces au deuxième étage et à l’ouest du premier étage. Il lui faudra moins de 10 ans avant de pouvoir occuper le bâtiment dans son ensemble. C’est le début de deux siècles de présence de cette administration dans ce palais qui portera désormais le nom d’Hôtel de la Marine. Ce n’est qu’en 2015 que le ministère de la Marine quitte le bâtiment.
Photo JM Bergougniou

Photo JM Bergougniou
Photo JM Bergougniou
Photo JM Bergougniou

Sur les murs, se trouvent les portraits d'amiraux célèbres de l'Ancien Régime :
Anne Hilarion de Costentin de Tourville : vice-amiral de Louis XIV ;
Jean Bart : corsaire issu d'une famille de marins renommés ;
René Duguay-Trouin : corsaire malouin au quatre-vingts combats ;
Abraham Duquesne : lieutenant-général des armées navales de Louis XIV ;

Photo JM Bergougniou
Louis-Antoine de Bougainville navigateur et explorateur
                         Charles Louis du Couëdic : officier de marine ayant participé à la guerre d'indépendance des États-Unis ;
Photo JM Bergougniou
Claude de Forbin : officier de marine français du Grand Siècle ; Jean-François de La Pérouse
: Capitaine de vaisseau et explorateur, il disparaît en mer en 1788 ;
Pierre-André de Suffren : vice-amiral célèbre pour ses nombreux exploits face à la Marine anglaise ;
Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville : officier de marine et homme politique pendant la Révolution française.


Photo JM Bergougniou


Photo JM Bergougniou

Dans la première moitié du XIXe siècle, les ministres successifs tentèrent de s'approprier l'ancienne galerie des meubles. Cette galerie servait, à l'époque du Garde-Meuble, à exposer les grosses pièces de mobilier au public. Elle était donc très large et peu pratique.

Après de nombreuses tentatives avortées, l'amiral Mackau, nommé ministre de la Marine en 1843, lança une grande restauration de cette galerie pour en faire un salon de réception et une grande salle à manger.

Photo JM Bergougniou
La décoration de ces pièces est grandiose : des panneaux blancs font ressortir des décors en bois sculptés et dorés. Les cheminées de part et d'autre de l'ensemble sont surmontées de glaces où se reflètent les lustres et les dorures du plafond.

Ces pièces seront un écrin parfait pour tous les événement de prestige organisés par l'État ou les ministres de la Marine tout au long des XIXe et XXe siècles.
Photo JM Bergougniou

Mais l’accès s’est refermé après la Révolution avec l’installation de l’état-major de la Marine, qui va y rester plus de 200 ans. Une continuité d’occupation qui s’est avérée « une chance » pour le CMN.

Photo JM Bergougniou

« Car la Marine, qui a modifié des pièces en salon d’apparat au XIXe, a seulement fait repeindre, sans rien détruire, les appartements de l’intendant du Garde-meuble ».

En retirant jusqu’à dix-huit couches de peinture accumulées au fil des ans, « nous avons pu retrouver celle d’origine, qui était protégée par un vernis ». Plutôt que « de tenter de refaire à l’identique, nous nous sommes attachés à remettre au jour, petit à petit, ces décors du XVIIIe cachés. L’ensemble a ensuite été restauré comme un tableau. »


Photo JM Bergougniou
Tous les médaillons sont identiques et surmontés d'une étoile sauf...
celui de Rochefort qui est inversé et surmonté du monogramme « N »
finement entrelacé du chiffre « 3 »,symbole de Napoléon III.
C'est grâce à ce détail que l'on peut dater la réalisation de ce décor
sous le Second Empire

Si on vous dit « marine », vous pensez « port » ? Ce sont bien les ports de guerre qui sont mis à l'honneur dans une galerie donnant sur la cour d'honneur dans un décor en bois sculpté datant des années 1867-1870. On retrouve donc, dans cette galerie à l'esprit « colonial », les cinq principaux ports de guerre de l'époque : Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon.
Leurs noms sont écrits dans des médaillons dorés sur des panneaux en bois peints pour imiter l'ébène ou encore l'acajou.

01 octobre 2018

La Marine au siège de Paris 1870 Canonnière et Infanterie de marine Dépêche télégraphique Cherbourg préfet Maritime

La Marine au siège de Paris 1870 


Ce sont deux dépêches télégraphiques qui vont nous permettre d'évoquer le rôle de la Marine lors de la guerre contre les Prussiens en 1870.

la première du 1er septembre 1870, la seconde du 8 septembre.

