Forges et Chantiers Gironde Lormont Bordeaux Torpilleur d'escadre Aventurier
FORGES ET CHANTIERS de la Gironde
Le port de Bordeaux, désert pendant les affreuses années de l’occupation, reprend son animation d’avant guerre. Les Allemands en fuite n'eurent pas le temps d accomplir dans les installations portuaires les démolitions quils avaient projetées — sans compter que la Résistance veillait. Mais dans les chenaux de la Garonne, ils créèrent un embouteillage si grave que, pendant de longs mois, la navigation fut interdite.
Maintenant les navires de 9 m. 50 de tirant d’eau peuvent accoster aux quais de la ville et Bordeaux est déjà bien engagé sur la dure et laborieuse route de sa féconde renaissance. Parmi les entreprises dont l’activité est un des éléments principaux de cet essor, il faut citer aux tout premiers rangs les Forges et Chantiers de la Gironde , dont le nom est si intimement lié aux progrès de nos constructions navales tant dans le domaine militaire que dans le domaine commercial.
Sous l’active impulsion de son directeur. M. Villepelet — ancien ingénieur du Génie Maritime, avec qui tant de commandants ont travaillé lors de l’armement ou de la réparation de leurs bâtiments — les Forges et Chantiers de la Gironde contribuent efficacement à la reconstruction de notre flotte, et, dans la capitale des vins, forment depuis un demi-siècle, un remarquable centre industriel.

Le chantier, qui couvre une superficie de 250.000 mètres carrés, dont le quart est couvert, possède une puissante infra-structure caractérisée par quatre cales de maçonnerie, dont la plus grande a 185 mètres de long, un bassin de radoub de 203 mètres, toute une gamme d’engins de manutention de 5 à 250 tonnes, et des ateliers de constructions navales capables d’assurer l’usinage de 20.000 tonnes de tôleries par an.
L’atelier de chaudronnerie permet la construction des chaudières les plus puissantes qui existent. Il dispose de machines à cintrer, de riveuses, et d’un four à recuire de 9 m. 50 de long. C’est dans cet atelier qu’ont été construits, en particulier, les appareils évaporatoires du croiseur « Gloire », du mouilleur de mines « Pluton », et de six contre-torpilleurs et torpilleurs. Les appareils moteurs peuvent être construits, soit, pour ce qui concerne les machines alternatives, dans l’atelier de mécanique générale de huit mille mètres carrés de surface couverte muni d’un important outillage spécialisé (c’est l’atelier de mécanique le plus considérable de toute la région sud-ouest de la France) soit, pour les turbines ou moteurs Diesel, dans les ateliers de MM. Schneider et Cie, au Creusot. En effet, grâce aux liens qui les unissent à ces derniers ateliers, les Forges et Chantiers de la Gironde sont en mesure d’assurer la conception de la construction de tous les matériels navals complets. L’activité des Chantiers a été particulièrement intense entre les deux guerres.
Ils ont, en effet, construit, pour la marine militaire : 1 croiseur : la « Gloire », 1 transport d’aviation : le « Commandant-Teste », 8 torpilleurs : « Tramontane », « Trombe », « Typhon », « Alcyon », « Bordelais », « Epée », « Lansquenet », « Aventurier ». 5 avisos : « Remiremont », * Revigny », « Bougainville », « Rigault-de-Genouilly », Beautemps-Beaupré », 3 sous-marins : « Maurice-Callot », « Thetis », « Doris », et pour la marine marchande : 2 paquebots : « D’Artagnan », « Chenonceaux », 3 cargos : « Bûcheron », « Maçon », « Indochinois », 3 pétroliers : « Monique », « Melpomène », « Ministro-Frers », 12 convoyeurs et 6 navires auxiliaires.


Cdt M. FERRIÈRE.