le RHM Centaure à Amsterdam TAAF
Souveraineté
Amsterdam la base photo JM Bergougniou |
Aussi la France doit-elle protéger ces ressources. De manière générale, il appartient à l'administration des Taaf de définir la politique à l'égard de l'exploitation de ces ressources, d'attribuer éventuellement des autorisations, comme elle le fait par exemple avec le bâtiment scientifique japonais Anyomaru.
Il appartient également à cette administration centrale, récemment délocalisée à la Réunion, de fixer le niveau de protection de ces ressources. Traditionnellement, la présence de la Marine nationale dans les Taaf est assurée par le patrouilleur Albatros. Certains bâtiments de pêche français y séjournent régulièrement comme l' Austral ou le Kerguelen de Trémarec.
Amsterdam l'Austral et le Marion Dufresne photo JM Bergougniou |
Or, dans le deuxième semestre de 1996 ces zones se sont trouvées, de manière fortuite, sans surveillance du fait du départ de l' Albatros à Lorient pour entretien.
Les informations qui nous étaient rapportées nous indiquaient que des flottes entières disposant de bateaux-usines sévissaient dans les Taaf. Le même braconnage était constaté par les Australiens autour de leurs îles Heard, et par les Sud-Africains autour des îles du Prince Edouard.
Ces informations ont été corroborées par un effondrement du cours de la légine au Japon. Les Japonais sont effectivement très friands de ce poisson à la chair grasse vivant par grand fond et pouvant atteindre 20 à 25 kg.
Amsterdam la base photo JM Bergougniou |
L'administrateur supérieur des Taaf pour mettre un terme à ce «pillage» a demandé le concours de la Marine nationale. La surveillance doit s'exercer prioritairement sur la zone économique des îles Crozet. La plus grande discrétion est accordée à la mission, car le facteur de surprise sur les bateaux en infraction doit jouer à plein.
La Marine dépêche alors une frégate de surveillance, le Ventôse, habituellement déployée en zone Antilles-Guyane, affirmant par là tout le prix qu'elle attache à la réussite de la mission de surveillance qui lui est assignée.
PÊCHE ILLÉGALE AUX TAAF -
Amsterdam Marion Dufresne photo JM Bergougniou |
Samedi 28 avril 1997 le remorqueur de haute mer Centaure, en mission de surveillance dans la zone économique exclusive des Kerguelen, avait surpris le palangrier argentin Kinsho Maru en train de pêcher illégalement la légine, poisson dont la prise est fortement réglementée dans cette zone. Après le déroutement du palangrier vers la Réunion, une enquête avait alors été confiée à la Brigade de Ports-des-Galets.
Mercredi 2 juillet 1997, le Tribunal de grande instance de Saint Denis de la Réunion a rendu son jugement et a condamné le capitaine du Kinsho Maru à une amende de 400 000 F, et à verser à titre de dommages et intérêts 10 000 F au comité régional des pêches, 60 000 F à la société Comata et 60 000 F à la société Sapmer. Par ailleurs, son matériel et les produits de sa pêche ont été confisqués.
Amsterdam la mare aux éléphants - Marion Dufresne photo JM Bergougniou |
En quelques semaines, la zone des Terres australes verra patrouiller le Ventôse aux Crozet, la La Fayette à Saint-Paul et à Amsterdam ainsi que le Centaure venu prendre la relève du Ventôse, tandis que le P 400 La Rieuse a assuré une partie de l'escorte de l'un des contrevenants vers la Réunion.
Sur le plan opérationnel, la frégate de surveillance a montré toutes ses qualités de bâtiment hauturier parfaitement adapté à ce type de mission. Sa grande autonomie à la mer, quelles que soient les conditions météo, et son hélicop-tère se sont avérés déterminants pour une mission de surveillance des pêches dans une zone immense, grande comme trois fois la France. L'utilisation de commandos en renfort des équipes de visite a contribué de façon décisive à la maîtrise des bâtiments visités puis déroutés.
La succession des moyens a permis enfin de situer cette mission de surveillance dans la durée, compromettant ainsi de façon rédhibitoire et dissuasive les tentatives illégales de pêche prévues. Le manque à gagner subi par les armements en faute est très lourd.
Sur le plan judiciaire, et plus généralement de l'action des administrations à la Réunion, la loi qui a changé en 1996 permet dorénavant au juge d'instruction de demander une caution de 500 KF plus la saisie des apparaux et des prises, soit une peine sans commune mesure avec les 15 000 francs d'amende payés par un palangrier taïwanais, dérouté l'an dernier par l' Albatros. L'action des administrations concernées, Marine, Gendarmerie maritime, Affaires maritimes et Justice, est plus efficace.
Sur le plan de la crédibilité locale, en plus de l'écho considérable que rencontrent ces détournements dans les médias réunionnais, le monde de la pêche est très sensible à cette action des pouvoirs publics.
Enfin, avec un peu de recul, une telle opération nous fait prendre conscience d'une certaine convergence entre les intérêts français, ceux des Australiens à l'est (îles Heard) et ceux des Africains du Sud à l'ouest (îles du Prince
Amsterdam la cale photo JM Bergougniou |
halieutiques de leurs zones économiques.
CV Yves Bonneville, commandant la Marine à la Réunion
Amsterdam la base photo JM Bergougniou |
Sources
Cols bleus 17-05-1997 n° 2396
Cols bleus 12-07-1997 n° 2402
Cols bleus 14-02-1998 n° 2429
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