Elles émanent toutes les deux du Préfet Maritime de Cherbourg à l'attention du Ministre de la Marine à Paris. Le préfet maritime est alors Pierre Gustave Rozé.

La situation

les forts au Nord et à l'est de Paris 
La presse parisienne dénonce l'affront de la « dépêche d'Ems », telle que réécrite par Bismarck. La mobilisation, arrêtée secrètement le 13 juillet, fut signée le 14. Le 15, elle fut approuvée par le Corps législatif. 

Malgré les ultimes avertissements d'Adolphe Thiers (« Vous n'êtes pas prêts ! », criait-il aux parlementaires belliqueux), le Corps législatif français vote aussi les crédits de guerre. Le 16 juillet, le maréchal Bazaine est placé à la tête du 3e corps de l'armée du Rhin. Il reçoit autorité sur les armées des généraux Frossard et Ladmirault ainsi que sur la Garde impériale. Le général Chabaud-Latour est chargé de la défense de Paris. Des travaux sont entrepris au fort du Mont-Valérien, aux forts de Montrouge, de Bicêtre, d'Ivry, de Vanves, d'Issy, puis le 3 août aux forts de l'Est, et à Saint-Denis ; plus d'une vingtaine de redoutes sont construites.

Le 19 juillet 1870, l’Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse


Les élites françaises sont très confiantes dans leur armée et se font des illusions sur ses chances de succès


Dépêche télégraphique annonçant un détachement de
5 officiers et 410 hommes

Cinq jours après Reischofen, le 11 et le 12 août, les premiers marins mirent pied à terre dans la gare de l’Ouest, et presque jour par jour des convois analogues se succédèrent. Les autorités maritimes, on le voit, n’avaient pas perdu de temps. Pour la foule qui assistait à l’arrivée des wagons, c’était un spectacle et une fête. Elle n’avait alors comme distraction que des corps de pompiers dont la courte exhibition n’avait pas été heureuse, ou des mobiles de province qui n’avaient encore ni l’uniforme régulier, ni l’allure martiale qu’ils ont aujourd’hui. Tout autre était l’aspect de ces hardis compagnons, à l’air résolu, pittoresques à voir, avec leur chapeau en cuir à bords retroussés et leur col de chemise étalé sur les épaules. Leurs physionomies respiraient une confiance qui gagnait les plus timides, et en songeant que nos forts allaient être placés sous leur garde on se sentait raffermi.


Amiral Rozé
Du Préfet Maritime au ministre de la guerre Cherbourg 8 septembre 1870
 "un détachement d'Infanterie de marine composé de 5 officiers et de 410 hommes partira de Cherbourg ce soir par le train de 5h20 et arrivera à Paris demain à 4h35 du matin"
La constitution de cette troupe, commencée dans les ports divisionnaires, s’acheva dans Paris avec cette célérité que la marine met à tout ce qu’elle fait. À peine le concours des officiers et des équipages eut-il été admis qu’on ramena dans les bassins la flotte de transport armée à si grands frais ; les équipages furent débarqués et réunis aux marins disponibles dans les divisions. Avec ces éléments, que devait accroître plus tard l’arrivée des célibataires de vingt-cinq à trente-cinq ans, on avait pu former neuf bataillons de six compagnies chacun. Le bataillon-école des marins fusiliers de Lorient nous avait été envoyé en entier, et le vaisseau-école des canonniers, le Louis XIV, mis en première catégorie, avait fourni un onzième bataillon de plus de 1,000 hommes. 


Chaque bataillon était commandé par un capitaine de frégate, chaque compagnie par un lieutenant et un enseigne de vaisseau. Les compagnies étaient composées de 120 hommes, ce qui portait à 720 hommes environ l’effectif de chaque bataillon. En tenant compte du nombre d’hommes fourni par le Louis XIV, d’un ou deux contingent de charpentiers et de timoniers envoyés des ports, d’environ 200 engagemens volontaires contractés à Paris, l’effectif des marins appelés pour la défense a été en chiffre rond de 9,000. Comptons pour mémoire seulement 1,200 hommes d’artillerie de marine, lesquels, sauf quelques servants pour les mortiers des forts, furent mis à la disposition du ministre de la guerre, qui les employa pour la plupart aux batteries de campagne alors en cours d’organisation.

Le Ministre de la Marine et des colonies est alors Charles Rigault de Genouilly.


Il ne reste plus, pour achever cette énumération, qu’à y comprendre, comme élément auxiliaire, l’infanterie de marine. On a vu qu’au lendemain de nos premiers revers elle avait été incorporée dans l’armée active et dirigée sur le camp de Châlons, pour aller peu après tristement se dissoudre à Sedan, non sans avoir toutefois opposé à l’écrasement de la force de beaux élans de bravoure. De cette magnifique division, composée de deux brigades et de quatre régimens, il ne restait plus dans les ports que les dépôts : avec ces dépôts et tout ce que les nouvelles lois de recrutement y ajoutèrent, l’on forma 4 bataillons de marche s’élevant à un total de 3,200 hommes, qui vinrent, vers la fin du mois d’août, rejoindre le bataillon des marins proprement dits et prendre part à leurs travaux. Tout compte fait et en additionnant ces diverses catégories, on a donc, entre fantassins de la marine et marins des équipages, un effectif de plus de 12,000 hommes qui ont pu être placés sous le même commandement.



Le grand mérite de la marine est d’avoir, au milieu du vertige général, gardé un sang-froid exemplaire, d’être restée ferme dans son devoir quand tant de gens oubliaient le leur. On lui avait confié les forts de Paris, elle prit à cœur de les mettre en bon état de défense ; ailleurs on menait mollement les travaux, elle conduisit avec la plus grande vigueur ceux dont elle était chargée. Cette tâche l’absorbait, et elle y avait pris goût ; les émotions, les incidens du dehors, n’avaient pas la puissance de l’en détourner. Pourtant, au dedans des remparts, des tableaux étranges se succédaient, manifestations patriotiques sur la place de la Concorde, manifestations révolutionnaires devant l’Hôtel de Ville, défilés de corps nouveaux qui depuis sont devenus sous nos yeux une solide armée, et qui alors n’étaient que des ébauches : mobiles de Paris et des provinces, bataillons de marche sans cohésion suffisante et composés en partie d’échappés de Sedan, fractions de deux contingents et recrues des levées extraordinaires, enfin garde nationale formant ses détachements de guerre pour aller combattre hors de l’enceinte.



Dès la chute du jour, on voyait nos matelots par bandes regagner leurs forts sans que le club ni le cabaret les en pussent détourner. Dans les forts mêmes, combien ils étaient ingénieux, que de ressources d’imagination, que d’esprit d’invention ! Les postes des bastions sont surtout construits avec un art infini. On s’y arrête avec curiosité. Il y a pour les officiers et pour les marins des installations et des décorations variées. Au fond, ce ne sont guère que des terriers dont il a fallu soutenir les voûtes et les côtés par des rondins qui leur servent de garnitures et de supports. Ces rondins, réguliers autant que possible et coupés par tranches, sont disposés avec un goût que le treillageur le plus habile ne désavouerait pas ; ils contribuent en outre à défendre le terrain supérieur contre les projectiles et les éboulements. 


L’ensemble forme de véritables casemates. L’officier de quart a un lit ou ce qu’on nomme en marine uncadre, et tout auprès une table chargée de quelques papiers relatifs au service. Dans le poste des marins, les cadres, au nombre de huit, sont superposés l’un à l’autre sur les deux côtés : les cadres supérieurs touchent le plafond, les cadres inférieurs reposent sur le sol. Dans tous les postes, il y a une lampe qui brûle en permanence. Tous également ont des ornements appropriés, des tentures tirées on ne sait d’où, quelquefois des pavillons qui, dans cette pénombre et assortis du mieux possible, produisent un certain effet. Outre ces réduits, il règne à mi-hauteur, dans le pourtour des bastions, quelques promenoirs en maçonnerie pour les hommes de corvée. Çà et là, de petites poudrières s’ouvrent également à portée des batteries pour loger les gargousses qui doivent être le plus prochainement employées. Naturellement ces magasins de dépôt sont fortement maçonnés et constitués de manière à être à l’abri de tout accident.

Cherbourg le 1er septembre 1870

Le préfet Maritime au Ministre de la Marine
"La huitième et dernière canonnière partira aujourd'hui pour Paris"
Il s'agit de 8 canonnières de type ESTOC et une de type Farcy. (voir tableau ci-dessus)
Il n’en est pas de même des canonnières, qui sont simplement en tôle, et ne résisteraient ni à un boulet, qui percerait inévitablement la coque, ni même à une de ces fortes balles en acier fondu dont les Prussiens chargent depuis quelque temps leurs fusils de rempart. Ces navires ont en revanche un excellent armement, un canon de 16 se chargeant par la culasse, d’une grande justesse et d’une portée de plus de 6,000 mètres ; ils sont commandés par un lieutenant de vaisseau, et ont 20 hommes d’équipage. Des mouches en tôle, sortes d’embarcations à vapeur armées d’un petit canon, agiles et pouvant se porter partout, complètent cette flottille, placée sous le commandement supérieur du capitaine de vaisseau Thomasset. Contrariée tantôt par les eaux basses, tantôt par les ouvrages offensifs semés sur ses lignes de passage, elle a pu néanmoins, au bas de Sèvres et de Meudon, à Saint-Denis, à Saint-Ouen et à Choisy-le-Roi, donner à ses canonniers plus d’une occasion de faire leurs preuves.
caractéristiques
dimensions25.40 x 4.90 x 1.63 m (26.91 x 4.90 x 1.42 sur Caronade) déplacement 90/103 t vitesse5 / 6.5 n effectif 26 h propulsion 1 hélice - 1 machine à vapeur à deux chaudières de 13 chn, 61 ch voilure : 117 à 162 m² Machines à pilon fabriquées à Marseille (Forges et Chantiers de la Méditerranée) : 1 cylindre d = 0,35 m ; c = 0,3 m ; 2 chaudières ; hélices 4 ailes de 1,158 m ; 2 chaudières à haute pression ; pas de condenseur. 
Flambant : 7,5 n à 210 t/mn pour une pression de 4,25 atm et une puissance de 60,8 chi, la consommation étant de 2,8 kg/chi/h.
Les Biscaïen, Boutefeu, Pertuisane et Sabre ayant été transformé en remorqueurs, ont été remotorisés avec des 70 chn. armement1x16cm ou 1x14cm sur gaillard (selon les bateaux) et même 1x 12cm pour la Caronade - 1x4 de montagne la coque est en bois et barrots en fer (coque composite)

13 avril 2018

Sostene Mortenol polytechnique Marine nationale Guadeloupe Pointe à Pitre

Sosthène Mortenol

un marin assure la défense aérienne de Paris

le  14 septembre 2014 j'avais eu l'occasion de parler de Camille Mortenol défenseur de Paris.

http://envelopmer.blogspot.fr/2014/09/camille-mortenol-defenseur-de-paris-en.html

La Poste et la France vont rendre hommage à ce guadeloupéen, polytechnicien et marin.


Fils d’un maître-voilier, esclave affranchi au temps de Schœlcher, et d’une couturière, Sosthène Héliodore Camille MORTENOL naît à Pointe-à-Pitre en 1859. Premier noir entré à l'École polytechnique en 1880, il fait une brillante carrière dans l'artillerie de marine. Sa réussite a une valeur symbolique forte.

Le supérieur des frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel au collège de Pointe-à-Pitre le remarque. Sa famille est poussée à solliciter une bourse pour lui permettre d’aller à Bordeaux terminer ses études. Reçu troisième à Saint-Cyr, Sosthène Mortenol préfère toutefois Polytechnique où il a été admis 19e sur 210. 




Terminant à la 18e place, il choisit de servir dans la Marine. Appel de la mer qu’il voyait quotidiennement, reconnaissance pour son père qui lui avait accordé son plein soutien ? À sa sortie de l’École, il effectue une croisière d’instruction le long des côtes africaines sur l’Alceste, la Jeanne de l’époque. Avec trois camarades il choisit l’artillerie de marine, obtenant les meilleures notes : selon l’amiral major général de la Marine à Brest, « Mortenol s’est montré bien supérieur à ses camarades sous tous les rapports ».

Embarquements


Dès lors commence pour le jeune officier une longue série d’embarquements, d’abord sur le cuirassé Duperré en Méditerranée, puis à Madagascar sur l’aviso Bisson pendant la campagne menée par Gallieni. Revenu en Méditerranée sur une canonnière, nommé sur les côtes africaines, il retrouve à Libreville l’Alceste qui achève une existence bien remplie comme ponton-hôpital. Fatigué par ce séjour, il revoit la Guadeloupe en congé de convalescence ; ce sera sa dernière visite dans son île natale. Il rejoint ensuite l’école des torpilles hébergée à Toulon sur l’Algésiras, puis Cherbourg où il exerce son premier commandement, le torpilleur Dehorter, Toulon de nouveau, Brest comme officier d’artillerie du Jemmapes.


Mortenol est renvoyé à Madagascar d'où il participera à la prise de possession des îles Eparses : Europa Bassas de India, Juan de Nova. En 1900, après un nouveau retour en Méditerranée où il commande cette fois un groupe de torpilleurs, on le trouve au Gabon où il dirige la station locale à bord de l’Alcyon. Il recevra les remerciements de l’Espagne et la médaille de la couronne de Prusse pour avoir porté assistance à des navires en difficulté.





Déceptions


Entre-temps, il a épousé une fille de la Guyane, veuve d’un professeur de mathématiques. Le couple n’aura pas d’enfant et sa femme décédera après dix années de mariage. En 1903, il renouvelle sa demande d’admission à l’École supérieure de Marine qui aurait pu lui valoir les étoiles d’amiral. Candidat n° 1 sur 5 du préfet maritime de Brest avec une appréciation particulièrement élogieuse, son nom ne sera cependant pas retenu par son ministère. Couleur de peau, affaire des fiches du général André, ministre de la Guerre ?

Capitaine de frégate, Mortenol rejoint à deux reprises l’escadre d’Indochine, d’abord comme second du cuirassé Redoutable au moment du désastre infligé à Tsushima par les Japonais à la marine russe, ensuite en qualité de commandant d’une flottille de torpilleurs sur les côtes indochinoises.

Retour en France

À son retour en France, il est promu officier de la Légion d’honneur, capitaine de vaisseau. Nommé à la tête des services maritimes de la défense à Brest, il est également chargé du désarmement du cuirassé Carnot. Tâche peu exaltante alors que la Grande Guerre vient de commencer. Il cherche à s’employer de façon vraiment utile à son pays, d’autant que l’approche de la retraite lui interdit désormais de briguer le commandement d’un grand cuirassé.

À la tête de la défense anti-aérienne de Paris


Dirigeant la défense aérienne de la capitale, le capitaine de vaisseau Prère décède de maladie. Mortenol se porte candidat. Son nom n’est pas inconnu de Gallieni, gouverneur militaire de Paris, qui l’a rencontré à Madagascar et donne son accord. En juillet 1915, il prend ses fonctions au lycée Victor Duruy où siège Gallieni. Comme le rapporte ce jour-là dans son agenda le chef du 3e bureau-Opérations, « …c’est un nègre. On est plutôt surpris de voir ce Noir pourvu de cinq galons et officier de la Légion d’honneur ; il paraît qu’il est très intelligent ; c’est un ancien polytechnicien. »…

Le 7 mars 1917, Mortenol est atteint par la limite de son grade. À la tête du GMP et très satisfait de ses services, Maunoury (X 1867) demande à le conserver. Ministre de la Guerre et bientôt président du Conseil, Paul Painlevé « approuve cette proposition ».

Renforcer les moyens de défense




Lorsqu’il prend ses fonctions, Paris est soumis à des bombardements aériens répétés des fameux Zeppelin, puis par une aviation allemande – Taube, Aviatik – longtemps supérieure à la nôtre.

Mortenol ne peut que constater de sérieuses lacunes matérielles. Les canons anti-aériens sont des 75 qui ne peuvent se redresser qu’à 45°. Rapidement, il s’emploie à améliorer le fonctionnement de son service, à moderniser et à augmenter les moyens dont il dispose. On a installé un modèle expérimental, capable de se redresser à la verticale ; d’autres suivront. Les postes de recherche aérienne ne disposent alors que d’un seul projecteur, de puissance réduite. Mortenol en obtiendra plusieurs, transférés d’autres secteurs ; plus tard, leur puissance éclairante sera renforcée. De même, les transmissions se verront considérablement améliorées, doublées par des lignes de secours.

À l’armistice, Mortenol commande à 10 000 hommes, dispose de 65 projecteurs de grand diamètre, de près de 200 canons réellement adaptés au combat anti-aérien – contre 10 au début de la guerre.

Mieux qu'un exemple, un modèle

Mis à la retraite, Mortenol est promu commandeur de la Légion d’honneur le 16 octobre 1920. Résidant à Paris, il s’engage dans l’association France-Colonies et s’occupe activement du bien-être de ses compatriotes guadeloupéens, en particulier des marins-pêcheurs. Il décède en décembre 1930.

Si une démarche pour le faire entrer au Panthéon en 1937 est restée sans suite, quelques témoignages demeurent : une rue à Paris inaugurée en 1985 par Jacques Chirac ; une statue à Pointe-à-Pitre dévoilée en 1995 ; à Hendaye, une vedette de la Société nationale de sauvetage en mer porte son nom.

Alain Pierret ancien ambassadeur

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